L’Eto’o se resserre

Arrêtez de rêver ! L’épopée des «nineties» du Cameroun de Roger Milla n’est qu’un lointain souvenir, comme une danse du ventre au coin d’un poteau de corner. La réalité du football camerounais est simple : «une seule main ne peut ficeler un paquet», surtout si cette main de vétéran s’appelle Samuel Eto’o. Que dire des infrastructures sportives du pays construites à la veille de la CAN 1972 ? Et des discussions récurrentes et sans fin au sujet des primes des joueurs, dirigeants, coupeurs de citron et ramasseurs de balle ?

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ? «Si quelqu’un te surpasse, porte son sac», dixit un vieux proverbe camerounais trouvé dans les tréfonds de Google.
10 mai 2014, 12h41 quelque part sur Whatsapp : «Hé le Turc ! Tu serais d’accord de m’enlever une épine du pied en faisant le Cameroun pour mercredi ?». Estampillé spécialiste africain, mes qualités de négociateur ne m’ont pas permis de convaincre le réd’chef tout puissant de me céder la Russie (avec la Crimée en prime). J’ai donc décidé de porter son sac et de me farcir les problèmes de primes des millionnaires de Yaoundé.
2) A quoi sert ce pays ?
Ce pays est une source d’inspiration pour tous les fans de proverbes africains. Ces derniers t’inculquent des valeurs et te guident dans la vie de tous les jours :
– «Quand on n’a qu’une lance, on ne doit pas s’en servir contre un léopard». J’imagine qu’on doit courir alors ? Courir vite.
– «Un oiseau qui jacasse ne construit pas de nid». Qu’en est-il d’un pigeon d’or ?
– «Si tu penses à un rhinocéros, grimpe à un arbre». Et si je pense à la femme d’Alexandre Song ?
Footballistiquement parlant, le Cameroun sert à danser le – Roger – mia à chaque but (pas souvent donc) et à rater les pénaltys décisifs ! Allez demander à Pierre Womé (et Samuel Eto’o) ce qu’ils en pensent.

3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
En ne ratant pas le pénalty à la 94e du match décisif comme en 2005. Placé dans un groupe ultra-super-méga relevé, composé… de la Libye, de la RD Congo et du Togo, le Cameroun a dû battre la Libye par le plus petit des scores lors de la dernière journée pour virer en tête. Autant la Libye et la RDC avaient de nombreuses cartouches dans leurs fusils (même des RPG), autant le Togo a réussi l’exploit d’aligner un joueur non-qualifié et offrir 3 points sur un plateau de diamant aux Lions. Les hommes de Volker Finke ont ensuite battu la Tunisie en barrage (0-0 et 4-1).
Pourquoi se sont-ils qualifiés ? Car «même un animal à quatre pattes ne peut suivre deux chemins à la fois».
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Car comme le dit un proverbe camerounais bien connu «le fond de la pirogue ne dit pas ce qu’il y a au fond de l’eau»… Il ne faut donc pas croire les apparences. Il n’y a pas que des tocards et Eto’o dans cette équipe mais bien un collectif (au fond de l’eau). D’ailleurs, même en cas de défaite au premier match, rien n’est perdu car, comme le dit un proverbe camerounais (oui encore un), «un lion ne meurt pas, il dort». Espérons que les Lions domptables se réveilleront à temps pour atteindre les quarts de finale, exploit qu’ils n’ont réussi à faire qu’une seule fois, en 1990.
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Car selon Wikipédia, les premiers habitants du Cameroun furent des chasseurs-cueilleurs et non des footballeurs comme en Espagne (selon les livres de la préhistoire madrilène). Et surtout, «quand tu veux traverser la rivière infestée de crocodiles, méfie-toi des troncs d’arbre qui ont l’air de crocodiles : ce sont peut-être bien des troncs d’arbre». En gros, les tireurs de pénalty camerounais ont des pieds carrés ou des Ibrahima Bakayoko (c’est selon) ; pourtant ils ont bien l’air d’avoir des pieds de footballeurs mais au final c’est bien des pieds carrés (vous m’avez suivi ?). Sans oublier qu’en 6 participations, si on excepte l’aventure italienne de 1990, ils n’ont jamais passé la barre indomptable du 1er tour.
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Pierre Womé, surtout s’il doit tirer un pénalty. Ce qu’il faut avant tout surveiller c’est sa maison familiale à Yaoundé, déjà saccagée en 2005 par des jeunes supporteurs en colère. C’est vrai que rater le penalty décisif pour la Coupe du monde 2006 à la 94ème, ça fait mal au sac.
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
Ils vont être aussi ridicules que la coupe de cheveux de leur défenseur hippie Assou-Ekotto, le David Luiz africain… Il doit fumer de la bonne et doit probablement se ravitailler auprès de son coéquipier Gaétan Bong.

Dois-je vraiment développer ?
8) Une bonne raison de les supporter ?
Il y en a plusieurs. Qui ne voudrait pas supporter des joueurs aux noms et prénoms aussi farfelus ? Choupo-Moting, Allan Nyom, Armel Kana-Biyik, Dany (ni tête) Nounkeu, Sammy Ndjock font certainement rêver. On se réjouit que PAD essaie de les prononcer. De plus, il faut les encourager car s’ils gagnent leurs matchs, le Brésil, la Croatie ou le Mexique l’auront dans le (Nicolas) Nkoulou !
9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Samuel Eto’o ! Né dans la ville de Nkon, il l’est resté, Nkon. Brillant attaquant, il est l’incarnation du joueur imbu de lui-même, possédant un melon surdimensionné bien plus grand que son compte en banque (et pourtant ce n’est pas chose facile). A l’image de son entrée en jeu contre l’Atletico de Madrid, il va faire le bonheur des attaquants adverses s’il revient défendre !
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Terminons par un dernier proverbe : «Lorsque la girafe mange les soirs de pleine lune, les 22 jeudis suivants seront orageux mais les cultures seront bonnes». Suivant cette devise, si on met Eto’o dans un arbre, le Cameroun ira forcément en finale mais seulement s’ils mangent des Corn Flakes les jeudis, ou un truc du style. Bon sérieusement, vous y croyez-vous à celui-ci ?

Écrit par Daniel Corthésy

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4 Commentaires

  1. Magique l’article!

    Il est clair que rien que l’imbuvable Eto’o arrive à lui tout seul à ne pas nous faire encaisser cette équipe. J’avais vu un reportage sur ce mec quand il jouait en Russie, à baffer le type!

  2. Ce n’est plus du tout le Cameroun- panache de 1990-94, le style s’est « européanisé » et la défense (jadis point fort) est extrêmement friable.

    Va finir dernier de son groupe avec 0 points.

    Pauvre lion : vieux, édenté et fragile.

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