AUTRICHE : Au pays de la valse viennoise, Koller Alabaraka

L’équipe d’Autriche est en train de réaliser un petit miracle : faire exister le pays sur la carte du foot en apportant un peu d’air frais dans un pays plutôt connu pour cultiver la nostalgie de l’époque où Autriche-Hongrie n’était pas un match, mais un empire. Et les surprises ne sont sûrement pas finies…

1. Pourquoi j’ai choisi de présenter cette équipe.

Parce que c’est une équipe que personne n’attendait (dans les qualif) et que personne n’attend vraiment (durant l’Euro). Mais aussi parce qu’à défaut de pouvoir soutenir la Suisse dès les 8èmes de finale, on se rabattra sur ce voisin ignoré et mal aimé, entraîné par un Suisse-allemand (rien n’est parfait).

2. Comment se sont-ils qualifiés ?

Brillamment, en sortant premiers d’un groupe comptant la Russie, la Suède et une bonne équipe du Montenegro (le Lichtenstein et la Moldavie étant là pour faire le nombre). Rappelons que sur les 23 équipes sorties des qualifications et au nombre total de points récoltés, l’Autriche finit deuxième derrière l’Angleterre avec un seul match nul, contre la Suède ; au match retour, l’Autriche inflige un sec 4-1 à l’équipe du grand Zlatan sur ses terres.

3. Quelles sont les chances de les voir soulever le trophée ?

Si Dragovic réussit à piquer la coupe durant un moment d’inattention des agents de sécurité, au tout début de la compétition, et à la ramener incognito dans le vestiaire autrichien, il y a une chance. Mais avouons qu’elle est faible.

4. Présente-nous la star de l’équipe.

Non, ce n’est pas « David-Alaba-parce-qu’il-joue-au-Bayern ». En Autriche, la star de l’équipe, adulée comme une sorte de Claudio Ranieri national, c’est le Fussballgott Marcel Koller, qui a transformé des nobodies barbotant il y a 5 ans dans les abysses du classement FIFA en une équipe séduisante.

5. Quel est le joueur qui va nous émerveiller ?

Marko Arnautovic, le copain de Shaqiri à Stoke City, meilleur buteur de son club. Même physique et même look qu’Ibrahimovic, Arnautovic est plus rapide que Janko, marque dans toutes les positions et est capable de faire de magnifiques passes de but, souvent des centres au cordeau.Dans un autre genre, le milieu de terrain Junuzovic est la plaque tournante de l’équipe ; l’Euro pourrait être une occasion pour lui de se faire remarquer et de quitter le Werder Brême pour une équipe plus prestigieuse.

6. Quel est le joueur qui va nous faire rire ou pleurer, peut-être même pleurer de rire ?

Dragovic, évidemment. Ses qualités de défenseur ne sont pas vraiment en cause, même s’il lui arrive parfois d’avoir une absence. Ce qui nous pend au nez, c’est un gag qu’il trouvera super drôle et qui va semer une pagaille sans nom. Comme par exemple, à la veille du match contre le Portugal, mettre en doute la virilité de Ronaldo sur les réseaux sociaux. Sans compter les protestations officielles de la fédération portugaise et de l’UEFA, l’équipe d’Autriche sera déclarée persona non grata au Portugal et Dragovic, harcelé nuit et jour par des hordes de portugaises en furie, devra être mis sous protection policière.

7. C’est quoi leur philosophie de jeu ?

Marcel Koller respecte totalement la tradition philosophique du Cercle de Vienne : rationalisme et empirisme, avec rejet de la métaphysique spéculative. Autrement dit : on n’est pas là pour lasser le monde en faisant de la passe à dix, ni pour bétonner en spéculant sur la contre-attaque. Le foot, c’est d’abord les fondamentaux : une défense solide (ce qui va semble-t-il être une rareté durant l’Euro), un milieu de terrain qui joue intelligemment son rôle de filtre et de distribution, et une attaque capable de marquer le(s) but(s) qu’il faut. La preuve empirique ? 1:1, 2:1, 1:0, 1:0, 5:0, 1:0, 4:1, 3:2, 3:0.

8. On parle du foot autrichien, mais il ressemble à quoi le championnat d’Autriche ?

Honnêtement, à part le Rapid Vienne et le FC Salzburg (champion en titre), vous êtes capable de citer quel autre club autrichien ? OK, d’accord, Sturm Graz et Austria Vienne, de temps en temps.Le championnat autrichien, c’est une « Bundesliga » de 10 équipes dont 4 tournent plus ou moins régulièrement en tête, avec prédominance de Vienne et Salzburg. Mais soyons francs, je n’ai jamais vu un match du championnat local, et comme tout le monde, j’ai découvert les équipes autrichiennes en compétition européenne. Niveau Mitteleuropa : moyen. Forcément moyen, puisque les joueurs de l’équipe nationale hormis le portier jouent tous dans des clubs étrangers, en Allemagne, en Angleterre, en Ukraine ou en Suisse. (A part Janko, il y a un autre autrichien en Suisse : si tu découvres son nom et son club, tu gagnes deux billets pour le prochain match Lucerne-Vaduz).

9. Mais au fait, c’est qui la personnalité autrichienne la plus célèbre dans le monde?

Il y en a deux, qui ont la particularité d’avoir été artistes avant de connaître une carrière politique de premier plan dans un autre pays. Le premier est l’acteur d’art et d’essai Arnold Schwarzenegger, devenu gouverneur de Californie à la fois pro lobby des armes et anti-nucléaire. Le second est Adolf Hitler, peintre méconnu, devenu chancelier allemand un peu par hasard et pour le malheur de pas mal de gens. (Soyons fair play : l’Autriche nous a aussi donné Mozart et le bon docteur Freud).

10. Fais-nous rêver avec l’Autriche, mais dans un autre sport…

Faire rêver des lecteurs suisses, ça va être difficile, parce l’Autriche est notre ennemi intime dans le sport roi local : le ski. Et ça fait des décennies que ça dure. Marcel Hirscher et Anna Fenninger, entre autres, empêchent l’Helvète alpin moyen de fêter des victoires au cœur de l’hiver. En Autriche, les compétitions de ski attirent des dizaines de milliers de personnes, starlettes et people compris ; l’Arnold cité plus haut s’y montre régulièrement avec un chapeau tyrolien sur la tête.

11. Au fait ça mange et ça boit quoi les Autrichiens ?

Les Autrichiens – du moins ceux qui connaissent l’existence du football – boivent désormais tous du Rivella, persuadés qu’il s’agit de la potion magique utilisée par le grand sorcier Koller pour booster les performances de son équipe.

Pour le reste : escalopes viennoises, saucisses de Vienne, tourte de Linz, chocolat viennois (mit vielem Schlagrahm), café viennois (mit ein bischen Schnaps), viennoiseries. Rien que du diététique.

12. T’as quelque chose à rajouter ?

L’indice FIST créé par les éthylophiles de la rédaction est certes séduisant, mais il semble donner trop de poids à certaines variables sujettes à interprétation. Voici donc une alternative tout aussi scientifique, l’indice CHIC (pour Champions Internationaux Cumulés). Chaque joueur appartenant à l’équipe championne d’un pays compte pour un point. Si deux joueurs appartiennent à la même équipe championne, le deuxième ne compte que pour 0.5 points, le troisième pour 0.2 points et le quatrième pour 0.1 point. Au-delà de 4, aucun point n’est attribué. (Cette pondération vise à éviter que l’Allemagne ne soit automatiquement en tête du classement).

En prenant l’exemple de l’Autriche, on obtient : Eric Fuchs (Leicester) + David Alaba (Bayern) + Aleksandar Dragovic (Dynamo Kiev) + Marc Janko (Bâle) = 4 points.

Voici donc le classement selon l’indice CHIC :

Suède 6.7
Allemagne 4.8
Croatie 4.8
France 4.5
Autriche 4
Italie 3.8
Tchéquie 3.2
Albanie 3
Belgique 3 (si Montreal devient champion du Canada fin juin, sinon 2)
Espagne 2.8
Turquie 2.8
Ukraine 2.8
Pologne 2.7
Roumanie 2.7
Slovénie 2.7
Suisse 2.5
Islande 2
Portugal 2
Hongrie 1.8
Russie 1.8
Angleterre 1
Pays de Galles 1
Eire 0
Irlande du Nord 0

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