L’édito du mois de décembre

Nous sommes des êtres multiples. Ainsi, en plus d’être des supporters plus ou moins passionnés, nous sommes tous également et entre autres des conjoints plus ou moins fidèles, des parents plus ou moins investis, des amants plus ou moins fougueux, des amis plus ou moins attentionnés, des collaborateurs plus ou moins fiables, des fêtards plus ou moins alcooliques et des citoyens plus ou moins avertis.

Il fut un temps où une victoire de mon Club faisait de moi un meilleur supporter, un meilleur amant et un meilleur fêtard, et probablement un moins bon collaborateur le lundi matin. Aujourd’hui, la reprise du LS par INEOS comble mon « moi » supporter et interroge mon « moi » citoyen. Car enfin, on parle quand même d’un géant mondial de la pétrochimie, industrie parfaitement dégueulasse. INEOS, qui a basé son siège à Rolle uniquement pour échapper au fisc britannique, est en pointe dans le gaz de schiste américain, une saloperie dont la production par fracturation hydraulique comporte des risques de pollution des nappes phréatiques. C’est également une société brutale avec les employés récalcitrants, quand elle rachète et restructure à la hache d’autres sociétés. Bref, des tout bonnards, et le fait que depuis peu 7’350 mètres carrés de pelouse de la Pontaise soient devenus le seul bout de nature sur cette planète qui ne soit pas menacé par INEOS n’en fait pas pour autant une entreprise plus écoresponsable.

Si je ne me pose pas la question aujourd’hui qu’un géant de la pétrochimie rachète mon Club, quand est-ce que je vais me la poser ? Quand ce sera Monsanto ? Ruag ? Gazprom ? Le Consortium des exciseuses d’Afrique subsaharienne ?

« Oh mais ta gueule Martin ! Tu nous emmerdes. Les fans de Bâle sont champions depuis huit ans et ils se foutent pas mal d’être aux mains de Novartis. Et puis j’y peux quoi moi, en tant que supporter ? Le fait d’acheter mon abonnement ne me rend pas complice des agissements d’INEOS, si ? »

Eh bien vois-tu, si j’étais devenu un connard prétentieux, je conclurais par une maxime latine imbitable : « Nuptias non concubitus sed consensus facit ». Démerde-toi avec ça.

Bon, assez dit de mal pour aujourd’hui, dégustons le menu de décembre :

• Amaury Tissot, notre spécialiste de la Ligue 1, revient sur la carrière d’El Loco Bielsa de ses débuts en Argentine jusqu’à son licenciement récent par Lille.
• Thomas Christen continue sa rubrique Footuro, dans laquelle il fait le point sur les joueurs suisses qui évoluent à l’étranger. Ce mois-ci : Joel Untersee, qui évolue à Empoli.
• Valentin Henin continue son panorama régional des sportifs qui excellent dans une discipline peu médiatisée. Ce mois-ci, Jessica Favre, qui pratique le plongeon à haut niveau.
• A raison d’un article tous les six mois à peu près, Grégoire Etienne enrichit enfin la rubrique « Introspection » avec une longue interview de MesColles, c’est dire s’il est prêt à toutes les compromissions pour être bien vu du chef.
• Nicolas Huber est déjà à l’heure russe et nous livre un savoureux premier volet de son enquête sur les pays qui aimeraient tellement un jour se qualifier pour une Coupe du Monde, sans jamais y arriver.
• Pour ma part, et avec l’aide de Sébastien Guénat, je vous livre en avant-première mondiale le classement final de la Nati en Russie : elle sera dix-huitième, et voici pourquoi…
• Enfin, Paul Carruzzo nous propose quatre pigeons défouloirs qui attendent vos votes !
• Et pour les retardataires, n’oubliez pas de jeter un oeil sur le vrai-faux tirage de la Coupe du Monde 2018 que Robin Chessex et Olivier Di Lello, qui en trois jours est devenu le deuxième article le plus lu depuis la résurrection de Carton-Rouge. Voilà bien la preuve que vous piaffez autant que nous en attendant le mois de juin !

Le premier lundi du mois prochain tombant le 1er janvier, j’ai donné congé à mon équipe d’agnotis. Nous en profiterons pour vous faire désigner le Pigeon d’Or 2017, et reviendrons en février avec des articles qui seront de plus en plus consacrés à la Grand Messe russe, avant de complètement basculer en mode « Coupe du Monde only » peu de temps après, avec de nouvelles fonctionnalités pour suivre le tournoi. D’ici-là, passez bien le cap, et à l’année prochaine !