Les Vischpois enlèvent le Bas

Aucun doute n’est mathématiquement permis en cette fin de saison 2013/2014. Les Red Ice sortent grands gagnants (5 victoires à 4) de leurs confrontations face au petit frère du hockey valaisan, le EHC Vischp, et ce malgré un léger couac éliminatoire en play-off. Notre empereur Constantin désormais habitué aux défaites sportives pourra donc compter sur environ 25 invités supplémentaires au CERM pour sa choucroute carnavalesque. Dommage pour les amateurs de vrai bon hockey en Valais, car la saison est désormais terminée de ce côté du Lac Léman.

Le foin, ça bonifie !

Comme stipulé en introduction, ce match de play-off initial entre la meilleure équipe valaisanne de hockey (celle des Russes) et les riches du Haut (celle du Russe) était la plus déséquilibrée des quatre confrontations entre tous les qualifiés de Ligue B. Après cinq victoires des Rouges du Bas contre zéro pour les Noirs du Haut en éliminatoires, il ne fallait pas s’appeler Christophe Spahr du NF pour savoir que le favori de cette série, c’était bel et bien… les Viégeois. Car comme m’avait averti mon meilleur ami qui connaît le vin (le bon, pas le coupé à Giroud) aussi bien que le hockey, il fallait se méfier du club de la Lonza: en effet, un certain Alexeï K était revenu vachement en forme alors qu’un dénommé James D avait découvert que les bottes de foin du Comté de Rarogne-Est étaient des plus alléchantes. A l’opposé, l’équipe de Martigny annonçait non sans une certaine fierté que certains de ses meilleurs défenseurs  de la saison régulière (Sutter, Ryser et Girardin) partiraient en fin d’exercice alors que d’autres joueurs (Knoepfli, Mikhaïlov) fourniraient leurs services aux meilleurs clubs de Ligue A en cas de pépin. En sus, pour mieux consolider l’ensemble d’Octodure, d’aucuns décidèrent de lui adjoindre un certain Kirill Starkov, «renfort» venu du grand nord danois, gracieusement sponsorisé par le PMU et Bwin. L’affaire semblait bien engagée…

T’as pas deux minutes ?

Comme attendu, l’ensemble de Malgin rentra resplendissant de confiance dans ce premier match des play-off, du moins lors des premières 30 minutes entre ces Valaisans qui s’aiment tant. Bien en place défensivement, efficaces en power-play (tout finit par arriver !), puissants grâce aux coups de rein de Starkov, les Reds tournèrent autour de Schoder tel un auditeur du fisc autour des caves à Giroud Vins. Toutefois, à l’image de ce grand caviste, les attaquants du Bas se montrèrent maladroits dans leur communication finale en pensant qu’une autre chance se présenterait tôt ou tard durant le match. Mais que nenni: le tiers, le match et la série furent perdus par les Red Ice en deux infimes minutes, entre la 30e et la 32e de ce premier match au Forum: inhabituellement, Mikhaïlov manqua son duel en tête à tête pour un 3 à 1 face au renaissant Schoder. Sur la contre-attaque, Triulzi trouva l’araignée qui s’était assoupie dans la lucarne de Lory et, fatalement, sur l’engagement qui suivit cette égalisation, Lakhmatov ajusta le plexiglas du Forum. Sans le savoir, les Octoduriens s’étaient remis banalement pendant ces deux minutes en mode championnat durant lequel ils avaient parfois chopé des sacrés coups de mou (série de quatre défaites d’affilée à fin janvier) alors que Viège avait ostensiblement mis le turbo sur leur opulente Lada, mis en confiance par les nombreux loupés de Portmann et consorts.
Ce n’est pas que l’on veuille bâcler cet article pour faire court ici, mais les hommes de Collins survolèrent la suite (…et fin) de ces play-off en quatre matchs. En s’appuyant sur l’omnipotent Kovalev, le mononeuronal Desmarais et la ligne BDT. Viège retrouva fière allure après un championnat quelconque. Non seulement les Viégeois encombrèrent la zone neutre pour déchirer les planifications kolkhoziennes du duo Malgin-Malkov, mais ils bénéficièrent de l’éreintant travail de leur Top Scorer des PTT (une première qu’une telle assiduité au travail dans la grande maison jaune). Non seulement Alexeï le Grand ressortit prestement nombre pucks de la  zone de défense des Haut-Valaisans, mais il fit joujou avec la rondelle (et les défenseurs) dans les arrondis de la patinoire pour mieux servir une procession d’attaquants finaudement alignés devant ce pauvre Lory (comiquement surnommé trampoline par certains supporters locaux).

Sans moral, sans âme, sans réaction, sans tactique contrariante lors de leur dernière sortie saisonnière à Viège, les joueurs de la Batiaz y présentèrent un spectacle qui ferait passer le dernier film de Jean-Luc Godard pour un candidat aux Césars. En ne tirant que quinze fois au but alors que la victoire était impérative, les hommes de Malgin se firent tourner autour par les Vischpois au rythme d’une imbuvable polka russe. Plus qu’une ultime défaite, ce match fut pour certains joueurs surement une libération afin de stopper ce siège Stalingradesque. Une cata !

La casse du siècle

Pourtant, avec son meilleur rang en Ligue B depuis le nouveau siècle et en nette progression par rapport à l’exercice précédent, l’ensemble d’Octodure fit bien plaisir aux régulières 2’500 pupilles qui l’avaient observé cette saison. Toutefois, à trop regarder les Janka et Défago durant les JO, les joueurs du Bas étiolèrent non seulement leur talent mais surtout leur envie durant ces dix derniers jours. Avec des Mikhaïlov, Sirokovs, Knoepfli aussi transparents que les dessus de Rihanna et un Sutter aussi dangereux en attaque qu’en défense, l’équipe des Red Ice tournaient visiblement sur trop peu de pistons. Ajoutez à cela une cacophonie dans le coaching avec l’introduction d’un Starkov cristallin, un brassage de lignes dérangeant après pourtant 45 matchs de championnat de bonne facture et pour finir des gardiens pas franchement décisifs, on avait la recette parfaite pour concocter des blinis au caviar avarié.
Les inorthodoxes Martignerains n’auront pas perdu entièrement leur temps durant ces play-off car ils réussirent à inventer une nouvelle tactique sur glace: celle du Box Power-Play. En supériorité numérique, les Reds se firent fréquemment chiper le puck dans leur zone défensive par les Viègeois qui s’amusèrent à le faire temporairement rentrer dans leur propre zone de défense pour mieux le déblayer au fond de la patinoire afin de faire enfin participer Reto Lory au jeu. Au final, seul quelques joueurs bas-valaisans (Wirz, Grezet, Lakhmatov, Girardin) surnagèrent dans cette Berezina et ressortirent avec quelques honneurs. Peu, vraiment trop peu.   

«L’artiste» avec un petit a et un petit z

Avec ses 7 points durant cette série, Kovalev se sera fait tresser tant de lauriers par les journalistes «spécialisés» qu’il pourra sans autre mettre sur pied une luxuriante plantation dans les pâtures ensoleillées de Lalden. Surnommé l’A(a)rtiste outre-Atlantique (sauf à Ottawa), le peu vaniteux Alexeï n’a pas tenu rigueur au Directoire de Martigny qui lui avait manqué de respect (…selon ses dires) en ne lui offrant aucun contrat pour cette saison. Car, si vous ne le saviez pas chers lecteurs, Alexeï Kovalev, c’est la quintessence du concept du respect et de fair-play sur la glace. En effet, ce ne serait pas son genre d’aller continuellement réclamer des pénalités non sifflées aux zébrés du jour, de se plaindre d’une pénalité cruellement sifflée, d’aller frapper à cinq reprises les plexis pour allumer la bruyante Brigata adverse, d’effectuer deux couards «gants d’honneur» à tout le public visiteur (enfants inclus), ni finalement de venir délibérément célébrer ses buts devant le fan’s club des Red Ice dont il admirait sans doute l’entrain frénétique comparé aux mornes grognements qui émanaient du sien… Une réplique du film Incognito avec Frank Dubosc me fut soufflée par mon voisin de gradin pour résumer les agissements enfantins du quadragénaire russo-américain: «C’est assez marrant de voir un corps d’homme si musclé avec un petit zizi d’enfant»..

Bonne chance à Viège pour la suite mais surtout bonne chance aux fan’s clubs de Langnau ou Langenthal voyageant en terre vischpoise. L’accueil qui vous sera réservé sera à la hauteur de l’ambiance qui règne dans cette patinoire. Par exemple, après avoir commandé une bouteille de Fendant après 21h un dimanche soir dans un bar (vide) de cette somptueuse Litternahalle, si vous avez l’impression que vous n’êtes pas les bienvenus, ne vous en faites pas, c’est normal.

Fêter une victoire est un art, non pas une science, un principe qu’un coté de la Raspille a bien compris….Malheureusement Alexeï, tu as atterri du mauvais coté. Regret ou respect, ton cœur balance ?
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

A propos Paul Carruzzo 207 Articles
Elle est pas un peu belle notre Nati et tout le bonheur qu’elle nous amène ? Alors, Rickli et compagnie, si vous ne vibrez pas devant cette équipe, vous n’êtes pas non plus monstrement obligés de regarder. Profitez d’un bon match de hornus et foutez la paix à nos joueurs, qui comme vous, ont un joli passeport rouge à croix blanche.

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2 Commentaires

  1. Excellent ton article mec….à pisser de rire en plus!!! Sur le fond t’as vraiment tout juste…et sur la forme un bon 10/10. Un peu d’humour pour nous faire passer le goût de bouchon de cette fin de saison!…Peu importe c’est Carnaval!

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