Welcome back to Baku !

Ce que l’on redoutait est arrivé. Malgré toute notre bonne volonté à croire dans les qualités de l’équipe de Suisse, nous nous retrouvons à nouveau dans une ère Rolf Fringer. La descente aux enfers risque d’être dramatiquement amère. Car soyons honnête : ça flaire à des kilomètres que la Nati va manquer ses qualifications pour l’Euro en France. Comme elle avait loupé le rendez-vous mondial chez ce même voisin grâce à un voyage en Azerbaïdjan qui nous glace encore le sang quand on y repense. Mais qui s’est rappelé à notre bon souvenir hier soir…

En soit, l’heure n’est pas encore au catastrophisme. Il y a encore de la place pour finir à cette deuxième place, voire jouer ce beau barrage contre la Finlande. Mais il est quand même horriblement rageant de tomber comme ça. Jeudi soir, dans ce qu’on appellera le «Derby Gaspard Proust», l’équipe de Suisse a sorti son meilleur match depuis des années. C’est tout dire. Même Senderos était bon (il est vrai qu’il livre une saison tout à fait correcte chez les Villans), tout sage les mains derrière le dos depuis neuf ans à attendre de réciter une poésie devant le sapin. Les latéraux étaient enfin les stars que l’on attendait. Et même s’ils étaient plutôt mauvais, Behrami et Inler faisaient un minimum syndical qui ne brisait pas l’équilibre face à ces très décevants Slovènes. La Nati maîtrisait le ballon, le faisait circuler, changeait de côté, se procurait plein d’occasions… mais comme d’habitude n’était pas foutu d’en mettre une. Dans le genre domination stérile pour la beauté du geste, on a rarement assisté à pareille démonstration.

On pourra argumenter sur le fait que la qualité et l’omniprésence de Lichtsteiner et Rodriguez sur les côtés déséquilibrent peut-être la construction et poussent trop les axiaux à recentrer sur eux. Mais on ne peut pas se procurer autant d’occasions et ne pas oser la moitié du temps prendre la responsabilité de faire le shoot final ! On dirait définitivement un couple qui essaie d’avoir un bébé pendant des mois mais qui utilise quand même un préservatif histoire de ne pas choper de saloperie. Et où est Josip Drmic ? Pourquoi ses qualités ont-elles disparues en même temps que son arrivée à Leverkusen ?
Bien sûr, ces qualifications étaient mal parties entre cette espèce de relâchement causé par le système «trop facile» de deux qualifiés par groupe, et ce nouvel emballage graphique immonde engendré par l’UEFA pour la compétition, usant une énième fois de la 9ème Symphonie sur un synthé pourri façon «Richard Clayderman rencontre Charly Oleg». On aura définitivement tout fait à ce pauvre Beethoven.

Là il faut dire les choses telles qu’elles sont : c’est la misère. Il est bien possible que l’équipe se redresse, comme elle l’avait fait après le Luxembourg en 2009, et qu’elle arrache sa qualification de justesse. Mais comment croire que l’on va pouvoir espérer voir cette génération, vue trop vite trop belle, nous offrir quelque chose d’intéressant quand elle ne progresse JAMAIS au fil des ans ? On ne peut même pas vraiment croire qu’elle aille battre l’Estonie et la Lituanie dans l’immédiat. C’est insupportable et flippant. Parce que le risque est là. Celui de foirer la qualification dans une des phases les plus faciles que la Suisse ait eu devant elle. Arriver 4ème ça serait quand même fameux.

L’enseignement inquiétant est aussi qu’il y a de vraies lacunes tactiques. Petkovic, même si on peut lui accorder qu’il lui faille encore un peu de temps, ne semble pas avoir de projet de jeu précis. Les joueurs étaient constamment à des places différentes. Djourou jouant même parfois latéral tandis que Behrami se retrouvait défenseur central. De même que le 4-3-3 contre l’Angleterre avait paru flou, ce 4-4-2 en losange façon Köbi (sauf qu’il n’y a pas un Vogel prêt à se sacrifier à toute tâche défensive) n’avait pas la moindre rigueur. Car les milieux défensifs n’avaient pas l’air de savoir vraiment s’il fallait rester dans l’axe ou occuper les couloirs. Mais comme la Slovénie était d’une faiblesse vraiment époustouflante, il a quand même fallu que Djourou fasse un exploit individuel pour amener ce goal. Bon, on peut certes lui jeter la pierre, il n’empêche qu’il se retrouvait tout seul face à deux attaquants dont on ne sait pas d’où ils ont bien pu s’échapper.
Bien sûr on va continuer à y croire et se dire que la chance va tourner. Mais la chance ne fait pas tout et il va falloir apprendre à marquer et à ne plus perdre de ballon en défense. Dit comme ça, ça ressemble à un fondamental, style enfonçage de portes ouvertes. Mais malheureusement, c’est là où nous en sommes. Vivement la fête du football contre St-Marin.

Slovénie  Suisse 1-0 (0-0)

Maribor, 10’000 spectateurs.
Arbitre : M. Stark (All).
But : 79e Novakovic (penalty) 1-0.
Slovénie : Handanovic; Brecko, Ilic, Cesar, Struna; Mertelj; Birsa (55e Lazarevic), Kampl, Kirm (72e Pecnik); Ljubijankic (46e Kurtic), Novakovic.
Suisse : Sommer; Lichtsteiner, Djourou, Senderos (70e Von Bergen), Rodriguez; Behrami, Inler (82e Kasami), Xhaka; Shaqiri; Seferovic, Drmic (74e Mehmedi).
Cartons jaunes : 36e Ljubijankic. 79e Djourou. 94e Lazarevic.
Notes : la Suisse sans attaquants.

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11 Commentaires

  1. Un peu dur avec Djourou. C’est quand même Von Bergen (entrée catastrophique pour remplacer un excellent Senderos, blessé) qui fait l’énorme erreur du match en laissant, de façon inexplicable, passer le ballon. Comme l’a dit Comisetti (ou Von Burg) Djourou a été un peu surpris de voir le ballon arriver dans les 16m. Après on peut discuter si il y a faute ou pas…

  2. D’accord avec Pascal Muller. Le tournant du match, c’est la sortie de Senderos, ou plutôt l’entrée -ratée- de Von Bergen. A mon avis son plus mauvais match sous le maillot de la Nati.

    Mais le vrai problème à mes yeux reste Inler. Certes la dernière fois qu’il était absent, ça c’est vu… Ca fait des années qu’il ralentit le jeu, incapable d’accélérer pour déstabiliser l’adversaire. Mais avant au moins il ne perdait pas des ballons bêtement à 40 mètres de nos goals! Un manque de concentration (récurant?) ou l’âge qui se fait sentir? Le hic, c’est que je ne vois personne pour le remplacer. Et c’est pourtant LE poste clé pour une équipe comme la Suisse…

  3. Le problpme d’Inler, c’est qu’il est excellent face aux équipes qui font le jeu, et c’est là que son ralentissement du jeu fait un bien fou à l’équipe. Mais dans ces matchs où c’est la Nati qui a le ballon, on peut en effet s’interroger sur son utilité.

    Le seul joueur qui devrait refuser sa prochaine sélection par respect pour son pays c’est Xhaka. Titulaire depuis des années, quasiment aucun bon match. On n’a en tout cas pas besoin de lui, n’importe quel milieu sur le banc peut le remplacer.

    Von Bergen est à la ramasse depuis qu’il est arrivé à YB, et jamais je pourrais faire confiance à Senderos. Même si Schär est inconstant, il y a pas mieux malheureusement actuellement.

    Pour moi, l’équipe type devrait être celle-ci :

    Benaglio
    Lichtsteiner Djourou Schär Rodriguez
    Behrami Inler
    Shaqiri Mehmedi Kasami
    Drmic

  4. La Suisse a de la peine parce que tout le football Suisse privilegie le physique sur le technique. Le résultat c’est la présence de Behrami, Inler, Xhaka et autres Gelson Fernandes. C est la même philosophie que la France et son africanisation du foot. Des coureurs de 1500 m qui savent pas quoi faire avec la balle, surtout quand on s approche du but adverse. Pendant ce temps on perd des joueurs comme Stocker ou même Mehmedi qui seraient d’excellents milieux créatifs.
    En attaque il y a un manque de talent évident. Ça ne s’invente pas.
    Donc la Suisse est mauvaise car ses joueurs sont médiocres. C’est comme ça .

  5. C’est quand même étrange on a jamais
    eu autant de joueurs suisses évoluant dans des championnats étrangers quand même assez relevés.Mais cela ne se répercute pas vraiment sur l’équipe nationale.On a des gars quand même talentueux mais cela ne se répercute pas sur les résultats,en tout cas pour les 2 premiers matchs.je me demande si les joueurs d’origines étrangères s’identifient réellement à la Nati et désirent vraiment tout donner sur le terrain.Je ne suis pas anti-étranger,je suis plutôt ouvert à tout cela je précise,mais des gars comme Chapuisat ,Frei Streller étaient très bons et plantaient des buts avec la Nati,si Schneuwly aurait été integré à cette équipe il y’a 5-6 ans suis persuadé qu’il aurait planté beaucoup de buts et aurait été encore meilleur dans notre championnat voire à l’étranger car il aurait bénéficié de la vitrine qu’est la Nati.Bref beaucoup de talents dans cette équipe,mais la cohésion et l’envie de vraiment réussir qqch de grand n’est pas là! Une des meilleures prestations contre la Slovénie certes mais à quoi bon quand il n’y a pas de renards des surfaces pour conclure les bonnes actions…Peut être que tout simplement le niveau de la Suisse c’est entre la 40ème et la 70ème place Fifa!! vu la taille et la population de notre pays,mais nous les fans ne demandons qu’à pouvoir nous réjouir et qu’ils prouvent qu’ils valent cette 10ème place!Hopp Suisse quoi,désolé du pavé 🙂

  6. « Je ne suis pas anti-étranger »

    Mais pourquoi les gens qui cherchent à provoquer des polémiques stupides et inutiles se sentent systématiquement obligés de se justifier ?

    C’est comme le prétexte « je suis pas raciste, j’ai des amis noirs » qui revient toujours dès que quelqu’un se lance dans une théorie fumeuse. C’est bizarre, moi, j’ai pas d’ami noir et c’est pas pour autant que je prétends être raciste.

  7. Le problème principal ne vient pas de la défense. C’est facile de tirer sur l’ambulance en disant « Ouais, c’est la faute à tel ou tel car il a laissé passé la balle ou l’attaquant adverse une fois ». En attendant, si nos pinces de joueurs offensifs faisaient preuve de plus de réalisme devant le but, on en serait pas là. Il manque en effet un tueur dans les 16 à la Klose ou Frei. Cependant, il ne faut pas oublier non plus certains paramètres comme la moyenne d’âge (22.5 pour le quatuor offensif du match) ainsi que le temps de jeu dans leurs clubs qui est relativement faible. Après, il faut aussi redescendre sur terre. Bien qu’il y ait de bons résultats relativement exceptionnels ces dernières années, nous restons tout de même la petite Suisse avec des moyens limités.

  8. Dommage, il y avait largement la place pour les 3 points.

    C’est vrai que Von Bergen est à la rue, c’était déjà le cas contre les rosbeefs.

    Mais que dire d’Inler ? Ce mec est désespérant de lenteur, de nonchalance et de lacunes techniques. Ça déteint malheureusement sur Behrami, qui reste un gros travailleur doté, hélas, d’un niveau technique de challenge league. Le pompon avait été attein lors des 2 premiers matchs au Brésil.

    Shaqiri reste également bien en-deçà de ses réelles possibilités. Avec un Mascherano, un Valbuena et un Hazzard à la place des 3 zozos cités, on repartait avec la totalité de l’enjeu. Comme quoi, on a un déficit certain de talent à certains postes.

    Ceci n’enlève rien à la possibilité de se qualifier quand-même.

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