La Champions Hockey League pour les nuls (2)

Le LHC a essuyé un échec retentissant lors de l’Epreuve (Inter)cantonale de Référence que représente un quart de finale de playoffs face à un club venu du seul côté de la Sarine où des preuves formelles de l’existence de la Culture de la Gagne ont été retrouvées. A l’heure où tous les médias traditionnels du monde romand se sont jetés sur l’occasion d’accabler les traditionnels redoublants et autres élèves en échec définitif dans leur carnet de notes de fin de saison, Carton-Rouge a choisi de se concentrer sur l’essentiel. Le seul examen de fin de scolarité qui aura suffisamment de valeur aux yeux des hautes instances du hockey mondial pour offrir au nouveau jouet de Petr Svoboda suffisamment de crédit(s) pour confirmer son statut de vainqueur diplômé: un titre en Champions Hockey League, le Phénix des hôtes d’une armoire à trophées. Après la présentation du format il y a deux jours, voici celle tant attendue des équipes en lice.

Les participants

Pour le plaisir, et surtout parce que les noms de ligues sont toujours incroyablement originaux, on vous les met au complet, sponsors plus ou moins ridicules compris. On ne vous promet pas autant d’exhaustivité que notre camarade Olivier Di Lello dans sa célèbre rubrique Clubbing, mais on va essayer de dire un minimum maximum de bêtises, promis.

bet-at-home ICE Hockey League 🇦🇹 

HC Bolzano: On commence fort avec un club… italien du championnat d’Autriche. On imagine qu’ils sont d’ailleurs l’équipe de hockey favorite du FC Vaduz. Bon OK, ils viennent du Südtirol, ancien bastion austro-hongrois, mais quand même. Il ne doit pas y avoir beaucoup de sports dans lesquels le club le plus prestigieux de Serie A (34 finales dont 19 titres en 65 saisons) décide de migrer en Autriche pour se frotter à des adversaires plus huppés. Comme les rusés Transalpins ont remporté le titre lors de leur première saison dans ce qui était alors l’EBEL (Erste Bank Eishockey Liga) en 2014 (et même une deuxième fois en 2018), on imagine qu’on est quand même encore loin de la NHL. En parlant de NHL, les Foxes sont connus pour leur recrutement massif de Canadiens d’origine italienne et Jaromír Jágr y avait marqué 16 points en 6 matches lors du lockout de 1994. Leur entraîneur actuel est Greg Ireland, viré non pas une mais deux fois par le HC Lugano. A en croire le site de la CHL, le slogan de l’organisation serait « 85 ans et toujours pas fatigué ! » Il y a fort à parier que Joe Biden sera prêt à payer cher pour se l’approprier à l’occasion de la campagne de 2024.

KAC Klagenfurt: Malgré son nom un peu rigolo, le KAC fait droit chier tous ses adversaires en étant le plus grand club d’Autriche avec ses 32 titres nationaux, dont les deux derniers en date. Comme on ne connaît absolument aucun de leurs joueurs actuels, on vous dira simplement qu’un certain Oliver Setzinger y avait déposé ses valises pour deux saisons entre 2014 et 2016. Le Gretzky des Alpes y avait autant étoffé son palmarès que lors de son passage en National League.

Red Bull Salzburg: Le club qui a changé de nom presque autant de fois qu’il a été champion d’Autriche s’est également hissé en demi-finale de CHL en 2019. C’est vous dire si on doute de l’implication des grandes nations une fois la préparation estivale terminée. Par ailleurs, comme personne ne les invitait jamais à la Coupe Spengler, c’est tout naturellement que les taurillons salzbourgeois ont décidé de créer leur propre trophée; le Red Bulls Salute. On imagine que la motivation helvétique derrière la création du tchoukball devait être similaire à l’époque. On vous dira encore que la célèbre marque autrichienne de boissons énergétiques ne possède que deux équipes de hockey, sept clubs de football, quatre écuries de sports motorisés et une formation de e-sport, ce qui nous semble encore fort éloigné de la conquête de la planète.

Extraliga 🇧🇾 

Yunost Minsk: Oui, il y a un championnat de Biélorussie, malgré la présence du Dinamo Minsk en KHL. Un peu comme si l’élite du hockey suisse rejoignait la grande ligue et laissait le HC Franches-Montagnes et Star-Forward se disputer le titre national entre la Patinoire de Saignelégier et les Eaux-Minérales. Et finalement on les comprend au vu des résultats: 10 titres nationaux (dont les 3 derniers) pour le Yunost au cours de son existence dans sa version actuelle depuis… 2003. Pas une seule victoire en playoffs pour le Dinamo depuis son départ en KHL en 2008. La question est vite… oh ça suffit avec cette phrase de merde. Et sinon, difficile de résister à vous apprendre que nos amis du Yunost Minsk ont également joué une saison en… deuxième division russe en 2012/2013. Cette antichambre de l’élite s’appelle la Supreme Hockey League (anciennement Major Hockey League et même Higher Hockey League), réunit 4 pays (Russie, Kazakhstan, Chine, Ouzbékistan, du coup on se demande ce que Minsk foutait là-bas) et était censée devenir la ligue ferme de KHL, sauf qu’apparemment ça fait plus de 10 ans qu’on pétouille avec cette idée. Comme quoi la Suisse n’a pas le monopole des noms à la con et des réformes avortées.

On avait failli oublier: « Yunost » veut dire « jeunesse », du coup ce serait quand même bien que Wikipédia accepte le fait que Daniel Corso et ses 45 balais ont pris leur retraite en 2018 et le vire du contingent actuel. D’autant que tous les auditeurs avertis de Cold Facts savent pertinemment qu’il officie actuellement en tant que coach assistant du célèbre Drakkar de Baie-Comeau en Ligue de hockey junior majeur du Québec.

Tipsport Extraliga 🇨🇿 

Oceláři Třinec: Après le Yunost Minsk, on passe au deuxième adversaire du LHC lors de la saison 2019/2020 encore présent deux ans plus tard, les Dragons des aciéries de Moravie-Silésie. On notera la présence de deux titulaires d’une expérience aussi brève qu’oubliable au sein du seul club fréquentable de Suisse occidentale: le portier Jakub Štěpánek et sa seule sortie sous les couleurs des Lions en 2018 (après un passage presque aussi concis à Berne) et le défenseur slovaque Martin Gernát, 16 parties disputées en rouge et blanc en cette même année 2018. Voilà, pas grand chose d’autre de rigolo à mentionner du côté du demi-finaliste de la CHL 2017/2018. Si vous voulez savoir de quel métal est vraiment faite cette formation tchèque, battez le fer tant qu’il est chaud et allez lire ce qu’on martelait ici.

Sparta Prague: Que dire de positif sur une équipe dont le maillot grenat est floqué d’un grand « S » ? Pour y avoir posé notre docte postérieur à deux reprises il y a quelques années, on vous avoue volontiers que son antre depuis 2015, la O2 Arena et ses 17’383 places, est facilement notre patinoire européenne préférée. Comme c’est aussi la seule qu’on a visitée hors de notre mère patrie, le choix était il est vrai assez aisé.

Souvenir du bord de glace à la O2 Arena lors d’un match entre le Sparta Prague et le… PSG (Zlín) en 2016.

Ahem… On n’a pas grand chose d’autre à vous raconter au sujet des Spartiates de Bohème, alors on notera encore que le prédécesseur du finaliste de la CHL 2017 et double vainqueur de la Coupe Spengler dans sa nouvelle arène s’appelait Lev Praha. Lev comme le lion écarlate (décidément, ces emblèmes tchèques nous rappellent vaguement quelque chose) ornant son très éphémère maillot. En effet, l’équipe avait été créée de toutes pièces et placée en KHL en 2012 avant de faire faillite en 2014, juste après en avoir pourtant atteint la finale. Jiří Novotný aura été le premier et dernier capitaine, et Kari Jalonen le dernier coach de ce club qui est au patrimoine du hockey européen ce que Yann Marti est à la Coupe Davis.

Un peu moins en bord de glace lors de la finale de KHL 2014 entre le Lev Praha et Metallurg Magnitogorsk.

Tiens d’ailleurs, s’il fallait trouver un fil rouge à cet article, ce serait peut-être l’ancien coach finlandais du CP Berne précédemment cité: il a en effet successivement évolué à l’IFK Helsinki, à l’AIK Skellefteå, au TPS Turku, à Lukko Rauma et aux Dragons de Rouen en tant que joueur (avant de prendre certains des mêmes pour recommencer derrière le banc). On ne sait pas ce qu’il a pensé du choc thermique qualitatif qu’a dû représenter la fin de sa carrière lors de son débarquement en Normandie.

BK Mladá Boleslav: Un club connu pour avoir passé une grande partie de son histoire en deuxième division, être monté, redescendu (en perdant une finale de promotion-relégation au septième acte décisif) et remonté pour finir par se qualifier régulièrement pour les playoffs ces dernières années, dont une première historique en 2015. Non, ça ne nous rappelle rien non plus, désolé.

Metal Ligaen 🇩🇰 

SønderjyskE Vojens: Figurez-vous que ce club du Jutland, région jadis occupée par la tribu anglo-saxonne des Jutes, est la seule organisation danoise à disposer d’une patinoire de taille NHL. En d’autres termes, c’est un peu le FC Thoune, YB, ou Xamax local qui fait chier tout le monde avec son terrain synthétique. Ces braves gens sont également soutenus par le plus grand fan club du pays, fort de 800 membres, c’est-à-dire plus d’un habitant de Vojens sur dix. La page Wikipédia du village nous aide à comprendre pourquoi en nous présentant les deux attractions locales: l’église et le circuit motocycliste (dans cet ordre). Traduction: il doit pas y avoir grand chose à foutre là-haut un samedi soir. Notre ami Wiki conclut d’ailleurs en présentant les quatre personnalités les plus notables de l’histoire de la ville: un ancien ministre des transports, un pilote de moto et… deux hockeyeurs.

Rungsted Seier Capital: 6 noms différents en 30 ans au gré de multiples faillites, voilà une équipe qu’on accueillerait volontiers en Suisse romande ! Le bât blesse quelque peu à la lecture de son palmarès (2 titres de champion du Danemark) et de son nom (« seier » semble vouloir dire « victoire » en… norvégien selon Google translate), mais on s’arrangera le cas échéant. Le passage de l’emblème du club d’un cobra à ce qui ressemble à un cerf ou un élan restera par contre probablement un mystère.

Liiga 🇫🇮 

(Anciennement SM-Liiga, mais apparemment trop de gens tombaient sur des sites louches en googlisant ce terme)

Lukko Rauma: Veuillez plisser les yeux. Voilà, vous voyez maintenant comme nous que le logo du demi-finaliste de la CHL 2015/2016 est une serrure ou plutôt un cadenas (oui, c’est la signification de « lukko » en finnois). On espère qu’ils trouveront rapidement la clé qui les mènera à un deuxième titre national, le premier datant de 1963. Les serruriers de Satakunta ont pourtant eu quelques éléments capables de faire sauter les verrous adverses en Petteri Nummelin (41 ans à l’époque de son passage, à 5 ans de finir sa carrière dans les divisions inférieures locales après des passages en Norvège et au Japon), Mikkel Bødker et Aaron Gagnon.

Il est également crucial de noter que la petite ville de Rauma est aussi célèbre pour son équipe de pesäpallo, sorte de baseball finlandais. Wikipédia (quel compagnon de route fidèle décidément) nous annonce d’ailleurs fièrement que ce sport est également pratiqué en… Suisse, entre autres nations. Il semble grand temps pour Yves Martin d’aller enquêter sur le terrain afin de ressusciter sa regrettée rubrique les jeux du cirque (on imagine que si on continue à rappeler l’existence de cette dernière pendant les 5 prochaines années, il finira par accepter). 

IFK Helsinki: Fondé en 1897 par des étudiants du lycée suédois d’Helsinki, l’IFK est la plus ancienne société sportive du pays et comprend des sections football, athlétisme, handball, bowling, bandy et donc hockey. Petit aparté pour Martin: le bandy se joue à 11 contre 11 sur deux mi-temps de 45 minutes, sur glace, avec une crosse, des patins et… une balle. Il est aussi appelé le football d’hiver. Ça te tente ?

Bref, retour au Idrottsföreningen Kamraterna Helsingfors et son équipe de hockey. Cette dernière est orpheline de son meilleur ennemi, le Jokerit Helsinki, parti en KHL en 2014. Comme ce derby n’est pas une blague, l’IFK a pris le temps de gagner un dernier match en plein air cette même année, histoire de mener 106-105 dans les confrontations et de s’approprier le titre de meilleur club de la ville pour toujours. Si on vous avoue volontiers ne pas connaître grand monde au sein de l’effectif actuel du septuple champion de Finlande, la liste des alumni ravira les fans de hockey helvétiques (et notamment les amoureux des arrêts de penalties spectaculaires et du HC Ajoie): Jaroslav Bednar, Rico Fata, Niklas Hagman, Joni Ortio, Ville Peltonen, Pekka Rautakallio, Tony Salmelainen, Tommi Santala et Ryan Vesce se sont en effet échoués sur les rives de la capitale nordique à un moment ou un autre de leur carrière. Finalement, en grand fan des Dallas Stars, on ne peut s’empêcher de mentionner que les deux futurs hall of famers Miro Heiskanen et Roope Hintz ont également été formés au cl… Hein ? Ah, on nous annonce qu’une nouvelle de dernière minute vient de tomber à l’instant: 

Tervetuola himaan, comme on dit ! Le prestige infini de la CHL a sûrement suffi à le convaincre. 

TPS Turku: On commence tout naturellement avec le slogan du club: « Joukkue olemme me » (« Nous sommes une équipe », en tout cas selon le site de la CHL, c’est pas comme si on avait l’expertise pour vérifier). Malgré une date de création (1922), une légende (Vladimir Yurzinov) et un type un peu mou (Heikki Leime) en commun, les undécuples champions de Finlande auraient refusé de dispenser une formation continue au LHC à ce sujet. On allait vous parler de l’ancienne immense star de Gottéron Petteri Wirtanen (aussi passé par l’IFK Helsinki), mais il a rapidement été éclipsé par le reste du panthéon du Turun Palloseura Turku. Dans le désordre, les forts médiocres Saku et Mikko Koivu, Miikka Kiprusoff, Sami Salo, Petteri Nummelin, Niko Kapanen, Jere Lehtinen, Rasmus Ristolainen, Antero Niittymäki, Lauri Korpikoski, Mikko Rantanen, Kaapo Kakko et Kimmo Rintanen ont tous porté les couleurs de l’organisation qui a l’habitude de dépenser son énergie au Gatorade Center. 

Tappara Tampere: Promis, on essaie d’éviter les jeux de mots douteux au sujet du mot finnois « tappara », histoire de ne pas déterrer la hache de guerre. On mentionnera simplement la présence de l’ancien fer de lance légendaire de la BCF Arena, le Français Charles Bertrand, dans l’effectif. Il est également à noter que le défenseur canadien Ben Blood est apparemment connu pour ses suspensions après des bagarres et autres charges incorrectes. Non, on n’invente rien. Bref, il nous paraissait bien plus important de vous conter ces deux faits d’arme du club de la capitale mondiale du sauna que de parler du fait que les deux tâcherons que sont Aleksander Barkov et Patrik Laine ont été formés dans la Manchester du Nord.

P.S. La vraie Manchester est pas déjà vachement au nord ?

Synerglace Ligue Magnus 🇫🇷 

Dragons de Rouen: Si vous voulez en savoir plus sur les voyages en car Rouen-Nice et entendre quelques autres anecdotes savoureuses (et assez peu flatteuses) sur le club, on ne saurait trop vous conseiller l’interview de Benjamin Antonietti dans le podcast Cold Facts. Le futur ailier du GSHC (34 points en 31 matches à Rouen) n’est d’ailleurs pas le seul ancien Lausannois qui a un jour fait exploser les compteurs de Ligue Magnus. En effet, un rapide coup d’œil au classement des meilleurs compteurs de l’histoire de la formation normande suffit à remarquer les présences de Claude Verret (6ème, 171 parties, 400 points), Benoît Laporte (8ème, 154/287) et Serge Poudrier (23ème, 108/120). On ne vous cachera pas que le niveau du championnat de France de hockey sur glace est fondamentalement abyssal et que toute victoire des Dragons en CHL cette année sera suivie de questions sur la motivation adverse, mais on notera quand même la présence du capitaine aux 310 matches de NHL Cam Barker dans l’effectif.

Ah et sinon on ne résiste pas à mentionner quelques noms d’équipes, défuntes ou non, présentes dans le classement des formations les plus prestigieuses de France. On pouffe déjà la moindre en lisant le nom du club le plus titré d’Hexagone avec 30 titres, les actuels Chamois de Chamonix (amis de l’allitération, bonjour !) et anciennement Huskies mais aussi Pionniers de Chamonix. Mais c’est au-delà de la deuxième place de Rouen (16 titres) que ça devient vraiment tordant. On connaît trop bien les Brûleurs de Loups de Grenoble pour vraiment tiquer, mais quand on arrive aux Français Volants de Paris, aux Albatros de Brest, aux Flammes Bleues de Reims, au PUC, aux Boucs de Megève, aux Scorpions de Mulhouse ou encore aux Taureaux de Feu de Limoges, là on vous avoue que notre vessie n’est pas loin de nous lâcher. Comme quoi la NHL serait quand même drôlement plus marrante si on commençait à suivre les Vestes Bleues de Columbus, les ex-Puissants Canards d’Anaheim ou les Ailes Rouges de Détroit.

PENNY Deutsche Eishockey Liga 🇩🇪 

(Vous imaginez ce qui arriverait si Sheldon Cooper devait prononcer le nom de cette ligue ?)

Adler Mannheim: Si son emblème n’avait pas été un aigle, l’octuple champion d’Allemagne aurait probablement été jumelé au Lausanne Hockey Club tant les figures célèbres du club vaudois qui ont également écrit l’histoire de l’organisation du Bade-Wurtemberg sont nombreuses. Tout commence avec le tristement célèbre Bill Stewart au début des années 2000. Le meilleur ami de Florian Conz, déjà connu à l’époque pour ses talents de passeur spécialisé en joueurs ukrainiens à la frontière canado-américaine, ajoute les bagarres générales à la bande et les faux évanouissements à sa boîte à malices à son arrivée derrière le banc des volatiles tricolores. Le dernier subterfuge mentionné doit d’ailleurs servir à gagner le temps nécessaire à… Jan Alston (entre autres) pour faire aiguiser ses patins lors de la finale du championnat 2000/2001 face aux Munich Barons. Un titre et une autre finale plus tard, « Psycho Bill » était remercié et partait déposer ses valises sur les bords du Léman lors d’une saison 2004/2005 de sinistre mémoire. Pour mieux comprendre, on vous conseille cette vidéo absolument mythique (on s’excuse d’avance si la lueur de folie qui danse dans les yeux du principal intéressé hante vos nuits à la suite de la lecture de cet article):

Tiens, 2004/2005, c’est aussi le lockout en NHL et l’arrivée d’un certain Cristobal Huet chez les Aigles. Fast forward jusqu’en 2014 et on retrouve un certain Greg Ireland à la tête du club, remplacé par Craig Woodcroft (qui semble décidément apprécier les Accipitridés) en 2016, puis par Sean Simpson la même année. Quand ce dernier est également viré l’année suivante, devinez qui débarque ? Bill Stewart, évidemment, exauçant son vœu prononcé en fin de vidéo ! Bref, tout cela resterait fort banal si le coach suivant n’était pas Pavel Gross en personne, l’entraîneur munichois dont le visage était entré en contact moyennement fortuit avec le poing de Stewart lors de cette fameuse finale de 2001. Si on ne tenait pas Wikipédia en haute estime, on ne croirait pas un mot à toute cette histoire à dormir debout.

P.S. Il paraîtrait que Mannheim soit aussi le club formateur d’illustres nobodies nommés Jochen Hecht et Tim Stützle, mais cette anecdote semble avoir perdu beaucoup de son intérêt à la lumière de la saga qui précède.

Red Bull Munich: Le finaliste de la CHL 2018/2019 était encore en sixième division en 1998, date de sa création. Preuve est faite que Red Bull donne des ailes. Oh ça va hein, qui ne serait pas ébranlé après avoir écouté Bill Stewart parler pendant 4 minutes ? On a tout de même noté la présence de la triplette au fort accent bernois Chris Bourque – Andrew Ebbett – Derek Roy dans les rangs bavarois.

Eisbären Berlin: Le septuple champion d’Allemagne réunifiée et 15 fois champion d’Allemagne de l’Est est la propriété d’Anschutz Entertainment Group depuis 1999. On vous disait plus haut que Red Bull, un peu comme Minus et Cortex, était encore loin de conquérir le monde, en voici la preuve: AEG n’est autre que le propriétaire du Staples Center, des Los Angeles Galaxy, actionnaire des Los Angeles Kings et des Los Angeles Lakers, opérateur de l’O2 de Londres et promoteur officiel du festival Coachella. Du coup quand le patron d’une boîte pareille se paie un club de hockey européen, c’est sûrement parce qu’il était d’humeur un peu radine cette semaine-là. En ce qui concerne les employés de bas étage de la firme californienne, on ne retrouvera pas Maxim Lapierre, retraité depuis 2020, et les chances d’y voir évoluer l’intermittent du spectacle Zach Boychuk sont assez minces puisqu’il a l’habitude de ne pas passer plus d’une saison (en général même beaucoup moins) dans le même club européen.

Fischtown Pinguins Bremerhaven: Meilleur logo ✅ Meilleur nom germano-anglophone improbable ✅ Le dernier qualifié pour la CHL s’est fait attendre, mais ça valait le coup. Comme la DEL, à l’instar de la rédac’ de CR, semble fortement hésiter entre système de promotion-relégation et ligue fermée, les Pinguins ont été admis en première division sur invitation au terme de la saison 2015/2016 pour remplacer feu les Hamburg Freezers malgré une élimination en quarts-de-finale des playoffs de DEL2. Bref, on n’y comprend pas grand chose.

Fjordkraft-Ligaen 🇳🇴 

Frisk Asker: Les habitants de cette charmante (on imagine) bourgade de 60’000 âmes du sud-est de la Norvège répondent au doux nom d’Askerbøringer. On imagine que ça veut dire « les gens chiants d’Asker » en norvégien. Même si Asker est surtout connu pour son skiklubb, son svømmeklubb, son équipe de football féminin et pour être la résidence de certains membres de la famille royale et de tout un tas de célébrités locales dont personne n’a jamais entendu parler hors de Scandinavie, ils ont donc aussi une équipe masculine de hockey quadruple championne nationale.

Pas grand chose à signaler du côté du contingent actuel, à part la présence d’un brave Canadien du nom de Bobby MacIntyre, honnête tâcheron aux 63 matches de AHL pour 21 points, qui doit se sentir bien seul dans un vestiaire exclusivement composé de Norvégiens (18), de Suédois (3) et d’un Finlandais.

Cela dit, le site Eliteprospects.com a une rubrique passablement intéressante qui s’appelle « Where are they now ? » et qui s’intéresse à d’anciens joueurs du club. Trois noms sautent immédiatement aux yeux: Gary Nunn (Olten), Ryan Hayes (GCK) et Eric Castonguay (Sierre), tous anciens pointeurs ultra-dominants en première division norvégienne. Quand vous êtes le deuxième pourvoyeur d’assists par saison de l’histoire de Frisk Asker (51 mentions d’aide sur 73 points accumulés en 41 matches !), que vous vous retrouvez au HC Sierre en queue de Swiss League 4 ans plus tard et que vous y marquez nettement moins de points, cela en dit probablement plus sur le niveau d’un championnat que sur celui d’un mercenaire de 33 ans.

Polska Hokej Liga 🇵🇱 

JKH GKS Jastrzębie: Celui-là on l’aime beaucoup, même si on ne sait comment en prononcer aucune syllabe. Au niveau palmarès, on se contentera de vous dire que ce club du sud du pays a remporté sa seule Coupe de Pologne en 2013 en battant le fameux Ciarko PBS Bank KH Sanok. On se réjouit vraiment d’une finale Chocolats Blondel BCV Lausanne –  Patek Philippe BCGE Private Banking Genève en 2037 par chez nous.

Et sinon difficile de résister à recycler la blague du Canadien de service, un certain Zack Phillips, surtout quand on a affaire au globetrotter le plus improbable de la création. Le bougre est quand même passé par le Nouveau-Brunswick, le Texas, l’Iowa, le Massachusetts, la Géorgie, l’Illinois, le Michigan, la Suède, l’Angleterre, la Hongrie (dans le championnat autrichien, comme il se doit), l’Ohio, la Virginie, la Slovaquie et donc la Pologne. Bon OK, il vient d’être transféré au Towarzystwo Hokejowe Unia Oświęcim (santé !), mais ça tombe bien car ce club a peut-être le destin le plus improbable qu’on puisse imaginer. Figurez-vous qu’il est situé à un jet de pierre de l’ancien camp de concentration d’Auschwitz, a été créé en 1946 et son capitaine, Eliezer Sherbatov, est israélo-canadien. C’est probablement ce qu’on appelle un retour de bâton dans le jargon du milieu.

Svenska Hockeyligan 🇸🇪 

Frölunda Indians: OK, là ça rigole plus. On a affaire au quadruple vainqueur et finaliste malheureux à une reprise de CHL, le tout en 6 éditions. Excusez du peu. Après avoir visité leur section « stars and cult players » sur Eliteprospects.com, on se demande même s’il y aura ne serait-ce qu’une vanne à faire sur l’organisation de Göteborg. Petit florilège en commençant par les plus âgés: Petteri Nummelin, Daniel Alfredsson, Ville Peltonen, Sami Salo, Martin Plüss (absolument), Antti Niemi, Johnny Oduya, les jumeaux Lundqvist (celui qui a percé n’est pas le capitaine actuel de l’équipe), Alexander Steen, Loui Eriksson, Viktor Stålberg, Ryan Lasch, Fredrik Pettersson, Lars Eller, Erik Karlsson, Henrik Tömmernes, Mattias Janmark, Victor Olofsson, Rasmus Dahlin. Voilà qui représente probablement plus de matches en NHL que cet article ne compte de signes. On rassure les supporters de la banlieue zurichoise, Tom Koivisto, Casey Wellman et Robin Figren sont aussi considérés comme des joueurs « cultes » (allez savoir pourquoi). On se demande aussi selon quels critères l’ancien bernois Jan Muršak, ailier gauche actuel des Indians, a atterri dans cette liste.

Bon, s’il y avait quand même une vanne à faire, l’ancien centre de Frölunda, Frisk Asker et Davos Serge Boisvert ne l’aurait pas volée.

Rögle BK: Le fameux Bandyklubb de la ville d’Ängelholm, ses trois relégations récentes et son palmarès néant nous sont immédiatement sympathiques. Lorsqu’on lit les noms de Heinz Ehlers et Eric Himelfarb parmi les meilleurs pointeurs du club, on se dit qu’on va même être potes. Et que Rögle a effectivement souvent dû jouer en deuxième division. Mattias Sjögren et Ted Brithén se chargeront de nous rappeler que la formation 2021/2022 a aussi un petit parfum de National League.

Växjö Lakers: Hormis le passage d’Elias Pettersson par le club et les présences dans l’effectif de l’ancien goalie des Anaheim Ducks et Edmonton Oilers Viktor Fasth ainsi que d’un des étrangers les moins marquants de l’histoire du championnat suisse Miika Koivisto, pas grand chose à signaler du côté du double champion de Suède. A part peut-être que « Växjö » semble vaguement vouloir dire « la route sur le lac gelé » et qu’on les a donc appelés « Lakers » pour ne laisser aucune place au doute.

Leksands IF: Le HC Ambrì-Piotta de Suède. Ce village de 5934 habitants avait en effet l’habitude de garnir son stade de 7650 places d’environ 4000 personnes par rencontre en deuxième division jusqu’en 2019. Du coup on se réjouit de voir la gueule qu’il a vide lors d’une partie de CHL. Il y a également un peu de Lausanne dans l’ADN de ce club puisque ses dirigeants avaient décidé d’engager Ed Belfour, vainqueur de la Coupe Stanley avec Dallas en 1999 et du Vezina Trophy de meilleur gardien de NHL avec Chicago en 1991 et 1993, pour se lancer dans une tentative de promotion en 2007. Le gars a quand même fini par battre le record local de minutes (251) sans encaisser de but et celui du nombre de blanchissages (7) en une saison. A 43 ans. Bref, Leksands a gagné le championnat de HockeyAllsvenskan assez facilement et échoué en match de barrage pour la montée en SHL. N’est pas Cristobal Huet qui veut.

Rien à voir avec Leksands, mais ce Belfour a quand même l’air assez rigolo (et puissamment alcoolique). Lors de sa dernière saison en NHL avec les Florida Panthers en 2006/2007, notre ami Ed s’était lui-même chargé de blesser son rival dans les cages, Alex Auld, lors d’une échauffourée. La même année, il se faisait arrêter en compagnie de… Ville Peltonen à la sortie d’une boîte. Vous arrivez à imaginer Peltonen bourré, vous ?

Oui, le mug shot de Peltonen est dans le domaine public. Wikipédia francophone en a même fait la photo principale de la page de la légende finlandaise.

Skellefteå AIK: Le triple champion de Suède et ancien demi-finaliste de CHL s’est qualifié en 2011 pour sa première finale des playoffs en 33 ans avec les trois meilleurs compteurs de la ligue à son bord, dont Mikko Lehtonen et David Rundblad, futurs intermittents du spectacle en National League. L’année suivante, le futur bernois Bud Holloway (même Bobby Dollas n’a pas un nom aussi cool) rejoignait l’équipe. On n’oublie pas le courageux Tim Heed et bien sûr Joni « Je fais le bateau » Ortio dans les rangs des stars de Skellefteå passées par la Suisse. Bon, à la deuxième allusion au sujet d’Ortio, on ne résiste plus, on vous balance la fameuse vidéo de son plongeon sur un tir au but de Jan Kovar le 5 janvier 2020 (dès 32’05’’):

Comme on pleure encore de rire, c’est très rapidement qu’on mentionnera encore les noms de John Klingberg (le grand frère du nôtre), Viktor Arvidsson et Sebastian Aho parmi les nuls qui ont porté les couleurs de l’organisation du comté de Västerbotten.

National League 🇨🇭 

EV Zug: Ces héros des temps modernes ont bien mérité leur septième qualification pour la CHL (et accessoirement leur deuxième titre national) en empêchant Genève-Servette d’accomplir l’innommable. Après deux éliminations en poules, un seizième, deux huitièmes et un quart (dans cet ordre), les hommes de Dan Tangnes perdront en demi-finale cette année. Le siège imposable de la CHL saura les accueillir comme il se doit à leur retour au pays.

La nouvelle grosse légume locale qui devrait donner la pêche aux fans zougois.

On imagine également que la pulpeuse nouvelle recrue suédoise Christian Djoos (fruit de l’union de l’ancien défenseur… Pär Djoos et d’une certaine Carina Wohlmer, voilà qui ne s’invente pas) sera pressé de faire fructifier son expérience NHL sur la scène continentale et ainsi justifier la transaction juteuse dont il a été l’objet.

HC Lugano: Simplement le meilleur compte Twitter d’Europe.

Fribourg-Gottéron: Qui ? Ah les champions de Suisse 2020/2021 ?

Lausanne HC: Si le LHC vous intéresse, vous avez sûrement déjà lu tous les articles de cette section du site et donc beaucoup souffert. Comme on a déjà passablement parlé du club à travers les autres présentations, on vous octroie une petite pause.

On vous annonce quand même, à tout hasard, que le plus grand club du monde connu a prévu de donner dans le professionnalisme à outrance cette saison (une info de Watson traduite du bourbine au français fédéral par Swisshabs, donc forcément à prendre avec des pincettes):

ZSC Lions: Il fut un temps où le budget de la Champions Hockey League était de 16,9 millions de francs suisses et rapportait un bonus de 1 million au vainqueur, en plus d’une confrontation avec un club de NHL appelée la Victoria Cup. Apparemment ça faisait quand même un peu cher le cadeau de centenaire pour l’IIHF, puisque cette formule n’a duré que le temps de la saison 2008/2009 et une victoire zurichoise face à Magnitogorsk en finale (5-0 au match retour dont un but d’Alston). Depuis que le prize money a été divisé par 5, on s’est fait beaucoup plus discrets du côté du Hallenstadion. Partager son CEO avec le Board de la CHL doit aussi aider à ne pas faire trop de vagues.

Ukrainian Hockey League 🇺🇦 

HC Donbass Donetsk: Figurez-vous qu’un club slovaque était initialement prévu au programme, mais le Board de la CHL a soudain décidé, le 3 mai dernier, qu’on allait finalement inviter un club ukrainien à leur place. Soit. Pourquoi pas, hein ? Ouais, mais non en fait. Comme il vous a probablement fallu les trois dernières semaines pour atteindre l’avant-dernière équipe présentée dans cet article (bravo à vous, chers lecteurs !), vous ne vous souvenez probablement pas de la première partie publiée le 17 mai. On y parlait du classement par nation sur lequel est basé le nombre de places alloué à chacune desdites nations. Et c’est là que ça devient un peu embêtant. En effet, la Slovaquie est classée 9ème de ce classement, à égalité avec la France et devant la Norvège, la Pologne et le Danemark. Pas de bol, en visitant le site de la Champions Hockey League pour la 3847565743ème fois ce mois, on a aussi remarqué que le webmaster a oublié d’effacer un truc un peu pénible que l’on vous livre ici: « Teams must earn their place in the CHL on the ice, based on sporting merits alone. » Ouch !

C’est clairement grâce à des idéaux de paix (notamment à la frontière russo-ukrainienne) que tout cela est possible.

Bref, avec tout ça on ne vous a pas encore parlé de l’un des deux clubs qui font croire au téléspectateur naïf que la KHL a été conviée malgré tout. Bon, dans leur cas c’est presque vrai. Le sextuple champion d’Ukraine était en effet membre de la grande ligue entre 2012 et 2014, avant que le conflit russo-ukrainien qui avait éclaté dans la région de Donetsk ne donne une excuse à Alexei Morozov pour s’en débarrasser. Leur stade avait été entièrement pillé et brûlé, mais la bienveillante KHL avait promis de le réparer dans les 90 jours, voyez-vous. C’était le 26 mai 2014 et apparemment on attend toujours. Voilà qui est quand même assez scandaleux, surtout pour une équipe dont les 16 ans d’histoire (ou plutôt 6 si on ne compte que depuis leur renaissance en UHL) sont aussi riches.

Elite Ice Hockey League 🇬🇧  

(Anciennement appelée Heineken League. De là à dire qu’elle a le niveau d’une beer league…)

Cardiff Devils: Pas de championnat en 2020/2021 en EIHL, on se demande ce qui a bien pu se passer. Vous avez entendu parler de quelque chose de grave qui serait arrivé à cheval entre ces deux années, vous ? On imagine qu’il leur fallait un an pour travailler sur le nom de leurs clubs (les Devils, les Stars, les Flyers, les Flames et les Panthers entre autres, sacrée inventivité…). Bref, en tant que champion de Grande-Bretagne 2019/2020, Cardiff est qualifié pour la CHL. Un petit coup d’oeil au site officiel de la compétition suffit pour établir leurs ambitions absolument dévorantes: au rayon des faits d’armes des Diablotins, on apprend qu’ils sont parvenus à arracher deux points (donc une victoire) à chacune de leurs participations. 

Il n’y avait qu’une star dans l’équipe et elle a quitté le navire: le portier Ben Bowns s’en est allé aux Nottingham Panthers via l’Autriche en 2020. Si vous avez suivi les championnats du monde 2019 et avez comme nous une tendance à la Schadenfreude, vous avez sûrement déjà entendu ce nom. Le gars encaissait 5.67 buts par match, mais en était toujours à 88% d’arrêts (dont 59 parades lors d’une défaite 6-3 face aux Etats-Unis). Et surtout, il gardait le meilleur pour la fin:

Et 1, et 2, et 3-0 ! Et puis plus rien.

Comme même notre source principale nous dit stop, on s’arrête là. On espère que vous avez un peu ri et même appris 2-3 trucs cons et absolument inutiles dans une conversation entre gens civilisés !

 

Crédits photographiques :

Ville Peltonen mug shot: Karppinen/CC0/Wikimedia Commons: https://commons.wikimedia.org/w/index.php?title=User:Karppinen&action=edit&redlink=1

Christian Djoos : Pens Through My Lens/CC0/Wikimedia Commons: https://commons.wikimedia.org/wiki/User:Pens_Through_My_Lens

A propos Raphaël Iberg 173 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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