Clubbing : Feyenoord

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L’hiver a frappé à notre porte et le calendrier de l’Avent a commencé à ouvrir ses portes. Bientôt les rues se pareront de décorations et de lumières, les magasins seront victimes de la traditionnelle frénésie consommatrice. Bref, ça sent le pain d’épice, ça sent Noël. Justement, s’il y a bien un pays qui ne fait pas penser à Noël ce sont les Pays-Bas (à égalité avec la Mauritanie) et pour éviter l’overdose on a décidé d’aborder ce mois-ci le club le plus populaire de cet autre plat pays : Feyenoord. On te prévient, il y a pas mal de mots en néerlandais, nous déclinons toute responsabilité en cas de saignement de la bouche.

L’histoire complètement bidon du club :

On est aux Pays-Bas, dans la ville qui possède le plus grand port d’Europe… Donc de là à dire que le Feyenoord Rotterdam a été fondé en 1908 par une bande de marins trafiquants d’armes drogués et proxénètes à leurs heures, il n’y a qu’un pas. Et pourtant c’est parfaitement faux. Le plus populaire des clubs de Rotterdam a été fondé par les frères jumeaux Franklin et Ronald Vandeputte, les frères Dupuis si vous préférez. Ces magnats du polder habitaient dans un moulin, cultivaient des tulipes et effectuaient tous leurs déplacements à bicyclette. Oui la tradition des frères dans le foot batave date de la nuit des temps.

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

Feyenoord ou l’association de couleurs très originales : rouge et blanc. Exactement comme tous les clubs néerlandais en fait, Ajax et PSV en tête. Ce qui différencie le club de Rotterdam des autres, c’est le short noir et le maillot caractéristique moitié blanc moitié rouge, comme quoi il n’y a pas que la fondue qui soit moitié-moitié. On fait encore plus dans l’originalité, et là on est à la limite de la provocation, concernant le symbole du club, un beau F majuscule. Mais ce qu’il y a surtout de remarquable et qui te marque à vie, c’est la mascotte du club. Tu avais trouvé Trix et Flix de l’Euro 2008 bien ridicules ? Ça te faisait rire que tout le monde insulte et siffle le risible Super Victor lors du dernier Euro ? Et bien c’est que tu ne connais pas encore Coentje la mascotte du futur. Un enfant blondinet qui est censé te faire un clin d’œil alors qu’en fait il a l’air d’avoir un œil crevé. On ose à peine évoquer les surnoms du club qui, on l’espère, sonnent mieux en néerlandais qu’en français. Ce qui est une évidence tant le néerlandais est une langue mélodieuse. Tiens De Trots van Zuid ou de club van het volk ça sonne mieux que la perle du sud ou le club du peuple non ?

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Borgne to be wild!

Stade et supporters :

J’ai encore de la peine à en parler 16 ans après les faits … L’antre de Feyenoord c’est le stade De Kuip, la cuvette, restée célèbre pour avoir accueilli la finale de l’Euro 2000. Alors non seulement l’Italie l’avait perdue à la dernière minute (puis en prolongation) mais en plus contre la France. Un vrai traumatisme. Cuvette de chiotte. Hormis ces vieilles rancœurs qui ne servent plus à grand chose, le de Kuip c’est 51’000 places, soit la deuxième enceinte des Pays-Bas et sans doute la meilleure ambiance de cette partie de l’Europe. Pour être exact, il faudrait l’appeler Feijenoord Stadion, du nom du quartier de Rotterdam dans lequel il est censé se trouver (alors que ce n’est pas tout à fait le cas). Oui à ce propos on écrit Feijenoord en néerlandais et la version avec un « y » a été introduite pour des raisons internationales, la lettre « IJ » étant trop difficile à prononcer pour un étranger avec une bouche normalement constituée (d’où les Van Nistelrooy, Kuyt, Cruyff, …)

Les supporters de Feyenoord passent souvent pour des méchants. Ils boivent beaucoup, ils se droguent et ils veulent tout casser lorsqu’il se déplacent à l’étranger tellement ils sont bourrés (en fait ça me rappelle un ou deux copains). De plus, ils sont violents, ils aiment se battre et ils parlent fort, bien entendu (c’est le cas de tous les Hollandais ivres). Comme si ça ne suffisait pas, l’enfant hooligan, un des plus célèbres clichés du football, est justement un jeune fan de Feyenoord. Bref, un club qui n’a pas une très bonne image, contrairement aux « gentils » supporters de l’Ajax. Ce qu’il faut toutefois préciser, c’est que le club de Rotterdam est probablement l’équipe la plus populaire des Pays-Bas et peut compter sur les fans les plus fidèles du pays, même si quelques néo-nazis se cachent sans doute dans le lot. Feyenoord incarne donc avant tout la passion en Hollande avec ses bons et ses mauvais côtés, et si tu veux de l’ambiance aux Pays-Bas, c’est bien au Feijenoord Stadion qu’il faut aller !

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Le petit Jordi, fiché et interdit de stade à 5 ans!

Les grands rivaux du club :

En tant que membre éminent du triumvirat ou du Big Three néerlandais, Feyenoord se doit d’avoir comme rivaux ses deux challengers les plus sérieux. Tout d’abord l’Ajax, avec qui le Stadionclub entretient bien évidemment une relation tumultueuse. D’un côté, Feyenoord incarne les prolétaires et la ville moderne, industrielle tandis que de l’autre, l’Ajax incarne la bourgeoisie, la ville historique et la capitale. Les mauvaises langues diront que Feyenoord c’est les réacs et les fachos qui traitent ceux de l’Ajax de Juifs, ce qui n’est historiquement pas complètement faux. Les deux formations s’affrontent lors du Klassieker, un match qui a drainé son lot de violence ces dernières décennies. Au point que les Klassieker se disputent désormais sans fans du club extérieur depuis plus de cinq ans. Certaines franges de supporters de Feyenoord vouent une haine viscérale à l’encontre de ceux de l’Ajax, le contraire étant bien vrai aussi. Une haine qui dépasse bien souvent le cadre sportif, puisque des incidents éclatent tantôt entre supporters sans même qu’il y ait un match de foot en fait. Pour être complet, il faut tout de même ajouter que Feyenoord se fait largement dominer sur le plan sportif par l’Ajax (et par le PSV) depuis les années 2000. Autre rival, le PSV, mais alors là il s’agit d’une rivalité purement sportive. Enfin, soulignons encore les deux derbys de Rotterdam face au Sparta et à l’Excelsior. Si le premier entraîne une certaine rivalité, le second est plutôt du genre amical mais de toute manière ces deux équipes de Rotterdam font souvent l’ascenseur entre première et seconde division.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

Feyenoord est un club qui a connu de grands succès dans les années 60 et 70. Après de bonnes années 90, il est vrai que ce club connaît actuellement quelques difficultés sportives. Les joueurs mythiques sont donc plutôt à chercher du côté des années où être hippie était à la mode. L’emblème du club est sans doute Coen Moulijn vainqueur en 1970 de la coupe aux longues oreilles avec Feyenoord et plus de 15 ans passés au club. De la même époque, on peut également citer Wim Jansen, Eddy Pieters Graafland et Rinus Israel, le héros de la finale. Un peu un comble qu’un mec qui s’appelle Israel soit une des figures mythiques d’un club qui traite péjorativement ses principaux rivaux de Juifs. Personnellement, les joueurs de Feyenoord qui m’ont le plus marqué sont Regi Blinker et Gaston Taument les deux attaquants chevelus surinamais indissociables des années 90. Mais pas qu’eux, je pourrais te citer des dizaines de mecs qui m’ont marqué dans ce club tel John de Wolf ou Ed de Goey. On terminera par quelques gloires un peu plus récentes comme Dirk Kuyt, Giovanni Van Bronckhorst ou Robin Van Persie, tous liés au club de Rotterdam. D’ailleurs le premier y est retourné l’an dernier en tant que joueur, le deuxième en tant qu’entraîneur et le dernier finira bien par s’y ramener.

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Gaston les cheveux longs

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

Peu d’anciens joueurs de Feyenoord ont osé passer chez l’ennemi de l’Ajax et s’infliger ainsi des soirées de Klassieker bien cauchemardesques. Seul cas à peu près notable celui d’Arnold Scholten, le Socrates Blanc qui gagnera la Ligue des Champions avec l’Ajax mais en étant remplaçant de Jari Litmanen. Etant donné que depuis il a entraîné les jeunes de Feyenoord on considérera qu’il s’est fait pardonner. Mais il y a actuellement un cas de traîtrise qui défraie la chronique aux Pays-Bas celui de Kenneth Vermeer. Le deuxième gardien des Oranje est passé de l’Ajax à Feyenoord, ce que les supporters du club amstellodamois n’ont pas apprécié. Ils ont ainsi pendu un mannequin à son effigie dans les tribunes en février dernier. Une affaire qui a fait grand bruit aux Pays-Bas.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Comme on l’a déjà dit, Feyenoord a de la peine en ce moment. Pour retrouver un match d’anthologie, il faut remonter à 2002 et une finale assez mythique gagnée 3-2 face au Borussia Dortmund au… stade de Kuip comme par hasard. Une finale dont les grands bonhommes avaient été Pierre Van Hooijdonk (avec un coup-franc magique) et Jon Dahl Tomasson, le seul Danois qui finit en -sson. Après, tout les vieux fans du club rotterdamois, qu’on sait nombreux sur ce site, diront que le match référence c’est la finale de Coupe des Champions 1970 gagnée 2-1 en prolongation face au Celtic Glasgow. Feyenoord devient ainsi le premier club batave à remporter un titre européen, mais pas de pot les trois titres suivants le seront par l’Ajax. Godverdomme !

Bon ok, et actuellement :

Depuis la fin des années 90, c’est la crise ! Aucun titre de champion des Pays-Bas depuis 1999, et une difficulté chronique à se mêler à la course pour le titre. Feyenoord n’est plus le club qu’il était. Il se fait même régulièrement devancer par l’AZ Alkmaar ou Twente (qui a bien failli disparaître l’an passé). Symbole de cette nullité, non pas un 5, un 6 ou même un 7-0 mais un 10-0 pris en championnat face au PSV en octobre 2010 ! Tu te rends compte 10-0 ! La raison à tous ces problèmes est avant tout financière, le club peine à tourner et croule sous les dettes, il est même menacé de faillite en 2010. Mais depuis quelques années, on respire du côté du de Kuip, ça va globalement un peu mieux aussi bien financièrement que sportivement. Pour preuve Feyenoord réalise un bon début de championnat et pourrait devenir champion d’automne. Si la qualification pour les seizièmes en Europa League sera difficile à obtenir, le club de Van Bronckhorst a tout de même réalisé un parcours intéressant en battant notamment Manchester United (qui ne vaut pas grand-chose cette année). Et si les finances continuent à s’améliorer ils pourront même se payer un mec capable d’élaborer une nouvelle mascotte qui possède deux yeux valides.

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2 Commentaires

  1. Merci pour ce beau résumé de ce Club assez inconnu du public suisse. Je suis fan de Feyenoord depuis gamin(ne me demandez pas pourquoi) et ça fait plaisir de lire un article en français sur eux! En outre, j’ai eu la chance d’assister à cette finale mythique de 2002!!

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