Il ne faut pas être trop Suisse…

Oui, l’équipe de Vladimir Petkovic a gagné le match d’hier sur un penalty clairement scandaleux. Mais soyons honnêtes, sur l’ensemble du match ce n’est pas volé et si la même situation était arrivée aux (franchement très faibles) Nord-Irlandais, ils auraient fêté ce but sans aucun sentiment de culpabilité.

C’était le pire contexte pour ce barrage. Après une prestation traumatisante face au Portugal où la Suisse avait passé plus de temps à se faire au froc plutôt qu’à essayer de jouer au football, tous les signaux étaient aux rouges. Entre des joueurs qui ne jouent plus en club et d’autres qui jouent dans équipes qui alignent les pitoyables performances, sans parler des blessés, l’équipe de Suisse était aussi rassurante qu’un Harvey Weinstein laissé avec vos deux filles de 15 et 17 ans dans une caravane.

Heureusement, on avait vu ce déplacement en Ulster plus dangereux qu’il ne l’était. La Suisse n’a pas été mise en danger et s’est vue offrir ce fameux penalty, véritable cadeau d’un arbitre qui n’avait sans doute pas envie de voir sévir ces Nord-Irlandais en Russie l’année prochaine. Cependant, les médias irlandais qui pleurnichent aujourd’hui, criant à l’injustice pourraient aussi prendre conscience que, outre que ce n’est pas la main de Henry face à l’Eire, si on se fait un peu voler tout le temps, c’est aussi parce qu’on est un peu nuls. Comme ceux qui s’étonnent de se faire dérober leur porte-monnaie dans le métro de Barcelone alors qu’ils l’avaient rangé dans la poche de devant de leur sac à dos. «Ce match on l’aurait gagné avec Bojinov et Mesbah», me glisse Yves Martin. J’aurais envie de rajouter qu’on aurait même pu pousser le bouchon à aligner le LS à Belfast, on aurait même pu aussi l’emporter. Le niveau de cette brave équipe d’Irlande du Nord est effectivement presque plus faible que l’Andorre.

Et le «fighting spirit» non mais sérieux… Il va falloir arrêter avec ça. Si «fighting spirit» ça veut dire défendre à trois sur un joueur sans aucune cohérence tactique et courir tout le match comme des poulets sans tête, il va falloir changer de style et apprendre à jouer au football parce que même l’Islande a compris ça. Oui le public irlandais chante du début à la fin et est constitué majoritairement de gens gentils. Mais continuer à véhiculer ce cliché idiot qui veut que « les mecs donnent tout bla bla bla » c’est aussi vrai que de dire que les Suisses sont accueillants, les Français sont de fins romantiques et que les Italiens mangent des pâtes tout le temps (même si c’est vrai que les Italiens mangent des pâtes tout le temps). Hier, en regardant l’Irlande du Nord, on n’a pas vu une équipe qui se transcendait en étant toute pleine de faïtingue spayrite. On va vu un bloc défensif mal organisé qui n’a été vers l’avant que pendant quatre minutes. Si la Suisse réussit l’exploit de ne pas se qualifier en perdant à Bâle face à des naïfs pareils, ce serait aussi gigantesque que se couper un bras en râpant du fromage.

On n’a pas arrêté de seriner que, si la Suisse avait obtenu 9 victoires en 10 matches, c’était parce que son groupe de qualification était faible. Et bien on peut imaginer le level du groupe de l’Allemagne en voyant cette Irlande du Nord qui y a pris la deuxième place. Au final, le niveau de l’Europe n’est juste pas terrible en dessous des grosses équipes.

Pour la Suisse, le bilan du jeu reste mitigé. Si Zakaria et Xhaka ont été impeccables dans leur maîtrise du milieu de terrain, d’autres joueurs laissent dubitatif. Que va-t-on bien pouvoir faire de Blerim Dzemaili? Ses beaux jours semblent bel et bien être derrière, et encore une saison en Amérique du Nord ne va pas contribuer à lui faire retrouver le niveau qu’il avait dans le passé. Quant à Fabian Schär, ses interventions de boucher-charcutier pourraient porter terriblement préjudice à l’équipe un jour ou l’autre.

Cependant, il n’est pas possible d’avoir davantage son destin en main que la Nati l’a en ce jour. Et dimanche, à Bâle, on est en droit d’espérer voir la Suisse se qualifier. Mais certainement pas un beau match. Et au final, on s’en fout.

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