Infiniment orgasmique

Ça y est, Sion sauve sa saison et ramène, de Berne, le trophée préféré des Valaisans. Bien mal emmanchée, la partie finira par sourire, comme d’habitude, aux Sédunois. Retour sur une journée de folie marquée par cette onzième victoire en Coupe et par l’incompétence de l’ASF.

J’aime la Coupe !

Une journée de finale de Coupe n’est pas une journée banale. Déjà rassemblé à 11 heures sur la place du midi à Sion, les terrasses sont colorées et la tension se fait sentir. Les premières bières ingurgitées à l’apéro, les choses sérieuses peuvent commencer et la marche sur Berne démarrer. Les trains bondés convergent vers la capitale. Emplis de Valaisans assoiffé (de victoire mais pas que), l’ambiance y est déjà légendaire. La bière coule à flot, les assiettes valaisannes circulent et on ne parle plus que de ça, ce onzième trophée !

Arrivée en gare de Berne, la foule se concentre dans le hall central pour le prendre d’assaut et entonner les nombreux chants à la gloire de notre équipe. La prise dure plus d’une heure et avant que les esprits s’échauffent, les hordes des supporters prennent la direction du Stade de Suisse. Arrivée sur place, la foule ferroviaire rouge et blanche est maintenant compact, rejointe par les nombreux supporters venus en bus ou en voiture. On peut y croiser une vache grandeur nature, un superman valaisan ou encore des officiers romains.

C’est alors que la prise de nos quartiers débute. «On est chez nous !», comme aime le rappeler le chant valaisan. La foule ne tarde pas à se montrer à son aise dans un stade qui, bien que rénové, n’a pas faussé les souvenirs de nombreux supporters pour qui c’est la 5ème, 8ème ou encore 11ème finale. Les drapeaux s’agitent, l’adversaire jaune et noir est jaugé, le secteur bondé et les esprits concentrés : le match peut enfin commencer !

Entame catastrophique

La partie débute et plutôt mal. Mal disposé sur la pelouse artificielle du Stade de Suisse, Sion est gagné par une nervosité inhabituelle mais somme toute logique compte tenu de l’enjeu de la partie. Vite dépassé, l’équipe valaisanne se montre coupable de plusieurs faute de concentration. YB touche une première fois du bois sur une tête en retrait approximative de Alioui, peu à son aise en ce début de match. Fermino, lui aussi dépassé, se fait alors coupable d’une faute indéniable sur Varela dans l’angle de la surface. Le pénalty est transformé par Yapi Yapo et la tension psychologique grandit. L’avantage bernois est doublé un quart d’heure plus tard sur une tête contre son camp de Alioui.

Il est 21h07, la tribune rouge et blanche est silencieuse. Dépité, je brise, de rage, une énième hanse des petits drapeaux mis à disposition sur les sièges valaisans. Sur un ton défaitiste,  je dis à mon voisin : «Sion n’a jamais remonté deux buts cette saison en championnat». «Oui mais c’est la Coupe», me répond-il. Convaincu par cette réponse, je ne me résous donc pas à capituler. L’équipe valaisanne non plus ! Sur sa deuxième incursion sérieuse, un centre de Fermino dévié par Afonso et relâché par Woelfli permet à Obradovic de réduire la marque. L’espoir renaît !

Retournement digne de la Coupe

Ce but, juste avant le thé, a requinqué l’équipe valaisanne. Sous l’impulsion d’un Obradovic taille patron, la légende commence à rattraper l’Histoire et s’apprête à apposer une nouvelle ligne dans le palmarès sédunois. La pression s’intensifie et le mental des Bernois s’effrite tout comme leur jeu. Sept minutes à peine après la reprise, un coup franc d’Obradovic arrive miraculeusement dans les pieds de Sarni qui, d’un gauche puissant à bout portant, crucifie Woelfli.

La suite n’est que bonheur. Relâchée, l’équipe valaisanne va alors dicter son rythme au jeu et les occasions commencer à se multiplier. Tentative de Reset, coup franc de Monterrubio, incursion de Crettenand, le vent a tourné ! Et c’est presque naturellement qu’à la 88ème minute, Afonso bien servi par Obradovic se jouait de la défense des abeilles pour ajuster boucle d’or. Orgasmique, jouissif, merveilleux, fantastique, incroyable, irréel !

Les six dernières minutes sont anecdotiques. Sion l’a fait !  Comme en 1991 et en 1996, il a remonté un résultat défavorable de deux unités pour finalement l’emporter. Les 12’000 Valaisans présents jubilent et entonnent un «auf wiedersehen» ! Le public jaune et noir n’en revient pas : après avoir mené 2-0, leur équipe s’incline ! Dans leur stade, sur leur pelouse, Sion les a nargués une fois de plus !

Le stade s’enflamme et nous fêtons dignement notre équipe. Les tours d’honneur se multiplient et la communion entre joueurs et public est totale. Mozambicain, marocain, hongrois, suisse ou égyptien, tous ont fait honneur aux mêmes couleurs et au même maillot. Les Africains dansent autour de la Coupe, El-Hadary s’installe sur la barre transversale, Crettenand s’en vient communier avec les supporters. Les torches craquent, les chants retentissent, les frissons m’emplissent et tous se prennent inlassablement dans le bras. C’est fait ! La légende l’a une fois de plus emportée !

Le retour en train est plus calme. L’heure étant déjà avancée, les dernières forces se conservent pour l’accueil de nos héros sur la place de la Planta. Il est déjà 3 heures du matin mais l’avenue de la Gare est noire de monde. Le char de carnaval garni de nos héros remonte vers une scène installée sur la place traditionnellement réservée à l’accueil de la Coupe. Devant une foule considérable, le capitaine brandit une première fois la Coupe sous les acclamations. S’en suivra la présentation de l’ensemble de l’équipe et du staff par un Crettenand survolté et maître de cérémonie improvisé. L’image est belle, l’harmonie parfaite et la photo inoubliable. Ces souvenirs resteront gravés dans l’Histoire et dans nos cœurs à jamais. Merci Sion !

La conspiration défaite !

Le club de la capitale qui n’est pas capable de gagner un titre depuis 22 ans, ce n’est quand même pas terrible. Dans un pays où on aime bien que les trophées finissent dans les mains des équipes du «big three» suisse allemand (YB, Zurich et Bâle), l’ASF priait pour que les pouilleux valaisans ne ramènent pas encore une fois cette Coupe. Tout avait alors été mis en œuvre pour favoriser les grands pontes suisses allemands et plus particulièrement Young Boys.

Commençons par le choix de la date et du stade. Agendé exceptionnellement ce mercredi 20 mai, le choix de cette date inhabituelle devait permettre aux guignols de l’ASF de pouvoir se rendre aux Bahamas pour le congrès de la FIFA. Il est vrai que leurs présences étaient indispensables. S’étant alloué plus de 5000 billets (!), les amis du football suisse – comme ils aiment à se définir – n’ont pas manqué de soutenir ouvertement les Bernois. Rien que la gueule à Zloczower remettant la Coupe démontrait l’étendue de leur détresse devant un mythe qui les dépasse complètement.

Le choix du stade et de la surface n’était, lui non plus, pas là pour favoriser le visiteur valaisan. Prévu au Stade de Suisse depuis longtemps, le hasard a voulu qu’YB se qualifie pour la finale. Pourquoi diable n’est-il pas possible de fixer un stade neutre suite aux demi-finales ? Nous possédons trois voire quatre stades capables d’accueillir un tel évènement. Comme pour Bâle l’an passé, l’avantage est indéniable. Puis passons à la surface, au risque de me faire traiter de vieil aigri conservateur, le football se joue sur gazon naturel et pas sur un tapis de lambeaux en caoutchouc. Comment l’ASF peut-elle cautionner cela ?

Le choix de l’arbitre était lui aussi particulièrement curieux. Jamais Sion n’avait gagné sous les ordres de Monsieur Circhetta et celui-ci avait même sorti cinq cartons rouges et sifflé trois pénaltys en 11 parties. Le protêt du dictateur était certes risible mais il n’en demeure pas moins que le choix de l’arbitre ne favorisait, à première vue, pas le FC Sion. L’homme en orange s’en est tiré à merveille et a sifflé de brillante manière.

Incompétence chronique

A propos de mercredi, l’organisation fut la aussi catastrophique. Les trains spéciaux valaisans se sont donc acheminés jusqu’à la gare centrale bernoise. Peut-on m’expliquer à quoi sert la gare du Wankdorf ? Oui vous savez celle située à 100 mètres du stade. Il était probablement bien plus astucieux de laisser plusieurs milliers de Valaisans survoltés et fortement alcoolisés arriver à 16h30 en gare centrale et faire un cortège depuis celle-ci jusqu’au stade.

Tiens, parlons-en de ce cortège ! Aucune indication concernant la direction à prendre pour aller au stade, ni même des hordes de policiers pour éventuellement nous y accompagner. Et lorsqu’on en prenait la direction, des barrières de policiers signifiaient que ce chemin était réservé aux Bernois et qu’un autre itinéraire était à la disposition des Valaisans. Et quel itinéraire monsieur ? Celui qui nous a pris plus d’une heure de marche et qui nous a fait traverser une multitude de quartiers de la capitale suisse. L’itinéraire réservé aux Bernois ne faisait pas plus de 20 minutes…

La presse a donc pu dès jeudi se délecter des incidents survenus en gare centrale. Du vandalisme sur le chemin menant au stade tout comme des pugilats survenus au centre ville. Autre exemple d’une organisation vraiment désastreuse, l’entrée dans le stade fut elle aussi mal organisée. Deux entrées prévues pour tout le gradin sédunois. Une troisième ouverte à 10 minutes du départ car les esprits s’échauffaient. De nombreux supporters valaisans ont pénétré dans l’enceinte une fois le match entamé (pour certains plus de 20 minutes après). Déplorable ! En face, le gradin bernois était parfaitement rempli, évidement plus de cinq entrées étaient disponibles…

Je passerais sur l’incompétence des cantinières incapables de tirer une bière (sans alcool en plus) et qui prenaient une éternité à servir (lenteur bernoise ?). Je préfère m’attarder sur le retour en gare centrale de Berne. Là encore, la gare du Wankdorf n’aurait probablement pas fait l’affaire vu qu’elle se trouve à 100 mètres du stade, mieux vaut faire traverser toute la ville aux Valaisans ravis de narguer des supporters adverses particulièrement agressifs. Des navettes existaient, paraît-il, entre le stade et la gare. Des gens nous indiquant où les prendre n’auraient pas été superflus à mon goût, étant donné que presque personne ne les a trouvées.

La cerise sur le gâteau se trouvait une fois de plus en gare centrale. Là, des policiers immobiles et stoïques devant les débuts d’affrontements attendaient patiemment que ça dégénère pour ne pas intervenir. Je vous réserve maintenant la réponse de l’un d’entre eux lorsqu’une amie lui a adressé la parole :

«Est-ce que l’un d’entre vous peut nous accompagner jusqu’à la voie 10, c’est en train de dégénérer la bas»

«Si ça dégénère on ne peut rien faire. Débrouillez-vous et courez si jamais»

Merci beaucoup pour votre aide, votre rôle n’est apparemment que dissuasif et il ne dissuade plus grand-monde. C’est malgré tout vivant que nous avons repris le train en direction du vieux pays et célébré la victoire. Et finalement, c’est ce qu’on retiendra de cette journée légendaire !
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Young Boys – Sion 2-3 (2-1)

Stade de Suisse, 31’789 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : M. Circhetta.

Buts : 22e Yapi (penalty) 1-0. 36e Alioui (autogoal) 2-0. 41e Obradovic 2-1. 52e Sarni 2-2. 88e Afonso 2-3.
Young Boys : Wölfli; Portillo, Ghezal, Schneider; Schwegler, Yapi, Hochstrasser, Raimondi (60e Bastians); Varela (46e Doumbia), Schneuwly (77e Häberli), Regazzoni. Entraîneur : Petkovic.
Sion : El-Hadary; Vanczak, Alioui, Nwaneri (34e Sarni), Paito; Fermino (67e Crettenand), Serey Die; Reset (91e Ahoueya), Obradovic, Monterrubio; Afonso. Entraîneur : Tholot.
Notes : Young Boys est au complet. Sion sans Saborio ni Dominguez (écartés du contingent), Couchepin, Kali ni Mfuti (en tribune). Sion joue sous protêt en raison de la non-récusation de l’arbitre par l’ASF.
Cartons jaunes : 26e Varela, 29e Obradovic, 54e Raimondi, 58e El-Hadary et Doumbia, 63e Sarni, 65e Yapi, 75e Bastians, 78e Portillo, 79e Alioui, 89e Afonso, 94e Schneider.
Corners : 7-6 (4-2).

Écrit par Ernest Shackleton

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15 Commentaires

  1. oui, merci pour ces précisions concernant l’organisation. Ne lisant que les titres des journaux, je ne voyais que le coté négatif d’une telle rencontre. Sinon, ben… bravo pour la coupe!

  2. Et que dire des commentaires de « leur télévision »… la TSR qui s’est ingénié à ne répéter que deux « événements » tout au long de la transmission: (1) qu’il y a aucun sédunois dans cette équipe (lorsque Sarni et Crettenand sont apparu, c’était soudain la fête) et la « violence autour de la gare » (qui faisait écho à la prise de bec d’une équipe de la TSR avec quelque ultra lors du dernier match à Tourbillon.

    Rien que pour ça, je suis content pour le FC Sion.

    Cordialement
    ES

    P:S: Seul ombre à cette belle victoire : le pathétique dépôt de protêt de Crétin Constantin…

  3. Grandiose. Magique. Légendaire. Valaisan quoi…

    Je ne sais pas si c’est la plus belle mais c’était en tout cas la plus difficile à aller chercher. Tout était ligué contre nous. Comme Ernest, je conchie l’ASF, ces ânes de bureaucrates qui doivent l’avoir mauvaise depuis mercredi soir !

    Cette équipe multiculturelle est entrée dans la grande légende du FC Sion.

    Merci les gars, vous nous avez donné du rêve. Et merci aussi à CC pour l’ensemble de son œuvre !!

  4. spéciale dédicace à Varela qui été une nouvelle fois au delà de la limite sur « la pelouse » du wankdorf !

    Personne n’en parle, personne ne le punit !

  5. Alors comme on a dit…veni vidi et surtout après VICI.
    Sacrées tronches de valaisans ces africains!
    Merci à cette équipe pour ce cadeau qui entretient donc le mythe.
    Pour les supporters sur le terrain, vous avez ma compassion et j’espère que les organisateurs vont améliorer leur façon de faire.

    Quant à nos amis bernois, je vous souhaite la coupe une année prochaine; cela dit une année où Sion ne sera pas présent;) On rigole hein…

  6. Bon article, surtout la deuxième partie qui complète les clichés de la presse écrite …

    Sinon BRAVO et MERCI à tous les acteurs de cette finale, des joueurs aux dirigeants, des supporters présents à ceux restés dans le vieux pays.

    11/11 La légende continue.

    C’est une victoire qui fait du bien à tout le foot romand.

  7. Bravo au FC Sion. C’est fabuleux ce qu’ils font au niveau de la Coupe.

    Très bon article, du bon cartonrouge.ch sur ce coup là ! Il faut vraiment pas hésiter à taper sur ces inacpables de l’ASF. Notre football, est vraiment dirigé par des incompétents, tout est organisé de manière amateur, c’est pitoyable.

  8. Concernant les precisions sur l’organisation…ben jsuis pas trop d’accord…si t’as l habitude des finales, ben tu sauras que le train arrive en gare de Berne….A quo ca sert d’arrvier au stade 4h avant??? alors que le traget Berne HB au stade est des plus mythique….. Et pour le retour, ben t’as pu voir que le train partait de la gare du Wankdorf…..
    Mais a part ca, trop mythique, y a que Sion pour faire ca….
    Pour finir, qu est ce tu dirais si on allait…..sion allez !!!!!!!

  9. Tu as encore omis un détail concernant cette bande d’ânes de bureaucrates.

    C’est d’avoir organisé cette finale à Berne alors qu’il y avait déjà l’Expo de la BEA, une des plus grandes de Suisse.

    Dès lors, super pour le trafic en ville et pour les parkings !!!

    Dire qu’à Bâle, il y aurait eu près de 10’000 places de plus à dispo des supporters.

    Mais ces crétins finis n’en avaient cure, eux avaient les places gratis pour poser leur gros c** et leur tas d’incompétences crasses….

    Des guignols de première qui l’ont eu finalement bien profond !

  10. Bon, faut préparer la 12ème à présent. :-)))))

    Les pauvres bernois, c’est la 4ème fois qu’ils perdent en coupe contre Sion, ils vont commencer à croire qu’ils sont maudits…

    Pis bon le point positif aussi, c’est que ca fera 2-3 sorties sur Genève pour les match de coupe UEFA.

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