Le premier acte pour Lausanne

Le LHC prend logiquement le meilleur sur un HC La Chaux-de-Fonds qui devra présenter beaucoup plus pour espérer remporter cette série. Supérieurs dans tous les domaines, les Vaudois se sont pourtant fait peur dans les dernières minutes d’une rencontre parfaitement contrôlée jusque-là.

Le Lausanne HC a fait ce qui était attendu de lui dimanche après-midi dans une patinoire de Malley enfin redevenue chaudron lors de ce premier acte de la finale. Dans une enceinte pleine comme un œuf, les Vaudois ont dominé un HCC limité pour prendre les devants dans une série dont le public attend beaucoup. Les Vaudois se sont certes inutilement compliqué la tâche dans une rencontre qu’ils ont dominée durant les trois-quarts de celle-ci.Plus affûtés et mieux disposés, les protégés de Terry Yake et de Hans Kossmann sont mieux rentrés dans la rencontre, ouvrant la marque par Rüfenacht d’un maître tir pris entre les ronds d’engagement. Les Vaudois ont surtout fait preuve d’une spectaculaire maîtrise collective et défensive. En privant une troupe de Sheehan empruntée d’espace en zone défensive notamment, la grosse armada neuchâteloise n’a jamais répondu à sa flatteuse réputation. Pire, les rares fois où celle-ci parvenait à se mettre en position favorable, les lancers n’arrivaient pas sur le but lausannois, la faute à une défense capable de se suppléer au portier en bloquant un nombre important de lancers. Autre point positif, la tenue de Tobler qui a pris une dimension impressionnante ces dernières semaines. Le cerbère lausannois a parfaitement tenu le fort notamment lorsque les Vaudois se sont retrouvés à court d’un homme.

Point noir : le réalisme

Tout n’est pourtant pas rose pour les Vaudois, malgré une victoire qui à coup sûr enlèvera un peu de pression aux Lions. Le LHC n’a pas réussi à concrétiser les occasions obtenues, notamment durant les quinze premières minutes du deuxième vingt. Schnyder à trois reprises, Bonnet, et Tremblay parmi d’autres, auraient pu et dû plier la rencontre. Un manque de réalisme qui aurait pu jouer un sale tour aux Vaudois qui au lieu de mener de trois ou quatre buts après deux tiers voyaient leur avance du premier engagement réduite de moitié. Les Vaudois auront eu le mérite de ne jamais relâcher une pression efficace, même si en fin de partie, les Neuchâtelois ont paru plus frais. Reste qu’en ne concrétisant pas les occasions obtenues, le LHC est passé tout près de la catastrophe. La faute à une inexplicable indiscipline à la fin du troisième vingt qui a conduit à de longs et fréquents jeux de puissance pour les visiteurs.
Hormis les quelques ajustements de rigueur à effectuer avant la rencontre de mardi, le LHC a démontré dimanche après-midi qu’il a les armes, la profondeur et la qualité pour remporter la série. Ajouter à cela le fait que le LHC a toujours eu des problèmes en début de série durant les play-off de cette saison, cette première victoire est importante pour la suite des événements. Autre enseignement de la partie, la profondeur du banc lausannois sera probablement la clé de cette série. Là où le HCC tourne péniblement avec trois paires d’arrières dont deux très limitées, les Vaudois ont aligné sept défenseurs – malgré l’absence de Trunz – qui ont tous pu évoluer durant la rencontre. Un choix qui a permis de soulager certains éléments en surchauffe en début de troisième.

Le HCC a mal à son jeu de transition

Les Neuchâtelois auront du pain sur la planche pour se mettre au niveau de leur contradicteur, notamment dans un domaine du jeu important : les transitions. Les deux premières réussites lausannoises sont directement dues à des bourdes d’une arrière-garde peu mobile et qui a eu de la peine tout au long de la rencontre à sortir proprement de son camp de défense. Même constat en zone neutre où lorsque le disque est donné à l’adversaire le repli défensif se fait de manière lacunaire. La faute à un troisième homme trop haut qui a souvent mis les attaquants chaux-de-fonniers sur une seule ligne facilement évitable. Les Vaudois se sont ainsi créé un nombre important de surnombres, en seconde période notamment. Outre leurs problèmes entre les zones, les Abeilles n’ont pas réussi à prendre de vitesse une équipe lausannoise très bien armée dans ce domaine également. Sans être en mesure d’imposer un rythme supérieur à celui de son contradicteur du jour, les Neuchâtelois ont également beaucoup souffert dans le défi physique, les Vaudois restant notamment maîtres de leur zone défensive.

Et le cœur bordel ?

Autre point noir côté chaux-de-fonnier, la «non révolte» de fin de partie. Le LHC a pratiquement tout fait pour remettre le HCC sur les bons rails en prenant consécutivement trois pénalités qui ont mené à deux jeux de puissance dont un avec deux hommes de plus sur la glace. Bilan des hostilités : un but marqué (non valable, la crosse de Neininger déviant le disque largement au-dessus de la limite autorisée) et, surtout, un encaissé – improbable bourde de Forget et exploit de Sigrist. Le but en double avantage numérique est d’ailleurs la seule note positive d’un jeu de puissance qui a toussoté tout au long de la partie, ne marquant qu’une fois en quinze minutes et vingt et une seconde avec un homme de plus sur la glace. Outre les chiffres, le HCC n’a pas fait valoir ses «qualités de cœur» qui devraient, dans un monde idéal, lui permettre de remporter cette finale. Le groupe HCC a semblé moins uni et solide qu’annoncé, les étrangers prenant seuls à leur compte les offensives clé de fin de partie en ignorant leurs compères de trio. Ça peut passer contre Langenthal ou Viège, mais pas contre le bloc LHC qui a joué dimanche après-midi.

Acte II mardi

Les deux formations se retrouveront dans le hangar à bœufs des Mélèzes mardi soir pour la deuxième manche de cette finale. La pression sera sur un HCC qui devra augmenter le niveau de son jeu pour espérer égaliser. Le LHC possède lui une chance réelle de ramener quelque chose de cette partie à condition d’afficher, plus encore que dimanche, cette solidité défensive ainsi que dans le jeu de transition. Réponse mardi sur le coup de 23h.

Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Lausanne – Chaux-de-Fonds 3-2 (2-0 0-1 1-1)

Malley : 9265 spectateurs (guichets fermés).
Arbitres : MM. Peer; Abegglen et Kaderli.
Buts : 5e T. Rüfenacht (Tremblay/5c4) 1-0. 20e Charpentier (Tremblay) 2-0. 40e Lussier (Neininger) 2-1. 54e Sigrist (Grieder/4c5!) 3-1. 57e Neininger (Forget/5c3) 3-2.
Pénalités : 9 x 2′ contre Lausanne; 6 x 2′ contre la Chaux-de-Fonds.
Lausanne : Tobler; Villa, Lardi; Zalapski, O. Schäublin; Leeger, Grieder; Chavaillaz; Tremblay, T. Rüfenacht, Charpentier; Sigrist, Miéville, Gailland; Lüssy, Staudenmann, Schnyder; Frunz, Bonnet, Suri; Zeller.
Chaux-de-Fonds : Todeschini; Fäh, Wütrich; Vacheron, Membrez; Du Bois, Daucourt; Emery, Huguenin; Schild, J. Roy, Neininger; Lussier, Forget, Fuchs; Pochon, Pasqualino, Turler; Wittwer, Krebs, Bochatay.
Notes : Lausanne sans Trunz et Baumann (blessés). Contrairement à ce qu’avait annoncé nos confrères d’arcinfo.ch, Vacheron était parfaitement valide pour ce match.

Écrit par Jérôme Verrey