Thomas Müller c’est un génie. Thomas Müller c’est monsieur tout le monde, il est resté si simple. Thomas Müller ce n’est pas du talent, c’est du travail avant tout. Thomas Müller c’est un mec qui a perdu deux fois le championnat d’Allemagne : au tout début de sa carrière, depuis il les a tous gagnés. Thomas Müller c’est une dégaine de joueur de 4e ligue (des années 90) en Ligue des Champions. Retour sur le monument qu’est Thomas Müller.
Lorsque Thomas Müller a démarré sa carrière, je l’ai instantanément haï, c’est vrai. Ce joueur était juste trop allemand. Mais au fil du temps, je me suis convaincu qu’un tel joueur faisait du bien au football moderne. Au final, je me retrouve à lui consacrer un article, une sorte d’hommage, chose impensable il y a une dizaine d’années. On va dire que seuls les cons ne changent pas d’avis. Oui Thomas, tu fais du bien dans le monde du football actuel, mais je serai tout de même content le jour où tu arrêteras ta carrière, parce que ça va bientôt arriver à 33 ans. Je t’aime bien mais dégage !
Un nouveau Klose
Allianz Arena, 10 mars 2009, c’était finalement il n’y a pas si longtemps. Rui Patricio, le gardien du Sporting Lisbonne passe ce qu’on appelle communément une soirée de merde. Pire que toi lorsque tu t’aperçois que tu arrives trop tard (ou trop tôt) en boîte et que la file est bien trop longue. Après en avoir pris 5 au match-aller de ce huitième de finale de Ligue des Champions, le gardien portugais en encaisse 6 ce soir-là. 11 à 1 sur l’ensemble des deux matches, ça fait beaucoup. Mais le pire reste à venir, un inconnu tout juste majeur, entré en jeu vingt minutes auparavant, lui colle un septième et dernier but. Une réussite absolument dégueulasse. Un ballon qu’un certain Thomas Müller seul aux cinq mètres n’a plus qu’à mettre au fond. Il y a au moins une fois main sur l’action, mais le but compte, et ça c’est un but typique de la carrière de la future coqueluche du public bavarois. Un but comme il a appris à les marquer à la Oliver-Bierhoff-Schule de Peissenberg.
Le monde découvre alors ce gamin de 19 ans qui porte sans doute la combinaison prénom-nom la plus probable d’Allemagne : Thomas Müller. Un 7-1 et un 12-1 sur l’ensemble des deux matches ça fait presque pitié pour le Sporting. Mais ça les Bavarois s’en foutent royalement. Écraser les plus petits que soi est dans l’ADN du club. Peu importe qu’il y ait 0-0 ou 6-0, que ce soit le Barça ou la réserve du Vfl Bochum, le Bayern veut toujours marquer plein de buts et rigoler. Une attitude bien dans la trempe du jeune Müller. Pour la petite anecdote, notre champion bavarois collera un triplé à Rui Patricio lors de la Coupe du monde, quatre ans plus tard. Allemagne-Portugal 4-0, que des buts moches. Rui Patricio, actuel gardien de l’AS Rome consulte encore régulièrement un psy dans la ville éternelle : il fait encore souvent des cauchemars d’une grosse bouche d’Allemand aux canines affutées qui rigole très fort.
Le Bayern de Müller qui s’adonne à sa passion favorite.
Un champion du monde 1990 né en 1989
Ce qui va vite rendre Thomas Müller populaire c’est son style. Un joueur qui est parfois à l’antithèse de ce que le public attend d’un footballeur moderne. Un gamin qui se serait sûrement fait emmerder à l’école s’il n’avait pas été fort au foot. Perso, j’aurais certainement pissé dans ses chaussures et j’aurais poussé tous mes camarades à lui infliger pareil châtiment. Protège-tibias qui dépassent des chaussettes, liquette blanche sous le maillot du Bayern, il y a longtemps que Thomas Müller aurait dû être arrêté par la fashion-police des footballeurs. C’est en tout cas l’avis de Paul Pogba. Si le chiffre fétiche du Raumdeuter est désormais le 25, il a aussi porté le 13, sans doute parce qu’il est né un 13 septembre. C’est si simple que ça fait presque de lui un bobet du village. Il vous dira que c’est un hommage à Gerd Müller mais on sait tous que c’est faux Thomas.
Bordel, mais où sont tes tatouages Thomas ? Fais-toi au moins tatouer un cheval qui galope au soleil couchant, puisque ta passion en dehors du foot ce sont les canassons. On imagine bien que tu es du genre à avoir adoré les maquettes de trains quand tu étais petit. C’est que Thomas n’est pas du tout né à la bonne époque. Il aurait dû être champion du monde 1990, associé à Rudi Völler en attaque. Un mec qui est encore capable de fêter ses buts en levant juste les deux bras en l’air et en sautant comme un jeune cabri. Non mais, il se croit où ? En train de jouer une finale de Coupe des Champions Bayern-St-Etienne 1976 ? La vérité est peut-être qu’il est un joueur du passé voyageant dans le futur. Oui Thomas, l’Allemagne a été réunifiée.
Un ramasseur de balles avant tout
Un style dégueulasse, certes, mais une efficacité insolente devant le but. L’ascension du natif de Weilheim in Oberbayern est fulgurante aux débuts des années 2010. À peine sorti des jeunes du Rekordmeister, Müller brûle les étapes que ce soit en club ou en équipe nationale. Il claque but moche sur but moche. La légende raconte que dans sa carrière il n’a inscrit qu’un seul but hors des seize mètres : c’était à l’entrainement un jour pluvieux de mars 2011. Mais ce n’est qu’une légende.
À 19 ans, le jeune buteur est logiquement appelé en sélection par Jogi Löw. Une première cape face à la Côte d’Ivoire, puis une seconde face à l’Argentine de Messi. Un match amical mémorable où l’immense Diego Maradona (alors sélectionneur) l’humilie en le confondant avec un ramasseur de balles en conférence de presse. Environ six mois plus tard, la Mannschaft élimine l’Argentine en quarts de finale de la Coupe du Monde en Afrique du Sud. Müller ouvre le score et termine meilleur buteur du tournoi. Diego a toujours eu fin nez et pas que pour la coke. L’Allemagne échoue finalement en demies, mais peu importe, Thomas sera ramasseur de balles lors de la finale Espagne-Pays-Bas. Eh ouais!
La légende raconte que ce jour-là Maradona n’avait pas pris de coke. Mais c’est une légende.
Quatre ans plus tard, au Brésil, Thomas ne fait toujours pas dans la dentelle. Il termine vice-meilleur buteur du tournoi et devient surtout champion du monde face à l’Argentine. À 25 ans, notre poulain a déjà tout remporté, puisqu’une année plus tôt, il a également gagné la Ligue des Champions avec le Bayern. Un palmarès qui a de quoi faire saliver les plus grands. Il n’a pourtant jamais fini mieux que 5e dans la course au Ballon d’Or. Appelez ça un complot ou un délit de faciès. De toute façon, ce trophée, Thomas l’aurait offert à Bastian, son neveu de huit ans. Il faut dire que le numéro 25 du Bayern est un vrai marrant, il a trop longtemps fréquenté Frank Ribéry.
Faut bien avouer qu’il est plus drôle que Jamel Debbouze.
Le fou du Bayern
À l’instar de Totti, Maldini ou encore Gerrard, Müller n’a jamais changé de club. Il pue le Bayern à des kilomètres. S’il enfilait un autre maillot que celui du Rekordmeister, le trublion bavarois ferait un choc anaphylactique, les médecins sont formels. Ce gars ne change de toute façon jamais, cela fait plus de 15 ans qu’il arbore exactement la même coupe de cheveux. Albums Panini à l’appui, sa vignette n’a pas changé depuis 2010.
Un de ces rares joueurs qui a consacré toute sa carrière à un seul club. C’est aussi un point qui l’a rendu populaire. Lors des célébrations de son deuxième sacre en Ligue des Champions, en 2020, le numéro 25 était en décalage avec ses coéquipiers. Sa manière d’exulter était pour ainsi dire inadaptée. Le mec semblait avoir plus envie de se balancer de la bière dessus avec le kiné et le cuisinier qu’avec ses coéquipiers. On le comprend en même temps, il n’y a rien de pire que de fêter un titre avec Benjamin Pavard.
Thomas Müller est gentiment sur le déclin. Franchement, je me demande parfois si ce type de joueur totalement hors de son temps existera à l’avenir. En attendant, puisqu’aucun gamin n’a jamais voulu faire un exposé sur toi, je me permets de te consacrer cet article, puisque tu es finalement un joueur de mon enfance.
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