Tu m’emmerdes Federer

Parmi les purges 2017, entre Trump et Fillon trône Federer.

L’esthète ultime, le gentil garçon, le premier de classe qui mérite des gifles, qui mérite des croche-pattes et la bite au cirage.

Il est exécrable de correction. Je hais ce modèle de mec depuis ma naissance, je le conchierai encore sur mon lit de mort.

Federer rendant l’usage de ses jambes à un enfant paraplégique

 

Ses enfants sont pliés au carré, ses raquettes sont alignées et rangées par variation de rose pâle. Il dirait du bien du sadique de Romont s’il jouait contre lui.

Roger Federer, c’est le triomphe des lèche-culs, des studieux, des travailleurs. Cette caste abhorrée des humains consciencieux et obéissants qui bossent pour réussir et réussissent.

Tous ceux qui comme moi n’envisagent le succès que volé, le triomphe au bout de l’esbroufe et la dissimulation comme remède à l’erreur perdent le nord face à cette caricature du talentueux travailleur, qui couche à dix heures.

C’est pour ces types là que sont faits les pains carrés, les brosses à chiottes (qui se sert vraiment des brosses à chiottes ?), les STOP aux carrefours (la prochaine voit que j’en vois un qui s’arrête complètement à un STOP, je l’énuclée), les acomptes d’impôts, le tri des déchets, les décomptes de cartes de crédit. Pour les types qui disent bonjour à la dame, portent le polo blanc et traversent vingt ans de médiatisation intense sans un pet de travers.

L’homme le plus drôle de la Terre. Mais où va-t-il chercher tout ça ?

 

Il a la fantaisie d’un métronome, l’audace d’une barrière vauban et il aime autant le scandale qu’un assistant de sécurité publique à ça de son quota mensuel de bûches.

Si je devais emporter Federer sur une île déserte, j’apprendrais à parler aux crabes.

Federer et ses imitateurs, Christian Lüscher, Barack Obama, Laurent Delahousse et Léonard Thurre, ces bien peignés qui nous gouvernent m’estomaquent. Il aura beau brasser du lift, reverser le long de la ligne, « oh-c’est-superbe-ce-que-fait-roger-là-sur-ce-retour » et faire toutes ses âneries qui trempent de sueur les poils du nez de Joël Robert et consort, il continuera à être juste en-dessous de la RIE III sur l’échelle des concepts qui m’émeuvent.

Sur le casting du Rebelle, en 1982

 

Je ne peux pas rendre grâce à un type comme lui.

Je vous vois. Je vois vos béatitudes, vos emportements.

Je vois mon fil twitter plein comme un applestore le matin de la sortie du même téléphone que la veille, d’amis qui confient qu’ils pleurent (ils PLEURENT, je te dis… ils disent qu’ils pleurent.. ces mâles alphas qui n’ont pas identifié une émotion depuis leur permis de boguet, ils pleurent aujourd’hui pour ce cygne blanc qui astique un castillan difforme au bout du monde) de le voir si beau sur le lino de Melbourne, héros du siècle, héritier de Freddie Mercury, de Jacques Anquetil et de Martin Luther King, défenseur acharné de la cause des hommes hétéros blancs valides voyants riches et non-musulmans.

Il me prive de sommeil ce relent de tous mes souvenirs castrants. Du môme qui avait-justement-appris-son-voc-allemand-le-matin-du-contrôle-surprise à l’ado le plus fort de mon équipe de foot de juniors D qui se plaignait de la qualité de ma seule passe de la saison lors de ma seule titularisation pour cause de chiasse et d’yeux verts contagieuse du reste de l’équipe.

Je me réjouis qu’il soit à la retraite, pour détourner mes yeux sur des fantasques, des miraculés, des tricheurs, des polémistes, des pas propres, pas nets, pas honnêtes et pas polis. Pour que vive encore le fantasme de l’imperfection, au royaume du doute et de la nuance.

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