Clubbing : Le guide du championnat autrichien

Après la longue pause forcée, on recommence à jouer au football dans la plupart des pays, mais pas en France, ni au Yémen d’ailleurs. La mission est simple : terminer le plus vite possible le championnat en cours afin de pouvoir enchaîner sur la saison suivante. Après avoir fait la part belle au Belarus et à son football dont tout le monde se fout éperdument, nous avons décidé de parler du championnat jumeau de la Super League : la Bundesliga mais autrichienne. Ce qui n’intéressera pas grand monde non plus.

Oui, c’est un nouveau format pour clubbing qui revient sur des championnats entiers (possiblement nuls) au lieu de se focaliser sur un seul club. Ce mois-ci, on avait envie de revenir sur ce championnat et ce pays qu’on compare souvent au nôtre. C’est vrai, les types nous ressemblent quand même un peu non ? Ils ont le Tyrol, nous avons le Valais. Ils ont les wienerli, nous avons la saucisse au chou. Ils ont DJ Ötzi nous avons DJ Bobo. Ils ont Mozart, nous avons Alain Morisod. Ils ont un drapeau rouge et blanc, nous avons un drapeau rouge et blanc. Bref, l’Autriche est à plus d’un titre le pays jumeau de la Suisse. Pour preuve, ils ont même été d’accord d’organiser un Euro tout pourri avec nous.

Au moins lui ne nous a pas fait Anton aus Tirol

Le format :

C’est ce qu’on a failli avoir chez nous. Douze équipes au lieu de dix qui s’affrontent en matchs aller-retour pour la première phase jusqu’en février. Ensuite, hop on divise les points par deux et on crée deux mini-championnats. D’un côté, le groupe des forts qui se dispute le titre et les places européennes et de l’autre, le groupe des nuls qui se bat contre la relégation. A noter que le premier du groupe des nuls est tout de même qualifié pour un ultime barrage sous forme de mini-coupe en fin de saison pour attribuer le dernier sésame européen. Une formule introduite en 2018 qui garantit, il est vrai, du suspense jusqu’au bout. Un format inspiré de ce qui se fait en Belgique, au Danemark ou en Grèce. Une formule qui est censée redonner de l’intérêt au public. Bon ça n’a jamais empêché que les fans de foot autrichiens s’identifient probablement davantage au Borussia Dortmund parce que c’est cool, à Liverpool parce que ça c’est des vrais – mais pas au PSG parce que dans les clips de rap ils portent leurs trainings en fumant la shisha (ça c’est que chez nous).

La compétition :

En Autriche, on en a un peu ras la saucisse, puisque le Red Bull Salzbourg a remporté les six dernières éditions. De plus, ces titres ont été remportés avec une telle facilité que le championnat était déjà bouclé à Noël. Ces quinze dernières années ont vu les Taureaux Rouges remporter dix championnats. Autant dire que le plateau qui sert de trophée appartient presque exclusivement à l’équipe de la boisson énergétique. Oui, en Autriche comme en Allemagne, c’est une grande assiette qui est en jeu. La tradition de recevoir une coupe pour boire dedans (ce qui est aussi complètement con) est donc remplacée par celle de disposer de la cochonnaille sur un plat en argent.

Dans la plupart des pays quand on gagne, on boit. En Autriche on bouffe.

Autre détail intéressant, alors qu’en Suisse on râle pour un peu d’orange sur un logo, en Autriche le naming va jusqu’au changement du nom des clubs. Outre le Red Bull Salzbourg, il y a le Admira Flyeralarm Wacker Mödling, le RZ Pellets Wolfsberger AC ou encore le Swarovski Tirol. Il n’y a qu’à voir la gueule de la plupart des maillots autrichiens pour comprendre l’ampleur du désastre. Pubs sur les épaules, dans le dos, sur le short et probablement sur les slips des joueurs. Il y en a parfois jusqu’à six sur le devant du maillot ! Même les commentateurs studios ont des publicités sur leurs costards. Soit le supporter autrichien adore la pub, soit il s’est fait une raison, soit il préfère le saut à ski.

L’ambiance :

On trouve de tout. Les grandes affiches peuvent générer de belles affluences (aux alentours de 20’000) et lors des derbys viennois, l’ambiance est souvent assez électrique. En revanche, on est globalement un cran en dessous de ce qu’on peut trouver chez nous (on avait prévenu qu’on comparait). Des Mattersburg-Admira Wacker n’attirent pas plus de monde que des Winterthur-Vaduz. Certains petits clubs peuvent être pardonnés, en revanche le Red Bull Salzbourg et son arène de 30’000 places sonne souvent creux. Bon et puisqu’on compare, les saucisses sont meilleures dans les stades autrichiens et on est à égalité parfaite en ce qui concerne la taille moyenne des pénis (14,2 cm).

 

Admira Wacker Mödling : Ce club est un monstre (non je ne parle pas de la bête sur le logo). Un Frankenstein issu de quatre fusions, de six changements de nom et de trois déménagements de ville. Ses supporters ont sans doute encore moins de chance que ceux de Servette et Xamax réunis. Quoique pas sûr puisqu’un certain Majid Pishyar est également passé par là et y a laissé un sacré merdier. Tiens d’ailleurs je me demande comment est-ce qu’il va Majid ? Désormais installé dans la bourgade de Mödling en périphérie de Vienne, Admira est devenu un club quelconque sponsorisé par Flyeralarm, un géant de l’impression.

 

Austria Vienne : Un des rares clubs traditionnels du pays qui compte 24 titres de champion (donc une pile de 24 assiettes dans l’armoire). Le fameux club violet qui dispute le derby de Vienne contre son ennemi ancestral le Rapid. Un derby qu’on compare souvent au Old Firm entre le Celtic et les Rangers. Bon, ils ne taclent pas autant, ils ne chantent pas autant et en fait ils s’envoient des fusées dessus en tribunes, tellement ils se détestent. Ça ressemble plus à un Zurich-GC mais bon, s’ils y croient… Un club qui avait à l’origine un côté bourgeois mais aujourd’hui on s’y identifie plus parce qu’ils jouent en violet et qu’on trouve ça sympa (mais pas autant que Liverpool).

 

LASK Linz : Club qui monte en puissance depuis deux ou trois saisons. A un tel point qu’avant l’interruption, la formation de Linz était en tête du championnat à la fin de la première phase (ce qui est un exploit). Pas de pot, l’ensemble du staff et des joueurs a oublié les règles strictes d’entraînement imposées durant la fin de la crise. Ces tourtes de Linz ont donc écopé de six points de pénalité, laissant ainsi l’éternel Red Bull reprendre les commandes et filer vers un énième titre. Et sinon ils ont un attaquant Brésilien nommé João Klauss, moi je trouve ça très rigolo. C’est un peu comme si le FC Sion engageait un João Jean-Luc.

 

Rapid Vienne : J’y avais déjà consacré un clubbing entier il y a très longtemps, ça devait être avant l’arrivée de notre rédac en chef. Pas besoin donc de revenir sur le créateur du logo qui a aujourd’hui 103 ans et qui avait signé une clause stipulant que tant qu’il serait vivant, l’écusson ne serait pas remplacé. Club le plus supporté et le plus titré du pays avec 32 assiettes autrichiennes et une Bundesliga allemande (merci les nazis), le Rapid est néanmoins en perte de vitesse ces dernières années. Ses matches sont un des rares moments en Autriche où l’ambiance est chaude, sans compter la Schlagerparade bien sûr, et ceci quel que soit le match. Un vrai club de foot au milieu de Disney Land.

 

Red Bull Salzbourg : Anciennement l’Austria Salzbourg qui avait été racheté en 2005 par la boisson qui excite nos gamins. Le football business dans toute sa splendeur. Changement de nom, de logo, de couleurs, de nom de stade et probablement de boisson au repas de soutien. Ils pourraient même appeler leurs joueurs Red Bull tant qu’ils y sont. Tiens Zlatko Redbulovic, Rasmus Redbulsen, Philipp Redbühl ça passerait comme une lettre à la poste non ? Une question me taraude l’esprit : est-il possible de boire autre chose que du Red Bull à la Red Bull Arena ? Ils auraient pu se contenter de sponsoriser les sports extrêmes et leurs voitures de course mais visiblement leur mégalomanie les pousse aussi à faire dans le foot. Bon on est dur avec eux. Il ne faut pas trop leur en vouloir, après tout ils ont eu Vonlanthen.

A l’époque, il s’appellait Sadio Redbullé

 

SCR Altach : Tout bon amateur de foot suisse se doit de supporter le SC Rheindorf-Altach, seul club de la région voisine du Vorarlberg. Pour cause, le stade Schnabelholz se trouve à moins de 2 kilomètres de la frontière. Qui plus est, le club compte un ancien international suisse dans ses rangs dont tout le monde a oublié l’existence. Bon, une erreur de casting à l’époque d’Hitzfeld et qui aurait sa place dans notre jeu Facebook (indice : il est passé par Lucerne et St-Gall. Devinez qui c’est ?) Le recyclage de vieilles gloires est sans doute une marque de fabrique du club sponsorisé par Cashpoint, un site de pari (concurrent donc du sponsor principal de la ligue), puisque l’ancien international allemand Sidney Sam y a également posé ses valises.

 

SKN St. Pölten : Encore un club plutôt insipide sponsorisé par une marque de téléphonie mobile (Spusu qui se prononce chpousou). Saint-Paul, dans la langue de Molière, est né en 2000 et n’est officiellement pas l’héritier de l’ancien club de la ville qui avait fait banqueroute en 1998. Oui le monde du championnat autrichien ressemble décidément à celui impitoyable des entreprises multinationales. Au moins, le directeur artistique du club a eu la bonne idée de mettre un peu de légèreté en nous proposant un sympathique logo. Après Thurre, Iglesias et Rohrbach, le jour où Loupo se fait virer (vous savez comme moi qu’il boit en cachette sur son lieu de travail), il trouve sans problème du job ailleurs.

 

Sturm Graz : Club qui a connu la gloire nationale et la reconnaissance européenne dans les années 90. Il faut supporter le Sturm Graz pour au moins trois raisons. Tout d’abord, son stade s’appelait autrefois le Arnold Schwarzenegger-Stadion, dommage que le naming soit venu tout changer. Ensuite, il a pour entraîneur un mec appelé officiellement Nestor El Maestro (son nom était Nestor Jevtic). Enfin, les clubs autrichiens ont presque tous un sponsor principal qui relève de tout et n’importe quoi et pour Sturm Graz c’est la marque de bière Puntigamer. C’est quand même moins pire que les copeaux de bois ou les boîtes de pari en ligne.

 

SV Mattersburg : Modeste structure de la petite ville de Mattersburg située proche de la frontière hongroise, où on n’aime visiblement pas trop les étrangers puisqu’on en compte deux seulement dans l’effectif mais aucun doute sur le fait qu’ils aiment le goulasch et les saucisses. L’antre des verts et blancs, le Pappelstadion, est d’ailleurs à ma connaissance le seul stade où un vieux talus en herbe fait office de quatrième tribune. Pratique pour regarder ses matchs allongés.

 

TSV Hartberg : C’est vrai tu as l’œil, on dirait le logo du club de gym d’Avenches. C’est tout à fait normal, l’équipe de foot de la petite ville de Hartberg en Styrie est issue du club local de gymnastique. Petite équipe qui sort de nulle part, le TSV est un OVNI à ce niveau. Présidé par une femme, Hartberg est en train de déjouer les pronostics puisqu’il est parvenu à se qualifier pour la moitié qui se dispute le titre. Présent depuis deux petites années dans l’élite, son maillot contient autant de pubs que la mi-temps de France-Côte d’Ivoire en direct du Stade de France sur TF1.

Le fameux maillot 7 pubs du TSV Hartberg

Wolfsberger AC : Si Wolfsburg est le château du loup, Wolfsberg est son pendant version montagne (ou plutôt colline). Quelle bonne barre de rire on a pu avoir cet automne lorsque Wolfsberg a affronté Wolfsburg en Ligue Europa. Ce n’était pas sans nous rappeler le géant NEC-NAC du championnat néerlandais ou le Liverpool-Liverbull le jour où Red Bull décidera d’investir dans la ville anglaise. Sportivement le WAC est un petit club qui monte et les loups sont plutôt bien partis cette saison encore. Rien de plus étonnant lorsque ton entraîneur-adjoint se nomme Mohamed Sahli.

 

WSG Tirol : Club néo-promu qui s’appelle en réalité le WSG Swarovski Tirol. Oui c’est bien la célébrissime marque de cristaux qui se cache derrière cette équipe. Sans doute feront-ils bientôt une demande pour pouvoir sertir les maillots de leurs joueurs. Vu que la fédération autrichienne semble tout tolérer en termes d’équipements, ça devrait passer les doigts dans le nez. L’équipe basée à Wattens (siège de Swarovski), mais qui joue à Innsbruck, mérite néanmoins le respect. Elle me permet de mentionner un sport qui me tient à cœur et qui est malheureusement dénigré dans notre société car une image de YOLO lui colle à la peau : la tyrolienne.

 

Crédits photographiques:

Au moins lui ne nous a pas fait Anton aus Tirol : HagenU/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:DJ_BoBo_HagenU.jpg

Dans la plupart des pays quand on gagne, on boit. En Autriche on bouffe. : Werner100359/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Meisterteller_%C3%96sterreichische_Fu%C3%9Fballbundesliga_(1).JPG

A l’époque, il s’appellait Sadio Redbullé : Steindy/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/File:FK_Austria_Wien_vs._FC_Red_Bull_Salzburg_20131006_(34).jpg

Le fameux maillot 7 pubs du TSV Hartberg : Werner100359/CC0/Wikimedia Commons https://de.wikipedia.org/wiki/Datei:FC_Red_Bull_Salzburg_gegen_TSV_Hartberg_24.jpg

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4 Commentaires

  1. On a aussi rigolé avec la croustillante gaufre belge Gent v. Genk en Europa League il y a 2 ans. Gent en Français, ça fait Gand mais Genk, ça fait quoi ?
    toujours Genk 🙂

    Il fut un temps où Graz accueillait 2 équipes avec un chaud derby : Grazer AK contre le Sturm Graz.

    Sous description Sturm Graz : « …C’est quand même moins pire… ».

    Pire est superlatif absolu : on dira « …C’est quand même mois mauvais… ».
    De la même manière, il convient d’éviter les tournures « aussi pire » et « si pire ».

    La référence pour le football en Europe centrale et en Europe de l’Est :
    https://footballski.fr/
    Pour l’Autriche : https://footballski.fr/category/nos-pays/europe-centrale/autriche

  2. Merci Lindo. Ah oui j’avais oublié qu’on avait eu Genk-Gent aussi en 1/8 ou 1/16 d’EL. Quel gag!
    Footballski c’est absolument mythique, je suis le 1er fan. Je recommande pour ceux qui aiment un autre football, enfin un football un peu moins pire 😉

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