5 degrés Celsius au stade

Un froid de cochon, un kop supporter à moitié garni, une équipe d’Yverdon qui se la joue grande équipe, des joueurs grenats amorphes. Toute une ambiance qui te donne envie de rester chez toi au chaud ou dans un bon bar anglais à regarder à la place Liverpool – Chelsea, un vrai match de foot. Au final, on est quand même satisfait de la victoire de Servette sur Yverdon.

Effectivement, il parait que les 10 premières minutes de Liverpool – Chelsea ont été magiques. Le capitaine Steven G. a fait honneur à sa réputation. Ses passes de l’extérieur du pied ont été époustouflantes. Mais bon, revenons au «super» match du week-end. Oui, je fais mention à ce fameux Servette-Yverdon. Pour l’occasion, le premier site romand de sport se substitue à Job Up, premier site d’offre d’emploi en Romandie. Voici donc l’annonce :
Cherchons 2 coach(s) de chant pour une classe de 200 à 300 élèves. Classe assez disciplinée. Mais attention, en cas de provocation de la part des classes rivales, débordement, foutoir et représailles garantis. Travail bénévole mais gratifiant. Reconnaissance de l’emploi garantie (sous réserve de la haute hiérarchie de la profession, risque de licenciement aberrant et loufoque).
Ça vous branche ? En ces temps d’assez mole reprise économique, tout travail est bon à prendre. Bon, vous l’aurez compris. Cette offre d’emploi fictive fait allusion à l’interdiction de stade de 2 capos de la Section Grenat. Par «capo», comprenez homme se rendant dans un match de football, mais n’étant alerté des buts qu’au bruit des spectateurs, car tournant le dos au terrain, à torse non épilé et nu, occupé à orchestrer sans baguette les chants de ses potes aussi légèrement vêtus, suivant les saisons. Si vous connaissez un des rédacteurs du Larousse, présentez-lui cette longue phrase. La définition du mot «capo» manque dans le dico.

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé, disait l’autre (Alphonse de Lamartine, auteur romantique, 1790-1869). Mon p’ti Alphi, je dirais plutôt : deux ultras vous manquent, et tout le stade s’ennuie, s’endort. Avec la moitié du kop supporter présente, l’absence des capos a fait cruellement défaut. Malheureusement, les spectateurs et les joueurs ont eu le droit à des chants moins forts et moins réguliers. Cependant, on peut saluer l’effort des supporters. On peut se plaindre que la Praille n’est pas les Charmilles. Mais un stade de la Praille sans la Section Grenat n’est pas un stade dont on a l’habitude. On se serait cru en 2ème ligue inter. Les gueulés du gardien yverdonnois étaient audibles tant le silence par moments était assourdissant. Il est vrai que les événements qui ont amené à ces interdictions sont répréhensibles. Mais on peut les comprendre. Permettez-moi d’amener ma vision de supporter grenat. Comment ne pas être écœuré à la vue du drapeau du Lausanne-Sport planté au beau milieu de la pelouse servettienne à la fin d’un match perdu ? Le mot qui qualifie le mieux cet acte est «profanation». C’est pourquoi, même si la réaction des supporters lors du derby était démesurée, le geste d’Anthony Favre était de trop.

Pauvre spectacle !

A votre grande surprise, je m’attarderai plutôt sur la composition genevoise au coup d’envoi. A part Bouziane, un ancien servettien, l’équipe d’Yverdon m’est inconnue. La belle surprise sur la feuille de match a été la titularisation de Routis en défense centrale. Malgré qu’il ait joué seulement 45 minutes, sa prestation fut encourageante. Nombreux sont ceux qui ont été étonnés de voir Baumann en milieu défensif au début du match. Absent lors des dernières rencontres, il n’a pas l’habitude d’évoluer à ce poste. Son poids dans l’axe du terrain ne s’est pas fait vraiment sentir. Comme le jeu développé par les Grenats n’a pas créé d’actions offensives tranchantes, au bout de 20 minutes, Alves a décidé de changer le néo demi-défensif par Karanovic. Pari gagnant, puisque, sur une passe de Vitkieviez, Karanovic inscrit le 1-0. Or, le score ne doit pas occulter le fait que les erreurs techniques en début de partie ont fait craindre un match difficile pour le Servette. Depuis l’arrivée d’Alves, il est vrai, le niveau technique de l’équipe s’est considérablement amélioré. Mais, congelé jusqu’aux poils des aisselles sur ma chaise en tribune principale, je me suis donc demandé si les joueurs ne l’étaient pas un peu aussi.
Quant à l’équipe nord-vaudoise, la température polaire n’a pas entamé son envie de jouer au foot. Sa dernière place au classement est étonnante. Vu sa motivation et son application à l’offensive, cette position de relégable ne lui correspond pas du tout. Dans le premier quart d’heure, le numéro 10 vaudois aurait pu marquer sans que cela ne souffre d’aucune contestation. Malheureusement pour lui, sa frappe a écrasé la barre transversale. Durant cette période, les Yverdonnois ont bien fait circuler le ballon dans le camp genevois. Cependant, la dernière passe décisive n’a pas toujours été précise. Il faut tout de même dire que, dans l’arrière garde servettienne, Mendes et Gonzalez tiennent la baraque.

De retour de la pause, tout étant médiocre, Servette a réussi à marquer par Vitkieviez esseulé dans la défense vaudoise. Il frappe en première intention grâce à une passe précieuse de Nater. Alors que l’on croyait le jeu yverdonnois improductif, le but de Gil sur corner a réveillé le public. Il était donc temps d’envoyer Monsieur Julian Esteban à l’échauffement. Incroyable, le froid a même perturbé les neurones de Julian. Celui-ci s’est mis à pisser au coin de corner coté section visiteurs ! Mais chut, personne ne l’a vu, ne l’ébruitez pas, il se sentira gêné la prochaine fois.
Les joueurs servettiens scellent le sort d’Yverdon. Sur un contre à 3 Servettiens contre 2 Yverdonnais, De Azevedo marque. Pour Servette, l’essentiel était les trois points. C’est chose faite. Les 4000 spectateurs genevois ne sont pas venus pour rien.
Pourvu que les chants soient plus retentissants pour les prochains matchs à domicile, l’hiver approche. Brrr ! La chaleur humaine, il n’y a rien de mieux. Les ingrédients indissociables pour réussir un bon match de football au stade sont un kop supporter bruyant et un jeu bien maitrisé par les joueurs de ton équipe. Surtout quand on gèle. Je l’ai appris dimanche après-midi.
Photos joueurs de Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Servette FC – Yverdon-Sport 3-1 (1-0) 

Stade de Genève, 4’153 spectateurs.
 
Arbitre : M. Amhof.
 
Buts : 44e Karanovic 1-0, 66e Vitkieviez 2-0, 76e Gil 2-1, 86e De Azevedo 3-1
 
Servette FC : Gonzalez, Schneider, Pedro Mendes, Routis (46e Pizzinat), Schlauri, Baumann (26e Karanovic), Nater (81e Pont), Kouassi, Vitkieviez, De Azevedo, Eudis.
 
Yverdon-Sport : Klaus, Laugeois, Manière, Sejmenovic, Zari (87e Kok), Paquito, Mayila, Pepsi (59e Bouamri), Josemar Gil, Bouziane, Dudu (74e Chioda).
Cartons jaunes : 33e Sejmenovic, 36e Vitkieviez, 38e Routis, 54e Manière, 80e Mayila.
 
Carton rouge : 91e Manière.

Écrit par Hervé Debon

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8 Commentaires

  1. @ Gaspar : Et les provocations des joueurs !!! lausannois, tu en dis quoi ???
    C’est normal ?
    Favre, va chercher un drapeau et viens devant la SG avec pour les invectiver.
    C’est eux qui devraient être punis. Mais non ce sont des touts bouts de choux qu’on doit protéger.
    le SFC, vont sûrement recevoir une forte amende. Et ceux qui ont fait les débordements ont déjà payés. Interdiction de stade, sauf qu’on n’est pas sûr que ce soient eux.
    ABE

  2. @jojo

    Faudra m’expliquer en quoi agiter un drapeau bleu dans les 16 mètres du côté du secteur visiteur c’est « venir devant la SG avec pour les invectiver »… (ou alors à la praille on joue sur un terrain de 30m sur 30m…)

    Pas bien de vouloir faire croire à des événements que visiblement tu n’as pas vu.

  3. Perso j’étais en plain parcage lausannois. Heureusement que les hools genevois n’ont pas réussi à monter dans la tribune. Sinon il y aura eu des sacré dégâts. Et la sécu n’a rien mais alors rien foutu. Alors arrêtez de fantasmers les genevois qui n’étaient pas au match.

  4. Un vrai match de foot c’est au stade que ca se passe, pas devant la tele. Autrement t’es juste un gars plante devant un ecran, comme une menagere type mattant la tele poubelle…

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