Des matches qui ne devraient même pas être filmés

Quand on voit un Suisse–Japon qui ne sert que d’entraînement, on se demande vraiment si cela vaut la peine de les montrer au public. Parce que le spectacle présenté rassure sans doute l’équipe mais pas le spectateur.

C’est très chouette de gagner 2-0 contre une équipe qualifiée, de finir sa préparation sans blessure et sans problème interne sorti dans la presse (même si la presse de nos jours, s’amenuise pas mal en Suisse). Mais c’est aussi désespérant de faire le constat qu’il ne faut pas s’attendre à des étincelles avec la Suisse. Après un match aussi excitant qu’un film porno dans lequel le plombier finirait par vraiment réparer l’évier, le candide supporter prêt à recevoir les étoiles dans les yeux que son équipe lui offrira après un merveilleux 4-1 face à la Serbie doit bien se faire à l’idée : on va davantage se taper des Suisse-Ukraine 2006 que des Suisse-Roumanie 1994 avec la Nati en Russie.

On pourrait envisager que la Suisse est réellement devenue une grande équipe, gagnant facilement des matches avec une prestation médiocre. Et se dire que c’est ça de grandir. Mais si l’on prend en compte la faiblesse abyssale des Japonais (on n’ose imaginer les voir faire le moindre point contre la Colombie, le Sénégal ou la Pologne), le penalty encore plus généreux que celui de Belfast, le manque d’entrain général de l’équipe et l’inefficacité offensive pas tant dans la finition que dans la création (c’est pire), il est difficile de voir derrière ce 2-0 autre chose qu’un vague match dans un terrain vague avec deux sacs d’école faisant office de poteau de but.

A ce stade il est possible de se faire seppuku plutôt que de continuer la lecture

Supposé être le fer de lance de l’équipe, Granit Xhaka a été l’auteur d’une performance aussi frileuse et transparente que lors de ses pires phases à Arsenal. Distillant des passes en retrait sans prendre de risque, n’amenant rien dans la construction offensive, le numéro 10 a été aussi inutile qu’un chirurgien esthétique au Vatican. Le pauvre Bürki s’est emmerdé à n’en plus finir à force de rattraper les tirs japonais téléphonés comme jamais. Rodriguez, Behrami et la défense centrale étaient vraiment là par obligation et n’avaient même pas besoin de développer des trésors de solidité.

Et Shaqiri… non mais sérieusement, Tyrion Schwarzenegger a passé son temps à courir comme un enfant de 6 ans en distillant des passes les plus imprécises les unes que les autres. Sa performance, malgré une vague demi assist de but est du domaine de la catastrophe. Shaqiri à Liverpool ? Depuis Philip Degen on n’avait pas entendu plus grosse énormité.

Gavranovic a montré de la volonté mais il n’a pas l’air d’être Wayne Ronney non plus. Et c’est d’ailleurs le détesté Seferovic qui a marqué, espérant ainsi fermer leur gueule à ceux qui le conchient. Malheureusement pour lui, ceux-ci se sont plutôt dit que c’était une bien mauvaise affaire qui allait le mettre titulaire à la Coupe du Monde.

Espérons que Petkovic sache où il va, que la marge de progression soit encore large (comme elle le fut entre les matches de préparation pour l’Euro 2016 et la compétition elle-même) et que certains joueurs reprennent une condition physique. Parce que dans l’état actuel des choses, on ne risque pas de sauter de joie maintes fois durant ce mois de juin. Bien sûr, on peut aussi réellement se convaincre que la Suisse est devenue une des grosses nations européennes, solide et efficace sans flamboyer. Mais il faut être d’une infâme mauvaise foi pour cela.

Oh mon Dieu mais vivement tellement jeudi !

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