Pentecôte quand même

Inutile de le cacher – mon nom de famille me trahit immanquablement -, j’avais plutôt le coeur léger mercredi soir, aux alentours de 22h20. Une onzième finale de Coupe de Suisse, un onzième succès, le sixième auquel j’assiste directement dans le stade. Petit retour sur une épopée qui a eu le mérite de clarifier un point : désormais, l’expression «miracle valaisan» n’est assurément plus galvaudée.

Avec quelques amis fins connaisseurs du FC Sion, nous n’avions de cesse de répéter, tout au long de la saison : «pourvu que cette équipe-là n’aille pas en finale !». Or les hommes de Stielike/Mariétan, de Constantin/Zermatten, de Zermatten/Barberis puis encore de Constantin ne se montrèrent jamais très coopératifs au fil des tours. La vérité est que je ne croyais pas en ce contingent. J’ai d’ailleurs toujours des doutes à son sujet. Mais seuls les résultats comptent. Alors, messieurs, je vous dois des excuses.Ce qui se déroula au Stade de Suisse fut tout de même incroyable. Comment expliquer cette transformation, si ce n’est pas ce fameux «miracle valaisan» ? Franchement, même Nwaneri avait l’air concerné par l’enjeu, avant qu’il ne doive sortir sur blessure…
Là, on touche à la mystique. D’ailleurs, il me sembla percevoir quelque chose mercredi, comme une intervention du dieu Coupe, comme l’envahissement des gradins par quelques ombres venues du passé. A Berne, mercredi, tout changea quand Obradovic marqua. Au-delà des considérations footballistiques.
Car même les plus fervents supporters sédunois ne pourraient pas me contredire sur ce point précis : avant le 1-2, le public rouge et blanc n’avait rien de plus que tout autre public. Retenue, peur de voir la série prendre fin, tension maximale, envie d’y croire brimée par une confiance très relative envers cette équipe-là. Et puis, la magie opéra.
A ma droite, dans le stade, la peur. Partis avec la faveur du pronostic et menant de deux buts, les Bernois virent le spectre d’une nouvelle déconvenue apparaître. Spectre qui aurait été certainement moins effrayant face à une autre formation. Mais pas contre Sion. Le peuple jaune et noir comprit immédiatement, tout comme la marée rouge et blanche. Et là, à ce moment précis, à 21h11 mercredi soir à Berne, l’issue de la partie ne faisait plus aucun doute.
Même déplacée à la veille de l’Ascension, cette finale était bel et bien placée sous le signe de Pentecôte. L’Esprit Saint – laïc et footballistique – était réapparu. Il était redescendu sur Terre pour rappeler aux disciples sédunois qu’en finale, plus que le dispositif tactique, plus que les qualités techniques, plus que les exploits individuels ou les circonstances du match, c’était la foi qui faisait la différence.
Le FC Sion avait-il alors besoin des nouveaux coups d’éclat de son président pour ramener à la Planta son onzième trophée ? A écouter le boss se féliciter de la manoeuvre, la réponse est oui. Peut-être que ceux qui croient en ce club, avec tout ce que cela suggère, auront un autre avis. Quoi qu’il en soit, les 31’789 spectateurs du Stade de Suisse vécurent un moment sans conteste historique : l’octroi de la nationalité valaisanne, en 90 minutes, à 18 «étrangers» à qui on aurait vraisemblablement refusé la naturalisation trois mois plus tôt, si l’on avait dû voter comme à Emmen.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Écrit par Julien Pralong

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3 Commentaires

  1. Un peu de légèreté qui fait du bien.

    Ou comment sauver une saison catastrophique en 90′.

    Merci les gars et que vive la légende.

    La Coupe et le FC Sion, ça ne fait qu’un.

    Maintenant faut penser Vaduz et revenir sur terre pour assurer le maintien.

  2. Idem pour moi. J’ai espéré, vainement, que Sion se ramasse à Lucerne, histoire de ne pas écorcher l’Histoire.

    Bien leur en a pris. Quant à moi Maxi Mea Culpa.

    Mais dieu que cette saison fut une cata. J’espère bien ne plus à avoir à la revivre.

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