Mais à la fin, ce sera quand même l’Espagne qui ira plus loin…

La Suisse a réussi le joli exploit de revenir d’Espagne avec un 1-1 dans son sac mais sans une flopée d’enseignements. Enfin oui, la leçon est surtout pour l’Espagne qui a appris hier qu’elle pouvait se faire surprendre bêtement par une équipe plutôt nulle offensivement. Et ça, pour eux, c’est flippant.

Pour être honnête, je serais quand même gonflé de faire un papier putassier, conchiant l’équipe de Suisse juste pour faire des gags pourris dans la mesure où je m’attendais à un typique match de gala d’adieu d’Iniesta à son public, avec un 2-0 facile pour la Roja, une haie d’honneur de fair-play et des « c’était quand même le potentiel futur champion du monde en face » ou « c’est une défaite pleine d’enseignements ». Donc au final, oui, on est bien content de faire ce vieux match nul de besogneux veinards.

Mais il est quand même difficile d’avoir une opinion tranchée après un match pareil. On a l’impression que chaque constat aurait droit à son « mais ». La Suisse à fait match nul en Espagne, ce qui est un bon résultat. MAIS la performance était quand même pas terrible. MAIS face à l’Espagne c’est plutôt correct et on ne peut pas revendiquer d’avoir d’autres qualités que de former un gros bloc défensif. MAIS c’est quand même nul à chier parce qu’on va à la Coupe du Monde et que Petkovic revendique justement de faire de la Suisse une équipe qui joue. MAIS bon quand on compare au désastre de Lisbonne en octobre passé… Oui des «Mais» on peut en mettre encore mille.

Cela dépend quel genre de personne on est. Il y a des mecs qui se satisferaient tout à fait d’emballer la fille qu’ils draguent depuis des semaines le soir où elle est complètement bourrée et d’autres qui trouvent ça un peu dégueulasse (voir illégal).

Ce match de préparation devait être un baromètre de ce qui nous attendait en tant que spectateurs. Face à une Espagne qui, même privée de mecs comme Ramos ou Isco, reste un immense morceau, la Suisse allait savoir si elle était prête à tenir le coup ou finir comme les Croates qui s’étaient faits remettre à leur place par le Brésil 2-0 plus tôt dans l’après-midi. Au final, en termes de résultat, la Suisse a réussi quelque chose. Et comparé aux matches de préparation d’avant l’Euro 2016, il y a en tout cas du (beaucoup) mieux.

Vladimir Petkovic a déclaré après le match ne pas être satisfait de la performance. On espère que c’est vrai parce que cela montrerait d’éventuelles ambitions autres que rester à onze dans les derniers trente mètres. Parce que, même si la Suisse n’a manifestement pas des milliards d’autres options vu sa qualité offensive, ce serait quand même pas le festival du slip d’assister à ça pendant trois, voire quatre matches de Coupe du Monde.

Les joueurs, ils ont fait quoi ?

On va commencer par ceux qui ont fait plaisir. Akanji s’est montré solide et ne fait pas regretter Djourou qui, même s’il n’est jamais réellement mauvais avec la Nati, finit toujours par faire une « Pierre Richard » à un moment (hier il a livré une splendide passe en plein axe). Zakaria a été très bon aussi, présent sur toutes les actions défensives et essayant tant bien que mal d’amener quelque chose offensivement. Il lui manque encore un chouïa de technique mais il a déjà montré qu’on peut compter sur lui. Embolo a fait une entrée excellente même si on l’a presque plus vu en défenseur central qu’en attaquant (où, d’ailleurs, il est meilleur que Djourou). Et sinon Zuber, Dzemaili, Sommer, Rodriguez et Behrami c’était plutôt pas mal, même si le mot qui vient à chaque fois est « solide ». « Solide » ça rend bien l’idée qu’on parle plutôt d’installateurs sanitaire que de jongleurs en équilibre sur des museaux de phoque.

Les limites ce sont surtout le duo Shaqiri – Seferovic. Je veux bien être contre le bashing gratuit mais sérieusement que peut-on espérer de ces joueurs avec une telle prestation. Shaqiri s’est contenté de courir bêtement dans des sens différents en donnant des coups de pieds de brontosaure dans le ballon au hasard. Seferovic, lui, a passé son temps à regarder passer les ballons comme un roi mage qui regarde les étoiles filantes. Plusieurs fois dans le match, il s’est retrouvé dans les seize mètres en ne faisant absolument rien pour tenter un truc. Melchior a eu depuis l’Euro 2016 pour prouver qu’il pouvait amener quelque chose en pointe. Je pense qu’au bout d’un moment, le bénéfice du doute devient presque grossier.

De manière générale, ce fut l’allant offensif qui fut timide. Préférant en permanence ne pas prendre de risque, chaque mouvement qui pouvait donner une potentielle percée dangereuse était pondéré et ne donnait pratiquement rien. Une action de la seconde mi-temps fut emblématique de cela. Sur une des seules contre-attaque possible lors l’étouffement espagnol, Drmic tente de porter le ballon vers l’avant mais tout le monde finit par le ramener en arrière jusqu’à ce qu’il arrive vers Sommer. En soi, on peut comprendre la tactique de ralentir le jeu pour empêcher à une équipe comme l’Espagne d’imposer son rythme, mais si on ne le couple pas avec quelques tentatives de contre-attaque, on finit de toute façon sans marquer. Et du coup ça ne sert a rien.

Les Espagnols peuvent se rassurer. En 2006, la Suisse avait fait 1-1 dans le même contexte de préparation face à l’Italie et on sait ce que le grand absent de la Russie avait réalisé par la suite. Et c’est tout ce qu’on leur souhaite. Car pour la Suisse, on ne sait toujours pas quel symbole y trouver. L’équipe de Petkovic reste un mystère complet.

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4 Commentaires

  1. A peu près tout le monde est d’accord à propos de Seferovic, y compris les commentateurs sportifs les plus lèche-botte. Ce qui fait problème, c’est plutôt le sélectionneur : Monsieur Petkovic commence par déclarer que ceux qui ne jouent pas en club n’auront pas leur chance, puis il en sélectionne au moins trois. Qu’il ne puisse pas se passer de Sefe parce qu’on manque d’attaquants, peut-être. Mais de là à le mettre dans l’équipe-type, alors là, il y a de quoi se faire du souci sur ses capacités de jugement. Bizarrement, personne ne semble relever la chose…

    • Je suis content que tu en parles parce que je finissais par me demander si j’avais rêvé : Oui ou non Petko avait-il déclaré que le temps de jeu en club serait déterminant ? On retrouve où une trace de cette interview ? Parce qu’avec cet escroc de Sefe on nage en plein délire : en 2018 le gars a joué plus de minutes avec la Nati qu’avec Benfica…

    • « Ce que je peux dire, c’est que nous avons besoin de joueurs qui ont des minutes de jeu dans les jambes. Je vais regarder cela de manière plus pointue la saison prochaine. Ce sera important de jouer en club, je vais y être attentif. Parce que plus avez de rythme, plus vous avez de confiance. Et meilleur vous êtes. »

      Ah le fourbe !

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