Pour un anonyme rédacteur de CR, écrire un article sur l’équipe de Suisse de football, en général, c’est le graal, l’assurance d’une audience hors-norme, l’aboutissement d’une carrière, le prix Pulitzer, bref après ça on peut se demander s’il n’est pas temps de prendre sa retraite. Mais pas là. La Suisse affronte l’Espagne, championne d’Europe en titre, qui l’a étrillée il y a un peu plus de deux mois 4-1 à Genève. Le match n’a vraiment aucun enjeu, puisque la Suisse sera de toute façon dernière de son groupe et que l’Espagne finira 1re. En plus, signe du sérieux et de l’enjeu de la rencontre, elle se déroule à Sainte-Croix de Tenerife, dans le Jura canarien, là où tu allais en vacances avec tes darons. Bref, on va piquer un bon petit Sohm…
Le match en deux mots
Aucune victoire
La Suisse boucle la Ligue des Nations 2024 à la dernière place de son groupe, avec 2 points en 6 matches, et est reléguée en League B. 14 buts encaissés en 6 matches, il est facile d’imaginer dans quel domaine il va falloir travailler.
On n’a pas aimé la réaction des joueurs et des journalistes qui, malgré la défaite contre une Espagne C, sont satisfaits du match. Décidément, la Suisse n’a toujours pas l’esprit Roger Federer.
L’homme du match
Murat Yakin ! Notre entraîneur a eu la grippe (espagnole ?) ces deux derniers jours et il a tout de même réussi à passer une bonne partie de la rencontre debout, appuyé contre le banc de l’équipe de Suisse. Il s’agit là de son plus bel exploit depuis l’Euro 2024.
Allez on déconne. Vincent Sierro est nommé homme du match pour avoir avantageusement suppléé Granit Xhaka, excusez du peu, à la 60e minute. Imaginez, quand il est entré, la Suisse perdait 1-0. Trois minutes plus tard, il distille une de ses magnifiques transversales à Monteiro qui égalise. À la 84e minute, il gratte un pénalty mérité en se lançant tel un kamikaze à hauteur de la carotide de Ruiz. Comme s’il était écrit que la Suisse n’allait pas gagner durant cette compétition, Sierro offrira à l’Espagne le pénalty de la victoire à la 93e minute. C’est dommage, il a manqué trois minutes, mais on a quand même aimé la performance de Vincent Sierro.
La saucisse du match
Ricardo Rodriguez. Je veux bien, on n’a pas mieux à son poste et il n’est plus tout frais. Mais ce soir, Ricardo devait donner l’exemple aux jeunes, et pourtant … c’est lui qui se fait avoir comme un gamin à la 31e et concède un pénalty. Sur le tir au but manqué de Pedri, qui en l’occurence n’a pas eu l’oeil, non seulement on peut clairement blâmer toute la défense (dont il était ce soir le patron) pour la non-réaction sur les deux rebonds après le très bel arrêt de Mvogo, mais en plus sa seule montée de la première mi-temps a lamentablement échoué. Même s’il était absent ce soir, Yamal, Ya très Mal. Quant à sa deuxième mi-temps, on avoue avoir dû checker plusieurs fois le télétexte pour vérifier qu’il n’avait pas été remplacé. Pourtant, il jouait ce soir à domicile, au stade « Heliodoro Rodríguez López ».
J’ai hésité à désigner Yeremi Pino : à la 62e, il prend un bête carton jaune, et sur le coup de botte qui suit, la Suisse égalise. Il a eu de la chance, car normalement, un carton de Pino, c’est rouge. Comme il a marqué le 1-0, j’ai décidé de l’épargner.
Le tournant du match
Cela aurait pu être la Williams mine de la 13e minute qui n’est pas passée très loin du cadre de Mvogo.
Pourtant, le moment décisif de cette partie a été, comme souvent ces temps, les minutes qui ont suivi les égalisations de la Suisse et qui a vu à chaque fois un but de l’Espagne : par Gil, 5 minutes après la réussite de Mon(t)héros, et par Zaragoza sur pénalty 8 minutes après celui de Zeqiri.
L’esthète du match
La sélection espagnole a laissé 11 (!) joueurs au repos par rapport au dernier match contre le Danemark. Forcément, il a fallu faire les fonds de tiroirs … Un rugbyman à moitié démonté a donc été prié de débuter la rencontre.
Cubarsi a pris le train. Mais dans la tronche.
Le geste pourri du match
Nous avons choisi ce geste ridicule des Espagnols après ce but chanceux.
Mais qu’est-ce qu’ils ont voulu dire ?
On rappelle à nos amis ibériques que le dernier à avoir fait ce genre de truc contre la Suisse, c’est Paul Pogba en 8e de finale de l’Euro … et on sait comment ont fini le match et la carrière de Paulo.
Le chiffre à la con
2
Ce soir, ce n’était que la deuxième sélection de Simon Sohm, joueur de Parme. On a beaucoup vu et aimé sa première mi-temps. Pas d’énorme coup d’éclat, mais une Sohm de petites choses. Il a eu le Seum sur une glissade alors qu’il s’apprêtait à armer une frappe au but, mais il a livré une belle bataille, Sohm.
L’anecdote
Le jour avant ce match sans enjeu, nous apprenions que la Suisse, malgré ses piètres résultats durant l’année écoulée, sera tout de même tête de série lors du tirage au sort des éliminatoires de la Coupe du Monde 2026, suite à la défaite 4-0 de la Hongrie contre les Pays-Bas. On n’a pas tout compris, mais on est content ! Au moins une bonne nouvelle.
Si le match était une bière : du Coca ou de l’eau !
Il y avait tout de même 600 spectateurs suisses à Tenerife, même si on imagine qu’ils avaient pensé, à mon instar, que ce match aurait un certain enjeu. Parmi eux, notre valeureux collègue rédacteur Olivier Bender, lequel nous a transmis cette photo, ainsi qu’une info exclusive et terrifiante : impossible de trouver une bière dans le stade. J’annule de ce pas mes prochaines vacances à Tenerife.
Finalement Sainte-Croix, ça a l’air sympa !
La minute Léonard Thurre
Confrontés au même dilemme que votre serviteur, c’est-à-dire de commenter un match dont tout le monde se fout, nous n’allons pas accabler Léo Thurre et David Lemos, même si l’on pense que « Pino simple footballeur » juste après le but espagnol aurait presque mérité ce titre. Nous avons choisi un journaliste du Matin qui a osé faire scandaleusement le lien entre la période difficile de l’équipe de Suisse et le fait qu’elle est composée de plus en plus de Romands. Je me dois donc de dénoncer le racisme de ce vieux Schnorhk.
La rétrospective du prochain match
Quel prochain match ? Notre Nati est en vacances jusqu’en mars 2025. Des vacances bien Muratées.
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