Panis entre dans les annales

Autant dire tout de suite que jamais je n’aurais pensé écrire un jour un article pour un sport qui me passionne autant qu’une assemblée générale de l’UDC valaisan, où la probabilité d’assister à un Grand Prix excitant est aussi forte que de pécho une meuf en after à Vaduz et dont le nombre de dépassement par course est aussi important que le Q.I. d’une contractuelle. Bref, la F1 c’est chiant. Et qui plus est, pour reprendre un slogan cher au GSSA, ça tue, ça pollue et ça rend con.

Pourtant, une fois par année, il y a un événement où le spectacle est généralement au rendez-vous. Où glamour et jet-set font bon ménage avec l’odeur d’essence et de pneu cramé. Où les accidents sont plus que de coutume au rendez-vous et où le déroulement du week-end est souvent épique voire rocambolesque. J’ai nommé le GP de Monaco. La Mecque de la F1. Le rendez-vous incontournable de la saison. Celui que tout le monde se réjouit de regarder chaque printemps depuis 1929. Un peu comme on se réjouit d’arriver au Bamee lors d’un barathon effectué entre Ouchy et Saint-François. Un rayon de soleil dans un océan de tristesse.

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Le circuit de Monaco, qui se déroule sur un circuit urbain, sinueux, tortueux même, long de 3.34 km à parcourir 78 fois et agrémenté de montées et de descentes où quasiment chaque virage est dangereux et où même les pilotes les plus chevronnés se plantent allègrement. Et c’est encore plus jouissif lorsque la pluie s’en mêle et que toutes ces foutues bagnoles qui valent des millions se retrouvent bousillées en moins de temps qu’il n’en faut pour l’écrire.

Et l’édition 1996 de ce Grand Prix n’allait pas échapper à la règle de ces courses débridées et ne répondant à aucune logique, et même en devenir l’une des plus improbables. Pour se remettre dans le contexte de l’époque, le début de cette saison 1996 est archi-dominé par les Williams-Renault de Damon Hill et de Jacques Villeneuve qui ont remporté, à eux deux, les 5 premières courses de la saison, et avec qui seule la Ferrari de Michael Schumacher parvenait occasionnellement à rivaliser. Lors des essais libres du jeudi ainsi que lors des essais qualificatifs du samedi, la logique est plus ou moins respectée. En effet, la pole-position de l’Allemand n’est pas à proprement parler une surprise sur ce circuit de la principauté qui favorise le talent pur du pilotage au détriment de la compétitivité du bolide. La finesse de sa conduite et sa capacité à se sublimer à Monaco lui permettent ainsi de décrocher ce meilleur chrono et de devancer sur la grille Damon Hill et Jean Alesi.

Pourtant, dès le premier tour, Schumi part à la faute sur la ligne droite à la sortie de l’épingle du Loews et laisse le britannique Damon Hill prendre le commandement. L’averse du matin lors du warm-up est passée par là et a rendu la piste humide et en conséquence particulièrement traître. De nombreux autres concurrents vont l’imiter dès le premier tour pour quatre d’entre eux, suivis par d’autres dans les tours suivants à chaque recoin du tracé.

Pendant ce temps là, le français Olivier Panis, honnête pilote de la modeste équipe Ligier, n’ayant obtenu comme meilleur résultat de la saison que la sixième place en Australie, qualifié en quatorzième position sur la grille, commence à faire son chemin dans le peloton en réalisant des dépassements tous azimuts et se retrouve en 7ème position après 25 tours. Au 26ème tour, le pilote Ligier passe par les stands pour chausser des pneus slicks sur une piste qui s’assèche progressivement. Son arrêt sera bien plus rapide que celui de ses concurrents car le brave Olivier a tenté un coup tactique au départ en partant avec suffisamment d’essence pour ne pas avoir à faire le plein en route. Il se retrouve alors 4ème après la valse des ravitaillements.

Au 36ème tour, le Français porte alors une attaque de cinglé sur l’impétueux Eddie Irvine au freinage de l’épingle. Le Nord-Irlandais ne peut éviter la Ligier qui bloque ses roues et le tamponne. Par miracle, le pilote de la JSR3 tricolore s’en sort avec un aileron avant à peine voilé et une biellette de direction légèrement pliée. Mais surtout, il a passé l’un des pilotes les plus coriaces de la Formule 1 et se retrouve sur le podium provisoire ! D’autant plus que cinq tours plus tard, c’est le moteur Renault de la Williams du britannique Damon Hill qui rend l’âme et qui contraint le sujet de sa Majesté à un abandon alors que la victoire lui semblait promise. Et pourtant, ce fait de course aurait pu provoquer la perte du lyonnais. En effet, surpris par l’huile lâchée par la Williams, il part en toupie et finit dans l’échappatoire, par chance, sans toucher le rail. Plutôt que de revenir directement en piste et écoper d’une pénalité, il effectue un second tête-à-queue, volontaire cette fois-ci, pour se remettre dans le bon sens de la piste et reprendre la course depuis l’endroit où il l’avait quittée sans gagner de terrain.

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Deuxième de la course à cet instant, Olivier Panis va encore bénéficier d’un énième coup de main du destin. En effet, Jean Alesi, alors en tête, rentre au stand au 60ème tour pour ce qu’il croit être une crevaison. Mais le verdict est bien plus dramatique pour l’Avignonnais. La suspension de sa Benetton est à l’agonie et il doit lui aussi rejoindre la déjà longue liste des abandons. Pas de doublé français donc en ce 13 mai 1996 mais Panis se retrouve alors pour la première (et unique) fois de sa carrière en tête d’un Grand Prix. Et du plus prestigieux qui plus est.

Mais rien n’est encore fait pour le Lyonnais. Car la McLaren-Mercedes de l’Ecossais David Coulthard, qui court pourtant avec un casque qui n’est pas le sien en raison de problèmes de buée, se fait de plus en plus pressante derrière la Ligier n° 9. Mais le français est héroïque et résiste aux attaques de l’intrépide Britannique pour l’emporter finalement devant Coulthard et l’Anglais Johnny Herbert, seuls autres pilotes à l’arrivée d’un Grand Prix hors norme, puisque l’Allemand Heinz-Harald Frentzen, quatrième, finit la course dans les stands et que les trois derniers pilotes classés, Eddie Irvine et les deux Mika finlandais (pas libanais) Hakkinen et Salo se sont rentrés dedans dans le dernier tour.

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Panis remporte alors la seule et unique victoire de sa carrière. Il apporte à l’écurie Ligier son premier succès depuis 15 ans. Sacre d’un pilote français au volant d’un bolide français… La presse tricolore s’enflamme et se gargarise d’un tel succès « à la française ». Elle en oublierait presque les circonstances à la limite du vraisemblable de celui-ci. Et depuis lors, elle se garde bien de rappeler qu’il s’agit du dernier succès d’un pilote de l’hexagone en F1. Quasiment 21 ans de disette donc. Un bail quoi. Mais bon, en même temps, et vous aurez parfaitement raison, vous me direz que ce n’est pas si terrible que cela en comparaison des presque 34 ans d’échec en Grand Chelem de leur compatriotes tennismen. Y’en a point comme eux !

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