Lettre ouverte de Thomas Wiesel et Blaise Bersinger aux dirigeants du LS

(Photo : Pascal Bernheim)

Les humoristes Thomas Wiesel et Blaise Bersinger, supporters du LS et amis de Carton-Rouge, nous font le plaisir de nous faire parvenir en exclusivité une lettre ouverte aux dirigeants du club, que nous nous empressons de publier ci-dessous.

A l’attention de Messieurs David Thompson,
Stefan Nellen et Yannick Frankhauser

Lausanne, le 6 février 2018

Messieurs,

En tant que jeunes humoristes lausannois, supporters du FC Lausanne-Sport, nous nous permettons de vous écrire concernant le récent changement de logo opéré par la nouvelle direction du club. Après la surprise de l’annonce, nous tenions à réagir, à froid.

Notre attachement au club est profond, et nous sommes fiers de l’afficher en public, que ce soit sous la forme d’un clin d’œil au gala du FC Sion ou des blagues dans des chroniques radio. Nous sommes par ailleurs sensibles au soutien apporté depuis plusieurs années par la société Ineos au sport vaudois et lausannois. L’arrivée d’Ineos à la tête du LS est une étape logique dans la pérennisation de ce soutien, et les premières semaines suivant cette arrivée ont montré qu’Ineos avait les moyens de ses ambitions, et était prête à les engager –notamment avec la campagne de recrutement, et la constitution d’une structure professionnelle autour de la première équipe. On s’en réjouit.

Le changement de fanion opéré la semaine dernière dénote les intentions d’Ineos de s’inscrire dans la durée avec le Lausanne-Sport. Cependant, l’ajout de la couleur orange au bleu et au blanc, le changement de teinte du bleu, ainsi que la nouvelle police et plus particulièrement la graphie de la lettre « o », en référence à celle du logo d’Ineos, nous semblent être de fausses bonnes idées et particulièrement contre-productives. Nous ne sommes pas naïfs et réalisons qu’Ineos cherche à obtenir un retour sur investissement. Cependant, les gens qui suivent le club de trop loin ne remarqueront ni le changement ni le clin d’œil, tout au plus se demanderont-ils ce qu’une bouée fait au milieu du mot « sport » d’un club de foot, et ceux qui le suivent de près sont majoritairement défavorables à ce changement.  Nous sommes bien conscients qu’il s’agit d’un symbole, et que ce symbole a déjà évolué. Nous estimons cependant que toucher de cette manière au fanion d’un club plus que centenaire, qui a certes changé mais n’a toujours fait référence qu’à lui-même, et conservé ses deux couleurs de fondation, est un pas à ne pas franchir, que cela soit à Lausanne ou ailleurs. L’exemple du FC Bâle, qu’Ineos dit vouloir suivre, est à cet égard parlant : jamais le fanion du club n’a été modifié pour correspondre à l’identité visuelle de Novartis, le sponsor maillot. La « nouvelle génération », à laquelle s’adresse ce nouveau design selon les propos de M. Thompson dans Lausanne Cités, nous en faisons également partie, et nous déplorons ce changement, les logos et les couleurs des clubs de foot, que nous dessinions gamins sur nos cahiers, sans être intouchables, n’ont pas vocation à faire de la pub aux propriétaires dudit club.

Notre objectif à tous est que la ferveur revienne à Lausanne et que le stade soit plein, particulièrement après le déménagement dans le futur nouvel écrin du LS. Cela nous semble faisable si le club est authentique, respectueux de ses traditions et parle aux lausannois. Si le LS n’est vu que comme la façade communicationnelle d’une multinationale qui cherche à soigner son image au plan local, cela pourrait chasser les fans existants et ne pas en attirer de nouveaux. Nous sommes confiants qu’Ineos et le nouvel encadrement du LS ont en tête le meilleur pour le club et les fans lausannois, que ce logo n’est qu’une maladresse du début et pas un signe de ce qui est à venir. Nous espérons qu’Ineos marqueront les esprits comme ceux qui ont ramené les trophées et les matchs européens à Lausanne, pas pour avoir tenté de fusionner leur logo avec celui du club.

Nous vous remercions de l’attention que vous porterez à ce courrier et vous adressons, Messieurs, nos meilleures salutations.

Thomas Wiesel            Blaise Bersinger