Pourquoi Gottéron va finir champion !

ATTENTION SPOILER ALERT (ou science-fiction, c’est selon).

Jusqu’à une époque qui ne paraît pas si éloignée que cela, l’arrivée de la mi-avril nous permettait, à nous les fans romands, de profiter pleinement des premières grillades entre potes, des soirées printanières se prolongeant en matinée ou encore de se pencher sur d’autres sports un peu moins hivernaux tels que le ping-pong, la pétanque ou le très attrayant Roundnet  (je précise qu’il est important de jouer à tous ces passe-temps avec une cardoche à la main). Si nous pouvions nous permettre de prendre tout ce temps pour nous détendre et décompresser des aléas de la dure vie d’auteur CR, alors que la Grande finale des séries était prête à débuter, c’est bien parce que nos clubs romands favoris et leurs états d’esprit de vainqueurs aussi développés que celui du maréchal Pétain en 1939 étaient déjà éliminés des playoffs de National League depuis quelques semaines.

Et bien cette année, c’est un début de printemps bien différent qui nous attend. Les séries sont seulement sur le point de débuter et dureront au plus tard jusqu’au 14 mai. Le jeu des pronostics a déjà commencé, mais bien malin qui prédirait un autre champion que le EV Zug. Pourtant, aujourd’hui, je vais vous raconter pourquoi c’est Gottéron qui va finir champion, eh ouais !

Lorsque j’ai donné mon thème de papier à la rédac’ de Carton-Rouge.ch il y a quelques semaines, on m’a dit directement que j’allais être viré séance tenante si ça arrivait véritablement. J’ai pris un peu peur puis, finalement, en contrôlant que le chapitre « palmarès » de la page Wikipédia du HCFG n’existait pas encore, il s’est avéré que je ne prenais pas trop de risques en rédigeant cet article.

D’autres m’ont parlé de science-fiction. Il est vrai qu’à une certaine époque il me semblait plus probable de recevoir ma lettre pour Poudlard que de voir Julien Sprunger brandir le bout de plexiglas doré qui sert de coupe du haut du balcon de la cathédrale Saint-Nicolas. Pourtant, cette saison, on a retrouvé le vrai feu du dragon. Et ce à tel point qu’il nous faut retourner 7 ans en arrière avec la fabuleuse génération  des saisons 2011-2014 pour retrouver les Fribourgeois en meilleure position avant les séries finales. La brigade offensive semble presque autant ravageuse et efficace que celle menée par le duo de vieux roublards Dubé-Gamache. L’équilibre défense-gardien paraît autant rodé que lorsque Benjamin Conz menait les Dragons constamment dans le dernier carré. Et le public fribourgeois a l’air tout autant surexcité que celui qui s’engageait dans des files de plusieurs heures pour dégoter un précieux sésame. Oui, c’était l’époque des matches suivis par des humains appelés « spectateurs ».

Mais alors, qu’est-ce qui va faire la différence cette année ? Comment et pourquoi Gottéron va enfin finir champion, après presque 85 ans d’existence ?

Allez, c’est parti, je vais vous raconter tout ça en 5 petits chapitres. Oui, 5 comme le nombre de titres de vice-champions que les Dzos possèdent !

Parce que ni Berne ni Kloten ne se retrouvera en finale !

Si perdre en finale est devenu une coutume bien établie en terres fribourgeoises, il est encore plus important de bien choisir son bourreau. Et pour ce choix, Gottéron a souvent tendance à faire la fine bouche. C’est soit le SCB (1992, 2013) soit Kloten (1993, 1994) et c’est tout don’ (en ce qui concerne la deuxième place de 1983, les playoffs n’existaient pas encore) ! Ça tombe plutôt bien, car quand Kloten se bat pour une nouvelle promotion, le SCB, lui, jouera le rôle de l’équipe la plus dégueulasse à regarder des playoffs.

Je dois tout de même avouer que j’avais débuté mon article en partant du fait que le SCB allait subir la loi de Davos dimanche soir, grosse erreur. Pourtant, avec seulement 18 victoires en 48 matches cette saison, on voit quand même mal comment les oursons pourraient gagner 8 matches de séries pour se retrouver en finale, surtout en affrontant Zoug puis Lausanne/Zurich.

L’Histoire semble donc toute écrite; si Fribourg n’affronte ni Kloten, ni Berne en finale, c’est sûr qu’ils finissent enfin Schwiizermeister !

Parce que les lois mathématiques vont jouer en sa faveur !

Si vous êtes tombé sur cet article, c’est sûr que vous connaissez la fameuse « loi de la moyenne ». Si ce n’est pas le cas, c’est sûrement que vous êtes un fan sédunois en perdition tentant de se recycler dans n’importe quel sport.

Je reprends. Développé par le Dr. Rochette, analyste hockey chez MySports, le théorème de la « loi de la moyenne » décrit le phénomène qui permet aux statistiques de s’équilibrer d’un match à l’autre ou d’une saison à l’autre.

Pour Fribourg, il est assez simple de l’utiliser en sa faveur. Après 4 défaites en finale, c’est sûr que la loi de la moyenne redonnera un équilibre à ces chiffres. Ou encore, après 3 séries de playoffs perdues face à Genève-Servette, c’est certain que la loi de la moyenne aura enfin son mot à dire. De plus, si les Dragons se sont inclinés 4 fois en 6 matches face aux pygargues à tête blanche cette saison, c’est quasiment prouvé que la loi de la moyenne ajustera le tout.

Et pourquoi ne pas proposer une nouvelle philosophie de jeu reposant uniquement sur les statistiques… (clin d’œil à mon pote Brad dans Moneyball). Si les Dragons tirent 75 fois à côté de la cage de Descloux lors de l’acte I, il y a des chances pour que leur efficacité soit énorme lors des 4 actes suivants, à tester !

Vous l’aurez compris, les étoiles fribourgeoises vont rester alignées tout au long des séries, c’est écrit, c’est mathématique. Si Gottéron croit en la « loi de la moyenne » c’est sûr qu’ils finissent champions.

Parce que sans public, c’est clairement plus facile !

On dit souvent que Fribourg c’est un peu le petit Montréal suisse. Non pas pour avoir la même densité de barbus à lunettes dans ses bars du centre-ville, ni pour détenir le même nombre de galeries sous-terraines (caves comprises), mais bien parce que sa fan-base est complétement bipolaire. C’est simple, tu peux tout simplement passer de demi-dieu à hantise de tout un canton en quelques heures ou même en quelques minutes. Certains se demandent même si les scénarios complétement fous gagnés par Fribourg au début de l’année (notamment face à Davos) auraient pu avoir lieu si les tribunes avaient été pleines. Pour être honnête, on ne peut que donner du crédit à cette réflexion tant on sait que la grande majorité du public fribourgeois aurait sifflé ses joueurs à la fin du premier tiers et que les Dragons auraient été incapables de se sortir les cannes du cul pour revenir au score.

Autant dire que si l’influence du public peut être excessivement positive en playoffs, à Fribourg, elle peut aussi couler l’équipe. Même si notre envie de revivre les émotions fortes des séries en sirotant du houblon et en rupant une exquise « saucisse du dragon » est autant puissante que les gros bras de Claudio Cadonau, il faut bien avouer que Gottéron semble bien plus régulier et concentré sur sa quête quand la BCF Arena ne rugit pas. Et c’est peut-être bien ce « petit détail » qui va changer la donne cette année, avec le huis-clos c’est sûr que Fribourg finit champion !


Il semblerait que nous n’aurons même plus besoin de rêver pour nous sentir dans les gradins de la BCF Arena !

Parce que Michaël Loichat n’est plus !

Ce nom n’est peut-être que peu familier aux oreilles des fans genevois, lausannois ou encore seelandais… Pourtant je suis sûr que la plupart de fans fribourgeois le connaît de longue date.

Et ce n’est malheureusement pas ses quelques piges calamiteuses durant ses deux dernières saisons de hockeyeur pro passées à Fribourg qui ont fait son renom (2015-2017). Non non, retournons encore un peu plus loin dans le passé.

Michaël Loichat est l’homme qui a piqué le titre de champion à Gottéron en 2013, rien que ça ! Et c’est ma mauvaise foi de supporter fribourgeois et d’auteur CR qui va vous raconter son histoire :

Remontons exactement 8 ans (jour pour jour) en arrière, le 13 avril 2013. Fribourg venait d’égaliser à 2-2 dans sa série de finale l’opposant à l’ennemi de toujours… le CP Berne. La tension est à son comble, la journée fut chaude, tout Fribourg se presse en T-shirt à la BCF Arena pour assister à une rencontre qui restera dans l’histoire ! Le match débute dans une ambiance de feu, pleine de passion et de rage ! Mais très vite, tout ne se passe pas comme prévu pour les Dragons dominants… C’est 0-1 dedjiou ! Puis à 3’48 du terme du premier tiers, le puck se retrouve projeté par Loichat sur le bas du filet arrière de la cage de Conz. Gardner, comme à son habitude est dans la mêlée et propulse le puck en l’air après avoir frappé sa (gigantesque) crosse contre le filet ! Le puck se déjoue alors des mains d’Abplanalp (on croyait pourtant qu’il était meilleur sans canne) et glisse sur le dos de Conz pour finir dans sa cage. Goal gag. But 1 pour Loichat. 0-2. C’est le néant à Saint-Léonard.

Mais les Dzos se remobilisent et retournent au combat tant bien que mal, la pression fribourgeoise est telle que les tireuses à bière des buvettes volent en éclat, puis… Loichat, encore lui se retrouve à la finition d’un contre horrible mais tellement bien mené. 0-3. But 2 pour le Neuchâtelois. Cette fois, on peut le dire, c’est la merde. Le score final sera de 2-3, les Bernois faisaient le break décisif et soulevaient à nouveau l’immonde trophée de National League à la fin de l’acte VI.

Alors que Scherwey, suspendu, fulminait sur le banc, c’est bien une licence B venue tout droit de Ligue B qui crucifiait Gottéron. Mais Loichat n’est plus là pour couper la route du dragon, alors c’est sûr, ils vont finir champions !

Parce que c’est peut-être la der’ de Juju !

Quand on connait la régularité fribourgeoise en matière de participation en playoffs, on se dit forcément que Julien Sprunger, 35 ans et possédant encore un contrat jusqu’au terme de la saison 2023, en est peut-être à son dernier tour de piste en séries éliminatoires. Et franchement, ce serait quand même dégueulasse mais pas étonnant que sa carrière se finisse sans titre. C’est pourquoi je suis certain que Captain Juju fait partie des grands atouts des Dragons à l’heure de fendre la glace face à Genève-Servette.

« On le connaît le grand » me direz-vous, ou encore « ça marche plus, il fait tout le temps la même chose ! » Je veux bien vous l’accorder, mais tout compte fait, il a tout de même balancé la meule 15 fois dans les filets adverses cette saison. Pour avoir dépassé la Migros-data il est encore pas mal le Dzo !

Comme toute la hockeysphère suisse annonce une série Fribourg-Genève aussi ouverte que la gueule des fans servettiens, on peut s’attendre à devoir assister à plusieurs prolongations, et qui dit prolongations dit « Game-winning goal ». Qui dit « Game-winning goal” dit… Julien Sprunger ! A bon entendeur salut !

Mon article touche à sa fin et j’espère de tout cœur que la disette des clubs romands en playoffs aussi ! La coupe reviendra en Romandie cette année, je vous l’assure et pas chez n’importe qui, vous l’aurez donc compris, c’est Gottéron qui va finir champion !

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