Une défense qui prend l’eau et c’est Bienne qui rigole

Après avoir remporté la première manche à domicile, le EHC Bienne profite des nombreux errements défensifs de l’arrière-garde lausannoise pour s’imposer dans l’antre des Lions par quatre buts à trois en prolongation. Sans un Thomas Berger en état de grâce, l’affaire aurait pu et dû être pliée bien avant le dernier vingt pour des Seelandais bizarrement maladroits à la conclusion et, par moments, malchanceux (un poteau et une latte). Au pied du mur, comme face aux abeilles de Gary Sheehan, les Vaudois se doivent de réagir ce vendredi au Stade de Glace s’ils veulent encore conserver un (mince) espoir de qualification.

D’entrée de jeu, après trois minutes pour être précis, le ton est donné : Vincent Ermacora, mal placé, n’arrive pas à rattraper la «fusée» (!) Cyrill Pasche qui s’en va seul et qui se heurte à la botte du portier lausannois, auteur d’une partie d’anthologie. Homme du match, celui qui est arrivé au LHC en 2004 suite à un vaste «imbroglio heggien» et qui a connu les affres de la relégation, a de nouveau maintenu son équipe au contact de son contradicteur d’un soir ; ma foi un cran supérieur. Les situations spéciales, décisives dans le premier tiers, vont débloquer le tableau d’affichage. C’est tout d’abord Pat «le lutin», réceptionnant au deuxième poteau une splendide passe transversale de Bélanger, qui ouvre la marque (13e). Cyrill Pasche, l’ancien bélier désormais à la retraite, répliquera quatre minutes plus tard. Isolé dans la boîte et héritant d’une passe subtile de la ligne bleue, il égalise pour le plus grand bonheur de la cohorte biennoise ayant fait le déplacement avec son répertoire de deux chansons. 

Morgarten

Dès le début de la période médiane, le rythme de la partie s’accélère avec deux équipes remplies de charitables intentions offensives. Tout d’abord malmenés pendant deux minutes (!) avec à la clé deux occasions franches, les Seelandais vont véritablement faire étalage de leurs qualités offensives en dominant des Lausannois proches de la rupture (23e poteau, 26e Morgarten devant la cage de Berger, 32e re-Morgarten, 33e latte). Mise à part quelques rares banderilles, comme l’action où Olivier Schäublin se retrouve devant le but, arme (je te l’accorde, le mot n’est pas approprié) et envoie un backhand qui se loge parfaitement dans l’arrondi opposé (26e), les hommes de Monsieur Paul ont principalement subi les assauts de leur adversaire (21 tirs à 14 en faveur des Bernois à la fin du deuxième tiers…).


Photo Pascal Muller

Parenthèse ouverte. Nous jouons la mi-match lorsque Ermacora expédie – d’un maître slap de la ligne bleue – le puck au fond des filets ! Son premier but en Ligue Nationale et probablement son dernier. L’arbitre baisse son bras, Staudenmann rejoint le banc d’infamie, Caminada retourne dans ses buts, la pénalité différée vient de s’achever. Sur ce coup, j’ai eu chaud, je me voyais déjà devoir exécuter un de ces paris stupides… Parenthèse fermée.
À force d’arrêts miracles sur parades spectaculaires, on commençait à croire que le cerbère de Malley allait finir par dégoûter à lui tout seul les attaquants biennois, incapables de concrétiser leurs montagnes d’occasions. Finalement à la 35e, Tschantré, remarquant que Kamber – à l’image d’un Mini-top – ne tenait pas sur ses patins, déborde sur le côté droit, fixe, a le temps de saluer ses parents assis dans les tribunes et de regarder si un de ses coéquipiers est libre, feinte et marque comme dans du beurre fribourgeois.

Sursaut d’orgueil

La sirène signifiant la deuxième pause retentissant, ce but réalisé quelque temps auparavant a définitivement le poids d’un bon coup de massue sur la tête de Lausannois groggy. Une bière s’impose. L’égalisation au retour des vestiaires (43e), autant inespérée qu’inattendue, récompense la belle prestation du troisième trio, pleine de volonté et de combativité, lors de cette rencontre. Il aura fallu attendre plus de quarante minutes et une bonne relance depuis derrière (de Merz en l’occurrence) pour que sur la continuation de l’action Schönenberger délivre les siens.
À ce moment, Malley est en ébullition et le fidèle public vaudois (encore une fois plus de 6’000 hier soir) commence véritablement à croire en la bonne étoile de son Berger. D’autant plus que dans la foulée, les hommes du capitaine Aeschlimann vont bénéficier de deux avantages numériques coup sur coup (44e et 47e). Durant la deuxième pénalité seelandaise, Merz (assisté pour l’occasion du nain jaune) nous gratifie d’une énième «ermacorette» qui permet à Felsner de marquer à quatre contre cinq d’un astucieux dribble entre les jambières de Thomas le Grand. La messe semblait à nouveau dite pour le plus grand désespoir du chanoine Cadieux et de ses disciples (certes, peu nombreux). Mais c’était sans compter sur ce troisième bloc combatif et efficace qui égalise à nouveau sur un deux contre un rondement mené par «Lovis» et conclu par un «Schümpi» opportuniste.


Photo Section Ouest

3-3 après soixante minutes, les Lions peuvent s’estimer satisfaits de leur sort et ont le privilège de poursuivre le rêve lors d’une prolongation sous haute tension.

Espoir de courte durée

En prolongation, Schäublin, annoncé blessé, parachève l’œuvre pathético-fantomatique de la défense lausannoise (à l’exception notable de Villa et dans une moindre mesure de Benturqui) en offrant d’une passe précise – assez rare pour être signalé – la rondelle à Alexandre Tremblay qui ne rate pas une telle aubaine et crucifie d’un maître-tir le saint Thomas, qui ne méritait pas pareille crucifixion. Le casque d’or biennois, hautain et désagréable à souhait, n’a même pas daigné remercier l’arrière garde vaudoise pour ses innombrables offrandes durant la partie. Vous avez dit malpoli ?
Les maux lausannois sont connus de longue date et ils ne vont pas se résoudre du jour au lendemain (…) : une défense incapable d’ajuster une seule bonne relance (pourtant capable d’offrir le puck à l’adversaire sur d’énormes maladresses – qui se transforment en bourdes – défensives), une transition défense-attaque quasi inexistante, pas un palet qui arrive proprement sur la canne, des passes catastrophiques qui mettent le destinataire de la rondelle dans une situation délicate, voire scabreuse.
Bon Dieu Paul, quelle mouche t’a piqué de vouloir aligner Ermacora à toutes les sauces et surtout par moments sur la ligne Bélanger-Lefebvre (alors que Villa était meilleur) ? Les deux étrangers, par ailleurs bien muselés par les hommes de Collins, n’ont peut-être pas été des plus transcendants mais mettre à leur côté, entres autres, des Ermacora, Kamber, Schäublin ou encore Brechbühl, véritables auto-poisons et poissons volants, cela vous plombe une ligne et une soirée.


Un poison volant. Photo Pascal Muller

Le LHC, avec l’absence de Keller et le peu de profondeur du contingent (notamment au niveau des défenseurs), est à sa place. Un Jörg Reber, excellent hier soir, aurait fait du bien du côté de l’arrière garde lausannoise. Menés 2-0 dans la série, les pensionnaires de Malley, à l’image de leur confrontation face à la Chaux-de-Fonds, devront se sortir les pouces des mollets s’ils ne veulent pas sortir du placard les palmes et le bateau gonflable dès dimanche prochain.

LHC – Bienne 3-4 ap. (1-1 ; 0-1 ; 2-1 ; 0-1)

Malley : 6’267 spectateurs.
Arbitres : Baumgartner, Bürgi, Marti.
Buts : 12’37 Lefebvre (Bélanger, Schaublin/5c4) 1-0; 16’33 Pasche (Meyer, Fröhlicher/5c4) 1-1; 35’00 Tschantré (Spolidoro, Pasche) 1-2; 42’41 Schönenberger (Lussier) 2-2; 47’05 Felsner (Tremblay/4c5!) 2-3; 52’15 Schumperli (Schönenberger) 3-3; 62’39 Tremblay (Schäublin, Lefebvre) 3-4.
Pénalités : 7×2 contre LHC ; 7×2 contre Bienne. 
Notes : LHC sans Keller (blessé), Tobler et Bochatay (surnuméraire) ; Bienne sans Frutig, Zigerli, Truttmann (blessés) et Hellkvist (surnuméraire) mais avec Tremblay.

Écrit par Daniel Corthésy

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