Quel match a été ta pire arnaque financière ?

À l’heure où le SLO solde ses billets de match à 10 francs/pièce (sans prendre trop de risques au vu du nombre de pièces, c’est vrai), il est temps de se poser cette question brûlante: dans quel stade et à quelle occasion avez-vous le plus regretté avoir dégainé votre carte de crédit (ou une liasse de billets pour nos lecteurs les plus vétustes) ? Au sein d’une rédac’ fourmillant de fans du LS, du LHC, du FC Sion et de Gottéron, on devrait pouvoir trouver notre bonheur sans trop fouiller dans les coins. Et ce même sans avoir jamais vu jouer l’Inter Miami.

Paul Carruzzo

Qui dit arnaque dit automatiquement Premiership, la ligue où la pompe à fric a été malheureusement mise en place par Sky Sports pour être désormais bien relayée par les Amazon & Co. Pour ce match, on nous avait vendu du Ginola, du Di Canio, du Ziegler (Reto, si, si Sion) et du Ramon Vega (une sorte de Djourou en moins bien pour les plus jeunes lecteurs). À l’époque, cette magnifique affiche Spurs vs Sheffield Wednesday m’avait été gentiment facturée 65 livres, soit 150 balles vu que la monnaie à Elizabeth valait encore quelque chose en ces temps lointains. Oui, mais une place au poteau de corner me tendait les bras. En fait, j’étais tellement dans le coin du stade que j’aurais pu véritablement me transformer en poteau de corner ! Ne voyant strictement rien dès que le ballon passait le milieu de terrain adverse, je dus me contenter d’observer la dentition approximative de mes voisins qui éructaient des f*** off à répétition avec une passion toute british.

Le spectacle fut tout de même au rendez-vous vu que le match se termina en un bon 0-0 et fut accompagné de belles castagnes entre supporters bien saouls à la sortie. J’avais vu White Hart Lane et je pouvais mourir en paix. C’était déjà ça.

Olivier Di Lello

Le football en Angleterre est très couru. À partir de ce constat, quand tu veux assister à un match de Premier League en passant par un canal officiel, il devient vite difficile de te procurer un précieux sésame (qu’est-ce que je hais cette expression, inventée par le 20 minutes). Ne nous voilons pas la face, si tu comptes assister à une rencontre d’un grand club d’Angleterre, c’est pratiquement devenu impossible pour le commun des mortels. Alors c’est tant mieux, parce qu’en fait ça ne m’intéresse pas plus que ça d’assister à un Chelsea-City et de devoir débourser 300 balles. Par contre, il est possible de se procurer des billets pour Goodison Park (du moins il y a quelques années) où évolue un club moyen dans toute sa splendeur : Everton. Alors oui le billet était à l’époque de 39£ ce qui n’est absolument pas hors de prix.

Alors, où est l’arnaque ? Et bien si tu ne t’y prends pas très en avance, mais que tu attends quelques semaines avant ledit match (face à Hull City en l’occurrence), tu te retrouves avec une place bien pourrie où tu ne vas pas apercevoir l’ensemble de la pelouse ! Le pire est que j’étais parfaitement conscient de ce problème! J’avais déjà assisté à des matches et lorsque tu achètes ton billet, il est mentionné que la vue est obstruée. Mais voilà, quand tu n’as pas le choix, ça reste mieux que le vieux pub de Blackburne Arms…  Cela ne paraît pas très grave de ne voir que 7/8 du terrain, mais je te promets que c’est vite pénible à suivre!

Non le onzième joueur de Hull, Huddlestone, n’est pas caché, il a été expulsé ce jour-là.

Pierre Diserens

Alerte moment historique : la Suisse joue sa qualification directe pour participer à la Coupe du monde de foot 2010 en Afrique du Sud. Pour ce faire, les hommes d’Ottmar Hitzfeld peuvent se contenter d’un match nul face à Israël.

Vous connaissez la suite ? Une purge intersidérale pour un des plus beaux 0-0 de l’histoire de foot. De mémoire, comme seul frisson, un coup-franc de Barnetta qui passe juste à côté du poteau. 

Le spectacle était tellement affligeant que les coéquipiers de Marco Wölfli (Benaglio avait choppé la gastro) se sont fait copieusement siffler lors de leur tour d’honneur pour fêter la qualification. Un grand moment de gênance.

Le tout pour la modique somme de 90 balles. Et le pire c’est qu’on était à moitié plantés derrière un poteau du troisième étage du Parc Saint-Jacques. Ce qui a sûrement dû déboucher sur des torticolis dans les jours qui ont suivi. Vraiment une belle soirée !

Florent Gonnet

Décembre 2018. Quand un collègue m’avait dit « J’ai des billets par l’entreprise de ma femme pour le 6e match de poule YB-Juventus. Tu viens ? », je m’étais dit oui que, ma foi, un match de Champions League avec Ronaldo ça ne se refuse pas. Score final : victoire surprise 2-1 de Berne ! Les titres des journaux du lendemain laissaient même penser à un exploit : « YB s’offre la Juventus avec un doublé de Hoarau ! » ou « YB quitte l’Europe sur une victoire de prestige ». Pourquoi se plaindre alors ?
1. Le groupe était déjà plié, la Juve allait finir première et YB dernier, sans même être reversé en Europa League.
2. Ce 12 décembre, on se pelait les miches sévère. Pour un match sans enjeu, t’as déjà moins envie de sacrifier ton corps à la science.
3. Ronaldo a certes joué tout le match, mais en mode « gestion des ressources physiques pour la suite ». D’ailleurs, quand tu fais rentrer Dybala, auteur d’un triplé à l’aller et en pleine bourre, à la 72e, c’est dire comme tu t’en fous de gagner.

Moralité : à vaincre sans péril on triomphe sans gloire. On m’y reprendra à deux fois avant de claquer 90 francs pour aller voir le match 6 de la phase de groupe joué en mode tintébin !

Mike Gouverno

J’aurais pu invoquer un déplacement de Gottéron à Davos dans les années 90 où mon équipe fétiche avait pris une monumentale rouste, rendant le trajet retour digne d’une marche funèbre, mais non. En 2003, le 11 mai précisément, Xamax se déplace à Bâle pour y jouer une finale de Coupe de Suisse de football. En tant que néo-Neuchâtelois depuis quelques années, je me suis dit qu’il serait sympa de faire le déplacement avec les supporters et d’ainsi me faire adopter dans mon nouveau canton. En plus la presse était plutôt optimiste pour Xamax.

Une fois le prix du billet et du car payés (je ne me rappelle plus du montant, mais c’était forcément trop), c’est avec un 12-pack de bières que je me présente devant le bus qui m’a été désigné, comme durant mon époque ultra de Gottéron. Première désillusion: je suis dans un car de familles et de gens relativement âgés. Pas un chant, pas de « Santé ! ». Arrivé au Stade St-Jacques, nous nous sommes retrouvés quelques milliers, noyés parmi 30’000 Bâlois plutôt agressifs et pour qui l’expression « saine rivalité » n’était qu’un vague concept. 

Eh bien, il n’y a pas eu de match. 6-0, déjà 3-0 à la mi-temps. En plus, même Murat Yakin a marqué un but, c’est dire ! J’ai vraiment regretté d’être là et d’avoir investi le moindre centime pour une journée pareille. On ne m’y a plus pris ! En même temps Xamax ne se qualifie que très rarement pour la finale de la Coupe de Suisse, puisque ce n’est arrivé qu’une seule fois depuis, en 2011, lorsque Chagaev est entré à la mi-temps dans le vestiaire avec des gardes armés (défaite 0-2 contre Sion).

Valentin Henin

ATP Bâle, 2003. Je vous parle d’un temps où Federer perd au 2e tour face à son futur coach Ljubicic, où Nadal perd au 1er tour (sans blessure), où les wild-cards sont distribuées à Wawrinka, Rosset ou encore Kratochvil. D’un temps où on pouvait encore faire du naming avec une marque de cigares. J’ai 10 ans (Si tu m’crois pas, hé ! T’ar ta gueule à la récré !) et je suis déjà fan de tennis. Toute ma famille m’emmène voir la finale du tournoi qui oppose Guillermo Coria à David Nalbandian. La finale du double en guise d’amuse-bouche est terminée, on attend avec impatience l’entrée des joueurs. Nalbandian s’avance et annonce… qu’il a trop mal au poignet et déclare forfait. Le tournoi de Bâle tente de rattraper le coup en faisant venir le Suisse Jean-Claude Scherrer pour un match exhibition contre Coria. Le retour de Bâle en Car Postal est bien long et ma famille a certainement payé beaucoup trop cher pour un match exhibition avec J.-C. 

20 ans plus tard, pour mes 30 ans, ma famille m’offre 2 billets pour aller voir la finale du tournoi de Bâle dont les cigares ont rendu leurs dernières cendres. Ils souhaitent me prendre des billets 1ère catégorie. Ma chère et tendre mère se propose de les acheter mais tombe dans le panneau de la pub sponsorisée par Viagogo. Résultat : des billets sensiblement plus chers que la 1ère catégorie pour en avoir de la 2ème et surtout un suspense jusqu’à l’avant-veille pour finalement obtenir les fameux billets. Deux très belles finales et donc un cadeau réussi mais ma famille et Bâle, ce n’est pas une histoire d’amour.

Joey Horacsek

J’ai beau chercher, je ne vois pas d’arnaque dans les matches auxquels j’ai assisté. Bien sûr, j’ai vu des parties à chier, mais quand tu vas regarder le LS ou la Nati face à Andorre, tu sais à quoi t’attendre (franchement pour celui-ci, heureusement que le billet était offert quand même). Pareil, j’ai souvenir d’un Bâle-YB absolument naze, mais c’était le match du titre en 2015 et l’ambiance valait son pesant de schublig-pain sec.

Non, je dirais que la plus grosse arnaque que j’ai vécue en lien avec le sport, c’était sur mon canapé. Après avoir écumé pendant plusieurs saisons les streamings ouzbeks pour voir mon club favori, Liverpool, je me suis résigné il y a quelques années à finalement passer à un abonnement pour voir la Premier League et la Ligue des Champions. Mais quel enfer ! Ça coûte une blinde, la qualité de l’image n’est pas toujours folle, et surtout les droits changent de diffuseur presque chaque saison. Si bien que pour voir juste une équipe, il faut parfois cumuler des abonnements. Le pompon, c’est cette année, où les droits de la Premier League ne sont pas les mêmes selon les matches. Le tout en te casant encore de la pub pendant ton live, autour de l’image. Et le peuple suisse est davantage choqué par ce qu’il se passe à Gaza…

Raphaël Iberg

Honnêtement, je ne me souviens plus si j’avais dû débourser quoi que ce soit de sonnant et trébuchant ce jour-là, au-delà de mon amour-propre. Le stade ? L’écran géant déployé dans l’Espace Odyssée de feu le Centre Intercommunal de Glace de Malley avec vue sur feu le Stade de Glace de Bienne. Vous verrez que c’est beaucoup de « feu » pour peu d’étincelles. L’occasion ? Le 13 avril 2009, septième match décisif de promotion-relégation entre le Eh Ha Tsé Biou et le Lausanne Hockey Club pour une place en LNA la saison suivante. Il ne fallait pas cligner des yeux ce jour-là, puisque le match s’est joué en 1’30 », le temps pour Thomas Rüfenacht (blessé et dans l’incapacité de tenir sa place) de provoquer le top scorer bioulois Thomas Nüssli en duel, pour Jérémy Gailland d’en faire de même avec le capitaine Mathieu Tschantré (on ne peut pas dire que le choix des adversaires à faire expulser était mauvais, c’est déjà ça). Quatre pénalités de match plus tard, même si on ne le sait pas encore, la rencontre est pliée. Deux pugilats, c’est tout ce que le LHC avait à offrir. 4-0 après 12 minutes, 5-1 score final, les Rouche et Chaune restent dans l’élite et on n’a même pas eu l’occasion de s’enflammer. On aurait aimé que quelqu’un nous parle du débarquement prochain de Petr Svoboda ce soir-là, ça nous aurait sûrement permis de relativiser. Bon, le même gars du futur aurait aussi pu nous avertir qu’on allait se retaper le même crève-coeur à la virgule près en avril 2010…

L’analyse à chaud de la RTS était aussi affûtée que Jiří Sekáč au mois de septembre.

Vincent Roesch

Un certain LS – Yverdon en 1999. Sur le moment, ça ne m’a rien coûté. Par contre, ça a définitivement instauré en moi la passion bleue et blanche. Et c’est là que le bât blesse. Pas seulement financièrement, mais à tous les niveaux.

Car on s’était bien gardé de me donner toutes les infos à l’époque. Pas folle la guêpe. Lausanne jouait alors les premiers rôles en Suisse, tout avait l’air tout beau, tout rose. Puis le ciel s’est rapidement assombri. Du monde des Bisounours, on est rapidement passé à celui des Télétubbies (oui, c’est traumatisant), puis à celui de Chucky. Faillite, relégations, saisons cauchemardesques et j’en passe et des meilleurs. C’est un doux euphémisme que de dire qu’il faut avoir une solide capacité de résilience lorsqu’on supporte le LS.

Voilà donc 25 ans que je paie pour souffrir. C’était pas vraiment le plan de base :

Dépenser de l’argent pour se faire mal. Je fais donc partie de la catégorie des sadomasochistes. Ou des types qui paient pour assister à un concert de Jul.

A propos Raphaël Iberg 175 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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