Il est parfois des pieds au cul qui se perdent et qui servent

Comment une équipe qui aura dû attendre l’avant-dernière journée des matchs de préparation pour être certaine de faire partie du wagon des play-off et qui avait été tout simplement moribonde lors de son premier match des quarts peut-elle ainsi se transformer en deux jours et faire douter des Soleurois qui avaient survolé le championnat régulier.

Vendredi soir, après une fessée monumentale (7-1) et une prestation trop souvent vue cette saison, les supporters les plus assidus étaient en train de consulter le programme télé de la semaine à venir.Hier soir, les même supporters se mettaient à préparer l’organisation des futurs déplacements à Rapperswil ou Bienne dans quelques semaines. Comment en est-on arrivé à devenir aussi présomptueux alors qu’un Chaux-de-Fonnier sait plus que tout le monde qu’une série peut tourner très vite ?
Ce tournant peut parfaitement se refléter dans ce tir sur le poteau de Truttmann à la 63e minute d’une prolongation ou cette latte soleuroise à 15 secondes de la fin du temps réglementaire. Le HCC n’a-t-il tout simplement pas épuisé son lot de malchance lors des matchs de la saison régulière avec un nombre effarant d’actions non abouties ?

L’équipe peut encore monter en puissance

Monter en puissance ! Voilà bien un terme que le HCC n’avait jamais pu appliquer sous l’ère Sheehan, l’équipe arrivant le plus généralement à bout de souffle afin de conserver une place dans le top-4 après un départ tonitruant et un trou béant dès le 3e tour.

Minée par les blessures en championnat, l’équipe a pu compter avec le retour inopiné de la plupart des joueurs à l’entame des play-off. Certains restent encore en-deçà de leur potentiel à l’image de Robin Leblanc ou Jérôme Bonnet – même s’ils ont des excuses – dont on attend plus dans une série de play-off qui demande d’aller au contact plus souvent qu’en phase de championnat.
Il ne faudrait par contre pas que certains retours aient été trop anticipés par ceux qui voudraient être de la fête, à l’instar d’un Benoît Mondou encore très en-dedans, voire d’un Alexis Vacheron qui voudrait terminer sa carrière sur la glace et pas dans les gradins. Mais le futur retraité n’a pas encore commis de bourde et son expérience peut s’avérer précieuse dans une défense très jeune.
Lorsque tout le monde aura retrouvé le niveau qui peut être le sien, l’équipe pourrait faire mal, même si l’attaque manque un peu de profondeur alors qu’Olten peut potentiellement compter sur six lignes. Hier soir, Alex Reinhard devait composer avec le défenseur Dan Vidmer en attaque pour combler l’absence de Zigerli et Pivron alors que Scott Beattie pouvait laisser Paul Di Pietro sur le banc.

Le public peut aussi monter en puissance

Tous nos adversaires le savent, le public chaux-de-fonnier peut parfaitement être imbuvable et excessif. Cet excès s’est surtout traduit cette saison par les sifflets adressés aux joueurs, mérités dans certaines circonstances, mais excessifs aussi à l’instar des sifflets adressés à Michael Neininger lorsque celui-ci était fêté pour ses 900 matchs de Ligue nationale. L’homme n’a plus ses jambes de 20 ans, mais cela reste un opportuniste de première devant les buts, ce qui peut s’avérer utile dans les séries.
Il aura fallu attendre aussi que la qualification pour les play-off soit acquise afin de voir enfin une affluence digne d’un budget certes un peu réduit (on verra les comptes), mais qui reste dans le haut du tableau de la catégorie. Quoi qu’il en soit, et à la lecture de nombreux forums de discussions depuis des années, le public chaux-de-fonnier ne joue pas plus du grand écart que les autres lorsqu’il s’agit de faire passer son équipe de Zéros à Héros, ou inversement.

Faut-il tomber dans la béatitude totale ?

Plus souvent que jamais cette saison, l’équipe n’a jamais donné l’impression de tenir une ligne, alternant les matchs dits de référence et les non-matchs. Dès lors, une élimination 4-0 en quart aurait tout simplement été accueillie avec soulagement par un public lassé par une saison de merde.

Avec ces deux dernières victoires, les espoirs les plus fous renaissent dans les têtes et les gens se disent à présent que cette équipe aurait pu mieux faire plus tôt et une élimination après avoir fait le break serait à nouveau mal ressentie dans les chaumières presque enneigées de la cité horlogère.
Il ne faut pas oublier cependant qu’Olten possède une force de frappe redoutable et que les souris entameront la danse du scalp avec plus de conviction encore pour revenir au score. Mais les petits hommes verts chers à Laurent Bastardoz ont aussi démontré qu’elles ne sont pas imprenables et que l’abondance de biens peut aussi nuire à leur rendement, toute erreur pouvant conduire à une position de joueur surnuméraire le match suivant. Même avec son potentiel, Olten n’aura joué qu’avec trois lignes durant pratiquement deux tiers hier soir.
Alors tomber dans la béatitude, non, mais profiter de l’instant présent en déjouant les pronostics, oui, absolument, on peut en être béat.
Photos Pascal Muller, copyright EQ Images

Écrit par Jean Dreier

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