La Poya du FC Bulle

Comme chaque année, le printemps offre, dans la verte Gruyère, ses habituelles montées à l’alpage des troupeaux. Entre fierté, tradition, labeur et bonheur, cette traditionnelle transhumance est attendue avec impatience. Mais en ce mois de juin 2022, ce ne sont pas tant des vaches ou des chèvres qui ont assuré le spectacle de la montée, mais bien des footeux anonymes qui ont fait chavirer de bonheur la capitale du district de la Gruyère (un brin de culture ne fait de mal à personne et manger du Gruyère non plus d’ailleurs).

Sans boulets, Bulle a su placer ses billes, en maîtrisant la balle sans la boule au ventre.

Killian Ropraz… rleur.

En ce samedi 11 juin, qu’il était beau à (re)voir en feu le mythique stade de Bouleyres avec ses plus de 3’100 spectateurs prêts à savourer une promotion en … Yapeal Promotion League (merci aux inventeurs du nom ridicule de cette non moins ridicule 3ème division d’obliger le rédacteur à des pléonasmes aussi débiles).

Après un bon résultat vierge de buts à Grütliland trois jours plus tôt, la bande du capitaine Maxime Afonso a réussi à terrasser l’adversité grâce à un succès acquis dans la douleur 4-2 après prolongations, tout cela après avoir cru l’affaire pliée (2-0 à la 66ème). Evidemment, on peut toujours se demander comment une équipe, qui participe à des finales de promotion, arrive à se déplacer pour un match capitalodécisif avec seulement… 14 joueurs, dont un gardien remplaçant ! Ils n’ont pas une « deux » ou des juniors A chez les descendants de Werner Stauffacher ? Quand ton plus grand employeur cantonal est Victorinox, tu ne sors pas de ta primitive patrie avec juste une lime à ongles, non mais allô quoi ! Pas sûr que Tuggen beaucoup à briguer (salut Jean-Paul) une telle ascension, ont-ils dû certainement penser. Au final, un Ranz des Vaches (mais oui, le fameux Lyôba) entonné par tout un stade – là où d’ailleurs il devrait avoir uniquement sa place et non pas dans une arène citadine sans titres de gloire 30 km plus loin – et une fête Cardinosponsorisée qui restera dans bien des mémoires locales. Ce soir tous les blanc et rouge ont-ils fini à… Globull ?

Le foot à Bulle, l’apéro à Fribourg

Le coach, Lucien Dénervaux, savoure.

Après avoir erré, en yo-yo, pendant de longues années dans les ligues anonymement régionales, pour ne pas dire locales (ah ces derbies contre La Tour), le FC Bulle remet enfin son nom sur la carte du foot suisse. Avec un passé, que les moins de 30 ans ne peuvent pas connaître, qui les a vu évoluer en LNA (et voici pour finir la combinaison du Sport Toto et les résultats du calcio, salut Jean-Jacques) début 90 et début 2000, les Gruériens sont plus que jamais les fers de lance du foot dans le canton de Fribourg. Comme le disait si bien un de leurs supporters, Fribourg a le hockey et Bulle le foot. Encore faudrait-il une fois pour toute le faire admettre à tout ce que ce canton compte comme activistes du milieu et surtout du côté de St-Léonard (mais oui, il y a un stade en face de la … halle de basket) ou de Dudigueu (Guin pour les amateurs de translator), honnêtes formations de 2ème ligue inter. Le foot à Fribourg, c’est comme le hockey en Valais, il y a tout pour bien faire mais trop de clochers. Désormais, il appartient à Killian Ropraz d’imiter la légende locale Bertrand Fillistorf (Vevey serait monté, j’aurais évoqué Mario Malnati) et à ses collègues de rejoindre, au mur de l’histoire du club, les Bela Bodonyi, Adrian Kunz, Sébastien Barberis, Badile Lubamba, Francis Sampedro et Jean Passe bon nombre. Pour cela, il faudra désormais réviser sa géographie, prendre des congés supplémentaires et apprécier les voyages en pullman, histoire de croiser le fer avec des équipes aussi attrayantes que Rapperswil, Chiasso, Cham, Brühl ou Kriens. Aussi alléchant que l’intégrale de Derrick en écran cathodique.

Et la hiérarchie bon sang !

Le capitaine, Maxime Afonso, et son escouade.

Pour arriver à ce dénouement, plus rêvé que réellement planifié pour cet été, le FC Bulle a dû serrer les rangs en 2022. Champions d’automne, sans tout écraser, les joueurs du FC Bulle dosèrent l’effort, en 2022 pour caler à quelques encablures du terme avec six défaites d’affilée. Sans paniquer et jamais raide, Bulle a toutefois réussi à accrocher la troisième place du podium, elle aussi synonyme de finales, derrière les (multi)récidivistes vaudois d’Echallens et de Vevey. Or, ce sont bien les deux formations vaudoises qui ont sauté au 1er tour des finales, Echallens ayant vécu un mauvais (Sch)wytz contre le même FC Tuggen, alors que Vevey n’a rien vu de paradisiaque à son voyage à Lugano… Paradiso. Le pari est donc gagné pour le plus déroutant des consultants de Teleclub, Steve Guillod, qui avec ses casquettes de directeur technique et co-président n’a pas ménagé ses engagements pour décrocher cette belle promotion. Le Moléson est un honnête col de 3ème catégorie, mais avec des Dénerv… haut, Deschen… haut, Afons… haut, Guill… haut, on peut désormais viser la crème (double) du foot helvétique. En cette fin d’année scolaire et justifiant d’une pause pour votre serviteur, on dira que Bulle tint ses promesses. Bonnes vacances… en Gruyère !

En bonus, les deux superbes buts du FC Bulle lors du 1er tour des finales à Wohlen.

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