L’épouvantail Wolfsburg

Le Hertha Berlin a repris samedi la tête de la Bundesliga. Mais l’équipe qui fait actuellement la plus forte impression, c’est le VfL Wolfsburg, vainqueur 3-1 du Nordderby sur la pelouse du leader Hambourg. Et si les fortunes investies dans le club par Volkswagen débouchaient enfin sur une grande victoire ?

Le succès de Wolfsburg est d’autant plus retentissant que le leader Hambourg n’avait jusque là égaré que deux points à domicile cette saison. Très solides, les Wölfe ont donné une leçon de réalisme aux Rothosen, grâce notamment au retour du buteur Grafite (deux goals), et ce malgré l’absence du meneur de jeu Misimovic. Wolfsburg n’est sans doute pas l’équipe le plus spectaculaire de la ligue mais c’est probablement la plus homogène et lorsque le trio Misimovic-Dzeko-Grafite sera recomposé, ça devrait faire assez mal. Même le gardien Lenz a brillé (ce n’est pas très bon pour Benaglio et la Nati en revanche), c’est dire si tout réussi actuellement aux Wölfe, qui restent sur quatre victoires d’affilée. Avec en prime les millions des usines Volkswagen, un mentor expérimenté, Felix Magath, quintuple champion d’Allemagne (trois fois comme joueur avec Hambourg, deux fois comme entraîneur avec le Bayern) et un calendrier favorable au 2e tour, Wolfsburg fait aujourd’hui figure de candidat numéro 1 au titre.

Le Hertha à nouveau en tête

La défaite d’Hambourg permet au Hertha Berlin de reprendre la tête du classement après sa victoire à domicile 2-1 contre la lanterne rouge Mönchengladbach. L’Alte Dame a pris deux longueurs d’avance en 1re mi-temps grâce à une ouverture géniale de Cicero pour Voronin et à une remarquable action collective conclue par Dardai. Mais les Berlinois ont souffert après la pause et il n’y aurait rien eu à redire si les Fohlen avaient égalisé sur la fin. Lucien Favre a poussé un gros soupir de soulagement au coup de sifflet final. C’est une bonne victoire pour le Hertha car cette formation de Gladbach est en progrès depuis la reprise et va sans doute piquer des points à pas mal d’équipes.

Hoffenheim égal à lui-même

Si tout supporter de foot allemand qui se respecte déteste Hoffenheim, il faut reconnaître que le néo-promu attire les foules. Ils étaient 78’800 au Westfalenstadion pour Dortmund-Hoffenheim. Et le stade aurait été plein si le TSG n’avait pas réclamé 5’000 billets pour ses supporters qui ne sont finalement venus qu’à 1’600. Trois matchs sans victoire ont manifestement eu raison du formidable «engouement» des supporters d’Hoffenheim. L’ambiance était particulièrement hostile au néo-promu samedi au Westfalenstadion, avec un concert de sifflets et des dizaines de banderoles défavorables, d’une part parce que les valeurs véhiculées par Hoppenheim (fric, arrogance, anti-sportivité et dopage) ne sont pas très populaires dans la Ruhr, d’autre part parce que les fans du BVB n’avaient que modérément apprécié la plainte déposée contre eux par le milliardaire d’Hoffenheim Dietmar Hopp après le match aller pour une malheureuse pancarte le brocardant.
Les Kraichgauer ont fait honneur à leur détestable réputation : le Brésilien Luis Gutavo a écopé de son 10e (!) avertissement de la saison, Ba aurait dû être expulsé pour un coup de coude au visage de Subotic. Tout comme le capitaine Teber pour une agression sur Hajnal et une main volontaire en 1ère mi-temps, son entraîneur l’a sorti à la pause pour lui éviter le carton rouge mais c’est son remplaçant Weis qui s’est fait expulser pour une double voie de fait sur Schmelzer et Kehl ! Affligeant, tout comme la décision de l’arbitre d’expulser le capitaine du BVB Kehl pour un deuxième avertissement fantaisiste (en compensation d’une faute de dernier recours oubliée de Subotic ?). Bref, on parle de foot ? Dortmund et Hoffenheim se sont séparés sur un score nul et vierge. Les deux équipes ont eu des occasions, Weidenfeller a été très bon dans la cage du BVB (si, si…), Zidan, préféré à Frei aux côtés de Valdez, a raté l’immanquable et Dortmund enchaîne un neuvième match nul en douze parties à domicile cette saison.

Krisengipfel

Après la récréation portugaise en Ligue des Champions, le Bayern Munich a renoué avec la dure réalité du football de haut niveau à Brême. Malgré 75 minutes en supériorité numérique (expulsion de Naldo pour faute de dernier recours à la 15e), les Rekordmeister n’ont pu faire mieux que 0-0. Et c’est même le Werder qui est passé le plus près de la victoire lorsque Pizarro n’a pu cadrer à cinq mètres du but. Comme les Munichois, les Brêmois ont profité d’un adversaire de troisième zone en Coupe d’Europe, les vétérans de l’AC Milan, pour se refaire une santé après un début de 2e tour calamiteux. Avec respectivement 2 (Werder) et 4 (Bayern) points en 5 matchs, les deux habituels ténors de la Bundesliga ont un rythme de relégable en 2009 ! Ceci dit, si le Werder paraît définitivement écarté des places européennes, n’enterrons pas le Bayern qui n’est qu’à quatre longueurs de la tête du classement.

Schalke chanceux

Schalke 04 est de retour dans la course aux places européennes après un succès très chanceux à Francfort dans une Commerzbank Arena archicomble (2-1). Les Knappen ont profité d’une mauvaise intervention du gardien Pröll sur l’ouverture du score de Rafinha et d’un renvoi hasardeux de la défense adverse sur le but victorieux de Westermann. A Karlsruhe, dans le Badener Derby, Stuttgart s’est imposé 2-0. Et ce malgré une équipe décimée par les absences, ce qui a contraint l’entraîneur Markus Babbel à aligner deux joueurs qui n’avaient jamais évolué en Bundesliga, le défenseur Georg Niedermaier et le milieu de terrain, grand espoir du foot allemand, Timo Gebhart. Le tournant du match est sans doute survenu à la 13e lorsque l’arbitre a oublié un penalty en faveur du KSC pour un tirage de maillot de Magnin sur Freis. À relever que quelques échauffourées ont éclaté en marge du match, ce qui devient malheureusement habituel entre Karlsruhe et Stuttgart.
Si Schalke et Stuttgart remontent, Leverkusen s’enfonce : les Rheinländer ont subi leur deuxième revers de rang sur la pelouse d’un Hanovre pourtant mal en point (1-0). L’unique but du match a été inscrit sur un contre limpide conclu par les talentueux Schlaudraff et Bruggink. Le Bayer est-il en train de revivre, avec quelques semaines d’avance, le même cauchemar que l’an dernier, où l’équipe, après avoir longtemps séduit l’Allemagne par la qualité du jeu présenté, s’était complètement effondrée sur la fin de saison ?

Bochum chanceux

Malgré l’ouverture du score du klein Pitbull Petit et une kyrielle d’occasions de but, Cologne n’est pas parvenu à confirmer son succès historique à Munich en partageant l’enjeu à domicile contre Bielefeld (1-1). La faute à un impérial Denny Eilhoff dans la cage des Blauen et à une grosse bévue défensive sur l’égalisation de l’Arminia. Du coup, les Geissböcke ont raté une belle occasion de se mettre définitivement à l’abri de tous soucis de relégation. Le VfL Bochum a lui remporté un succès capital dans la course au maintien en battant Cottbus 3-2, après avoir été mené deux fois au score. Mais la réussite, qui boudait le VfL depuis le début de la saison, semble avoir changé de camp si l’on en juge par la déviation chanceuse sur le 1-1 d’Epallé, le mur qui se disloque sur le coup franc du 2-2 du charismatique Fuchs, du pénalty généreux octroyé à Sestak et des deux pénaltys au moins aussi évidents refusés à Cottbus.

Écrit par Julien Mouquin