Polish mat ou brillant ?

Souvent présentée comme sérieux outsider mais jamais gagnante, la Pologne se déplace en Russie avec de grosses ambitions mais aussi un jeu souvent dégueulasse, des joueurs antipathiques et des supporters bien à droite du FN. Ça devrait leur réserver une visite prometteuse chez les sympathiques vassaux de Poutine.

Pourquoi as-tu choisi de présenter cette équipe ?

C’est bien simple. Je suis tombé amoureux de cette équipe et de ses supporters un certain 25 juin 2016. La réaction de ceux-ci au coup de sifflet final du huitième de finale entre la Pologne et Unser Nati m’a tellement emballé que j’ai eu le coup de foudre. Il n’était donc pas question que je laisse cette équipe à quelqu’un d’autre. Et puis bon, en 1984 on a perdu Gregory dans la Vologne, en 2016 on va découvrir Grzegorz en Pologne.

Comment se sont-ils qualifiés ?

Dans un groupe pourtant plutôt relevé avec notamment le Danemark, la Roumanie et le Monténégro, les Polonais ne se sont pas posés de questions et sont qualifiés « à l’allemande » avec huit victoires, un nul improbable au Kazakhstan et, seule ombre au tableau, une défaite sèche à Copenhague. Presque facilement donc. Faut dire que les 16 réussites de Robert Lewandowski ont bien aidé. Mais ensuite, à part Kamil Grosicki avec 6 buts, personne n’a réussi à en enquiller plus d’un. Faudrait donc pas que l’ami Robert se fasse les croisés d’ici au 19 juin face aux Lions de la Teranga.

Quelles sont leurs chances de soulever le trophée ?

Autant dire que s’ils n’arrivent pas à sortir d’un groupe comprenant la Colombie, le Japon et le Sénégal, le lointain souvenir de l’archipel du goulag du temps où la domination soviétique sévissait en Pologne pourrait bien refaire surface au moment de rentrer au pays. Ca devrait néanmoins le faire. La suite pourrait bien être nettement plus compliquée avec un huitième hypothétique face à l’Angleterre ou la Belgique. Après, forcément s’ils arrivent à emmener leur adversaire jusqu’aux pénos, ils pourraient bien leur refaire à tous le coup de Saint-Etienne. Rien que d’y repenser, ça me fout les boules.

Présente-nous la star de l’équipe.

A force de se demander tous les 2 ans si l’attaquant du Bayern Robert Lewandowski va enfin parvenir à exploser au plus haut niveau et enquiller les buts en phase finale comme Ivo Karlovic les aces du côté de Church Road, on va finir par ne plus y croire. Surtout que sa saison en club n’a de loin pas été sa meilleure de ces dernières années. Dès lors, je miserai plutôt une piécette sur Kamil Glik. Le patron de la défense monégasque est un mec qui te fera toujours le job. Intraitable en défense et plutôt habile de la tête sur les corners, il possède aussi ce petit supplément d’âme qui en fait un leader naturel. Et un mec qui m’a rapporté un nombre incalculable de points tout au long de la saison sur l’Equipe Manager.

On parle du foot polonais, mais il ressemble à quoi le championnat de la Pologne ?

Pour celui qui est fan de bastons organisées sur des terrains vagues ou de tifos représentant des croix gammées, la Pologne c’est Byzance. Pour le footix qui bave devant Neymar ou le Real, c’est un championnat qu’il ignore. La réalité se trouve quelque part là au milieu. Si le Legia Varosvie, le Wisla Cracovie, le Lech Poznan ou le Widzew Lodz dominent le championnat et parviennent tant bien que mal à s’illustrer de temps à autre sur la scène continentale, le reste ne veut pas dire grand-chose et les clubs polonais peinent à exister en dehors de leurs frontières.

Au fait c’est qui la personnalité polonaise la plus célèbre dans le monde ?

Ils sont 2 à se battre pour la place de Polonais le plus célèbre de la planète. Et comme souvent, ce n’est sans doute pas le meilleur qui l’emporte. En effet, malgré un beau parcours, le syndicaliste Lech Walesa, fondateur de Solidarnosc et grand artisan de la transition démocratique polonaise à la fin des années 90, doit s’avouer vaincu face à Karol Jozef Wojtyla, plus connu sous le nom de Jean-Paul 2 et pape de son état. Malgré des positions particulièrement tranchées en matière d’avortement et de contraception et supportant ainsi sur sa conscience un nombre incalculable de morts, il a marqué l’histoire de la fin du 20ème siècle et le début du suivant en incarnant l’image d’une nouvelle église catholique. On s’en cogne mais c’est ainsi. Dommage pour le brave Lech que Mehmet Ali Agca ait manqué son coup le 13 mai 1981, il se serait débarrassé de cet encombrant concurrent.

Fais-nous rêver avec la Pologne, mais dans un autre sport…

Si Adam Malysz ou Kamil Stoch ne vous disent rien, c’est que vous n’avez jamais lu l’extraordinaire récit de notre ami Julien Mouquin sur son périple à la Vier Schanzen Tournee ou que vous n’appréciez que moyennement les envolées lyriques de Sylvain Freiholz sur ces anorexiques qui planent sur plus de 250 mètres selon les tremplins. Pour faire simple, le saut à skis en Pologne est une religion. Zakopane est le Lauberhorn des sauteurs et la moustache d’Adam Malysz une mode incontournable. Et si ça ne vous plaît pas, sachez que les meilleures lanceuses de poids sont également polonaises. Avis aux amateurs.

Au fait ça mange et ça boit quoi les Polonais ?

Ceux qui ont eu la chance de célébrer les fêtes de fin d’année dans un troquet de la banlieue de Szczecin ont peut-être pu tenter le bigos : ragoût de choux traditionnellement servi le 26 décembre. De manière générale, faut plutôt aimer les calories. Mais surtout, faut aimer picoler. Ce n’est pas moi qui l’ai inventé mais on dit boire comme un Polak. Et c’est vrai. Le Polonais boit beaucoup même s’il n’arrive pas en tête du classement mondial des alcoolos. Et au sommet de leur art en matière d’alcool, les Polonais ont inventé le Spirytus Rektyfikowany. C’est un distillat agricole tirant à 95%. Ça dégage et c’est déconseillé. Si vraiment l’envie vous tente, demandez au rédacteur en chef de Carton-Rouge, il lui en reste peut-être un fond de bouteille.

Une coutume surprenante de ce pays ?

Forcément que dans un pays où l’alcool est une religion, on ne refuse pas un digestif après un bon repas. Et il est parfois étonnant de remarquer à quel point cette tradition perdure nettement plus chez eux que chez nous. Et il n’est pas rare que personne ne refuse autour d’une tablée. Ainsi, ne soyez pas surpris de découvrir des top models en haut talons ou de respectables mères de famille s’envoyer un Spirytus à 95% à la fin d’un repas. Et presque sans grimace.

Ton pronostic ?

Des matchs pouraves au premier tour mais une qualification vu l’incroyable faiblesse de leur groupe. Un huitième face aux Brittons et une victoire aux pénos pour le seul match de la compétition où je tiendrai pour eux. Face à Unser Nati en quarts qui aura elle sorti la Mannschaft au tour précédent, la revanche de Saint-Etienne aura bien lieu et Granit éliminera cette affreuse Pologne en inscrivant le tir au but décisif d’une panenka.