Le jour d’après

Quatre jours après l’officialisation de la première relégation sportive de son histoire, le Lausanne-Sport recevait le FC Thoune pour un match de gala qui n’a pas manqué de déchaîner les passions dans le chaudron de la Pontaise. Que les malchanceux qui ont raté ce moment d’anthologie se rassurent : il reste Lausanne–Zurich jeudi prochain !

On a souvent tendance à croire que le Lausanne-Sport ne suscite qu’indifférence et désintérêt en Pays de Vaud. Et pourtant, lors des nombreux repas de soutien de clubs régionaux que j’ai l’occasion de fréquenter, il se trouve toujours un mec pour venir me tenir des théories enflammées sur la gestion du LS, son entraîneur, son effectif, ses dirigeants etc… Toutefois, généralement, après m’avoir expliqué pendant une demi-heure par le menu toutes les erreurs commises ces trente-six derniers mois et comment il aurait fallu faire pour assurer la Ligue des Champions sans coup férir chaque saison, le docteur en question m’avoue qu’en dehors d’Athletissima il n’a pas mis les pieds à la Pontaise depuis six ans. Et quand je lui propose mon abonnement inutilisé pour le match du dimanche suivant, le gars me regarde avec des yeux écarquillés et m’explique qu’il est hors de question de rater un enchaînement Chelsea–Sunderland suivi de Barcelone–Getafe sur son canapé pour un match du Lausanne-Sport.

Dès lors, bien que membre d’un club de soutien mais ne possédant pas le don d’ubiquité, je ne vais pas m’adonner à la chasse aux sorcières qui prévaut après cette chute historique, alors même que je n’ai suivi que de loin le LS dans son chemin de croix 2013-2014. Je n’étais même pas là lorsqu’il a rendu son dernier souffle dimanche passé du côté d’Aarau mais je tenais tout de même à être présent pour l’enterrement contre Thoune. Après tout, si tu n’as jamais vécu ce genre de soirée glauque avec ton club, tu ne pourras jamais apprécier à leur juste valeur les grandes victoires (éventuelles) du futur, plus ou moins éloigné.   

Juste le temps d’une aventure sans lendemain

LS–Thoune un jeudi soir nuageux et venté quatre jours après la première relégation sportive de l’histoire du club vaudois, ça sentait la soirée de gala aux Plaines-du-Loup. Mais j’y ai vécu bien pire : je pense en particulier à cette sinistre soirée du 28 mai 2003 et à ce match contre Winterthour, le dernier avant la faillite. Ce soir-là, en quittant un stade quasi vide, on ne savait pas si le LS serait toujours là à la reprise et si, oui, dans quelle ligue, encore moins combien de temps il faudrait pour retrouver du football d’élite à Lausanne. On n’est pas beaucoup plus nombreux pour ce match contre Thoune mais les perspectives d’avenir semblent un brin moins sombres. Finalement, Lausanne végétait en ligue B, il a miraculeusement vécu, sans l’avoir nullement planifiée, une belle aventure avec une finale de Coupe, les phases de groupe en Europa League, une promotion et trois saisons en LNA.

On la voulait vraiment, cette Ligue A ?

Aujourd’hui, la récréation est terminée et le LS retrouve la place qui était la sienne avant cette série de miracles (attention, je n’ai pas écrit sa place…). Avec peut-être une légère sensation de gâchis mais, à tous les échelons du club, on n’a jamais senti un instinct de survie et une farouche volonté de conserver coûte que coûte cette place dans l’élite, Ce n’est pas une critique mais un constat : les supporters ne se sont jamais mobilisés en masse en trois ans de LNA, les sponsors n’ont jamais permis au club de quitter le cercle des budgets lilliputiens de la ligue, les dirigeants ont semblé davantage accablé par les contraintes qu’impliquaient cette aventure dans l’élite qu’exaltés par ses perspectives et nombre de joueurs paraissaient plus là pour se servir du LS afin de relancer une carrière en perdition que pour servir le futur du LS. Quant aux entraîneurs… par charité chrétienne, on ne parlera pas de la motivation de Laurent Roussey. Marco Simone a lui le mérite d’avoir accepté une mission quasi impossible vu le champ de ruines, le classement calamiteux et l’effectif mal pensé laissés par son prédécesseur. Mais, malgré les progrès observés, l’Italien a été incapable de donner à son équipe, lorsque la porte du maintien s’est entrouverte en revenant à quatre points de Sion, ce supplément d’âme qui aurait pu permettre de défoncer ladite porte. Comme l’équipe du printemps 2011 avait réussi à la défoncer pour aller quérir une promotion qui semblait illusoire quelques semaines auparavant. Et c’est là qu’on regrette la mise à l’écart des tauliers de l’équipe, ces joueurs qui seront d’autant plus attachés au destin de leur club qu’ils sont conscients que celui-ci constitue probablement leur seule chance de continuer à évoluer dans l’élite. Le genre d’éléments en voie de disparition à Lausanne mais qui constituent l’ossature des contingents d’Aarau et Thoune. Car, par un cruel effet miroir, le LS doit affronter, en cette semaine fatale, les deux clubs dont le budget est comparable au sien et que l’on présentait en début de saison comme ses rivaux présumés dans la lutte contre la relégation. Aujourd’hui, alors que les Lausannois sont condamnés à la chute, le néo-promu argovien a tranquillement assuré son maintien et les modestes Oberlandais sont plus que jamais en lice pour une nouvelle qualification européenne. La comparaison se suffit à elle-même.

La Tribune Nord fidèle à elle-même

Forcément, entre une formation lausannoise essentiellement composée de mercenaires et déjà condamnée, et une équipe thounoise à très forte coloration locale et toujours en lice pour l’Europe, on pouvait craindre une différence de motivation. Il faudra moins de cinq minutes pour s’en rendre compte avec l’ouverture du score sur un tir croisé de Marco Schneuwly. Quelque part, ça fait plaisir d’entendre les éternels vieux grincheux de la Tribune Nord s’insurger et pousser des hauts cris pour réclamer un très hypothétique hors-jeu, ça prouve qu’il y a encore un peu de vie dans les gradins vides de la Pontaise et que, malgré le scénario impensable d’une relégation du LS sur le terrain, il y a au moins une chose qui ne change pas. Tout aurait pu être plié dès le quart d’heure si Joao Barroca n’avait pas dévié sur son poteau un tir d’Adrian Nikci. A son arrivée dans le mausolée des Plaines-du-Loup, le mec qui avait commencé sa saison à Hanovre a dû avoir un pincement au cœur en songeant aux ambiances folles de la Bundesliga, même s’il n’y a goûté le plus souvent que depuis le banc de touche ou la tribune. En intercalant ce LS–Thoune et ses quelques centaines de fidèles et courageux convives entre un match à 80’000 spectateurs et un autre à 75’000, je suis bien placé pour apprécier le caractère saisissant du contraste.  

Tous à la Pontaise !

Le LS connaîtra son unique frémissement de la soirée en égalisant sur sa seule occasion du match, un centre de Rolf Feltscher repris subtilement par Yorick Ravet. Mais l’«euphorie» ne durera pas plus de cent vingt secondes, le temps pour Michael Siegfried de profiter d’une mésentente entre Barroca et Mevlja pour redonner l’avantage aux Bernois dans un angle très fermé. L’affaire sera définitivement entendue à la reprise sur une frappe de Christian Schneuwly déviée par Michael Siegfried. Cette équipe lausannoise n’a montré presque aucun signe de révolte lorsqu’elle avait encore l’opportunité de se sauver, ce n’est pas une fois condamnée qu’elle allait subitement se découvrir des montagnes de fierté. Sans forcer le moins du monde, Thoune, avec un seul étranger dans ses rangs, l’ancien Lausannois Sanogo, a pu assurer les trois points qu’il était venu chercher et reste plus que jamais en lice pour une place européenne. Le LS lui a encore trois matchs à jouer pour achever son pensum, à Lucerne et à Bâle, avec au milieu un Lausanne–Zurich jeudi prochain qui s’annonce torride. Alors tous à la Pontaise ! Après tout, on ne sait pas si on aura l’occasion d’y revoir une fois un match de Ligue Nationale A…

Lausanne-Sport – FC Thoune 1-3 (1-2)

Pontaise, 1’050 spectateurs.
Arbitres : M. San, assisté de MM. Kaufmann et Zogaj.
Buts : 4e M. Schneuwly (0-1), 27e Ravet (1-1), 29e Siegfried (1-2), 49e Siegfried (1-3).
Lausanne : Barroca; Katz, Mevlja, De Pierro ; Feltscher (57e Njo Lea), Ming (67e Sonnerat), Plessis, Facchinetti (57e Feindouno) ; Tafer; Ravet, Vukusic.
Thoune : Moser; Lüthi, Schenkel, Schindelholz, Schirinzi; Sanogo (81e Cassio), Hediger; C. Schneuwly, Siegfried, Nikci (67e Wittwer); M. Schneuwly (72e Sadik).
Cartons jaunes : 31e Ming, 34e Schindelholz, 75e Sanogo, 84e C. Schneuwly.
Notes : Lausanne sans Ekeng (suspendu), Fickentscher, Gabri, Zambrella, Meoli (blessés) ni Coly (malade), Thoune sans Faivre, Sulmoni, Bättig, Zuffi, Frey ni Reinmann (blessés).

Écrit par Julien Mouquin

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5 Commentaires

  1. A l’image d’un Plessis, dont 4 passes sur 5 sont destinées à l’adversaire, il est temps de tout remettre à plat. Il est temps de s’occuper de la formation et en plus d’apprendre la technique et le bon contrôle du ballon aux futurs joueurs du LS… et une chose encore, d’éviter d’engager des pieds carrés en provenance de n’importe où !

  2. @Julien, encore un très bel article de ta part, par contre il y avait 300 spectateurs et non 1050, comme l’a annoncé le LS, bienvenue en LNB, devant des magnifiques affluences!

  3. 8500 personnes contre sion tout de même mais bon ca les faisait ch.. fallait organiser des buvettes merde c est plus simple avec 200 pers au stade…bonne continuation

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