L’acte IV restera dans les annales

En terre horlogère, le LHC a remis les pendules à l’heure en récupérant l’avantage de la glace perdu 48 heures plus tôt à Malley. Emmenés par une 1ère ligne retrouvée, les Lausannois ont fait la différence dans les deux premiers tiers. Mais la 3e reprise de feu réussie par le HCC laisse à penser que tout reste possible dans cette série.

Lorsque j’avais postulé pour écrire l’article sur l’acte IV de cette finale, j’espérais sincèrement avoir à relater la fin de la série et le titre de champion suisse de LNB du LHC. A priori, cet optimisme béat n’était pas vraiment de mise dans une finale assez désarçonnante. Aujourd’hui, le LHC peut s’estimer plutôt heureux de se retrouver à 2-2 dans la série. Certes, le succès obtenu de haute lutte dimanche aux Mélèzes au terme d’un match incroyable est tout sauf usurpé mais les Lausannois ne sont pas passés loin de la catastrophe, soit une égalisation chaux-de-fonnière dans les dernières minutes, qui eût peut-être fait basculer définitivement cette finale en faveur des Montagnards. Le tournant de la série ? Il est un peu tôt pour le dire car on a l’impression que l’on n’est pas au bout de nos surprises dans ce LHC – HCC.

1er tiers lausannois, comme d’habitude

On ne savait pas quelle serait la réaction lausannoise après la défaite mortifiante de vendredi, on a vite été fixé. Cette fois-ci, pas de typhon en sacs poubelles de 3 mètres sur 3 pour intimider les Lausannois, qui, comme c’est devenu l’habitude dans cette série, dominent copieusement le 1er tiers. Une passe inspirée de Bekar permet à Tremblay d’ouvrir la marque ; les arbitres décident de sanctionner les exactions des gardiens et Antoine «Inzaghi» Todeschini écope logiquement d’une pénalité pour un coup sur Bonnet. La défense neuchâteloise est aux abois et est toute heureuse d’atteindre la première pause avec un seul but de retard, notamment eu égard aux immenses occasions échues à Miéville et Ruefenacht et au but parfaitement valable de Bekar annulé. Dès la reprise, le LHC va toutefois obtenir ce 2e but, récompensant un power-play beaucoup plus convaincant qu’à Malley deux jours plus tôt.

Go West !

Ce but va marquer le réveil chaux-de-fonnier, facilité par de nombreuses pénalités lausannoises. Les Lions finissent par concéder un but. On le sentait un peu arriver car auparavant un exceptionnel Michael Tobler avait retardé l’échéance à plusieurs reprises ; Neininger doit encore se demander comment le portier lausannois a fait pour sortir sa reprise de la 29e. Mais, à peine sorti de leur torpeur, les supporters jaunes et bleus vont y être replongés 18 secondes plus tard par un but de Ruefenacht, faisant démarrer côté lausannois un Go West qui durera jusqu’à la 5e minutes du 3e tiers, pause comprise. Soit une demi-heure d’une chanson ininterrompue qui fera date dans l’histoire du LHC ! Comme l’a récemment déclaré le président du HCC Marius Meijer dans la presse locale, le public lausannois mériterait la LNA. Au milieu de ce Go West, il y a eu le 4e but d’anthologie des Lions : alors que le puck semblait mort le long de la bande à dix secondes de la deuxième sirène, Thomas Rüfenacht s’est arraché pour contourner son défenseur et donner trois longueurs d’avance au LHC à 3 secondes de la fin du tiers.

L’ombre d’un doute

Trois longueurs d’avance, c’était le minimum dont le LHC avait besoin pour aborder un 3e tiers à sens unique. Était-ce une volonté délibérée des Vaudois de laisser venir l’adversaire et de gérer son avantage ? Ou alors est-ce révélateur d’une fraîcheur supérieure côté chaux-de-fonnier ? Ce qui est un peu inquiétant (ou encourageant selon le point de vue), c’est que depuis le début de la série, il est relativement récurrent de voir le LHC commencer ses matchs beaucoup plus fort qu’il ne les termine et inversement pour le HCC. Toujours est-il que les supporters lausannois ont connu quelques frayeurs lorsque Bochatay et Turler ont ramené les locaux à une longueur en moins d’une minute, confirmant l’excellent rendement des lignes 3 et 4 du HCC que l’on n’attendait pas aussi performantes. À ce moment-là du match, les Chaux-de-Fonniers donnaient vraiment l’impression de patiner plus vite et plus fort que les Lausannois. Staudenmann aurait pu abréger les souffrances vaudoises lorsqu’il a ajusté la latte mais il faudra finalement attendre les dernières secondes pour voir Alexandre Tremblay mettre le LHC à l’abri dans la cage vide. Et signer ainsi son cinquième point de la soirée, imité en cela par le si décrié Derek Bekar, qui a enfin démontré qu’il pouvait être un réel renfort dans ces play-off. Le LHC a retrouvé sa 1ère ligne, si brillante contre Ajoie, on attend maintenant de revoir la 2e ligne, celle de Miéville et Gailland, aussi performante que contre Thurgau en quart de finale.

Et maintenant ?

Si l’on considère les deux premiers tiers-temps, on peut considérer que le LHC a repris la main dans la série. Le 3e tiers a lui montré que le HCC ne lâchera rien. Personne ne pense sérieusement que la Chaux-de-Fonds peut monter en LNA cette saison. On ne voit pas ce qu’un club qui geint de se faire piller par l’ogre Young-Sprinters et n’arrive pas à trouver des fonds pour augmenter son capital irait faire dans la grande ligue. Ce serait même un cadeau empoisonné. En revanche, pour les Chaux-de-Fonniers, battre le grand méchant LHC, c’est un peu leur finale de Coupe de Monde, leur Graal à eux et ils joueront leur rôle de trouble-fête jusqu’au bout. Un peu comme Viège en 2001, qui posait le même genre de problèmes au LHC.
À l’époque, c’est le public qui avait fait tourner la série en faveur des Lausannois. Jusqu’ici, l’ambiance à Malley a été correcte mais assez loin du chaudron d’antan. Alors quant on voit l’ambiance de feu mise par le bon millier de Lausannois présents aux Mélèzes, on se prend à rêver d’être 8’000 avec la même ferveur lors du ou des prochains matchs à Malley, y compris les intermittents que l’on n’a pas beaucoup vu durant le reste de la saison, pour faire exploser le HCC comme GC ou Viège à l’époque. Car on a vraiment l’impression que si le LHC arrive à se sortir de ce guêpier neuchâtelois, peut-être plus redoutable qu’attendu, alors il y aura vraiment un bon coup à jouer en fin de saison.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Chaux-de-Fonds – Lausanne 3-5 (0-1 1-3 2-1)

Les Mélèzes, 6’880 spectateurs (guichets fermés).
Arbitre : MM. Prugger et Popovic, assistés de MM. Bürgi et Marti.
Buts : 5e Tremblay (Bekar, Lardi) 0-1, 22e Tremblay (Bekar, Leeger/5c4) 0-2, 35e (34’37) J. Roy (Neininger, Forget/5c4) 1-2, 35e (34’55) T. Rüfenacht (Bekar, Tremblay) 1-3, 40e (39’57) T. Rüfenacht (Tremblay, Bekar) 1-4, 50e (49’18) Bochatay (Krebs, Pochon) 2-4, 51e (50’12) Turler (Fuchs, Wüthrich) 3-4, 60e (59’38) Tremblay (Bekar, Trunz/5c6, cage vide) 3-5.
Chaux-de-Fonds : Todeschini ; Fäh, Wüthrich ; Vacheron, Membrez ; Daucourt, Du Bois ; Morant, Émery ; Schild, J. Roy, Neininger ; Wittwer, Forget, Lussier ; Turler, Pasqualino, Fuchs ; Pochon, Krebs, Bochatay.
Lausanne : Tobler ; Lardi, Trunz ; Villa, O. Schäublin ; Grieder, Leeger ; Chavaillaz, Zalapski ; Tremblay, T. Rüfenacht, Bekar ; Sigrist, Miéville, Gailland ; Schnyder, Staudenmann, Lüssy ; Baumann, Bonnet, Suri.
Pénalités : 5 x 2′ contre la Chaux-de-Fonds; 6 x 2′ contre Lausanne.
Notes : la Chaux-de-Fonds sans Chiriaev, Loichat, ni Müller (surnuméraires); Lausanne sans Charpentier (malade), ni Zeller (surnuméraire). 

Écrit par Julien Mouquin