Davos en playoffs ? Pay up !

… and freeze to death

Le soussigné étant condamné à manquer les Actes V et VI de ce Jan Alston Derby pour cause de voyage d’études au pays des punaises de lit, des transports publics ponctuels et de la baignade interdite, la série ne pouvait décemment épouser que deux scénarios: un sweep en 4 matches ou une qualification au forceps au bout d’un septième acte de la peur. La décision de la rédac’ de casser sa tirelire (un Michael Raffl en porcelaine, comme le vrai) pour envoyer un de ses ignobles scribouillards en troïka à la Vaillant Arena afin de vous narrer un Acte IV (pas du tout) décisif tombait donc sous le sens.

Le match en deux mots

Body & soul.

Il faut effectivement vendre son corps et son âme pour pouvoir se payer une chambre sur place.

Les trois étoiles Le quatre étoiles du match

⭐️⭐️⭐️⭐️ Vous vous doutez bien qu’on ne parle pas ici de notre hôtel. En effet, à la rédac’, tout comme au PLR, on préfère laisser le marché s’auto-réguler pour éviter d’aider un pauvre par inadvertance (avouez que ce serait quand même con). Résultat des courses, on ne touche toujours pas un kopeck pour commettre ces lignes et la Voie lactée grisonne reste fermement hors de notre portée.

La découverte du capitalisme davosien fut brutale pour les premiers touristes d’ex-URSS.

Le tournant du match

Un village sur toutes les lèvres lausannoises samedi soir.

L’occasion manquée (et même non cadrée) par Raffl à la 5ème minute sur un breakaway en infériorité numérique, alors que le LHC avait débuté la partie patin au plancher (en bois), sur un rythme proche de celui sur lequel il avait fini la rencontre de jeudi au cours de laquelle il avait littéralement marché sur le HC Davos sans que cela ne se répercute outre mesure au tableau du score. Bis repetita au centuple à la Vaillant Arena samedi soir.

Davos a vraiment tout essayé pour favoriser l’offensive adverse, allant jusqu’à commettre des fautes en supériorité numérique et en possession du puck. Las, rien n’y a fait.

On pourrait également mentionner l’opportunité galvaudée par Damien Riat à la 44ème minute. En effet, le numéro 9 ne trouvait pas non plus le cadre tout seul à bout portant alors qu’un espoir ténu de ramener quelque chose de l’hémisphère nord persistait. Moins de cinq minutes plus tard, le 4-1 d’Andres Ambühl venait définitivement clore les débats. En tout cas ceux ayant directement trait au jeu. On y reviendra.

Pour rentrer discrétos en cas de défaite. No questions asked.

Les multiples vieux rotoillons en cloche et en pagaille du match

On aurait adoré écrire que se moquer du power play vaudois pendant toute la saison régulière, c’est un peu comme faire blague sur blague sur X au sujet de la photo truquée de Kate Middleton. On se sent un peu con quand on apprend enfin la vérité. Sauf que dans le cas qui nous occupe, la vérité n’a pas changé d’un iota. On a beau nous dire que le chiffre des expected goals du jeu de puissance lausannois crève le plafond, le filet adverse n’a pas ressenti grand chose à ce jour. 8×2′ et 1×5′ contre Davos et un seul but marqué à 5 contre 4, le 5-2 de Lawrence Pilut (57ème), ô combien inutile (et par conséquent d’autant plus beau). Oui, on vous entend d’ici: encore faut-il avoir effectivement un homme de plus sur la glace lorsqu’un adversaire est envoyé en prison. Pas facile à faire quand on accumule 8×2′ et 3×5′ (!) dans le même temps. Bref, on se rabattra donc sur une autre vanne: un Vaudois qui espère remporter un match de playoffs grâce aux situations spéciales, c’est un peu comme si des Stéphanois revendiquaient le record du monde de raclette.

Le saviez-vous ? Il fut un temps où on pouvait également démouler un cake tout chaud à l’aide d’un gant de hockey.

Ces 3×5′, parlons-en d’ailleurs. On peut comprendre que Bozon et consorts aient trouvé le voyage aller bien long (surtout en ajoutant une annulation de train entre Soleure et Olten et une déviation par Berne via Bienne et Lyss avec bébé hurlant dans un régio bondé en prime), mais fallait-il vraiment repousser le retour aussi longtemps en faisant durer inutilement un troisième tiers qui n’aurait dû être que du remplissage (de cannettes Calanda limées de préférence) en chaussant ses gants de boxe ? Oui, c’est les playoffs gna gna gna, il faut faire passer des messages gna gna gna… On a connu des balles tirées dans la direction générale de son propre arpion avec moins de précision. Bref, il est bien futile de prendre des gnons.

Pas des vrais Roudoudous, mais un risque réel de se couper les lèvres.

À part ça on est un peu dur quand même: un but encaissé pour chaque heure de voyage, c’est quand même assez rentable.

Le chiffre à la con

8. Comme le nombre de mètres carrés qui a failli s’appliquer à la superficie de notre chambre d’hôtel (encore elle). Bon, mais il y a une vue sur les montagnes hein (depuis un soupirail ou une meurtrière on imagine) !

On a dû réduire cette image pour la faire entrer dans l’article car elle était plus volumineuse que la chambre.

Pourtant la saison de ski est terminée, le WEF c’est pas en ce moment et la Spengler ne commence que dans 9 mois, donc les prix devraient être abordables, non ? Que nenni ! Après un rapide survol de Booking, il faut se rendre à l’évidence sonnante et trébuchante: On a le choix entre un placard à balais (pardon, à balai sans s, y’a pas la place d’en mettre plusieurs) avec salle de bain commune dans le couloir (MAIS AVEC VUE SUR LES MONTAGNES BON DIEU) et une suite de 60 mètres carrés à 800 balles la nuit (pour la vue sur les montagnes c’est plus cher par contre).

Allez, on va quand même voir les critiques de l’hôtel contenant le placard à balai (y’a-t-il un supplément punaises de lit à payer cash à l’arrivée ?). Fabuleux:

5 (sur 100 ?). Lexiew a kiffé. La gérante du machin s’appelle-t-elle Shirley Jackson ?

Et dire qu’on cherchait juste une colloc’ non fumeuse et non hideuse. 

L’anecdote 1

Tim Bozon fêtait son anniversaire le lendemain de son exhibition de MMA sur la glace davosienne. Et dire qu’il n’a même pas laissé le temps à Kristian Näkyvä de finir de souffler ses 36 chandelles.

Timing is everything.

L’anecdote 2

On est tombé sur le classement de la saison régulière 2022/2023. Vu des playoffs 2024, on dirait un condensé de tous les pronostics d’avant-saison signés par La Tribune de Genève depuis 2003. Comme quoi même une horloge cassée donne l’heure juste deux fois par jour (ou une fois tous les vingt ans dans ce cas précis).

Du côté de Davos et Ajoie, on n’a presque rien remarqué de spécial. Saison normale. (Capture RTS)

Et sinon dans les tribunes ?

Les événementiels, terriblement négligés à Lausanne en saison régulière avec la triste disparition des matches thématiques (remplacés par du hockey de qualité, on aura tout vu), sont de retour au stade depuis le début de cette série. Et ils s’intéressent vachement plus à l’intendance qu’à ce qui se passe sur la glace. En même temps à 10 (dix) balles la panachée frelatée à la Vaudoise, on serait fou de ne pas profiter d’une telle aubaine. Bref, tout ça pour vous dire qu’on avait encore rarement vu autant de gens se ruer vers la buvette ventre (littéralement vu le dénivelé en tribunes) à terre à 300 secondes de la pause alors qu’une pénalité vient d’être sifflée en faveur des locaux. On nous souffle qu’on a probablement affaire à de rudes connaisseurs qui savent très bien que le power play ne donnera rien…

Rien de tout ça à Davos. Enfin à part si vous faites partie de la poignée de Lausannois moins givrés que ceux qui avaient prix – pardon, pris – place dans la cage des visiteurs en compagnie des joyeux drilles de la SO. Non, ceux-là étaient installés en places assises à droite de ladite geôle. Ces braves gens étaient clairement identifiables à leur hilarité débordante sur le 0-1 de Miikka Salomäki (11ème) et surtout à leur siège déserté dès le 3-1 adverse (Chris Egli, 38ème). On louera tout de même le courage local, suffisant pour oser quitter le printemps (relatif) de Landquart et monter à une vitesse folle (46 km en 1h15) vers les cîmes davosiennes enneigées par le train de 16h17. Seule une quête comme celle du titre national ou de l’Anneau Unique pourrait justifier une telle transhumance. Dans le cas de cette ado emmitouflée dans un hoodie du HCD à côté de nous, accompagnée de son daron et plongée dans Tolkien, c’était les deux (« Papi, was heisst « einundelfzigster Geburtstag » ? »).


Si elle nous lit, on a trouvé la réponse sur Reddit.

La minute Simo Häyhä (ouais, faites comme nous: googlisez ce gars)

36 tirs cadrés à 22 en faveur du LHC, 22 tirs bloqués par les Grisons contre 8 par les Vaudois. Une domination plus que nette au-delà des chiffres, le tout résultant en… une défaite par trois buts d’écart (et même pas un dans la cage vide). La conclusion est claire. Club prilléran cherche sniper. Ou a minima gratteur capable de pousser un vieux puck qui traîne au fond. Urgent.

La rétrospective du prochain match

L’Acte V de demain (ou ce soir suivant quand vous tombez sur cet article) à Malley. Autant la suspension de Michael Hügli jeudi ressemblait fort à une tactique gagnante, autant celles de Tim Bozon et Cody Almond… Bon OK, pas celle de Cody Almond. Mais celle du Mike Tyson local risque d’avoir des conséquences un poil plus dommageables pour un match qui ressemble beaucoup au plus important de la série pour Geoff Ward et ses ouailles un chouïa égarés. S’il nous restait plus que 50 centimes et un bouton de culotte en poche après notre séjour davosien, on mettrait volontiers nos billes sur une titularisation de Kevin Pasche. Un seul des deux portiers titularisés de part et d’autre dans cette série a montré qu’il était capable de voler un match pour l’instant. Et il ne se nomme pas Connor Hughes.

Autre avantage notable pour la phalange lausannoise à domicile: les températures torrides de la plaine qui risquent de faire suer plus d’un Bouquetin jaune et bleu.

A propos Raphaël Iberg 174 Articles
"Chaque matin on prend la plume parce que l'on ne peut plus faire autrement sous peine de malaise, d'inquiétude et de remords." Maurice Leblanc

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