La Champions Hockey League pour les nuls (1)

Le LHC a essuyé un échec retentissant lors de l’Epreuve (Inter)cantonale de Référence que représente un quart de finale de playoffs face à un club venu du seul côté de la Sarine où des preuves formelles de l’existence de la Culture de la Gagne ont été retrouvées. A l’heure où tous les médias traditionnels du monde romand se sont jetés sur l’occasion d’accabler les traditionnels redoublants et autres élèves en échec définitif dans leur carnet de notes de fin de saison, Carton-Rouge a choisi de se concentrer sur l’essentiel. Le seul examen de fin de scolarité qui aura suffisamment de valeur aux yeux des hautes instances du hockey mondial pour offrir au nouveau jouet de Petr Svoboda suffisamment de crédit(s) pour confirmer son statut de vainqueur diplômé: un titre en Champions Hockey League, le Phénix des hôtes d’une armoire à trophées. Place aujourd’hui, à deux jours du tirage au sort des poules, à la présentation de la compétition elle-même.

On a récemment beaucoup déconné au sujet d’une autre compétition dont la durée de vie dans les conversations de bistro serait facilement comparable avec celle d’une lauréate de titre du Grand Chelem en 2017 ou d’une numéro 1 mondiale au classement WTA (notamment ici et ). Les caractéristiques principales de ladite compétition (outre le plagiat outrancier d’une marque bien connue et autrement plus prestigieuse sous nos latitudes) ? Le pognon et l’élitisme, comme il se doit.

Allégorie de ce que les copains footeux de la rédac’ pensent de la Champions Hockey League.

Le format

Laissez-nous donc vous présenter l’anti-Super League. En d’autres termes, vous vous apprêtez à découvrir la compétition continentale la plus inclusive et la moins rentable qui soit. La Champions Hockey League (CHL), c’est 32 participants venus de 13 pays (dont le Royaume-Uni, la France et la Pologne). Chaque pays a droit à un maximum de 5 participants à la plus noble des ligues. Ce nombre dépend du classement par pays, lui-même basé sur les résultats des quatre dernières années en CHL. Voilà qui tombe bien, la Suisse est actuellement classée deuxième (derrière la… Suède, qui d’autre ?) et a donc droit à ses 5 places (un éventuel tenant du titre de CHL, le champion, le vainqueur de la saison régulière et les places 2 à 5 du classement si le champion faisait déjà partie des quatre premiers).

Après avoir vérifié que les vainqueurs depuis la création du trophée en 2014 ont été exclusivement suédois (Frölunda 4x, Luleå) et finlandais (JYP Jyväskylä), que seules la République tchèque (3x) et l’Allemagne ont réussi à empêcher les deux pays nordiques précités d’également s’approprier toutes les places de finalistes, on s’est quand même dit qu’il y avait peut-être quelque chose qui clochait au niveau des formules mathématiques chargées d’accoucher de ce fameux classement par nation. D’autant que les deux seuls strapontins de demi-finalistes obtenus par un club de National League (Davos 2016, Fribourg 2017) commencent déjà à dater. Jusqu’au moment où on s’est rendu compte que la CHL est une SA qui paie ses impôts (c’est-à-dire trois fois rien) à Zoug et dont le président est Peter Zahner, CEO des ZSC Lions. Blague à part, on est certain que les savants coefficients attribués aux divers résultats fonctionnent à merveille, on a juste une flemme absolument colossale rien qu’à l’idée d’aller plus loin que regarder la vidéo explicative de 2 minutes 11 et de vérifier tous ces calculs nous-mêmes.

« Dis donc, Robin, ça fait quoi de passer de double vainqueur de la CHL à éliminé sans gloire par Ajoie dans la course à la promotion en National League ? »

On occultera naturellement le fait que la KHL (Kontinental Hockey League), qui s’était auto-proclamée ligue européenne dès 2008, n’a pas jugé nécessaire de se mêler à ces joutes réservées au bas peuple. Remporter la CHL, c’est donc être couronné champion d’un nouveau continent dont la frontière orientale se trouve 3000 km à l’ouest de l’Oural. Un peu comme gagner une Coupe Stanley disputée exclusivement entre Porto Rico, Hawaï et le Nouveau-Mexique et dont tous les joueurs canadiens se seraient désolidarisés. Remporter la CHL, c’est surtout garnir son compte en banque de… euh… enfin on sait (grâce à la page LinkedIn de la compétition) que le prize money total s’élève à 3,5 millions d’euros pour la saison 2021/2022. On imagine donc que le pactole du vainqueur ne doit pas être bien supérieur au nombre de followers de la compagne de David Desharnais sur Instagram.

Pour espérer avoir une chance de contribuer à la bonne santé financière de son organisation autant que Cristiano Ronaldo à la prospérité du fisc espagnol en son temps, il va falloir prévoir un budget voyage plutôt conséquent. En effet, il faut affronter deux fois chacune des trois autres équipes de son groupe en phase de poules, le tout suivi de rencontres aller-retour en huitièmes, quarts et demi-finales avant une finale disputée sur une rencontre. Si on est aussi verni que le Lausanne HC version 2019/2020, il faudra peut-être se taper un charter pour Minsk, aller visiter les environs du cercle polaire à deux reprises et explorer les extrémités est et ouest de Tchéquie. Le tout en l’espace de huit mois alors que les 50 (voire 52) matches de saison régulière et les (pré-)playoffs sont également au programme au niveau local. Pas si mal finalement, cette idée de dégommer la coupe de rattrapage de celui qui a complètement foiré le reste de sa saison euh pardon la glorieuse Coupe de Suisse dès la saison prochaine.

Bref, c’est aussi rentable que délivrer une wild card à Benoît Paire, mais c’est fort inclusif, comme on vous le disait plus haut: les Dragons de Rouen ou les Cardiff Devils auront toutes leurs chances d’éliminer le Sparta Prague ou le TPS Turku sur un malentendu au match retour alors qu’ils n’en auraient eu aucune sur un best of 7. Comme quoi le football n’a pas que des mauvais côtés.

Tiens, en parlant de wild card et d’inclusivité, vous verrez en lisant la suite de cet article que la façon d’attribuer les invitations de dernière minute en CHL ferait rougir de plaisir la Grande Faucheuse de trophées centenaires et ses sbires fossoyeurs de compétitions historiques, on veut bien sûr parler de Gerard Piqué et de ses collègues de Kosmos Holding.

Le rendez-vous est donc pris: à mercredi pour la présentation des forces en présence ! On peut déjà vous dire que le tirage ne sera pas du tout dirigé et qu’aucun groupe ne sera exclusivement composé d’équipes ultra-faibles qui pour une raison aussi obscure que l’âme d’un dirigeant de football turinois (le calendrier des qualifications olympiques, vraiment ?) feront bande à part et auront une chance de se qualifier pour les matches à élimination directe sans affronter le moindre membre du top 5 du classement par nation de CHL. Non, ce serait vraiment complètement con.

 

Crédits photographiques :

Les tricycles sur la glace : SecretName101/CC0/Wikimedia Commons: https://commons.wikimedia.org/wiki/User:SecretName101

Jimmy Jensen et Robin Figren: Benj05/CC0/Wikimedia Commons: https://commons.wikimedia.org/w/index.php?title=User:Benj05&action=edit&redlink=1

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

Commentaires Facebook

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.