Mauvais timing

Le Borussia Dortmund jouait ce week-end son dernier match de la saison au Westfalenstadion. Deux bons mois trop tôt à mon goût. Pour ces adieux, le BVB a dominé Hoffenheim 3-2. Une année trop tard.

Comme la saison dernière, le dernier match de la saison au Westfalenstadion oppose Dortmund à Hoffenheim, lors de la 33ème journée cette année, la 34ème il y a douze mois. Pour le Borussia, le contexte ne varie guère : le club a déjà assuré sa deuxième place et vit surtout dans l’attente fébrile d’une finale contre le Bayern Munich. La seule différence, c’est que, cette année, la finale en question n’est pas celle, aseptisée et fade de la Ligue des Champions à Wembley, mais celle, populaire et festive, de la DFB-Pokal à l’Olympiastadion berlinois. Et c’est évidemment beaucoup plus exaltant, surtout quand on voit tout ce qui est en train de se mettre en place pour accueillir le tsunami jaune et noir qui ne manquera pas de s’abattre sur la capitale fédérale d’ici une dizaine de jours.  

L’occasion ratée

Hoffenheim lui est dans une toute autre configuration qu’il y a douze mois. A l’époque, les Kraichgauer avaient débarqué dans le Pott avec un pied et demi sur l’échafaud puisque seule une victoire au Westfalenstadion pouvait leur permettre d’arracher le sursis du barrage contre la relégation. Longtemps menés 1-0 et malmenés, ils avaient réussi le miracle sur deux pénaltys en fin de match, avant d’arracher un maintien miraculeux lors des Relegationspiele contre Kaiserslautern. On sait que dirigeants et supporters dortmundois sont à la pointe du combat contre ces clubs artificiels qui pullulent en Allemagne (ce week-end, le RB Leipzig est monté de Dritte en Zweite Liga devant 42’000 spectateurs contre Saarbrücken). Et pourtant, lorsque l’opportunité s’est présentée de renvoyer Hoppenheim dans une ligue inférieure d’où il n’aurait jamais dû sortir, le BVB n’avait pas su saisir l’occasion : c’est quelque chose qui nous a souvent été reproché cette saison lors de nos quelques pérégrinations à travers l’Allemagne. Cette saison, Hoffenheim est beaucoup plus serein puisque ce club sans âme a retrouvé la place dans l’anonymat du ventre mou du classement qui est la sienne depuis son arrivée en Bundesliga voilà six ans, à l’exception du titre de champion d’automne en 2008, juste après l’ascension, et de la grosse frayeur de la saison dernière.

Adieux

Une chaleur estivale envahit le Ruhrpott, terrasses et Biergarten affichent complet et c’est déjà la fin de saison, c’est vraiment dommage. Finalement, je crois qu’on devrait disputer toutes les Coupes du Monde au Qatar, en plein hiver, histoire de pouvoir profiter de l’été pour jouer en Buli. Un dernier match de la saison à domicile, c’est toujours un petit pincement au cœur, l’adieu à tous ces gens avec lesquels on a partagé une passion, des émotions fortes, des joies, quelques peines aussi, pendant neuf mois de compétition intensive, des personnes que rien ne me prédisposait à rencontrer mais avec lesquels je me suis retrouvé autour d’unser Borussia. Il y a les potes du Confoederatio Helevetica Borussia, Kathrin, Maik Thomas M., Thomas S, Steffu, Lisa, Andrej, Katja, Micha, Andreas, Matze, Tinu, Dominik, Urs, Rico et tous les autres que je me réjouis de retrouver la saison prochain, enfin pour ceux que je ne vais pas croiser à Berlin. Ensuite, c’est le tour des Borussenstern, Thomas, Mathias, Pille, Stefan, Heike, Marwin, Dietmar, Josip et compagnie ; je crois que je vais accepter votre invitation pour l’assemblée et la Party de fin de saison, même si parcourir 1440 kilomètres pour une AG à laquelle je ne vais rien comprendre, ce n’est plus de la passion mais de la rage.
L’étape suivante c’est le Block 85 et mes fidèles voisins, Karli, Gregor, Christoph, Detlef : tout le monde rempile pour la saison prochaine. Au LHC, j’étais assez indécis de reprendre l’abonnement, il a fallu que je me fasse un peu tirer l’oreille par le président du conseil d’administration entre un séminaire et un cocktail dinatoire pour repartir pour un tour ; à Dortmund, je pense que je ne vais pas hésiter trop longtemps, surtout que, après avoir échoué trois saisons consécutives à 16 matchs de Bundesliga sur 17 au Westfalenstadion, j’ai cette fois réussi le Grand Chelem et assisté aux 17 matchs. Avec mes deux abonnements. Merci donc à celles et ceux qui m’ont tenu compagnie et ont supporté mes sautes d’humeur et états d’âme, Joanna, Sarah, Déborah, Denis, Damien, Jo, Dan, Alex, Kevin ou Philippe.   

Adieux (bis…)

On poursuit dans les adieux, plus impersonnels. C’était le dernier match de Robert Lewandowski au Westfalenstadion. Malgré le coup tordu qu’a constitué son départ gratuit pour Munich, le Polonais a droit à une ovation monstrueuse du peuple jaune et noir, qui préfère se souvenir de toutes les émotions qu’il nous a fait vivre plutôt que lui garder rancune pour sa trahison. C’est aussi ce qui rend le public dortmundois si unique. D’abord un brin réticent, je me joins aux vivats mais n’irai pas jusqu’à souhaiter plein succès à Robert pour la suite. Et je ne pourrai retenir un vague sentiment de Schadenfreude si, dans douze mois, Lewa vient étaler son spleen munichois dans la presse populaire, déçu de son temps de jeu et d’une organisation tactique ennuyeuse et inefficace, comme l’a récemment fait Mario Götze. Si je peux donner un conseil d’(ex)-ami à Götzinho et à ses petits camarades Müller, Mandzukic, Kroos et Martinez, qui ont tous émis le souhait de quitter au plus vite le Bayern et surtout son entraîneur, c’est le suivant : votre cher club ne vous accordera pas de bon de sortie, le seul moyen de vous débarrasser de l’imposteur sur le banc, c’est de prendre une nouvelle claque en finale de DFB-Pokal. N’hésitez pas : en face il y aura onze mecs sur le terrain, et probablement 100’000 dans les tribunes, rues, jardins et places de Berlin, tous en jaune, pour vous assister dans cette noble entreprise.   

324 secondes

Ce qu’il y a de bien avec ces parties de liquidation, c’est que les équipes ne sont pas trop concentrées, ça garantit des buts et du spectacle. L’entame du BVB est calamiteuse, Roberto Firmino fusille d’entrée Weidenfeller et il faut un sauvetage miraculeux de Mats Hummels devant Kevin Volland pour éviter le 0-2. Les Pöhler se disent alors qu’une nouvelle défaite contre cet adversaire honni ferait un peu tache et passent la vitesse supérieure. Il suffira de trois cent vingt-quatre secondes et trois buts pour plier le match, une frappe enroulée de Kevin Grosskreutz, un centre de Marco Reus repris par la tête d’Henrikh Mkhitaryan et une volée de l’extérieur de Lukasz Piszczek. Même dans une partie sans enjeu, ces instants de grâce où le BVB, porté par la clameur folle descendue des tribunes vertigineuses du temple de la Strobelallee, balaie tout sur son passage en quelques minutes sont toujours savoureux. C’en était fait des espoirs d’Hoffenheim, même si une grosse bêtise de Roman Weidenfeller sur une frappe lointaine de Niklas Süle donnera un peu de piment à la fin de match. Evidemment, on aurait préféré que cette victoire intervienne une année plus tôt, histoire d’en finir avec Hoffenheim mais on ne refait pas l’histoire. Et c’est dans la joie et l’allégresse que les Pöhler ont pris congé de leurs fans avant de mettre le cap sur Berlin. Et plutôt deux fois qu’une : d’abord pour la répétition générale contre le Hertha en clôture de la Bundesliga puis pour l’apothéose avec cette finale de Coupe contre le Bayern Munich. La saison touche à son terme mais le meilleur est (peut-être) encore à venir ! 

Borussia Dortmund – TSG 1899 Hoffenheim  3-2 (3-1)

Signal Iduna Park, 80’200 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Welz.
Buts : 5e Firmino (0-1), 29e Grosskreutz (1-1), 31e Mkhitaryan (2-1), 34e Piszczek (3-1), 66e Süle (3-2).
Dortmund : Weidenfeller ; Piszczek, Papastathopoulos, Hummels, Schmelzer; Jojic, Sahin; Mkhitaryan (81e Hofmann), Reus (76e Aubameyang), Grosskreutz; Lewandowski (91e Schieber).
Hoffenheim : Grahl ; Johnson, Abraham, Süle, Beck; Strobl (85e Nazario), Polanski (61e Gyau); Elyounoussi (54e Salihovic), Firmino, Rudy; Volland.
Carton jaune : 32e Polanski.
Notes : Dortmund sans Subotic, Blaszczykowski, Kirch, Sarr, Kehl, Bender ni Gündogan (blessés), Hoffenheim sans Modeste (suspendu), Casteels, Schipplock ni Vukcevic (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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2 Commentaires

  1. A priori Marco a une clause libératoire mais je ne vois pas trop quel club pourrait la payer, je ne crains pas un départ ce été.
    On ne perd qu’un titulaire par mercato estival, Nuri en 2011, Shinji en 2012 (Lucas ne jouait déjà plus beaucoup à cette époque), Götzinho en 2013 et Lewa cette année.

    Assez bonne interview de Watzke à ce sujet, traduite ici en français:

    http://www.borussia.fr/watzke-suivre-notre-chemin-22/

  2. Yep sympa comme d’hab, merci a toi pour ta passion pour mon (notre) club.

    Et Reus tu le vois continuer? Perso c’est le joueur que j’aime le plus dans l’equipe, mais j’ai un peu peur qu’il parte cet ete deja

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