Saga 1994 : Mister Georges, le porte-bonheur de Roy Hodgson

Comme promis, voici le premier portrait de notre saga des légendes de 1994. Avec sa moustache et sa patte de velours, Georges Bregy a fait rêver toute une génération. Qui a oublié ses coups francs magiques face au USA à Detroit ou face à l’Ecosse à Berne ? Retour 20 ans en arrière avec ce portait qui est suivi d’une petite interview effectuée il y a quelques jours.

Enfant de Rarogne, Georges Bregy représente fièrement les couleurs de toute une région, le Haut-Valais, et symbolise toute la tradition d’un club qui a fourni des grands noms au football. Avant lui, les Burgener, Wampfler, Salzgeber, Amacker, Troger ou autres Imboden ont été les ambassadeurs de ce club de village de 1’400 âmes, fondé en 1943 et qui a milité quatre saisons en LNB. Pas étonnant que Georges, si attaché à sa terre natale, ne revienne à ses premiers amours. Sa maison est sise à 200 mètres du stade de Rhoneglut. Même sous contrat avec Young Boys, Bregy s’astreignait aux déplacements, si bien que le tunnel du Lötschberg n’a plus de secret pour lui : «Je suis représentant de la firme Puma et j’ai l’habitude de couvrir des kilomètres. Cela me change les idées.»
Le stratège porte-bonheur de Roy Hodgson a décidé de terminer en apothéose : «C’est la plus belle manière de mettre un terme à ma carrière dans l’élite. Le poste d’entraîneur-joueur de Rarogne représente de toute façon un tremplin intéressant. Je ferai mes premières armes comme entraîneur sans pression puisque le club n’a pas d’ambition démesurée. Nous continuerons notre rôle de formateur.»

Bregy avait pourtant reçu des offres de clubs de LNA : «A cause de la Coupe du Monde, je ne pouvais pas m’engager à prendre mes fonctions dès le 1er juillet, à mettre sur pied une équipe, à diriger la préparation et décider des transferts», explique sans regrets le moustachu. «A Rarogne, Daniel Brégy (ndlr : sans lien de parenté) connait bien le groupe et me secondera jusqu’à mon retour d’Amérique.»
Connaissant la malice du bonhomme, il n’est pas étonnant qu’une clause de son contrat stipule qu’en cas d’offre intéressante à l’étranger ou de la part d’un club de LNA, il serait libéré de ses engagements avec Rarogne. Mais Georges a de la suite dans les idées : «J’ai le diplôme B, le A est déjà commencé.»
Vétéran, il ne veut pas gâcher son plaisir à la Coupe du Monde. «Après quatre ans et demi sans équipe nationale, je n’ai jamais pensé y revenir un jour. Autant dire que la phase finale, c’est un sentiment indescriptible. J’ai pu démontrer à mes détracteurs que je n’étais pas fini, comme ils pouvaient l’imaginer en 1988 alors que j’évoluais en LNB à Martigny». Clin d’oeil à Bertine Barberis qui a relancé sa carrière. Après Lausanne pourtant, le Haut-Valaisan est retourné à Berne, où il avait contribué à la conquête du titre national en 1986.

Papy Georges et les arbitres

A l’unanimité, les arbitres de LN lui ont décerné la palme du joueur le plus insupportable sur la pelouse : «Je veux qu’ils soient corrects. On voit que certains n’ont jamais joué au football. Ils ont appris le football en théorie. Il leur manque le feeling. Au niveau international, je n’ai écopé que de deux cartons jaunes.»
De toute façon, Bregy reconnait des mérites aux hommes en noir : «Il faut être fait pour cela. Je sais que je ne serai jamais arbitre. Je préfère me tourner vers le rôle d’entraineur, apporter aux jeunes toute l’expérience accumulée durant ma carrière.» Et inculquer au passage l’art immodéré de transformer en or toutes les balles arrêtées. «C’est une question de nerfs, de concentration. Le pied ne tremble pas. A la longue, on anticipe les réactions du gardien.» Dit comme cela, ça a l’air vraiment simple…
Georges apprécie un bon verre de vin, de préférence de la cave de son ami Amédée Cina de Salquenen, et les arts de la table. Avec son épouse Marianne et ses deux enfants, il partage la passion des sports d’hiver et cultive le goût des bonnes soirées entre copains. Mais Georges le bon vivant reste désormais muet à l’heure de l’hymne national : «Je l’ai chanté à tue-tête une fois, contre la Russie, et nous avions perdu 4-0 !»

Interview, 20 ans plus tard

Georges, quel est ton meilleur souvenir de la Coupe du Monde 1994 ?
Le plus beau souvenir est certainement le match contre les Etats Unis et spécialement mon but. De plus, grâce à ce but, je rentrais dans l’histoire pour avoir marqué le premier de l’équipe de Suisse en Coupe du Monde  après 28 ans (ndlr : le dernier était celui d’un autre Valaisan, René-Pierre Quentin). Mais l’ensemble de la World Cup a été pour moi une expérience formidable. C’était non seulement le point culminant mais cela marquait également la fin de ma carrière professionnelle. Jouer au Silverdome était un souhait et cela a été un moment unique. Pendant l’hymne national, je devais me répéter : «Georges, tu n’es pas en train de rêver. Tu es vraiment là.» J’en avais la chair de poule. Et de représenter la Suisse après 28 ans d’absence dans cette compétition majeure a été une très grande fierté.
Quel est ton plus mauvais souvenir ?
Sans aucun doute l’élimination contre l’Espagne. On n’était pas loin de nous qualifier et on aurait pu aller encore un bout dans la compétition.
Quelle est ton occupation actuelle ?
Je suis expert pour la Coupe de Suisse auprès de l’ASF. Je fais la présentation des matches et rédige mes commentaires sur les équipes en compétition et enfin j’analyse les rencontres. Je travaille aussi comme conseiller à la clientèle à la Bâloise Assurances
Quel est ton pronostic pour l’équipe de Suisse au Brésil ?
Notre équipe nationale a un gros potentiel pour atteindre les huitièmes de finale. J’ai une grande confiance en elle et cela ne m’étonnerait pas de la voir arriver jusqu’en demi-finale. Je ne voyagerai pas au Brésil car j’ai divers engagements en Suisse à cette période.
Merci Georges !

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5 Commentaires

  1. Des types comme ça, t’en fais plus aujourd’hui! Et comme tireur de coup-franc, j’en ai pas vu un lui arriver à la cheville depuis! Un grand bonhomme!

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