Clubbing : Feujot FC

Ce mois-ci pour fêter l’arrivée de l’été, on a décidé de te parler d’un club dont on a tous entendu parler au moins une fois dans sa vie : le Feujot FC. C’est donc, une fois n’est pas coutume, le football régional qui est à l’honneur dans clubbing.

L’histoire complètement bidon du club :

Feujot est un village de campagne comme il y en a tant entre Lausanne et Yverdon. Dans cette contrée, le football a été amené par les nombreux immigrés anglais qui sont venus travailler dans les champs au début du XXe siècle. Avant cela, on pratiquait surtout le cracher de noyau de cerise et la traditionnelle course de sac à patates. L’étroite relation entre Feujot et l’Angleterre explique entre autres que Liverpool et Manchester United y soient des équipes particulièrement appréciées. Certains expliquent aussi que c’est pour cette raison qu’à Feujot on trouve plus de garçons roux que partout ailleurs en Suisse romande. Le nom de Feujot FC ferait d’ailleurs directement référence au légendaire club de Liverpool FC, on n’est donc pas passé loin de Feujot United.

Malgré l’apparition du football, la course de sac à patates est encore très pratiquée à Feujot

Couleurs, symboles et surnoms à la con :

A Feujot, le ciel est souvent bleu, la forêt qui entoure le village est verte. Durant l’été, les champs sont jaunes et l’hiver tout cela est blanc. Pourtant, c’est bien le rouge qui est la couleur caractéristique du club. Probablement pour faire comme la moitié des équipes de la région, le FFC a adopté le sacro-saint triptyque « maillot, cuissettes et chaussettes rouges ». Un peu comme l’équipe de Suisse et Liverpool vous diront les Feujouloz les plus fervents. Récemment, l’idée de jouer en noir a germé dans l’esprit des joueurs de la première, car c’est plus cool et beaucoup d’équipes de la région ont adopté cette tenue. Mais le comité du club a tranché, il n’est pas question de porter des maillots d’arbitres, même à l’extérieur. Pas de véritable symbole sur l’écusson du club qui présente toutefois un magnifique ballon de foot, deux sapins bien verts et une coupe. Au niveau des surnoms, le FFC se donne volontiers le surnom aussi original qu’évocateur de « Rouges ». Il n’est pas rare d’entendre un bon vieux « Allez les Rouges ! » au bord du terrain. Les joueurs eux-mêmes ont repris cet extravagant quolibet, puisque avant chaque match ils se réunissent et répètent ensemble que les plus forts sont les Rouges. Un véritable haka feujouloz qui a désormais remplacé le traditionnel attique-attaque des années 90 (à Feujot on le faisait encore en 2005).

Stade et supporters :

Feujot dispute ses matchs à domicile au terrain de la Chèbre, nom de la rivière qui passe aux alentours. Certains disent que c’est un champ de patates, mais à Feujot on préfère dire que de toute façon c’est le même terrain pour les deux équipes. On a récemment construit un vestiaire flambant neuf mais faute de moyens, il ne peut accueillir que l’équipe locale. Les visiteurs sont toujours obligés de se changer dans le vestiaire C, de l’autre côté, dans ce qui a l’air d’une petite cabane. Il n’y a pas toujours de l’eau chaude, ou alors de l’eau beaucoup trop chaude, selon la saison. Les supporters de Feujot sont avant tout des anciens du clubs et des habitants du village qui viennent pour l’ambiance et boire un coup de blanc et surtout pour la troisième mi-temps.

Les grands rivaux du club :

Le rival du Feujot FC n’est autre que le voisin : le FC Grottens. La raison est bien simple, il s’agit du village d’à côté si tu poursuis sur la route cantonale en venant de Lausanne. Les deux clubs ont souvent évolué dans la même ligue (la 4ème ou la 5ème), et on ne compte plus les derbys de la Chèbre houleux entre les deux frères ennemis du football vaudois. Il faut dire que d’après les Feujouloz, la montée du FFC en 3e ligue à la fin des années 90 aurait suscité passablement de jalousie chez les voisins. Ces derniers reprochent volontiers aux Feujouloz leur condescendance, il est vrai célèbre dans la région. Une chose est toutefois sûre, on ne s’apprécie guère entre Feujouloz et Grottenus, et pourtant qu’est-ce qu’on se ressemble. Sinon à Feujot on n’aime pas trop le FC Bâle qui écrase le championnat (mais on vibre pour eux en Ligue des Champions) ainsi que les équipes espagnoles et italiennes qui simulent un peu trop. Par contre, outre Liverpool et Manchester, on adore le Bayern Munich, allez savoir pourquoi.

Le ou les joueurs qui pourraient avoir leur statue à l’entrée du stade :

La légende du club aurait pu être Patrick Bolay, une sommité du FFC à la fin des années 90. En effet, l’ancien meneur de jeu des Rouges a disputé la plus grande partie de ses juniors à Feujot et y a joué pas moins de sept saisons avec la « une ». Il a fait partie de la grande équipe qui a failli monter en 2e ligue durant la saison 1997-1998. Suite à cette folle aventure, le talent de Patou a été rapidement repéré du côté d’Echallens, où il a signé pour trois paires de chaussures, un sandwich par entraînement et une barquette de nuggets par match. L’ancien numéro 10 de Feujot a néanmoins eu de la peine à trouver sa place chez les jaunes et verts. A 29 ans, dégoûté par un temps de jeu limité et atteint d’un mal d’orteil chronique, Patou claque la porte du football du jour au lendemain pour se consacrer à ses deux vraies passions : le tuning et les maquettes de train. Depuis cette époque, on ne l’a plus jamais aperçu à proximité d’un terrain de foot. Celui qui fait donc la véritable fierté au bord des terrains de Feujot reste Ludovic Magnin. L’ancien latéral de la Nati y aurait débuté sa carrière. Au moins six mois d’école de foot, avant de jouer pas moins de 10 matchs avec les juniors E alors qu’il avait à l’époque encore l’âge de jouer en F.

Le nugget : une modalité de transfert courante dans les petites ligues

Le joueur qui a joué pour le club mais qui se ferait balancer des tomates à la gueule s’il osait revenir :

« Ce taborniau n’a pas intérêt à remettre les pieds à Feujot ! » C’est en ces termes que s’exprime Mickaël Regamey, l’actuel gardien de la première, à propos de son ancien coéquipier Léo Ferucci. Il faut dire que Mickaël, par ailleurs membre de la célèbre jeunesse de Feujot, nourrit plus d’un grief à l’encontre de l’ancien buteur du FFC. Non, seulement Léo a dernièrement décidé de signer à Grottens, mais en plus il se serait servi dans la caisse de la jeunesse. Pour couronner le tout, la rumeur court que Léo aurait « giguenatssé » la copine de Mickaël. Bref, une affaire qui fait grand bruit à Feujot, et Mickaël annonce déjà la couleur : « Si ce bobet de Léo débarque à la fête de la jeunesse ou au prochain derby, on va l’accueillir comme il faut. Parce qu’à Feujot on est tous des barjots et on ne se laisse pas faire par ce genre de topio ! » Une affaire qui sent l’énième castagne de fête de jeunesse ou l’énième match interrompu sur les terrains amateurs vaudois. Et nous réfléchissons déjà à une future nomination de Léo Ferucci aux prochains pigeons d’or.

Le match d’anthologie du club dont on se souviendra dans 50 ans encore :

Il y a cette raclée mise par les juniors B du FFC à ceux de Grottens il y a deux ans. Ce jour-là, on avait beaucoup ri au bord du terrain. Surtout lorsque le fils de l’ancien syndic Andrey de Grottens avait glissé seul devant le gardien, empêchant ainsi aux Grottenus de sauver l’honneur. 14-0 au final. Un record pour un derby de la Chèbre toutes catégories confondues. Au niveau de la première équipe, celle qui compte vraiment, il y a ce match légendaire de huitièmes de finale en Coupe Vaudoise face au FC Bavois. Une victoire aux tirs au but qui remonte tout de même à 1997, lorsque l’équipe évoluait en troisième ligue. Mais le véritable match d’anthologie est encore plus ancien. A Feujot on parle encore de ce derby de 1973 où, on le jure, un sanglier aurait surgit du champ de maïs derrière les buts et aurait propulsé le ballon dans les filets du gardien de Grottens.

Porky, un seul but avec le FFC, mais un but légendaire

Bon ok, et actuellement :

Actuellement le Feujot FC végète en 4ème ligue et dispute ses traditionnels derbys de la Chèbre contre Grottens. Les Rouges ont assez clairement manqué leur saison, malgré une victoire et un nul face aux ennemis jurés. La relégation a été évitée de peu au final. Mais peu importe, ce n’est pas vraiment ce qui est important à Feujot, car on préfère privilégier l’esprit d’équipe et la troisième mi-temps. Alors oui, on se moque toujours un peu du FFC, mais il faut avouer que ce genre de petit club, finalement fort sympathique, a plutôt tendance à disparaître. En effet, dans passablement de clubs on se croit souvent en Ligue des Champions, on se sent important alors qu’on est en 4e, 3e ou même 2e ligue. Alors pourvu que l’esprit Feujot persiste encore quelques saisons.

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1 Commentaire

  1. merci pour ce bon retour aux sources du vrai foot….toute ressemblance avec un club de notre connaissance serait fortuite….

    ‘Il n’y a pas toujours de l’eau chaude, ou alors de l’eau beaucoup trop chaude, selon la saison….’: oh que oui, de tous bons souvenirs de ce type de vestiaires….particulièrement celui du FC Saillon…

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