Clubbing : Etoile Rouge Belgrade

Attention, attention ! Ce mois-ci on a décidé de s’attaquer au mastodonte du football serbe : l’Etoile Rouge de Belgrade. Et il y a beaucoup trop de choses à dire, tant l’histoire et la politique de ce pays ont été mêlées au destin de ce club. Bon, on a essayé de faire court hein, et de placer quelques vannes aussi parce qu’on peut rire de tout.

L’histoire complètement bidon du club :

On ne va pas s’étaler sur le sujet puisqu’on a pas mal de chose à dire dans les autres catégories. Le club le plus populaire de Serbie a été fondé par l’amicale de la raclette valaisanne en Serbie. C’est donc en hommage au Valais et aux étoiles du drapeau valaisan que l’Etoile Rouge de Belgrade a été créée. Cela n’a rien à voir avec une quelconque idéologie communiste, ne vous y méprenez surtout pas ! De nos jours encore on sert de la raclette dans les travées du stade Rajko Mitić. Ils seraient également amateurs de fendant.

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

Au niveau des couleurs, comme on peut s’y attendre, le bleu et le jaune caractérisent l’Etoile Rouge de Belgrade. Pour la symbolique, un soleil. Ça coule de source. Et c’est en toute logique qu’on surnomme l’équipe les soleils jaunes. Bon, je te mets au défi de trouver un club au monde où l’identification des couleurs et du symbole est plus enfantine, puisque tout est dans le nom. Pour être plus précis, l’Etoile Rouge adopte une tunique à rayures verticales rouges et blanches, le tout assorti d’un short rouge. Le symbole est une étoile rouge à cinq branches, la même qu’il y avait sur le drapeau yougoslave à l’époque. De là on tire les surnoms toujours très originaux de Crveno-Beli (les rouges et blancs) et de Zvezda (l’étoile). Oui, car pour bien t’embêter l’Etoile Rouge possède un nom difficilement prononçable en VO. Un nom qu’on traduit systématiquement dans les langues de chaque pays. Ainsi on passe de Crvena Zvezda à Etoile Rouge en passant par Red Star, Stella Rossa, Roter Stern, Estrella Roja ou encore Sarkana Zvaigzne (en letton au cas où tu serais inculte). Et si on se mettait à dire Royal Madrid et Manchester Ville, ce serait quand même plus sympa non ?

Stade et supporters :

Le Crvena Zvezda évolue au stade Rajko Mitić, anciennement stade de l’Etoile Rouge que tout le monde connaît sous le nom de Marakana. Un surnom qui provient bel et bien du mythique stade de Rio, car il lui ressemblerait d’un point de vue architectural et une ambiance parfois similaire y régnerait. On ne comprend d’ailleurs pas pourquoi la Pontaise ne se surnomme pas aussi le Maracana suisse. C’est incompréhensible. Il s’agit en réalité du plus grand stade du pays qui accueillait la plupart des matchs des feues équipes nationales de Yougoslavie puis de Serbie & Montenegro. De nos jours, les Aigles de Serbie y disputent également leurs rencontres devant pas moins de 55’000 personnes. Une nouvelle enceinte serait à l’étude depuis quelques années. Oui un truc qui comprend centre commercial, fitness et tout le toutim afin que l’UEFA l’affuble de son estampillage cinq étoiles. Enfin, l’Europe de l’Est a aussi droit au développement.

En Serbie, le football est un terrain dangereux. Le supporter le plus fameux de l’Etoile Rouge reste le troisième frère Bogdanov, Ivan, mieux connu sous le nom d’Ivan le Terrible, le hooligan serbe à cagoule. Il s’était notamment illustré à Gênes lors d’un Italie-Serbie en 2010. Ça donne le ton… Puis il y avait Željko Ražnatović, mieux connu sous le nom d’Arkan le Tigre des Balkans, qui a joué un rôle majeur lors des massacres de la guerre entre Serbie et Croatie en 1991. Mais ça c’est au TPIY de s’en occuper, pas à moi. Tu l’auras compris, les supporters de l’Etoile Rouge sont plutôt réputés pour soutenir le nationalisme serbe. Les plus fervents supporters se dénomment la Delije, ils seraient à l’origine de l’émeute de 1990 entre l’Etoile Rouge et le Dinamo Zagreb, point de départ de la dislocation de la Yougoslavie. Mais ne mettons pas tout le monde dans le même panier ! Si tu croises un mec qui soutient l’Etoile Rouge de nos jours, ça n’est pas qu’il est un fasciste nationaliste de première catégorie, c’est juste sans doute un type normal puisque 50% des Serbes soutiennent l’Etoile Rouge, le club le plus supporté dans le pays.

Mignons comme tout les supporters de l’Étoile!

Les grands rivaux du club :

A l’époque de la Yougoslavie l’Etoile Rouge partageait une rivalité féroce (parfois trop) avec le Dinamo Zagreb et l’Hajduk Split, les deux grands clubs croates. Mais le grand rival a toujours été, et demeure, le Partizan Belgrade qui a son stade à 500 mètres à peine. Sans aucun doute un des derbys les plus chauds d’Europe, celui de Belgrade porte un nom bien évocateur, le derby éternel (Večiti Derbi). A la base, l’Etoile Rouge représentait le parti communiste yougoslave et le Partizan l’armée yougoslave, soit. Lors de l’implosion de la Yougoslavie, l’Etoile Rouge représentait plutôt les nationalistes serbes et le Partizan plutôt les fédéralistes yougoslaves. Durant les années Milošević, vers l’an 2000, le Partizan était synonyme de soutien à Milošević, tandis que l’Etoile Rouge signifiait volonté de se défaire du despote. A cette époque, les derbys se transforment d’ailleurs souvent en véritable guerre de tranchées. On le voit la politique a donc souvent servi à nourrir l’antagonisme entre les deux clubs de Belgrade.

Et de nos jours, qu’en est-il ? Et bien on se déteste toujours autant, même si la politique s’est peu à peu éclipsée. Ce qui prime à mon avis, c’est la culture hooligan largement répandue en Serbie. Il s’agit avant tout de choisir un des deux camps et d’y rester fidèle jusqu’à sa mort. Cela donne bien évidemment lieu à des derbys extrêmement chauds qui partent parfois en vrille totale, comme durant l’année 2016 à peine écoulée. Pour être complet (même si ce sujet mérite un article à lui tout seul), cette rivalité touche également le basket, autre sport très populaire en Serbie. Le Partizan et l’Etoile Rouge se disputent aussi bien en football qu’au basket un duel sempiternel pour le titre. Notons encore que l’Etoile Rouge a noué des liens particuliers avec le Spartak Moscou et l’Olympiakos du Pirée. Ils forment ensemble les frères orthodoxes.

Encore un de ces derbys où on ne reconnaît pas bien les maillots !

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

La légende du Crvena Zvezda se nomme Dragan Džajić. Ancien attaquant charismatique de l’Etoile Rouge dans les années 60 et 70, il a disputé plus de 300 matchs et inscrit plus de 100 buts avec le Zvezda. Il en est d’ailleurs aujourd’hui le président, c’est dire l’importance du bonhomme. Autre légende Rajko Mitić qui a donné son nom au stade mais alors là on est dans les années 50. Bon perso, je n’étais pas encore né à ces époques, donc ça ne me parle pas beaucoup. Pour ma part, les légendes sont plutôt à aller chercher du côté de l’équipe championne d’Europe en 1991 et qui ont été un peu par la force des choses obligées de s’en aller à cause de la guerre. On peut citer Dejan Savićević, Robert Prosinečki ou même le Roumain d’origine serbe Miodrag Belodedici, (qui avait fui son pays), vainqueur 5 ans avant de la Coupe d’Europe avec le Steaua Bucarest. Et puis bon on citera aussi Dragan Stojković même si le pauvre a eu la mauvaise idée de se tirer l’année précédant le titre à … Marseille, club justement vaincu en finale. Actuellement, il ne faut pas attendre très longtemps avant qu’un bon joueur de l’Etoile Rouge ne soit repéré par Chelsea ou Manchester et se tire dès que possible. Difficile de devenir une légende dans ces conditions… pourtant Dejan Stanković ou encore Nemanja Vidić sont bien passés par là.

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

On pourrait penser que le fait de porter les couleurs de l’Etoile Rouge et du Partizan durant ta vie va indubitablement te conduire à l’assassinat. Et pourtant, plusieurs joueurs ont osé porter les deux maillots durant leur carrière. Alors pour que ce soit clair, à l’époque de la Yougoslavie, avant les années 90, la chose n’était pas si grave. C’est depuis que ça se corse un peu. Le cas de traîtrise le plus fameux revient à Vladimir Stojković gardien actuel de l’équipe nationale, notamment passé par le FC Nantes et le Sporting Lisbonne. Portier ayant fait ses débuts pro avec l’Etoile Rouge, Stojković rejoint comme beaucoup de jeunes la « vraie Europe » après la Coupe du Monde en Allemagne de 2006. N’arrivant pas à s’imposer à Nantes, puis au Sporting, Vladimir est prêté à gauche à droite sans succès et retourne finalement en Serbie quatre ans plus tard mais… au Partizan ! Le tout après avoir été désigné membre honoraire du club par les dirigeants de l’Etoile Rouge quelques semaines auparavant. Enorme tollé en Serbie, surtout lorsque des rumeurs courent comme quoi le portier de l’équipe nationale aurait demandé une clause spéciale dans son contrat pour ne pas être aligné lors des derbys. La conséquence : menaces de mort envers le joueur et sa famille. Lors du fameux Italie-Serbie de 2010 le gardien serbe est visé par des projectiles adressés par les supporters de l’Etoile Rouge et le match est annulé puis perdu par forfait. Quant au derby de cette année-là, curieusement rien de terrible ne s’est produit, Stojković a défendu les cages du Partizan et sa femme possède toujours cinq doigts à la main droite. Après oui. Stojković est toujours haï par les fans de l’Etoile Rouge lorsqu’il garde les buts en équipe nationale, mais il aura au moins eu le mérite de briser un tabou… Il évolue désormais à Nottingham Forest en Championship.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

C’est un match dégueulasse et immonde qui est devenu le match historique du club le plus populaire de Serbie. Une finale de Coupe des Champions, parmi les premières dont je me souviens, qui a mis aux prises nos chers Serbes à l’OM de la grosse bouche Nanard Tapie. Une vilaine victoire aux tirs aux buts à Bari au terme d’une finale aussi passionnante qu’une partie de scrabble entre Stéphane Henchoz et Chapuisat. Une finale qui se joue finalement sur un seul tir manqué, le premier de l’OM signé Manuel Amoros. Une équipe formidable qui traduit bien la puissance de la Yougoslavie footballistique à la veille de son anéantissement total, sans doute le meilleur football du début des années 90. Une équipe qui compte dans ses rangs des stars comme Siniša Mihajlović, Dejan Savićević, Robert Prosinečki, Vladimir Jugović ou encore Darko Pančev et Refik Šabanadžović. Bref des Serbes bien sûr, mais aussi des Croates, des Monténégrins, des Bosniaques ou encore des Macédoniens. Et c’était ça la Yougoslavie à la base, la réunion des Slaves du Sud…

La dernière participation de l’Etoile Rouge à Ligue des Champions

Bon ok, et actuellement :

Actuellement, aussi bien l’Etoile Rouge que le Partizan ne parviennent bien entendu pas à s’illustrer dans une compétition européenne. Le football serbe est sans doute trop pauvre et ça tombe bien son image ne colle pas vraiment avec celle que l’on veut donner de la Champions League par exemple. Tout au plus le Partizan parvient parfois à disputer une phase de groupe de Ligue de Champions et l’Etoile une phase de groupe d’Europa League et c’est tout… Concernant l’Etoile Rouge la dernière vraie participation à la Champions League remonte tout de même à 1991-1992 et pour l’Europa League à 2007-2008. Tiens cette année l’Etoile Rouge était qualifié pour les préliminaires de la Ligue des Champions mais s’est fait sortir par Ludogorets puis par Sassuolo en barrage de Ligue Europa, ça laisse pantois. C’est donc au niveau national que se constitue l’essentiel de l’enjeu saisonnier. Savoir qui de l’Etoile ou du Partizan remportera le titre, voilà toute la question… La même qu’on se pose déjà en basket en fait.

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