On nous a menti !

Quoi de plus naturel en ce 21.12.2012 que de te narrer le souvenir qui marqua ma vie à jamais. Celui d’un périple mystique au pays de Quetzalcoatl et de « Aïe aïe aïe Tequila ». Indécis, bisexuels et autres passez votre chemin. Autrefois, moi aussi j’étais indécis, mais aujourd’hui, je n’en suis plus très sûr.

A quelques grains de sables d’une apocalypse aussi proche que la fin de la faim dans le monde, je me pose ici en véritable zélateur grandiloquent de la vérité vraie. On nous a menti !

Ce "Quo vadis" de l’Avent vise à te faire partager un récit d’un précédent précédant la création de CartonRouge. N’étant pas encore à une ineptie près, commençons par le commencement. Ce fourvoiement qu’est le calendrier de l’Avent. Mix d’un clonage entre une tradition teutonne et l’apparition d’un barbu thaumaturge en herbe avec le mercantilisme entourant un vieux salafiste pédophile au faciès aussi rubicond que son accoutrement. Décidemment, les barbus sont dangereux. Ceci dit je n’y reviendrai pas.

Mon voyage commença précisément entre Mexico et Guadalajara, le mercredi 1er décembre 1999 soit il y a exactement 21 jours, 12 mois et 12 ans. Proche de la faillite mentale, les effets de ma Tequila en intraveineuse se dissipent peu à peu, je me réveille dans un vieux bar à putes digne de Tarantino au sud du désert de Sonora. Les lieux sont vides, les rues désertes. Essayant tant bien que mal de remettre mes idées au milieu du village, je pars en quête d’un moyen de locomotion. Vélocipède rectangle, taxi, peseros, rutas, colectivos, dos de Pépitos, peu importe tant que je trouve le moyen de me sortir de ce cimetière à chauve-souris. Le souvenir est tenace presque vivant. Sans quête, sans queue ni tête, je me résous à affronter ce désert qui me rebute sans but. Des heures durant je traîne ma carcasse sous un soleil cuisant, imaginant rencontrer le Diable au prochain cactus, il a bien fallu s’y faire, je n’avais d’autre choix que Diable…

Bienvenido a "El Fonda de las siete bolas"

Après de longues heures d’errance dans un état valétudinaire, je crois apercevoir enfin au loin un refuge. Réponse protéiforme d’un oasis à ma soif dépressive. Encore quelques pas et mon calvaire touchera à sa fin. Me voilà devant une authentique "fondas", petit restaurant traditionnel. Le "El Fonda de las siete bolas", un nom qui ne s’invente pas et que je n’oublierai pas de si tôt.

El Fonda de las siete bolas a bien changé.

 

L’établissement est vide. Seul siège derrière le bar le tenancier. Tenancier apparemment victime comme moi de cette chaleur. Et qui ronfle comme un bienheureux, sous son sombero. Une télévision d’un autre temps grésille. Un match de l’"Invierno" tournoi saisonnier qui désigne le champion du Mexique, s’affiche par intermittence. Le quart de finale aller de la "Liguilla" CF Pachuca – Deportivo Toluca FC. Le CF Pachuca est alors entraîné par un certain Javier Aguirre, qui deviendra sélectionneur des "Ratones Verdes" du Mexique, littéralement les souris vertes. Pour l’anecdote, Pachuca remportera à domicile ce match 1-0. Et bien qu’avant-dernier de la phase de poules et qualifié en barrage, remportera le titre cette année-là avec un but en or. Mais ça c’est une autre histoire.

Je m’approche tant bien que mal du comptoir et lance avec l’énergie du désespoir un grand "Hola, excusas, por favor". Aucune réponse. Tout juste un léger soubresaut suivi d’un éructement dont l’odeur anisée fini presque de m’achever. C’est alors le moment que choisi Marcelino Bernal pour ouvrir le score. Les commentateurs deviennent complètement fous et se brouhaha réveille enfin le bougre. Une douce félicité m’envahit. Après la surprise mutuelle de se retrouver nez à nez au milieu de nulle part avec un autre être vivant, un dialogue de sourd digne de la "Cité de la Peur" s’engage. A ce moment, je tuerai ciel et mer pour un Coca-Cola pétillant dans un océan de glaçon. Je me lance alors à commander :

– "Una Coca-Cola por favor !"
– "Agua ?"
– "Una Coca-Cola"
– "Si Agua"
– "No, no, una Coca"
– "Aaah, una Coca-Cola !"

"Francès ?"

Révigoré par ce doux nectar rafraîchissant qui coule le long de ma gorge, je tente tant bien que mal d’initier un dialogue avec l’autochtone. Les présentations sont faites. Mon Messie a un nom : "Rascar Capac". La barrière de la langue n’aidant pas, les deux taiseux que nous sommes fixons presque hypnotiquement le poste. La mi-temps sonne le glas de ce silence mutuellement consenti à l’insu de notre plein gré. Quelques bribes d’espagnol sortent alors de ma bouche, mon interlocuteur au regard aussi vif que Franck Ribéry devant un Bescherelle, a alors une étincelle de conscience qui brille au fond de ses mirettes. "Francès ?". Trop fatigué pour répondre à cette insulte, je capitule et acquiesce sobrement de la tête. C’est alors que cette espèce endémique se met à me baragouiner des mots dans la langue de Jean-Baptiste Poquelin, comme une vache espagnole certes mais d’une façon suffisamment cohérente.

"You are kidding me ?"

Une envie impromptue d’effectuer un stretching anal, me libéra l’esprit. Rascar Capac, Rascar Capac, mais putain ce nom me dit quelque chose. Et boum dans ma gueule, flashback, mon enfance, la collection de BD à mon frère, ce diable de rouquin gay qui se coltine un sac à puces et qui vit avec un vieux barbu (encore un). Tintin. Les 7 boules de cristal. Dans la langue des Conquistadors, "Las siete bolas de cristal". Serait-ce le début d’une "Nuit en Enfer 2" ? Que neni, Rascar m’expliqua qu’il était fan de Tintin depuis tout petit. Que son père lui avait donné ce surnom. Ce qui expliquait également le nom de son auberge. Lorsque je lui fis remarquer qu’il manquait "…de cristal" au nom de son établissement, il me répondit "Trop long". C’est bien connu, 22 c’est bien, 31 lettres c’est trop.

Rascar Capac, le vrai

La vérité

Après une tentative fort louable de sa part de m’expliquer le système du championnat mexicain; règles aussi simple à assimiler que celle du hors-jeu à votre chère et tendre, le vieux Rascar me confessa qu’il était un descendant direct d’un grand prêtre maya. Le prêtre "Surementé Cappa", de ceux qui savaient interpréter les cycles du calendrier Maya, pas ceux de ta grande. C’est alors, après quelques shots d’une Tequila maison, que la langue de Rascar se délia et qu’il me fit le plus beau des cadeaux, celui de la vérité. Une vérité peut-être légendaire, fruit possible d’une invention ayant comme résultat la réalité. Ainsi l’espace absolu, le temps absolu, la géométrie même ne sont pas des conditions qui s’imposent à la mécanique; toutes ces choses ne préexistent pas plus à la mécanique que la langue française ne préexiste logiquement aux vérités que l’on exprime en français. La calendrier Maya n’a jamais prédit la fin du monde, ni même la fin d’un cycle. Le cuauhxicalli ou Pierre du soleil, faussement désignée comme le calendrier aztèque, n’était en réalité que le calendrier du championnat de foot Maya de l’époque, le Pok-a-Tok.

Impossible, cette souris verte a certainement dû être trempée trop longtemps dans une fermentation d’agave avant d’être trempée dans l’huile. J’ai alors la même réaction que vous derrière votre écran. Un rire moqueur et hautain envers mon hôte de fortune me prend irrésistiblement, se foutrait-il de ma gueule depuis le début ? Rascar n’en a cure. Il avait des preuves qu’aucune logique ne pourrait réfuter. Il digressa comme je vais le faire ici en m’expliquant la méthode de calculation de ce calendrier, le temps était calculé de la manière suivante :

  • En jours (kin).
  • En périodes de 20 jours (doublekin…pardon j’ai pas pu m’en empêcher…en uinal).
  • En année de calcul de 360 jours (tun).
  • En périodes de 20 tuns (katun).
  • En périodes de 20 katuns (bactun).
  • Il y avait aussi des périodes de 8000 kuns (pictun) et de 160000 tuns (calabtun).
  • Pour se conclure avec l’ultime période du calendrier, le gépludetun. Période que nous vivons aujourd’hui.

"Las evidencias" – les preuves

0. Le calendrier Maya ne peut pas se synchroniser avec iCal, si ça c’est pas louche…
1. René Higuita n’a jamais inventé le coup du scorpion, il s’agissait d’une figure traditionnelle du foot maya le Pok-a-Tok.

2. Neymar n’a pas lancé une nouvelle mode avec sa coupe de cheveux, il a juste repris une coupe classique de ces ancêtres olmèques.

3. Les scientifiques trop geek qu’ils sont n’ont jamais su interpréter correctement les gravures monolithiques des Mayas, cette représentation d’une reprise de volée est pourtant sans équivoque.

4. Cette peinture rupestre n’est autre qu’une représentation d’un geste technique très commun à l’époque Pok-a-Tok. Geste plus connu de nos jours sous le nom de la "Nigel de Jong" ou d’une "Zlatan". Coup de pied visant à faire ressortir le coeur de son adversaire de sa cage thoracique.

5. Même Hergé ne s’y était pas trompé, nulle doute sur son intention de nous faire passer un message. Rascar Capac faisait clairement une rentrée en touche.

THE END

Après une journée inoubliable, je laissais mon pote du Nouveau Monde pour rejoindre la civilisation. Rascar me tua avec une dernière blague :
"Tu sais à qui est cette pierre ?".
"Non", répondè-je.
"C’est la pierre à Ztek".

Pour conclure, je citerai mon ḥachīchiyyīn préféré :

"Quand les hommes suivent la vérité aveuglément, rappelle-toi que rien n’est vrai. Quand la morale ou la loi bâillonne l’esprit des hommes rappelle-toi que tout est permis."

 

…même de pondre un article comme celui-ci.

Écrit par Julien Ballis

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2 Commentaires

  1. Juste génial, même si il n’a rien à voir avec l’esprit de la série, on retrouve du pur CR là!

    Si seulement sur le torchon orange, ils avaient ne serait-ce que la moitié de ce talent pour parler du sujet, car leur page d’acceuil fait peine à voir avec leur article de fin du monde.

    Bonnes fêtes à tous les rédacteurs de CR qui nous font rêver toute l’année et aux lecteurs assidus! Et aussi aux aigris qui sévicent de temps à autre par ici, en espérant que 2013 vous soit meilleur maitenant que la fin du monde est passée. 😉

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