Les plombés polonais

Je connais des mecs qui prennent congé afin de ne pas rater un seul match en direct. Si j’étais leur patron, je leur rendrais le demi-jour qu’ils ont posé pour voir cette parodie de football, ce spectacle indigeste. Heureusement que les fougueux Sarr et Niang étaient là quelques instants, parce que si on avait compté sur les Polaks on y serait encore.

Le match en deux mots

Une purge. Si les Sénégalais, sans être brillants, y ont au moins mis un peu de cœur et d’envie, on a vraiment l’impression que les Polonais s’en foutaient comme Rocco Siffredi du script de son prochain film. Qu’on soit limités comme les Panaméens ou même nuls comme les Saoudiens d’accord, mais ça me dépasse de donner l’impression de franchement s’en battre les coucougnettes. C’est la coupe du monde les gars. Si ça vous gonflait d’y aller, vous auriez pu laisser votre place aux Italiens ou aux Hollandais. Ils aimeraient bien en être eux.

L’homme du match

Si Mbaye Niang a fait un match admirable et a enfin fait étalage de tout le potentiel qu’on nous promet depuis ses débuts à Caen en 2011, son coup d’esbroufe sur son but jette une ombre à son tableau. Du coup, je pencherais plutôt sur Aliou « Rasta Rocket » Cissé. L’entraîneur des Lions de la Teranga a parfaitement su préparer son équipe et mettre au point une tactique parfaite pour faire déjouer des joueurs polonais qui, certes, de toute façon, n’avaient pas vraiment besoin d’en être forcés. Et puis on a tellement été habitués à avoir des entraîneurs européens improbables ressortis des tréfonds des placards pour diriger ces sélections africaines, que de voir ce jeune homme aux dreadlocks mener ses hommes est un bon bol d’air frais.

La buse du match

4 polonais à égalité pour ce pigeon du match. En effet, impossible de ne pas mentionner Thiago Cionek, qui parvient à mettre hors de portée de son gardien un tir mollachu qu’il allait aisément cueillir. Mais que dire alors du triumvirat qui a offert sur un plateau le deuxième but aux Sénégalais. Entre la splendide balle en cloche 30 mètres en arrière de Krychowiak, Bednarek qui oublie de courir et Szczesny qui sort aux fraises, il fallait presque le faire exprès.

Le tournant du match

Sur l’excellente chatroom de Carton-Rouge, un fidèle lecteur me susurrait que le véritable tournant du match avait été lorsque Stéphane Henchoz avait quitté le plateau juste avant la rencontre après deux matchs consécutifs. Pas faux, tant ce match n’a jamais vraiment eu de tournant. Ni de ligne directrice d’ailleurs. Ni vraiment de diagonales réussies soit dit en passant. Pas plus de triangulations. Les poteaux ne sont plus carrés depuis longtemps et je n’étais pas rond. Seule la surface de jeu semblait plus ou moins rectangulaire.

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132015236
231114404
231114404
4310225-33

Le geste technique du match

Difficile de sortir un geste technique dans ce genre de match. J’ai bien aimé l’envolée du portier N’Diaye sur le coup franc de Lewandowski. Sinon, un grand bravo aux architectes de ce Spartak Stadium, véritable bijou architectural.

Le geste pourri du match

Le changement effectué par l’entraîneur polonais Adam Nawalka à la mi-temps. Alors certes, ce sombre Blaszczykowski (non la blessure de Saint-Etienne n’est pas prête de se refermer) avait été transparent jusque là, mais de là à le remplacer par un défenseur central alors que l’équipe est menée au score, il avait bu ? Ou alors le gars s’est dit que c’était déjà pas mal de ne perdre que d’un but et qu’il valait mieux tenir le 0-1 ? Et mentionner ce fait de jeu m’évite surtout de faire la liste des 44 mauvaises passes, 37 contrôles manqués et 18 frappes dévissées de cette pauvrissime équipe polonaise.

L’anecdote

En même temps que cette purge moscovite, se déroulait à plus de 1’000 km de là, une rencontre amicale qui s’est soldée sur le score de 4 à 2 pour l’IFK Norrkoeping sur le terrain du Kalmar FF. Les spectateurs en ont eu pour leur argent (6 buts) et ont vu un bon match de foot. Et surtout, ils avaient une excellente excuse pour ne pas avoir regardé ce Pologne-Sénégal. J’ai toujours su que j’aurais dû être supporter des Snoka.

Et sinon, dans les tribunes ?

Comme d’habitude, on nous annonçait une invasion polonaise avec une horrible frange de hooligans défenseurs de leur si chère culture européenne. On aura plutôt vu des fans bons enfants applaudissant l’hymne sénégalais. Peut-être que ces grands méchants tatoués ont eu peur de leurs homologues russes ? En tout cas, leurs seules marques de début de rébellion auront été les copieux sifflets adressés à leurs joueurs. Faut dire qu’ils les méritaient bien.

La minute Pierre-Alain Dupuis

La 48ème en l’occurrence. Celle où David Lemos, sentant que la deuxième mi-temps n’allait être guère plus intéressante que la première, nous a fait un petit cours de médecine en nous expliquant que ce n’était pas avec des gifles qu’il fallait soigner un joueur qui avait une commotion. Tiens, bizarre, j’en étais pourtant persuadé. Puis d’enchaîner en nous expliquant que la Pologne aura besoin de cadrer un tir pour marquer dans ce match. Etonnant. On n’y aurait pas pensé.

La rétrospective du prochain match

Si les Polonais et les Colombiens jouent de la même manière lors de leur confrontation directe, vous n’avez pas besoin de booker votre dimanche soir et vous pourrez profiter d’une pause bienvenue dans ce marathon des phases de poules. Surtout que vous aurez pris votre pied dans l’après-midi devant l’opposition sénégalo-nipponne.

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