Honduras ce qu’on voudra…

Pour sa deuxième participation à une phase finale de Coupe du Monde après 1982, le Honduras affiche des ambitions modérées. Pourtant, derrière l’Espagne, c’est un groupe relativement équilibré qui s’offre à lui…

1) Pourquoi ai-je choisi de présenter ce pays ? L’un de mes meilleurs amis, passionné de football, avait une idole : «Magico» Gonzalez (rien que le surnom, c’est déjà une icône) qui avait sévi à Valladolid (la ville qui a vu passer Cervantès, Christophe Colomb et René Higuita) dans les années 80. Numéro 10 à l’ancienne, avec très peu d’envie de s’entraîner, un attrait prononcé pour les beuveries, le sexe et les discothèques… Bref, comme on les aime. Je me suis donc dit que c’était une belle occasion de rendre hommage à ce «Magico», et par là même à mon ami qui supporte depuis des lustres ce club modeste mais juste qu’est Valladolid. C’est un beau roman, et sacrée belle histoire vous trouvez pas ? Moi aussi… Jusqu’à ce que je réalise que «Magico» Gonzalez était originaire du Salvador, et pas du Honduras.
2) A quoi sert ce pays ?
Il sert surtout à rappeler qu’il existe des coups d’Etat militaires sanglants et d’une brutalité sans pareil qui, de nos jours encore, passent relativement sous silence. Alors ok, c’est moins trendy que la Thaïlande… Mais la Thaïlande elle se qualifie quand pour un Mondial, hein ?

3) Comment se sont-ils qualifiés et surtout pourquoi ?
La Zone Concacaf a connu, avec l’essor (bien que modéré) du soccer aux Etats-Unis, un certain relèvement de son niveau moyen et par conséquent une difficulté accrue pour ses représentants de se hisser au rang des trois heureux élus pour la Coupe du Monde. Le Mexique et les USA briguant depuis 1994 deux des sièges, il ne reste généralement qu’à attribuer le dernier sésame. Et pas besoin de se moquer des Jamaïque, Trinidad et Tobago ou autre Salvador (on y revient)… Rappelons simplement que le Honduras a devancé, par exemple, le Costa Rica, qui a posé quelques menus problèmes en match amical à la France et à la Suisse…
4) Pourquoi vont-ils gagner la Coupe du Monde ?
Bon, faut pas déconner non plus… Mais disons que dans un groupe où on peine somme toute à identifier au premier abord le dauphin de l’Espagne, une multitude de scénarios est possible. D’autant plus que le Honduras affronte la Suisse pour son dernier match. En imaginant que celui-ci s’avère déterminant pour la qualification, et connaissant la solidité des nerfs de Frei & cie devant ce genre d’enjeu, on pourrait imaginer miser une thune sur les hommes de Reinaldo Rueda. Pas plus, hein ? Le reste c’est pour les bières et les chips.
5) Pourquoi vont-ils se faire éliminer au premier tour ?
Parce que le football est cruel, et surtout parce que les arbitres auront déjà fort à faire pour se justifier des arbitrages scandaleusement favorables à l’Afrique du Sud (genre mondial nippo-coréen…) pour se permettre d’autres coups de pouce «suspects».
6) Qui sont les joueurs à surveiller ?
Faut tous les surveiller, sinon c’est la fermeture des boîtes et les boulangeries à 6h du mat’ avant les matches assurée. Plus sérieusement, on peut citer le trio «italien» : Alvarez, ailier ultra-rapide de Bari, l’équipe révélation de la Serie A cette année ; Leon en pleine lutte pour la promotion dans l’élite avec Torino ; David Suazo, s’il récupère sa pleine condition physique, qui affiche un palmarès de tout respect avec ses 55 buts en 152 matches en Serie A. Ce dernier particulièrement semble posséder tous les atouts pour poser quelques problèmes à Grichting (notamment une pointe de vitesse). Si l’on ajoute à cela Palacios, de Tottenham, on serait tentés d’avancer que les Catrachos alignent la meilleure sélection de leur histoire.
7) Qui sont les joueurs à ne pas surveiller, mais dont on peut éventuellement se moquer ?
Dans la grande tradition des portiers venant des Caraïbes ou de l’Amérique centrale, le gardien Noel Valladares est nettement le point faible de l’équipe. Connaissant la force de frappe de la Roja, on pourrait assister à l’un des «rouleaux» de ce Mondial. Mais bon, en général on évitera de se moquer des joueurs du Honduras, sous peine de se réveiller le lendemain matin avec trois doigts en moins et le corps recouvert de tatouages de gangs, réalisés à la machine à coudre.
8) Une bonne raison de les supporter ?
Ni Pékin Express, ni Koh-Lanta n’ont jamais eu l’occasion de traverser le Honduras, ce qui nous a épargné les lamentables et traditionnels «Ils sont extraordinaires les gens ici, ils n’ont rien, mais ils vous donnent tout. Et leur vie n’est que musique et sourires, c’est que du bonheur».

9) Une bonne raison de ne pas les supporter ?
Cette tendance si chère dans nos contrées, érigée en valeur nationale, et déterminant une bonne partie des comportements et attitudes «bien de chez nous» : une simple envie de ne pas prendre de risque.
 
10) Bon d’accord, mais sinon ?
Sinon on ne peut qu’être intrigué par cette équipe, qui présente quand même un onze relativement expérimenté et talentueux, renforçant l’adage qui dit que, dans le football globalisé, il n’y a plus de petite équipe. C’est probablement vrai, et il paraît évident que le Honduras d’aujourd’hui est plus balèze que le Honduras qui se fit balayer en 1982. Il n’en demeure pas moins que, histoire de contrer encore un dernier lieu commun, d’autres équipes (comme l’Espagne et le Chili, au hasard) elles aussi ont progressé en 28 ans.
Pis surtout, quand vous discutez avec vos amis routards, backpackers ou autres babzouilles, tous ont «fait» le Guatemala, le Costa Rica, Cuba… Et ils ont tous une anecdote super à raconter : une décoction de racines de Peyotl pour soigner les verrues, la construction d’une école pour enfants aveugles, etc.  Mais personne n’est jamais allé au Honduras et personne n’a rien à vous raconter sur ce pays ! La parole au football alors…

Écrit par Maurizio Colella

Commentaires Facebook

8 Commentaires

  1. A voir par le passé il n’y a pas que l’Espagne qui a eu les « faveurs » de l’arbitre sinon l’Italie n’aurait aucune étoile…

  2. @ jean-baptiste

    Je suis un peu dur avec les deux points réalisés par le Honduras en 82. C’était surtout pour relever qu’ils avaient terminé dernier du groupe. Mais le terme « balayer » est peut-être exagéré, je te le concède.

  3. Deux nuls, une défaite 1-0 et un arbitrage « suspect » en faveur du pays hôte espagnol (comme quoi y a pas qu’en Corée…), pas sûr en effet qu’on puisse dire que le Honduras s’était fait balayer…

    Cela dit y a bien une équipe qui s’est faite balayer en 1982, notamment un 10-1 contre la Hongrie.Cette équipe c’est… Le Salvador

  4. Il avait fallu un penalty plus que douteux à l’Espagne pour obtenir un petit 1-1 contre le Honduras, qui avait été à deux doigts de créer un véritable exploit. Le pays organisateur, qui avait déjà passé le 1er tour par les poils (1 but marqué de plus que la Yougoslavie, même nombre de points) n’a plus bénéficié des largesses arbitrales par la suite et s’est faite élimininer logiquement au 2e tour.

  5. Vous venez tous des Honduriens (euh, pas sur qu’on dit comme ça… J’attends de voir ce que PAD nous apprendra), vous êtes des encyclopédies vivantes du foot, ou vous allez systématiquement contrôler tous les écrits sur ce blog rien que pour embêter????
    Parce que franchement, si vous arrivez à vous souvenir des matchs du premier tour en 82, chapeau!

  6. Je connais TRES BIEN Suazo !!! Si les autres équipes jouent avec une défense dite haute, ils finissent à 10 ! Il a une rapidité impressionnante!!!!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*


Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.