Roger l’extraterrestre

Auteur de la plus belle saison de sa carrière, Roger Federer s’adjuge pour la troisième fois la Masters Cup disputée à Shanghai, le dernier tournoi de la saison réunissant les huit meilleurs joueurs de l’année. Que dire de la prestation du Bâlois durant cette semaine si ce n’est qu’une fois encore il nous a scotché, bavant d’admiration, devant nos écrans de télévision durant chacun de ses matchs. Mais ce n’est pas uniquement la facilité habituelle avec laquelle il a survolé les débats qu’il faut relever au sujet de ce tournoi.

La seule véritable alerte que le Suisse ait connue à Shanghai vint de celui qui fut le dernier numéro un mondial avant que le règne de Maître Roger ne commence, je veux bien sûr parler d’Andy Roddick. En effet, l’Américain réussissait à se procurer trois balles de matches ainsi qu’à mener jusqu’à 5/2 dans le tie-break de la seconde manche avant que la locomotive Federer ne reprenne son allure habituelle et ne s’impose dans un troisième set à sens unique (4/6 7/6(8) 6/4). Après un match pareil, on n’aurait jamais pensé voir David Nalbandian battre Roddick deux jours plus tard en deux petits sets (6/2 7/6(4)), s’emparant ainsi de la deuxième place du groupe à la surprise générale devant l’Américain et un Ivan Ljubicic complètement fantomatique durant ce tournoi.L’autre groupe de ces Masters a lui également été dominé par un seul homme, James Blake, matricule numéro huit au classement mondial et dernier qualifié pour ce tournoi. Dominant Rafael Nadal en deux set (6/4 7/6(0)) alors que ce dernier menait 4/0 dans le deuxième set ainsi que Nikolay Davidenko lors d’un match marathon (2/6 6/4 7/5) qu’il a bien failli perdre, étant complètement malmené durant un set et demi. Dans la bataille pour la seconde place, Nadal prenait le dessus sur le Russe dans une rencontre indécise jusqu’au bout (5/7 6/4 6/4), Davidenko ayant une balle de break sur le dernier jeu de service de Nadal qu’il ne réussissait pas à convertir. Tommy Robredo tint quant à lui parfaitement le rôle de figurant qui lui était dévolu, ne remportant qu’un seul match contre un Blake qui voulait sûrement s’économiser en vue de la demi-finale qu’il allait jouer le lendemain.

Une demi-finale qui fut d’ailleurs vite réglée par l’Américain (6/4 6/1) face à un Nalbandian largement en dessous du niveau requis pour prétendre défendre son titre le lendemain en finale. L’Argentin avait pourtant eu sa chance durant le premier set avant de complètement craquer lors du second. À sa décharge, la perte de son neveu de neuf ans dans un accident d’ascenseur peu de temps avant son match contre Roddick a sûrement affecté son moral durant la compétition. De l’autre côté du tableau, Federer se mesurait à Nadal, son plus sérieux rival cette saison mais sortant d’un match éprouvant la veille et revenant d’une petite blessure qui l’avait tenu écarter de toute compétition pendant un peu moins d’un mois.
Jouant un tennis de rêve, le Bâlois réussit ce qu’il n’était jamais parvenu à faire : battre Nadal sans concéder le moindre set (6/4 7/5). À aucun instant, on ne sentit le Majorquin capable d’inverser le vapeur, se faisant d’ailleurs breaker sur son premier jeu de service après que Federer ait placé trois aces d’entrée de partie. Plus important que la qualification pour la finale de ces Masters, on a le sentiment que ce dernier match contre l’Espagnol a le même goût que la victoire de Roger face à Nalbandian aux Masters de Houston en 2003. Alors que l’Argentin avait remporté leurs cinq premières confrontations le Suisse battait sa bête noire de l’époque et n’était plus inquiété par personne avant l’arrivée de Nadal. Ce dernier reste largement supérieur à Federer sur terre battue, menant par quatre victoires en autant de rencontre mais pour la première fois c’est le Bâlois qui mène sur les surfaces dites dures (3/2).

La finale, elle, ne fut qu’une simple formalité pour Rodgeur. En effet, Blake ne marqua son premier jeu que lors du huitième jeu de la partie, devant déjà effacer deux balles de break d’entrée de second set. Malgré tous ses efforts, l’Américain, bien en dessous de ce qu’il avait proposé jusque-là, ne réussit pas à inquiéter le Suisse si ce n’est en debreakant à 5/2 dans le dernier set et inscrivant un jeu blanc sur son service, bien que cela n’eût aucun effet sur le numéro un mondial qui conclut immédiatement sur son jeu de service (6/0 6/3 6/4). Probablement tétanisé par le fait de se retrouver en finale des Masters, l’Américain tombait en plus sur un immense Federer qui a d’ailleurs qualifié ce match comme étant le meilleur qu’il ait jamais joué.
Que nous réserve la saison 2007 ? Roger, qui effacera le record de longévité en semaine d’affilée en tant que numéro un mondial en février, est en passe de dominer sa bête noire du moment si la tendance se confirme. Le retour de Roddick pourrait peut-être donner du piquant à une compétition dominée depuis plus de trois ans par un Federer impérial à moins qu’un éventuel Safin refasse surface car cela reste le seul qui nous paraisse à même de venir contester la suprématie du Suisse. Mais cela passe par un mental retrouvé ce qui ne semble pas être le cas ces temps-ci.

Si le Bâlois nous ressort une saison aussi fantastique que l’année 2006 (avec en plus un titre à Roland), il ne nous restera plus qu’à applaudir et admirer. Admirer ce génie de la balle et se dire qu’au fond, la seule chose qui nous importe vraiment, c’est que l’extraterrestre reste à des années lumières au-dessus de la masse et continue à nous distiller ses magnifiques gestes techniques venus d’ailleurs…

Écrit par Nicolas Jayet

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