Mon dernier séjour à Dortmund remontait au mois de juin à l’occasion d’un inoubliable Suisse – Togo. L’ambiance n’est plus tout à fait la même en ce mois de novembre : les cinquante mille supporters en rouge ne sont plus là, il n’y plus de mur jaune à la Hauptbahnof entonnant un «Never walk alone» de bienvenue, plus de stand bières à chaque coin de rue ni de «fans fest» endiablées sur la Friedensplatz.
Néanmoins, avec ou sans Coupe du Monde, Dortmund est une ville qui vit pour et par le foot. Chaque jour de match, la ville se pare de jaune et noir. Mais pas de vert, couleur de l’affreux logo qui rend le maillot 2006-2007 du BVB extrêmement laid. Du coup, on ne croise pas un supporter ayant revêtu le tricot actuel. Un bel autogoal au niveau du marketing et quelques millions de recettes perdues pour un club qui existe surtout par l’amour immodéré que lui portent ses fans. Cet amour est mis à rude épreuve cette saison car les résultats du Borussia à domicile sont désastreux, avec une seule victoire contre le décevant Hambourg et cinq résultats nuls contre les modestes Mainz, Hannover, Bochum, Bielefeld et Aachen. Pourtant, malgré ces échecs à répétition, nous sommes plus de 70’000 à nous presser dans les travées du vénérable Westfalenstadion pour ce match contre Hertha Berlin.
C’est avec un immense plaisir que nous constatons que la bière locale DAB a repris ses droits dans les buvettes, en lieu en place de l’infect Anheuser Busch servie durant la Coupe du Monde. Après avoir dégusté, comme il se doit, une délicieuse Currywurst, nous gagnons nos places à côté de la monumentale Suedkurve pour un «Never walk alone» repris avec une belle ferveur certes mais sans commune mesure avec un «Never walk alone» d’Anfield Road. Il ne faudra que 52 secondes au Paraguayen Valdez pour nous rappeler que l’on est bien à un match de Bundesliga avec le premier centre (mais de loin pas le dernier) derrière les buts, salué par un concert d’applaudissement du très indulgent public du Borussia. Cette action me fait regretter l’absence pour blessure de Philipp Degen, dont j’arbore fièrement le maillot, ramené après avoir abusé de DAB lors d’un BVB – Bayern sous la neige l’hiver dernier. L’absence du latéral droit de l’équipe de Suisse sera d’ailleurs préjudiciable au Borussia car la performance de son remplaçant, Florian Kringe, a été calamiteuse. Une fois rétabli, ce qui ne saurait tarder, le Bâlois n’aura pas trop de problèmes pour retrouver sa place.
L’ouverture du score berlinoise est typiquement germanique : un coup franc balancé dans le paquet par Dejagah et repris victorieusement par la tête du dénommé Andreas Schmidt. Alex Frei passera tout près de l’égalisation sur un magnifique coup franc en pleine lucarne détourné en corner par le gardien berlinois Fiedler. Le buteur de la Nati s’en ira lui-même botter le coup du coin qui s’en est ensuivi. Avec un succès mitigé, puisque sur le contre Ede profitera de l’absence coupable de l’inutile Kringe pour s’échapper sur le flanc gauche et servir la balle du 0-2 à Gilberto. Après quinze minutes de jeu, le Hertha, venu pour défendre, se retrouvait en position de force pour obtenir sa première victoire au Westfalenstadion depuis le 18 mars 1972 !
On se réjouissait de revoir, sous les couleurs berlinoises, Marko Pantelic, l’homme qui aurait apporté le titre au LS en 1999, si MM. Isoz et Meier n’avaient pas décrété que seul Servette était digne de représenter la Suisse en Champion’s League. Sturm Graz en rigole encore… Après des années d’errance et de galère, le fantasque attaquant serbe semble avoir trouvé ses marques dans la capitale fédérale, puisque il mène le classement des buteurs de la Bundesliga. Malheureusement, esseulé en pointe d’un Hertha minimaliste, il n’aura guère l’occasion de se mettre en évidence. Sinon pour prendre une fois Wörns de vitesse, mais cela ne constitue pas à proprement parler un exploit. On verra bien davantage Alexander Frei, qui sera à juste titre désigné meilleur homme du match. Alex réduira d’abord le score sur un penalty consécutif à une double bévue dans la défense berlinoise comme on n’en voit qu’en Bundesliga. Puis il marquera de la tête un but égalisateur qui lui sera refusé pour un hors-jeu pas vraiment évident, avant de rater un but tout fait juste avant la pause.
A ce moment là, on pensait que le BVB parviendrait à égaliser et à passer l’épaule. Malheureusement, la seconde période a été très décevante. On signalera seulement un sauvetage sur la ligne de Kringe (qui s’est empressé de rendre le ballon à un adversaire dans l’axe) et une volée de Kringe, chronométrée à 86 km/h par les radars du Westfalenstadion mais dirigée en plein sur un défenseur adverse. Malgré une domination écrasante au corner score (10-1), Dortmund ne s’est plus guère créé d’occasion, sinon sur la fin en faisant entrer le défenseur central Brzenska comme centre-avant. Le BVB concédait ainsi sa première défaite de l’exercice sur son terrain. Ce qui n’empêchera pas ses supporters d’être à nouveau plus de 70’000 pour le prochain match. Une fois la rencontre terminée, nous gagnons le centre-ville pour une 3ème mi-temps qui se prolongera jusque tard dans la nuit dans un endroit nommé Bierhaus, dont la seule évocation du nom permet de deviner les activités qui y sont proposées. Décidément, j’adore la vallée de la Ruhr !
Borussia Dortmund – Hertha BSC Berlin 1-2 (1-2)
Westfalenstadion : 70 200 spectateurs.
Arbitre : M. Kircher.
Buts : 10e Schmidt (0-1), 15e Gilberto (0-2), 23e Frei (penalty, 1-2).
Dortmund : Weidenfeller ; Kringe, Amedick, Wörns, Dede ; Tinga, Kruska (77e Pienaar), Sahin (86e Brzenska) ; Valdez, Frei, Smolarek (70e Amoah).
Hertha BSC : Fiedler ; Friedrich, Simunic, Van Burik, Fathi ; Ede (85e Neuendorf), Chahed, Dejagah (77e Cairo), Schmidt, Gilberto ; Pantelic (71e Samba).
Carton jaune : 27e Fathi.
Notes : Dortmund sans Kehl, Degen, Ricken ni Metzelder ; Hertha sans Gimenez, Bastürk ni Boateng.
Écrit par Julien Mouquin
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