Les lendemains qui chantent

À la suite du match de samedi, la constatation, comme Kloten, s’impose sans discussion : Genève-Servette a déjà un pied en demi-finale. Voici pourquoi.

Mais tout d’abord (trop fort comment je fais durer le suspense), je souhaiterais m’apitoyer un peu sur mon sort. Forcé à l’exil pour de basses raisons professionnelles et ayant vu les Genevois esquiver leur devoir, j’avais pour plan de subrepticement faire comme eux. C’était sans compter sur notre vénéré rédenchef (que sept mille pétales de rose précèdent chaque pas de sa descendance sur sept générations), qui est encore plus intransigeant que Chris McSorley. «Plutôt qu’un compte rendu de la partie, fais-nous une analyse», m’ordonna-t-il d’une voix menaçante par SMS. Or je n’ai pas encore eu l’occasion de voir Genève-Servette jouer lors de ces play-off, et je n’ai assisté qu’à un de leurs matches depuis la fin de la saison régulière. Ce papier relevait donc de la gageure. Mais bon, que ferais-je ici à me désoler quand toi, cher lecteur, mon frère, tu viens parcourir ces lignes pour te distraire ? Comme promis, voici les raisons pour lesquelles l’élimination de Kloten sera humiliante autant qu’inéluctable.

Les Aviateurs dépendent trop de leurs étrangers

Tous les experts qui lisent l’avenir dans les statistiques à la con vous le diront : l’important n’est pas le nombre de points que l’on inscrit, mais bien le pourcentage qui en est crédité aux non-métèques. Or, si l’on scrute attentivement les deux premières feuilles de match de la série, de quoi s’aperçoit-on ? Tout simplement que sur les huit points comptabilisés par les Aigles, pas moins de sept, dont tous les buts, ont été l’œuvre de Suisses bien de chez nous comme Bezina, Fedulov ou Cadieux. Alors que samedi, Kloten a dû plus de la moitié de ses unités à ses mercenaires. Surtout que Victor Stancescu, c’est pas très Suisse non plus, comme nom.

La défense banlieusarde est une passoire

Dans le troisième tiers samedi, alors que le score n’était que de 2-4, la tribune de presse s’est soudainement demandée si le buffet généreusement mis à disposition par le club n’avait pas été agrémenté par des champignons aux vertus psychotropes. En effet, il nous sembla tous voir Daniel Vukovic prendre toute la défense adverse de vitesse pour partir en break et fixer le gardien. Ce n’était pourtant pas une vision causée par l’ingestion de space cake au citron. Cela s’est bel et bien produit, et il fallut un arrêt chanceux de Ronnie Rüegger (enfin, un arrêt de Ronnie Rüegger, quoi) pour sauver son équipe de la honte suprême. Franchement, comment une équipe qui laisse faire ce genre de chose pourrait-elle prétendre aux demi-finales ? Soyons sérieux.
En face, Genève-Servette n’a pris que six buts, et au vu du temps de jeu conséquent attribué à Jonathan Mercier, cela suffit à prouver sa grande solidité.

Les gardiens de Kloten ne donnent pas tous les gages de sécurité

Quand on fait jouer comme titulaire Ronnie-la-Malice, le Reto Schürch du riche, le seul gardien qui se laisse encore surprendre par les «relances» de John Gobbi, il ne faut pas s’étonner de se faire sortir en quart. Si vous n’y connaissiez rien, ce qu’à Dieu ne plaise, vous me feriez remarquer qu’il n’a commis aucune bourde lors de ces deux matches. Justement, cela prouve son incompétence crasse. Un gardien expérimenté se serait dépêché d’encaisser ces inéluctables rouleaux lors de la dernière rencontre, où son équipe menait largement. Alors que là, il sera bien obligé de devenir la risée du pays tout entier lors des matches-couperets. Et ça joue en équipe nationale !
Pour ce qui est de Juliano Gallmann, comment peut-on confier le poste de gardien remplaçant en play-off à un joueur agé de même pas 22 ans ? C’est absolument ridicule.
Chez les Grenat, Gianluca Mona a déjà prouvé maintes fois qu’il sait se transcender en séries. D’ailleurs, avec à son actif seulement 40 minutes samedi, et alors que le béotien pouvait se laisser influencer par un but encaissé de façon douteuse, le Léventin fut tout de même adoubé deuxième étoile de la partie par Maïque Perez. Si ce n’est pas une preuve de son talent, je ne sais pas ce qu’il vous faut.

Chris McSorley est machiavélique

Chris McSorley a toujours raison. Tel Parker Lewis, Chris McSorley ne perd jamais. Et si par extraordinaire, le score est défavorable à son équipe, c’est qu’il a été victime d’un sombre complot, généralement organisé par ces salauds d’arbitres. Étant donné que Brent Reiber a été aussi mauvais que d’habitude, mais pas particulièrement partial, il faut se rendre à l’Évidence : on y mange très bien. Pardon. Il faut se rendre à l’évidence : tout est prévu.
Si tu regardes les compétitions de bras de fer sur Eurosport 2 (on en voit, des choses passionnantes, sur Eurosport 2), tu as toi aussi pu admirer cette technique. Le héros fait semblant de céder, laisse l’autre s’escrimer bêtement et gaspiller ses forces en pure perte, puis renverse la situation avec une facilité déconcertante. Chris McSorley est trop fort. Ce peut être énervant quand on n’a pas la chance d’être genevois, mais c’est comme ça. Faites-vous une raison.
Franchement, au vu d’une telle infériorité, la décence impose à Anders Eldebrink de retirer immédiatement son équipe, plutôt que de s’acharner contre des moulins à vent.
Photos Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch 

Écrit par Yves Grasset

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18 Commentaires

  1. Super article, une merveille de second degré. Comme quoi on peut rire de mon club sans que ça me gêne quand c’est fait avec talent(ça c’est pour Georges)

  2. Quel talent, ce Yves Grasset ! Quel dommage qu’il sévisse uniquement dans la rubrique Hockey. Une telle plume devrait être illico transférée par son rédacteur en chef dans les rubriques Foot et Tennis, des sports civilisés, quoi 😉

  3. les mecs, je viens de découvrir que j »étais doté d’un pouvoir magique… je suis le nouveau chat noir de Genève-Servette…
    fraîchement arrivé dans la région, j’ai effectué mon baptême de Vernets samedi soir.
    le temps de galérer dans le trafic, et on est entré dans la patinoire alors que le match avait démarré depuis 3 minutes, pour voir le Servette encaissé son premier but.
    le temps de rejoindre nos places, les Grenats avait égalisé… avant que le but soit refusé et une pénalité donnée à un mec avec des patins, une crosse et un casque.
    bref, 4-0 pour Kloten à l’issu du premier tiers, ça a achevé de me convaincre qu’on avait le pouvoir de faire perdre (voire sombrer) le Servette par notre simple présence.
    Aussi, je m’adresse aux futurs adversaires de Genève-Servette (certainement pour la saison prochaine), je me tiens à leur disposition s’ils souhaitent engranger quelques points sans effort lorsqu’ils affrontent les Aigles (honoraires négociables).

  4. « Le Réto Schürch du riche »… ah ah ahah superbe !! J’adore… Tout comme son incompétence crasse (fallait le placer celui là)… Très très bon Monsieur Grasset, et j suis persuadé que Genève si bon à l extérieur va relevé la tête ce soir… Espérons le…

    PS: A tout les joueurs, en passant par Fribourg en vous rendant à Rrrlote, ouvrez les fenêtre du bus… l’air qu’on y respire est rempli de bonnes ondes et de niaaaaaaaak !!! ça sera tout bénéf…

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