Il était écrit…

Lausanne a son 2 juin 1999, Sion a désormais son 25 mai 2017. Il était écrit que la mythique légende du club valaisan en Coupe allait se terminer dans le pire stade de Suisse, un véritable mouroir aux allures de cimetière. Une triste fin de série pour l’équipe du Vieux-Pays, méconnaissable et inexistante. On n’y était, on a mal mangé et on n’a pas vibré.

Le FC Sion et la Coupe de Suisse, c’était donc une belle histoire d’amour. On peut désormais employer le passé pour évoquer l’indéfectible lien qui unissait les Valaisans à ce trophée. Depuis ce jeudi de l’Ascension, rien ne sera plus pareil dans le canton du Fendant et de l’Abricotine. Cette série est brisée et, qu’on le veuille ou non, les prochaines finales de Coupe du club rouge et blanc n’auront plus la même saveur. Plus du tout.

Il y a quand même quelque chose de triste dans cet épilogue, et c’est un fan du Lausanne-Sport qui l’écrit : c’était beau de voir ce petit FC Sion, souvent donné perdant, se sublimer le Jour J et réussir l’exploit d’une vie. De voir tous ces Valaisans se déplacer par milliers pour l’événement et pousser leur équipe, leurs héros à l’improbable miracle. D’assister, au stade ou devant sa télé, à une légende complètement irrationnelle, unique au monde, à la fois folle et magique. C’était un mythe qui faisait rêver, qui faisait parler, qui en agaçait beaucoup. Ce mythe est mort.

Dans sa détresse, le FC Sion pourra au moins se consoler en se disant qu’il n’a pas perdu sa première finale aux tirs au but ou en encaissant un goal à la dernière seconde. Sur ce match, ou plutôt ce non-match, il n’y a pas beaucoup de regrets à avoir. Bien sûr, si Grégory Karlen avait eu 30 centimètres d’avance sur l’action de la 3ème minute, l’histoire aurait pu être différente. Et encore… Mené au score, Bâle aurait certainement passé la troisième, puis la quatrième vitesse afin de régler l’affaire.

Des regrets, Sion pourra aussi en avoir en revoyant les deux premiers buts, dignes de vidéo-gag. L’un est la cause d’une vilaine glissade de Pa Modou, l’autre d’un cafouillage aussi maladroit que regrettable. On se rappelle de la glissade de Steven Gerrard face à Chelsea le 27 avril 2014, coûtant aux Reds un titre qui leur tendait les bras. Toutes proportions gardées, celle de Pa Modou restera le cauchemar des Valaisans à tout jamais.

Le champion en titre n’a pas été très bon mais face à ce FC Sion-là, pardon, face à ce fantôme du FC Sion, il n’y avait pas besoin d’être grandiose. Où étaient passées la rage et la folie des Valaisans en finale de Coupe ? Comment une équipe préparée depuis des jours à l’événement a-t-elle pu foirer pareillement son match ? Certains diront que la Suisse romande est maudite pour les Valaisans puisque ces derniers ont préparé leur finale à Lausanne, avant de la perdre à Genève… Deux villes dont les clubs sont les principaux rivaux du FC Sion. Quand je disais que c’était écrit…

Le public, lui aussi, a perdu son duel face aux Bâlois. Oui, l’entrée des joueurs était belle, la communion poignante. Mais voilà, malgré une écrasante majorité de Valaisans dans le stade, ils ont été éteints, bouffés, étouffés par le kop adverse. Le trajet n’était peut-être pas assez long, va savoir… Quelques joueurs ont bien essayé d’haranguer ce 12ème homme, il fut aussi apathique et impuissant que son équipe. A des kilomètres de la finale de 2015 durant laquelle les supporters visiteurs avaient littéralement asphyxié les Rot-Blau. Déception aussi de voir quelques sièges vides ici ou là, et pas seulement dans le secteur rhénan.

Organisation à la genevoise

A ce piètre spectacle sur le terrain ajoutera-t-on l’organisation pitoyable au stade de la Praille. Certes, Genève a évité des débordements majeurs sur et en dehors du stade, et ça n’est pas rien. Reste que la panique aux buvettes était indigne de l’événement. Tantôt en rupture de stock de bières,  tantôt complètement à la bourre, les pauvres employés des stands de nourriture et boissons ont étalé au grand jour une incompétence criarde. Et ce n’est pas leur raclette infecte et leur schublig à 10 francs (!) qui nous feront changer d’avis. Finalement, pour un jour de traumatisme, autant choisir un stade et une ville adéquats…

Il était écrit que Sion n’aura pas la peau du grand FC Bâle deux fois de suite et qu’il aurait mieux fait de perdre cette demi-finale contre Lucerne, plutôt que d’arborer des T-shirts «En route pour la 14ème» sitôt la qualification acquise. Il était également écrit que cette année 2017 est celle du changement, comme le relevait Christophe Voeffray avant le match : il y a eu le retour incroyable de Federer, les triomphes surprises de Trump et Macron… Il y a dorénavant la première défaite du FC Sion en finale de Coupe. «On a perdu toute notre histoire», lançait même le jeune Grégory Karlen après la débâcle.

Il était aussi écrit que CC devait, un jour ou l’autre, rater son pari… Christian Constantin avait toujours eu fin nez lors des dernières finales, avec un 7 sur 7 digne d’éloges. Il n’a cette fois pas su trouver les bons mots ni la bonne formule. Un échec royal, comme le nom de l’hôtel choisi pour «galvaniser» ses hommes. De plus, force est de constater qu’il s’est magistralement fourvoyé en licenciant Peter Zeidler, le principal artisan de cette épopée, quelques semaines avant la finale. En intronisant Sébastien Fournier comme pompier de service, avec un Barthélémy Constantin en «coach assistant» et brasseur de vent officiel, le président a conduit son club à sa perte. Opter pour Fournier comme sauveur, c’est comme demander à Donald Trump de faire régner la paix dans le monde ou à Franck Ribéry de ré-écrire le Bescherelle…

Aujourd’hui, le Vieux-Pays connaît la pire gueule de bois de sa vie. Les Valaisans ne sont plus magiques, en Coupe tout du moins. Ils sont beaucoup, comme Yves Martin, à s’en réjouir. «Je me tape une branlette s’ils perdent» m’a-t-il écrit durant la rencontre. Une branlette pour certains, un désastre pour tout un canton qui vient de laisser échapper l’une de ses plus belles fiertés.

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1 Commentaire

  1. Ce qui était surtout écrit, c’est qu’un fan lausannois ne pouvait décemment pas écrire un article sur Sion-Bâle sans cracher sur… Genève. Dommage, mais tellement prévisible. A l’instar de cette finale.

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