Ça ping et ça pong

Le Swiss Table Tennis Open Lausanne – plus simplement STTOL – a battu son plein ce week-end à la Vallée de la Jeunesse. Avec plus de 2’000 spectateurs en trois jours et quelques matches de haut vol, la troisième édition de ce tournoi fut une réussite. CartonRouge.ch y était et te raconte !

Voir des athlètes frapper comme des mules dans une petite balle blanche qui va de gauche à droite n’est certainement pas le meilleur moyen pour soigner une gueule de bois, il n’empêche que c’est malgré tout à la Vallée de la Jeunesse que je me suis rendu dimanche après-midi afin de suivre le premier tournoi de ping-pong, pardon, de tennis de table de ma vie. Je dois également reconnaître que Julien Echenard, l’un des organisateurs de la manifestation et illustre chef de notre rubrique volleyball, avait su trouver les mots justes pour me motiver : «Tu verras, il y aura la présence de la Anna Kournikova du tennis de table. Ça vaut le déplacement.» Franchement, la ressemblance ne m’a pas sauté aux yeux, mais je n’avais peut-être pas assez bu avant de venir…


Julien avait un peu exagéré…

Deux finales à sens unique

Venu uniquement pour les finales dames et messieurs, j’ai malheureusement raté les meilleurs matches de la journée. C’est en effet le Coréen Joo Saehuyk qui a assuré le spectacle en enchaînant des prestations de toute beauté, avant de se faire éliminer en demi par le futur finaliste. Ce joueur au petit gabarit passe ses rencontres à défendre, posté 5 mètres derrière la table, ce qui donne droit à des oppositions de style somptueuses. Samedi soir, son huitième de finale contre la légende suédoise Jörgen Persson (46 ans, ex-numéro 1 mondial, quadruple champion du monde et 7 participations aux JO !) a atteint des sommets avec un public complètement hystérique, bruyant et debout après chaque point. «Sans déconner, c’est la plus belle émotion sportive de ma vie. Jamais vu un truc pareil !», me glissera même Julien. Bon, pour un mec qui admire le championnat écossais, pas étonnant qu’un match de tennis de table lui file autant de frissons…
 
Dimanche, la finale messieurs opposait les deux favoris du tournoi, soit l’Allemand d’origine ukrainienne Dimitrij Ovtcharov, 9e joueur mondial, au Biélorusse Vladimir Samsonov, 11e. Ces deux joueurs sont de véritables stars dans le monde de la petite balle blanche et leur présence dans la Capitale olympique fut un grand coup réussi par les organisateurs. Moyennant une petite enveloppe et une invitation à l’Hôtel de la Paix, le coup en valait largement la chandelle. «Lorsqu’ils jouent des tournois en Chine, il y a des dizaines de milliers de personnes dans la salle. Tout le monde les connaît là-bas. Dimitrij Ovtcharov a de gros contrats et gagne autour du million de dollars par année», m’expliquera Julien, dont les connaissances sur le sujet n’ont pas fini de m’impressionner. Une petite histoire pour mesurer la popularité de ce sport en Asie : il y a 20 ans, la personnalité occidentale la plus connue en Chine était Bill Clinton alors que la deuxième était… le pongiste suédois et légende ultime de ce sport, Jan-Ove Waldner !


Une finale disputée devant un nombreux public

Ovtcharov – Samsonov donc. Les deux finalistes se connaissent parfaitement puisqu’ils évoluent dans le même club, soit le TTC Fakel Gazprom Orenbourg, la meilleure équipe du championnat russe et accessoirement vainqueur de la dernière Ligue des champions. Pour l’anecdote, les deux hommes disputaient une partie de ladite Ligue des champions vendredi soir à Orenbourg et ont pris l’avion samedi matin pour arriver à Lausanne pour le début du tournoi. Trois victoires plus tard et les voilà en finale, avec un chèque non-négligeable de 6’000 francs pour le gagnant et 3’000 pour le perdant. Le vainqueur fut le Biélorusse Samsonov, 4 sets à 1. Force est de constater que la finale fut globalement décevante avec deux pongistes au même style, attentistes et aussi drôles qu’un croisement entre Vladimir Poutine et Nikolaï Davydenko. Tout juste a-t-on apprécié le service d’Ovtcharov qui a été classé dans les 50 plus grandes inventions de l’année 2008 par le très sérieux magazine Times
Quelques minutes après la courte finale – débutée à 16h et conclue à 16h25 – et la remise des trophées, ces deux joueurs prenaient la direction de Genève-Cointrin pour embarquer dans un avion en partance pour… le Koweït, où un autre tournoi les attendait. La vie de pongiste professionnel n’est pas de tout repos !

Une Vaudoise s’illustre

Chez les femmes, la victoire est revenue à la Chinoise Xiaoxin Yang, non classée car en cours de naturalisation française et qui vise le top 20 mondial à terme. La finale face à la Hongroise Georgina Pota (n°54 – la Anna Kournikova du pauvre dont je te parlais au début du papier) a quelque peu redoré le blason du tennis de table féminin avec quelques coups spectaculaires et, au final, une victoire 4 manches à 1 pour la Franco-Chinoise, tout simplement trop forte pour la «jolie» Hongroise.
Notons au passage le beau parcours de la régionale de l’étape, la Morgienne Rachel Moret, qui a atteint les quarts de finale du tournoi. Une superbe performance pour une représentante de notre pays. D’après nos infos, c’est la première fois que Rachel touche un prize-money sur une compétition. Ce n’est pas un scoop, mais la Suisse est au tennis de table ce que la Thaïlande est au ski alpin. Nos meilleurs joueurs, Nicola Mohler chez les hommes et Rachel Moret chez les femmes, pointent respectivement au 370e et 401e rang mondial. Bref, ça rigole plus en tennis… A souligner quand même que Rachel fera un joli bon au classement suite à son excellent week-end.


La Vaudoise Rachel Moret, n°1 helvétique

La troisième édition du STTOL fut donc une réussite. Sur le plan du jeu avec ce match d’anthologie entre Saehuyk et Persson ainsi que sur le plan populaire avec des tribunes pleines samedi et dimanche. C’est avec le sourire que j’ai quitté l’enceinte de la Vallée de la Jeunesse et, au prochain qui me dira que le tennis de table n’est pas un vrai sport, je l’inviterai à m’accompagner à la quatrième édition de la manifestation lausannoise. A 15 francs la place et 3.5 la bière, c’est une sortie sympa et bien plus originale qu’une soirée à regarder les bêtises de TF1. On reviendra avec plaisir en février 2014 !
Photo Georgina Pota de René Zwald, copyright www.sttopen.ch

A propos Marco Reymond 470 Articles
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