Le monde a changé

Convié hier au Bamee Bar pour assister au match de la Suisse autour d’une fondue thaïe avec quelques membres de la Confrérie du LS, j’ai eu la chance de vivre un moment inoubliable. Stocker a aidé, il faut dire.

19h. Arrivée dans la mythique antre de l’excellent Marco Reymond. La table est dressée pour vingt. Sous la télé. Un débat prend place à propos de l’idée que, justement, être sous la télé n’est justement pas la meilleure place pour regarder un match. « Ah bon ? » me répond le patron. Les premiers arrivés ouvrent la conversation sur le fait que le Buffet de la Gare va disparaître au profit d’un restaurant franchisé végétarien. Non mais quand même, tout fout le camp.

Après les premiers verres de blanc et les premiers petits shots, nous décidons de commencer le repas sans attendre les derniers arrivants. Les fours à fondue expulsent leurs flammes bleues faisant bouillir le caquelon dans lequel il y a un compartiment pour la viande et un pour les fruits de mer qu’on se promet de ne pas mélanger, comme les divorcés se sont promis de rester ensemble toute la vie, les fabricants de snowboard ont promis que c’était la fin du ski, Ueli Maurer a promis d’avoir la meilleure armée du monde.

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Les choix de Petkovic

Je ne saurais trop être avare en éloge quant à ce brave Vladimir. Outre que, je persiste, le Tessinois est sans doute le premier à avoir instauré un système de jeu de possession qui se voit sur le terrain (affirmation pas du tout partagée par une partie de la tablée), il ose aligner ce soir une équipe extrêmement offensive avec un trio Shaqiri, Mehmedi, Embolo devant Dzemaili. Et Seferovic. Même si on me rétorquera que cela ne veut pas dire « offensif » de mettre Seferovic.

Je lance un « Seferovic il va planter ce soir », une de ces phrases qu’on sort avec un air d’expert comme on coche des numéros au bol sur une grille d’Euromillions et qui se ponctuera par un « Je l’avais dit hein » si l’affirmation vient à, par hasard, se vérifier.

De nouveaux arrivants se joignent à la table : « Vous avez vu que le Buffet de la Gare va devenir un resto vegan ? Non mais quand même… »

La première mi-temps démarre calmement. Enfin, de ce que j’aperçois par les coups d’œil que je jette en haut, en arrière, car je suis effectivement sous la télé. L’excellent Robin Carrel écrit son live au bar et nous explique son amour des burgers du Great Escape mais il n’a pas essayé ceux du Non-Stop à Lutry. Du coup un autre client se joint à la conversation: « Vous avez vu le Buffet de la Gare? Non mais quand même… » La Suisse tente quelques timides incursions dans le camp hongrois mais le match est assez plat. Mais pas besoin de prétexte pour une tournée de shots d’Amaretto.

Le public hongrois est chaud. C’est le retour de la sélection au pays depuis l’Euro. La nostalgie gagne la table. Ah! Ce retour en car après le match contre la Pologne, quelle horreur !

Lichtsteiner est égal à lui-même en équipe de Suisse. Pas bon. Behrami reste en arrière en permanence. Dzemaili se montre plus offensif que Xhaka. On se demande s’il aura sa place lundi contre Andorre. Puis vient Seferovic qui marque. L’incrédulité ne survit pas à mon « Je l’avais dit hein… ». Mais les Hongrois égalisent immédiatement après. Les « C’est toujours la même chose » qui résonnent semblent criant de vérité malgré le fait qu’aucun réel exemple de match passé ne me vienne.

Au fil des verres de vin et des shots, de grands projets se mettent en place. « On va tous en car à Bâle voir le LS le 5 novembre », « On va tous manger au resto vegan de la gare quand il ouvrira et on amènera nos cervelas », « On va tous boire un autre shot ». Les discussion s’apprêtent à entrer dans la phase « Peut-on alimenter une lampe à pétrole avec du Jägermeister ? », lorsque Rodriguez décide de marquer son premier but avec l’équipe de Suisse. Cris de joie. Accolades. Shots. Nous avons quitté le repas depuis un moment en cette deuxième mi-temps, et l’on se retrouve comme à la fin d’un mariage, assis de façon dispersée d’un coin à l’autre de la table. Szalai égalise, on trouve que c’est un peu toujours la même chose.

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Stocker

Valentin met son vieux but à la 90ème. Je ne peux décrire les hurlements qui résonnent à l’Avenue de la Gare 32. Ben Burtt, ingénieur du son de Star Wars, avait mixé le son d’un cri d’ours et de morse pour créer le langage de Chewbacca. Si il était venu boire une Singha au Bamee, il n’aurait pas eu besoin de se donner tant de peine. Les cris de joie qui sortent au milieu des vapeurs de bouillon au gingembre sont inédits à une oreille humaine. Stocker, un joueur avec lequel on ne sait pas trop. Est-ce toujours un espoir ? Il n’a jamais flamboyé mais a toujours répondu présent. Il peut l’avoir un peu maussade de ne pas avoir davantage été pris en considération avec la Nati sous les différents coachs passés.

La Suisse est leader du groupe. La Suisse est une putain d’équipe. C’est surprenant de ne plus être surpris des victoires. Elles sont toujours limites, à deux doigts, pas complètement convaincantes mais elles sont là. Comme toutes les bonnes équipes de football, c’est le bilan comptable qu’on prend en compte quand on regarde le passé.

Impossible de vous décrire la fin de soirée. Vous demanderez à Marco…

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3 Commentaires

  1. Excellent cet article!!!HOPP SUISSE!!!La Suisse vient de gagner avec brio les deux premiers matchs et peut-être les plus durs(normalement les deux suivants ce sera 6 points assurés!!)Quel départ!!!Et bien parti pour gagner le groupe!!!HOPP SUISSE!!!

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