La fin du rêve berlinois

Lucien Favre ne réussira pas son pari fou cette saison : devenir champion d’Allemagne avec un Hertha Berlin, dont l’effectif et le budget le prédisposaient plutôt à jouer le ventre mou du classement. En perdant à Hanovre, l’Alte Dame doit laisser filer Wolfsburg en tête du classement et se retrouve même éjectée du podium.

En soi, perdre à Hanovre n’a rien d’infamant : si 96 réalise une saison décevante, il a tout de même épinglé quelques ténors de la Bundesliga sur sa pelouse de l’AWD-Arena (Bayern, Schalke, Leverkusen, Hambourg). Un but et un assist du revenant Mike Hanke, qui réapparaît après une saison plutôt mouvementée, ont permis au Hanovre de Mario Eggimann, une nouvelle fois titulaire, d’infliger au Hertha Berlin sa troisième défaite consécutive (2-0). C’est ça qui est le plus inquiétant : les Berlinois semblent avoir perdu la dynamique qui les avait portés en tête du classement. Actuellement, même une place en Ligue des Champions (soit finir dans les trois premiers) paraît difficile à atteindre, bien que cela reste mathématiquement possible.Une réussite insolente avait porté l’Alte Dame au commandement mais la chance a radicalement tourné. Les Berlinois ont ainsi perdu sur blessure pour quatre à six semaines leur capitaine Arne Friedrich, pierre angulaire du système défensif de Lucien Favre. Samedi à Hanovre, Raffael a vu l’un de ses tirs dévié sur la latte par le remarquable gardien Enke en début de match, puis s’est vu refuser pour un hors-jeu inexistant un but valable qui aurait pu relancer les affaires berlinoises. Et pour couronner le tout, Andrei Voronin s’est fait expulser pour un geste de frustration en fin de match. C’est donc sans ses deux joueurs les plus importants que le Hertha va affronter le calendrier gratiné qui l’attend ces prochaines semaines (Brême à domicile, puis deux déplacements à Hoffenheim et Hambourg).

Wolfsburg assure, Hambourg casse

Le VfL Wolfsburg a étrenné sa place de leader en poursuivant sa série victorieuse (9 victoires de rang). Pourtant, le déplacement sur le terrain d’un Mönchengladbach en mal de points et soutenu par 50’000 fans avait tout du traquenard. On a bien cru que les Wölfe allaient y tomber lorsque, après avoir rapidement ouvert le score par l’inévitable Dzeko et galvaudé plusieurs balles de break, ils ont concédé l’égalisation à dix minutes de la fin sur une sortie hasardeuse de Diego Benaglio (par ailleurs excellent). Mais, à l’énergie, Sascha Riether a donné la victoire à Wolfsburg à la 85e (1-2).
L’autre co-leader, Hambourg, a en revanche été battu à Stuttgart 1-0 dans une Mercedes-Benz Arena archicomble. On s’y attendait un peu : d’une part parce que Stuttgart était boosté par l’annonce que l’entraîneur qui lui a permis de relever la tête, Markus Babbel, pourrait conserver son poste l’an prochain, même s’il ne dispose pas de tous les diplômes requis ; d’autre part parce que les Rothosen avaient laissé beaucoup de forces lors de la somptueuse victoire en Coupe UEFA contre Manchester City (3-1). Et pourtant, le HSV est passé tout près d’un succès qui eût pu changer la face du championnat mais Olic deux fois (43e et 45e) et Aogo (90e) ont tiré sur la latte. Avant que, dans les arrêts de jeu, Mario Gomez ne crucifie le HSV après une première parade de Rost sur un tir d’Hitzlsperger. On redoute un peu un scénario à la Leverkusen en 2002 pour cette équipe hambourgeoise, en lice sur tous les tableaux mais bredouille au final. On ne le souhaite pas car ce club mérite de gagner au moins un trophée cette saison.

Klinsmann est toujours là

Après les débâcles contre Brême, Cologne et, tout récemment, Wolfsburg et Barcelone, beaucoup se demandent comment se fait-il que Jürgen Klinsmann soit toujours en place dans un club réputé pour actionner rapidement le siège éjectable lorsque les résultats ne suivent pas. Il y a sans doute deux raisons à cela : d’abord, depuis la Coupe du Monde 2006, Klinsi est une icône nationale et l’on ne déboulonne pas facilement une icône. Ensuite, malgré ses déboires, le Bayern n’a jamais été décroché au classement et est toujours en course pour décrocher le titre. Il est donc plus que probable que, malgré l’hostilité d’une partie des spectateurs de l’Allianz Arena (si, si, ils leur arrivent de manifester), Jürgen Klinsmann finira la saison au Bayern. Et l’on fera les comptes une fois le championnat terminé. Mais il est clair que, s’il ne réussit pas à décrocher le titre, Klinsi aura beaucoup de peine à poursuivre son aventure bavaroise. Et puis son maintien dépendra aussi du manager qui sera nommé pour remplacer Uli Höness : on imagine mal Klinsmann collaborer avec son «ami» Oliver Kahn (dont la piste semble toutefois s’être refroidie) ; en revanche la nomination d’Oliver Bierhoff ou Rudi Völler pourrait lui être favorable. Samedi, le Bayern s’est un peu rassuré avec un succès 4-0 contre l’Eintracht Francfort. Ce n’était pas vraiment la démonstration, malgré l’ampleur du score : les Rekordmeister ont surtout eu la chance de concrétiser leurs quatre premières occasions.

La bonne nouvelle du jour

Hoffenheim ne terminera pas sa première saison en Bundesliga par une qualification en Coupe d’Europe. Ouf ! Le champion d’automne a aligné un neuvième match sans victoire en s’inclinant à domicile 0-3 contre le VfL Bochum, sur un triplé de Stanislav Sestak. Longtemps blessé, le Slovaque était jusque là resté bien en deçà de ses brillantes performances de la saison dernière mais il paraît retrouver sa meilleure forme, comme en témoigne son fantastique coup du sombrero sur le deuxième but. Et quand Sestak brille, c’est tout le VfL Bochum qui va mieux et s’extirpe de la zone rouge. Hoffenheim se distinguait déjà par une agressivité déplacée lorsque tout lui réussissait, ça n’allait pas s’arranger en période de doutes : après le 0-2, les Kraichgauer sont sortis de leur gonds, le Brésilien Carlos Eduardo (voies de fait) et le gardien Daniel Haas (faute de dernier recours) ont réussi l’exploit d’être expulsés en moins de 120 secondes !

Westderby

C’est dans un Westfalenstadion comble (80’552 spectateurs) que s’est joué le Westderby entre Dortmund et Cologne. Ça m’a fait tout bizarre, un match à guichets fermés au Westfalenstadion et je n’y étais pas. C’est d’autant plus regrettable que le Borussia Dortmund connaît une esquisse de renouveau avec une troisième victoire d’affilé (3-1). Cologne avait ouvert la marque par Vucicevic mais le BVB a renversé le score grâce à Alexander Frei. Le buteur suisse n’a pas marqué (plusieurs tirs détournés par le gardien Mondragon) mais a été à l’origine des trois buts de son équipe : le corner du 1-1 pour Subotic, le centre renvoyé par Brecko sur Hajnal pour le 2-1 et le centre détourné par Geromel dans ses propres filets pour le 3-1. Et je profite de l’occasion pour joindre ma voix à celle des fans du BVB : Alex, il faut absolument que tu restes à Dortmund !!!
Un autre Suisse qui s’est mis en évidence, c’est Tranquillo Barnetta, auteur de l’ouverture du score pour Leverkusen contre Brême d’une frappe magnifique. Mais le Werder a égalisé par Pizarro (1-1) et Werkself est donc toujours dans l’attente de sa première victoire à domicile en Bundesliga dans son stade d’adoption à Düsseldorf. Schalke 04 lui ne donne pas dans l’originalité : deux matchs avec ses nouveaux entraîneurs, deux victoires 2-0 avec les deux mêmes buteurs, Kevin Kuranyi et Jefferson Farfan. Mais les difficultés avec lesquelles les Knappen ont disposé de la lanterne rouge Karlsruhe n’ont pas vraiment rassuré.

Sursis pour Cottbus

L’Energie Cottbus a obtenu la victoire indispensable pour croire encore au maintien dans le match de la peur contre Bielefeld (2-1). En 2006-2007, les Lausitzer s’étaient sauvés grâce à leur duo roumain Radu – Munteanu. Cette saison, leur salut, si salut il y a, passera par deux Bulgares, Dimitar Rangelov et Stanislav Angelov, auteurs des buts victorieux contre Bielefeld. Entre les deux, Vlad Munteanu, le sauveur de 2007, désormais à Bielefeld, après des expériences infructueuses à Wolfsburg et Auxerre, avait égalisé. Si je devais hasarder un pronostic dans le bas du classement, je dirai que Mönchengladbach va s’en sortir, Karlsruhe paraît condamné, Bielefeld et Cottbus se disputeront la deuxième place de relégué direct et la place de barragiste.
En Zweite Liga, le SC Freiburg a remporté le match au sommet à Mainz (1-2) et s’offre une confortable avance en tête du classement. Néanmoins, les Fribourgeois (du Breisgau) ne vont pas crier victoire trop tôt après avoir raté la promotion sur la dernière journée lors des trois saisons écoulées (4e en 06 et 07, 5e en 08). Se croire arrivés avant de finir la saison par une grande désillusion, n’est-ce pas une spécialité fribourgeoise (et pas que dans le Breisgau) ?

Écrit par Julien Mouquin

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7 Commentaires

  1. Un petit message à Lulu aussi, m’étant renseigné pour savoir quel club allait reprendre Gabet ( enfin plutôt quel club voudrait encore de lui ! ) j’ai fini par trouver ses coordonnées et il te fait passer ses salutations…

    Et vivement cette fin de semaine et la reprise du football de talus ( c’est long 2 semaines sans buvette au bord d’un terrain ! )

  2. Tres joli « pique » fribourgeois en fin d article… J espere neanmoins que l aventure se finira de meilleure facon pour nos collegues d outre rhin.. F. i B en 1. Bundesliga se serait sympa pour nous autres suisses… De jolis petits deplacement en Brisgau en perspective..

  3. Lucien Favre ne sera pas champion ? Mais quel dommage.

    Enfin, à défaut de titre, il pourrait peut être profiter de son temps libre pour enfin aller apprendre le français.

  4. J’ai un vague pressentiment qu’après le dégonflage de Hoffenheim, du Hertha (quoique, rien n’est fini), ce sera bientôt le tour de Wolfsburg et bam, oh gigantesque surprise, Bayern champion.

  5. Pour avoir assisté au match à Stuttgart, l’entraîneur du HSV a perdu ce match à lui tout seul.

    Hambourg était très nettement en dessus de Stuttgart techniquement, mais on a eu l’impression qu’ils jouaient avec le frein à main dès la mi-temps et qu’ils avaient reçus des consignes pour jouer le nul…

    J’espère que ça leur coutera le titre, car ces équipes qui calculent m’énervent! Quand on voit un Olic jouer, je ne comprends pas son entraîneur…

  6. N’enterre pas trop vite le Hertha de Lulu, mon cher Julien…car comme le dirait notre maître à penser P.A. Dupuis : « en football, tout est possible » 🙂

    Non, c’est vrai que là, la situation se complique : 2 joueurs clés blessés ou suspendus, 5 points de retard sur le leader…on se contentera d’une troisième place, qualificative pour la Champions League, ça sera déjà un sacré exploit ! Et pour 2009-2010, tous les espoirs sont permis !

    Lulu, on te tient les pouces !!

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