Clubbing : Everton

Un certain nombre de mes amis ou de mes connaissances supportent Liverpool et bon sang je n’ai jamais vraiment compris pourquoi. Bon, ils ont le droit, c’est un club plutôt sympathique si l’on excepte les vieux problèmes historiques d’hooliganisme. Mais au fond de moi, j’ai toujours cet esprit de contradiction de petit con rebelle qui fait que je vais préférer les autres, les outsiders. Comme le football anglais n’a pas encore été à l’honneur dans cette rubrique, il est grand temps de te présenter Everton, le club anglais moyen par excellence.

L’histoire complètement bidon du club

Everton est un club ancien, comme nombre de clubs anglais en réalité. Après tout, ce n’est pas pour rien qu’ils veulent nous faire croire qu’ils ont inventé le football. Donc rien d’étonnant à ce que les origines du club liverpuldien remontent à un joueur brésilien Eduardo da Verzinha Tondela dit « Everton ». Un mec qui était un pionnier du football dans son pays d’origine, mais son amour trop prononcé pour les tacles, les dégagements en touche et les duels aériens musclés l’a contraint à l’exil vers d’autres cieux (il risquait la prison dans un Brésil où seul le beau jeu était autorisé). C’est tout naturellement que ce milieu de terrain incompris dans son pays partit s’établir à Liverpool où on l’apprécierait à sa juste valeur. Il y fonda en 1878 l’Everton FC, antre du tacle et du dégagement.

Couleurs, symboles et surnoms à la con

Si Liverpool c’est les Reds que tout le monde adore parce que « ça c’est un vrai club ! T’as vu l’ambiance ou bien ! » Everton c’est les Blues ou plutôt les Toffees. Un surnom un peu pourri qui signifie « caramels » mais qui fait surtout fortement penser à une marque de chocolats allemands qu’on achète souvent dans les Selecta. Parce qu’il demeure autant de mystères dans le football qu’autour d’une soirée qui se termine tard au Bamee Bar, on ignore les raisons exactes d’un tel surnom. Topo assez similaire en ce qui concerne le symbole du club. Non, à Everton on n’a pas choisi un animal ou un truc qui a de la gueule, mais une … une tour. La Tour Rupert, une ancienne prison qui n’est pas du tout un symbole charismatique de la ville de Liverpool. On termine enfin avec la devise du club : « Nil Statis Nisi Optimum » ce qui signifie « Seul le meilleur est satisfaisant » une phrase sans doute prononcée par un Empereur romain à propos de je ne sais quelle débauche sexuelle. Nul doute que « We fucking eat pies » aurait été une devise plus appropriée pour la circonstance.

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Moi à la mi-temps je ne vais pas pisser, je vais prier

Stade et supporters

Oui fan inconditionnel de Liverpool, le temple du football moderne actuel qu’est Anfield a d’abord été la demeure d’Everton. Ce n’est qu’à la suite de disputes internes parmi les dirigeants des Toffees que Liverpool FC a été créé. Les Blues ont ainsi déménagé à Goodison Park (à 15 minutes à pied, il suffit de traverser un parc) et les Reds ont repris Anfield. Goodison Park est de nos jours bien vétuste et possède ce que l’on peut appeler du vécu. Par exemple, on ne voit pas l’ensemble de la pelouse depuis certaines places des tribunes. Soit un bon vieux poteau te gâche la vue, soit il faut te lever pour apercevoir ce qui se passe le long de la touche. Une vieille enceinte qui se trouve au beau milieu d’un quartier résidentiel. Tu peux aller boire ta pinte au bon vieux pub du coin d’en face, puis tu n’as plus qu’à traverser la route pour aller au match, ce qui est vachement sympa. Si tu as une bonne descente, tu peux même aller t’en boire une pendant la mi-temps. Et si t’es plutôt religion tu peux aller prier à l’église jouxtant le stade pour que les Blues reviennent au score en deuxième mi-temps. D’ailleurs ne t’y trompes pas Sylvester Stallone et Dolph Lundgren sont eux aussi des Toffees invétérés, si ça c’est pas un signe.

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Soutiens les Toffees sinon Dolph va te casser la gueule!

Le public d’Everton n’est pas encore essentiellement composés de Chinois accrocs aux paris sportifs ou de Valaisans qui ne peuvent s’empêcher de faire un parallèle entre leur équipe de cœur et celle qu’ils supportent dans le meilleur championnat du monde. Everton reste pour l’instant un club à envergure humaine. Dans les travées de Goodison Park on applaudit les récupérations de balles et le tacle est un geste technique autant apprécié qu’un quadruple passement de jambes à la con. On y fait « Oooooh ! » lorsqu’une frappe termine sa trajectoire en tribunes et on y fait « Yyyeeeaaaah ! » lorsqu’il y a un but pour les locaux.  Bref, une ambiance qui passe sans doute pour quelque chose de typique du coin. Un public très flegmatique qui ne met pas une ambiance de feu mais qui vit le match avec son équipe. Un truc so british j’imagine. Une atmosphère de l’Angleterre des années 80 (les hooligans en moins) qui pourrait bien disparaître, puisqu’un projet de nouveau stade est en train de voir le jour. Un stade moderne bien à l’extérieur de la ville où il sera sans doute possible de faire du shopping et d’aller faire toiletter son chien en dehors des jours de match. Super.

Les grands rivaux du club

L’ennemi tout trouvé d’Everton c’est bien entendu son voisin ou plutôt son petit frère (en termes d’âge en tous cas). Les Toffees et les Reds se disputent le Merseyside derby. Un derby d’ailleurs sans doute inconnu des nombreux « fans » internationaux de Liverpool qui ignorent probablement qu’Everton n’est pas une petite ville d’Angleterre et le rival principal de leur équipe fétiche. Oui car depuis là où je rédige cet article, j’ai trouvé un tag Liverpool sur le mur au bout de la rue et pourtant on est à 10’000 km de la ville des Beatles. Je doute que les mecs d’ici sachent situer Everton. La rivalité entre les deux clubs n’est pourtant pas aussi acharnée que ce que l’on pourrait penser, il n’existe pas de contentieux majeurs entre eux. Ce qui explique peut-être que ce derby soit assez méconnu du grand public. Autre facteur, la différence de niveau actuelle. Il est vrai que depuis 20-30 ans Everton n’arrive plus à figurer au sommet du championnat contrairement à Liverpool qui ne gagne jamais certes, mais termine régulièrement dans le quatuor de tête. Je serai même tenté de dire qu’il existe une certaine forme de respect entre les deux camps et des mecs d’Everton ne t’insulteront pas et ne te jetteront pas des bouteilles vides si tu portes un maillot de Liverpool devant eux et vice-versa. Et pourtant Liverpool est une sacrée ville de déglingués quand même. Résultat des courses les vrais rivaux d’Everton ça reste comme pour Liverpool, les deux équipes de Manchester.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade

Quand tu débarques à Goodison Park, il y a des statues, des murs avec une flopée de noms de joueurs. Seulement qu’il s’agit de joueurs dont tu n’as jamais entendu parler. Il faut dire qu’Everton est un club ancien qui a connu ses années de gloire à une époque où pleins de méchants moustachus dirigeaient les pays européens et tuaient plein de personnes. L’autre période faste de Toffees ce sont les années 60-70 et le début des années 80 où certains noms deviennent un peu plus connus comme Neville Southall, Alan Ball, Kevin Sheedy ou Graeme Sharp. Plus récemment on peut signaler quelques joueurs emblématiques tout de même, avec des Tim Cahill ou encore Tim Howard. Mais c’est dans l’effectif actuel que se trouvent deux futures légendes des Blues à savoir Phil Jagielka et surtout Leighton Baines et sa gueule de Beatles. Tous deux internationaux anglais, cela fait bientôt dix ans qu’ils sont fidèles au club et à 30 ans passés on les voit mal aller chercher ailleurs. De plus, Leighton Baines, le latéral gauche excellent tireur de coups-francs, est un vrai gars du coin qui ne changerait probablement de club que sous la torture.

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir

Ah cette catégorie je l’attendais avec impatience ! Pour les Toffees, il y a deux « fucking bastard » dont un est toujours en activité. Le premier c’est Nick Barmby, grand espoir du foot anglais dans les années 90 (encore un). Après avoir passé 4 ans à jouer pour Everton, il a quand même réussi à être transféré des Blues aux Reds en l’an 2000. Les deux clubs ont beau ne pas avoir une relation très conflictuelle, il y a des choses qui ne se font pas. De toute façon, Barmby est un mec de Hull qui va pas mal foirer sa carrière alors voilà. Le deuxième c’est l’inévitable Wayne Roux né. Enfant de Liverpool, Shrek ne jure à la base que par Everton. Il y dispute ses juniors et y fait ses grands débuts en Premier League, il passe déjà à cette époque pour un futur grand joueur. Il semble très attaché à son club de toujours et exhibe des t-shirts « once a blue always a blue » pour fêter ses buts. Mais en fait, il n’en a rien à foutre ! Il se casse à United et continue sa carrière comme si de rien était, fêtant même ses réussites sous ses nouvelles couleurs à Goodison Park en embrassant l’écusson des Red Devils. Des rumeurs courent que Rooney pourrait retourner à Everton terminer sa carrière, mais la vérité c’est que les fans n’en veulent surtout pas.

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Once a Blue, always a Red Devil

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore

Mais alors ça n’est pas facile de te trouver un match d’anthologie pour un club qui n’a plus rien gagné depuis 20 ans. Il faut donc remonter à 1995 et à une finale de Cup gagnée face à Manchester United sur un vieux 1-0 à Wembley. Un but assez vilain de Paul Rideout dont personne ne se rappelle qui a d’ailleurs fini sa carrière en Chine (mais à l’époque ça n’avait rien de cool, on trouvait la bouffe chinoise dégueulasse). L’effectif comprenait alors le vieux dinosaure gallois moustachu Neville Southall (une sorte de Seaman en plus vieux), Daniel Amokachi, Anders Limpar et David Unsworth si tu es féru de vieilles stars. Une époque où Everton avait encore NEC comme sponsor sur son maillot, ça faisait clairement moins classe que les éléphants thaïs de Chang Beer qui est meilleure que la Singha en passant.

Bon ok, et actuellement

Tu veux que je te dise, Everton n’a pas le moindre espoir de remporter quoi que ce soit durant les prochaines années. Avec les machines à groupies et à fric qui évoluent en Angleterre actuellement rien à espérer. En même temps tu veux faire quoi face à des équipes qui ont plus de budget que certains pays d’Afrique. Je suis sûr que le Soudan du Sud et la Centrafrique réunis ont moins de pognon que Manchester United. Bon, je concède qu’Everton brasse pas mal de fric aussi et arrive à se payer des Romelu Lukaku, des Yannick Bolasie ou des Ross Barkley grâce aux faramineux droits TV, mais le retard est trop conséquent. On me dira toujours, oui mais Leicester a bien réussi… Ben, justement maintenant c’est fait pour 50 ans au moins ! De toute façon d’ici 5 ou 10 ans l’UEFA nous aura pondu sa nouvelle merveille de Ligue des Champions qui se joue en Chine, à Dubaï et à New York, ce sera réservé aux « grandes équipes » et Everton n’en fera assurément pas partie… Et c’est tant mieux en fait !

 

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1 Commentaire

  1. Excellent ! Toffee depuis plus de trente ans, j’ai bien rigolé en lisant l’article. Pour le match de légende, je pense que la demi-finale de Coupe des Coupes de 85 à Goodison contre le Bayern ou encore le Everton – Wimbledon de 94 (« The great escape ») sont plus forts que la FA Cup de 95.

    Merci en tout cas pour l’article
    COYB !!!

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