Un solide gaillard !

Dans cette nouvelle rubrique « Le régional de l’épate », découvrez des sportifs romands méritants mais malheureusement méconnus car évoluant dans des sports peu ou pas médiatisés. Pour ce mois de juin, faites la connaissance d’un champion de powerlifting. Le genre de mec qu’on préfère avoir de notre côté, une armoire comme on dit. Une chose est sûre, il pourra faire le beau sur les plages cet été…

Salut Lionel ! Est-ce que tu peux te présenter en quelques mots ?

Salut Valentin, j’ai 26 ans et j’habite à Préverenges, près de Morges. J’ai fait un Master en sciences du sport à l’Université de Lausanne et je suis actuellement en train de finir mon Master à la Haute Ecole Pédagogique de Lausanne pour devenir enseignant d’éducation physique au Secondaire 1 et 2.

Lionel Châtelain (à gauche) avec son partenaire Roland Gongarad

Est-ce que tu peux nous parler de ton sport ?

Le powerlifting, c’est des compétitions de force. Il y a différentes épreuves. Moi, j’évolue en développé-couché. Il s’agit de soulever une barre couché sur le dos (ndlr : voir photo en titre). Le but est de soulever la plus grosse charge en une répétition. En compétition, on a le droit à trois essais pour tout le concours. C’est peu donc on n’a pas tellement le droit à l’erreur. Certains athlètes commencent avec une charge trop lourde et finissent avec un zéro pointé.

A noter qu’il y a aussi plusieurs fédérations. Je fais partie d’une petite fédération, la SDFPF (Swiss Drug Free Powerlifting Federation), mais c’est sauf erreur, la seule sous contrôle anti-dopage. Dans les autres fédérations, les records sont plus élevés, ils peuvent soulever plus de 220-230kg mais je t’avouerais que comme il n’y a pas de contrôle, il est tout à fait possible que certains athlètes soient dopés…

Quel est ton palmarès ?

En fait, il y a différentes catégories. Tout d’abord une catégorie de poids, je suis en moins de 100kg. Puis dans ces catégories de poids, il y a des catégories d’âge, je suis en 24-39 ans. Il y a aussi un classement général où on attribue des points en fonction de la catégorie de poids et de la charge soulevée.

En 2016, en soulevant 180kg, j’ai terminé deuxième aux championnats suisses derrière mon partenaire d’entraînement Roland Gongarad mais j’étais premier dans ma catégorie d’âge.

J’ai ensuite obtenu la même place aux championnats d’Europe mais en soulevant 190kg.

Cette année, j’ai réédité la même performance aux championnats suisses mais en plus cette année j’ai aussi fait 2ème au classement général.

Logo de la fédération

Ton partenaire n’est pas dans la même catégorie que toi ?

Non, il est plus vieux, il a 42 ans. Mais, contrairement aux idées reçues on peut encore soulever des très grosses charges à plus de 50 ans. Des athlètes qui soulevaient très lourds à 30 ans peuvent maintenir un très bon niveau avec de l’entraînement.

Avec un si beau palmarès, tu dois être plein aux as non ?

Malheureusement non. Il n’est pas possible d’en vivre, en tout cas dans ma fédération. Il n’y a même pas de Prize Money ! Mais le club me paye les compétitions afin que ça me coute pas plus que ça me rapporte. De toute façon, je le fais pour le plaisir, pas pour l’argent.

Comment as-tu commencé ce sport ?

J’ai commencé le fitness à 17 ans pour prendre un peu de masse (ndlr : cela a plutôt bien fonctionné. 1m88, 97kg, le beau bébé !). Je faisais aussi du handball mais j’ai arrêté quand j’ai commencé mon école de recrue. Après l’armée, j’ai continué à faire pas mal de fitness à côté de mes études mais je n’avais pas vraiment l’idée de faire de la force pure ou de la compétition. Les gens me demandaient quelle charge maximum je pouvais soulever au développé-couché, en squat, etc, je savais même pas leur répondre (rires !). Et puis un jour, j’ai essayé et il s’est trouvé qu’en développé-couché c’était pas si mauvais que ça. J’ai démarré à environ 160kg. Je n’étais pas ridicule.

Je me suis donc entraîné une année tout seul en essayant d’augmenter ma force. Une sorte de challenge personnel avec la possibilité de faire peut-être des concours. Depuis une année je m’entraîne à Lausanne avec un autre athlète qui fait de la compétition de powerlifting. J’avais hésité car plusieurs personnes qui font du powerlifting sont forts mais ont un de gras. Mais en voyant quelques vidéos sur Facebook, j’ai vu que certains étaient aussi bien dessinés donc je me suis dit pourquoi pas faire une pierre deux coups. Je m’entraîne donc actuellement environ 3-4 fois par semaine au club lausannois d’haltérophilie et musculation (CLHM) ainsi que dans une salle de musculation à l’intérieur d’un club d’arts martiaux à Morges, le Zen Do Ryu, car c’est plus près de chez moi.

L’air détendu, il prouve que son tour de biceps fait celui de ma cuisse

Qu’est qui a changé depuis que tu te concentres sur l’augmentation de ta force ?

J’utilise des charges beaucoup plus lourdes et je fais moins de répétition, maximum 5 ou 6. Mais du coup je fais des pauses plus longues entre chaque série afin que mes muscles se régénèrent en énergie et en créatine phosphate. Je peux faire un entraînement pyramidal, c’est à dire que je commence avec une charge moins lourde et je fais plus de répétitions et j’augmente petit à petit la charge en diminuant les répétitions pour arriver à mon poids maximum. Ensuite je fais l’inverse et je redescends mais j’avoue que je n’ai pas toujours le temps ! Je peux aussi faire 3 séries de répétitions à 90% de ma charge maximum par exemple.

Quels sont tes objectifs ?

J’aimerais bien passer la barre des 200kg une fois en compétition. J’y suis déjà arrivé à l’entraînement, reste maintenant à confirmer lors d’un championnat. Sinon, il y a les championnats du monde le 3 juin prochain à Anvers en Belgique. Malheureusement, je suis actuellement un peu en baisse de régime à cause de la fin de mon année académique donc ce n’est pas vraiment la bonne période. Ca risque d’être difficile de soulever ces 200kg à ce moment-là. Je n’ai pas vraiment d’objectif de classement car je ne sais pas encore trop quels seront mes adversaires. 

Derrière question : soyons honnêtes, le powerlifting c’est un peu un sport de bourrin qui réfléchit pas non ?

On me fait souvent la remarque mais ça me fait plutôt rire car on peut dire ça de n’importe quel sport. Au football, 22 personnes qui courent après un ballon ou la natation, des mecs qui font des allers retours dans une piscine, de l’extérieur ca peut aussi paraître bête. Ce que j’aime bien dans ce sport c’est que tu vois vraiment le travail effectué. Tu vois que tu soulèves de plus en plus lourd et c’est motivant. Et puis tu le vois aussi esthétiquement et c’est valorisant. A chaque entraînement, il y a du challenge personnel, du dépassement de soi. Ca me permet aussi de me vider l’esprit et de me défouler à fond. Et puis, personnellement, je crée mes entraînements moi-même. J’ai donc dû acquérir des connaissances de condition physique et aussi concernant la nutrition. Je compte pas les calories que je mange, je sais même pas combien il y en a dans les aliments que je consomme. Mais je fais attention à bien manger et surtout en quantité suffisante.

Merci à Lionel pour nous avoir fait découvrir son sport. Il nous prouve que malgré le fait que les fitness soient parfois occupés par des gens qui se regardent pousser le biceps, certains prennent du plaisir en se dépassant soi-même sans se prendre pour autant la tête bien qu’elle soit bien pleine.

Si vous êtes intéressé par ce sport n’hésitez pas à visiter le site de la fédération, celui du club lausannois d’haltérophilie et musculation ou encore celui du club d’arts martiaux le Zen Do Ryu de Morges.

A propos Valentin Henin 67 Articles
Je raconte des trucs, je fais des vidéos, tout ça, tout ça...

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2 Commentaires

  1. Complément d’information:

    Aux championnats du monde à Anvers, Lionel Châtelain est monté sur le podium. Il a terminé 3e en catégorie -100kg! Il loupe la 2e place parce que il pesait 200gr de plus que l’athlète moldave devant lui. Il a passé respectivement à ses 3 essais: 190kg/195kg/200kg. Le Moldave a aussi passé les 200 mais Lionel était plus lourd que lui… Le premier a passé 205kg mais il a 39 ans. L’année prochaine il changera de catégorie.

    Bravo à Lionel pour sa médaille!

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