Clubbing : le guide du championnat d’Australie

Dans la vie, il y a la A-Team, enfin l’agence tout risques en français, avec Barracuda. Mais il y a surtout la A-League. Avant que le grand raoût du football féminin ne se réunisse cet été (enfin pour nous) aux antipodes, on te propose un petit tour d’horizon de ce qui se fait en matière de foot au pays des animaux bizarres. Décidément, après l’Argentine, l’hémisphère Sud est devenu à la mode dans Clubbing. Promis pour la prochaine édition on ne partira pas en Afrique du Sud. Quoique…

Le format

Le championnat australien sous sa forme actuelle compte parmi les plus jeunes ligues du monde. La A-League a vu le jour en 2004, selon un modèle très américain. Le hot-dog y est d’ailleurs très vendu dans les tribunes. En réalité, il existait bien une ligue australienne avec un système de conférences avant cette date, mais celle-ci a connu d’importants déboires financiers, nécessitant une refonte complète du système en place, pourtant Credit Suisse n’avait rien à voir là-dedans. Un championnat qui se déroule en principe durant l’été austral, c’est-à-dire de novembre à mai. Les Australiens ont tout compris : ils ne s’embêtent pas à jouer pendant l’hiver, 13°C c’est bien trop froid.

Un système de ligue fermée où le seul moyen d’être relégué est de ne pas rapporter assez de fric. C’est ainsi que douze formations issues pour la plupart de Sydney et de Melbourne s’affrontent dans un championnat en trois tours (oui c’est bizarre). S’en suit un système de pré-playoff et de playoff pour les six meilleurs classés, avec en point d’orgue une grande finale se disputant sur un seul match. À noter que la A-League a incorporé une formation néo-zélandaise (New Zealand Knights devenu Wellington Phoenix), ce qui en fait le seul championnat intercontinental (Asie et Océanie) au monde selon Gianni Infantino, ce personnage qui repense les continents et le monde, une sorte d’Hérodote de l’époque contemporaine.

Je compte mettre ta photo dans tous mes articles. Ô leader suprême.

La compétition

Un championnat pas si affreux qu’il n’y paraît. On se croirait toutefois en 1990, puisqu’en Australie chaque équipe n’a le droit qu’à cinq joueurs étrangers dans son effectif. C’est une bonne nouvelle, car cela signifie qu’il y a un certaine tradition du roux australien qui se perpétue aussi sur les terrains de football. Petite précision néanmoins, sont considérés comme étrangers uniquement les joueurs ayant besoin d’un visa pour travailler en Australie. Une règle qui garantit aux joueurs locaux un certain temps de jeu et qui n’est sans doute pas totalement étrangère au niveau toujours plus prometteur des Socceroos, l’équipe nationale.

Le championnat suit une autre règle calquée sur le système américain, celle du plafond salarial (et du salaire minimum). Une mesure qui rend la A-League plutôt équilibrée. Il n’y a qu’à voir le classement actuel à quelques journées de la fin de la saison régulière, rien n’est encore joué. Quel suspense ! Le revers de la médaille est que les équipes australiennes participant aux coupes asiatiques se couvrent souvent de ridicule. Au point, qu’au coefficient par club, l’Australie a droit au même nombre de participants aux coupes continentales que les Philippines. Ou alors c’est tout simplement que les clubs des antipodes en ont rien à foutre de jouer contre des équipes malaisiennes et vietnamiennes.

Qui a franchement envie de jouer contre Pathum United ?

L’ambiance

En Australie, le soccer a passablement de concurrents. La popularité du football australien, du cricket ou encore du rugby empêche le soccer d’être parmi les sports les plus suivis, même si l’engouement autour de l’équipe nationale existe. Oui le soccer est arrivé bien après ce sport… enfin ce truc disputé par des mecs en marcel qui a même réussi à piquer le nom de football à son sport originel. Un sport qui avait été à l’honneur il y a fort longtemps, car oui, tous les sports ont leur heure de gloire sur notre site, sauf le hippisme. Si la grande finale attire forcément du monde, la plupart des matches de saison régulière se disputent devant quelques milliers de supporters. Un championnat où les affluences de la Tuilière, la Praille ou Tourbillon ne détoneraient pas dans le paysage. La palme revient clairement à Melbourne Victory qui rassemble fréquemment 15’000 personnes, meilleure affluence de soccer chez les Aussies. Pourtant en 2013, ils étaient presque 100’000 à venir chanter le You’ll never walk alone au stade de cricket de Melbourne pour une exhibition entre Liverpool et le Victory. Un vrai public de footix (de McFoot en fait).

On était à deux doigts que les joueurs de Melbourne Victory sortent leurs écharpes rouges YNWA.

Les équipes

Adelaïde United : Un, dos, tres. Il y avait une bonne action sur l’espagnol (mais pas le vin), alors Adelaïde United en a pris trois. Une des équipes phares du football australien qui compte dans ses rangs Josh Cavallo, le premier footballeur professionnel à avoir annoncé publiquement son homosexualité. Un sacré courage. Une info qui a bien entendu été relayée par la plupart des médias mondiaux. En revanche, absolument aucun n’a mentionné le latéral droit Ryan Kitto, premier joueur de foot professionnel à avoir ouvertement avoué être collectionneur de pin’s. Pourtant là aussi il a fallu une sacrée dose de courage.

Brisbane Roar : Le wombat est un marsupial australien qui n’est pas une de ces nombreuses « sales bêtes » qui peuplent ce pays (genre un taïpan). Cet animal placide et très mignon a la singularité de produire des déjections cubiques, comme des apéricubes. Un animal tout chou qui avait l’étoffe pour être la mascotte du club de foot de Brisbane. Mais évidemment non, dans capitale du Queensland, on a préféré choisir un animal bien plus classique et international : le lion. Vive la mondialisation. Du coup, ça donne le Brisbane Roar : le rugissement de Brisbane. Alors qu’on n’a jamais entendu rien d’autre rugir que des Australiens bourrés dans cette ville considérée comme la plus moche du pays.

Tcheu la sale bête !

Central Coast Mariners : Avec un blaze pareil, on croirait plutôt avoir affaire à des mecs habillés en Billabong. Il faut dire que le club de la ville de Gosford frime pas mal avec son stade possédant vue sur la Brisbane Water et une rangée de palmiers derrière le but côté est. Cela dit, on leur doit le seul vrai joueur de foot du Vanuatu : Brian Kaltak, capitaine de l’équipe nationale (un docu Netflix lui est consacré si tu t’embêtes dans la vie). Un joueur sans doute meilleur qu’Usain Bolt qui avait fait un essai au club il y a 4 ans. Verdict : L’homme le plus rapide au monde n’était pas assez bon pour la A-League et de toute manière le roi du sprint trouvait que le niveau du football en Australie était tout pourri. Lui ce qu’il voulait c’était jouer à Manchester United.

Un des plus beaux matches de la saison de l’équipe trop naze pour Usain Bolt.

Macarthur FC : En général, Macarthur joue le bas de classement. Entraînés par le va-t-en-guerre Mile Sterjovski, ancien Bâlois de son état, les Bulls n’en sont qu’à leur troisième saison d’existence. Trois ans d’existence au plus haut niveau certes, mais déjà un trophée sur l’étagère à la buvette puisque le petit nouveau a remporté la coupe nationale l’an passé. Bon il faut dire que pour gagner ce trophée le club de la banlieue de Sydney n’a dû affronter qu’une seule équipe professionnelle, en quarts.

Melbourne City : L’équipe dégueulasse. L’ancien Melbourne Heart, club historique que tout le monde aimait du fond du coeur, racheté par City machin group. Inutile de préciser qu’ils en ont profité pour déguiser leur équipe en Manchester City. Tenue bleu ciel et logo Etihad Airways qui figure fièrement sur le maillot, il ne leur manque plus qu’un grand blond d’1m94 devant pour être la copie parfaite du champion d’Angleterre en titre. Comme leurs homologues anglais, City domine le championnat depuis quelques saisons maintenant. Pour en finir avec cette comparaison, Melbourne City possède un joli stade dernier cri, mais qui sonne très creux, vu que le club est sans doute le moins supporté du pays, encore une fois comme la bande à Pep. C’est mérité.

Kevin De Bruyne en action.

Melbourne Victory : L’équipe historique de Melbourne qui porte un maillot qui ressemble à s’y méprendre à celui des Girondins de Bordeaux. Il faut dire qu’il y a mieux en matière de victoires… Visiblement les Girondins de Melbourne n’ont vraiment pas envie de gagner, allant jusqu’à engager Nani. Le vétéran portugais enchaîne les pépins physiques (comme toujours) et peut ainsi s’adonner à ses deux passions secrètes : le lancer de boomerang et le didjeridoo. Le club de prédilection de Kevin Muscat, le joueur le plus détesté au monde à son époque, une sorte de SuperPepe. On était obligé de le mentionner. Un des clubs historiques et les plus suivis du pays qui se fournit en chaussures chez Dosenbach.

Newcastle United Jets : Les Magpies de Winnipeg. Trois avions trônent crânement sur leur logo. Des FA18, en l’honneur de la base aérienne royale de Williamtown qui est dans le coin mais surtout de Viola Amherd. Il n’y aura bientôt plus que deux avions sur leur écusson, puisqu’un des avions de chasse va être livré à l’Ukraine. Les Jets font partie de ces équipes dont on ne sait pas véritablement en quelles couleurs elles jouent. Une sorte de doré avec des shorts bleu marine, mais sans doute que la saison prochaine ils joueront en rouge et bleu.

Perth Glory : Perte et Gloire dans un seul club : un bel oxymore. C’est l’équipe de l’Ouest australien, sans doute parmi les équipes qui doivent le plus se déplacer au monde, puisque le trajet le plus court de la saison effectué par le Glory nécessite un peu moins de 4 heures de vol. Ce n’est pas la gloire au niveau écologique. Des trajets en avion fréquents auxquels a dû s’habituer l’ancien Lausannois et Bellerin Salim Khelifi. Il faut dire que tout comme Bex, la région de Perth est connue pour ses mines (mais plutôt d’or), comme dans Spirou en Australie. Le Glory joue provisoirement au Macedonia Park de Perth, un petit stade d’environ 5’000 places où on se croirait vraiment dans un stade municipal de Skopje, puisqu’il y a même des supporters debout amassés derrière les panneaux publicitaires ! Ambiance garantie pour une fois en Australie !

J’adore ce stade qui donne l’impression d’une grande famille. Rien à redire !

Sydney FC : Le club au nom le plus basique qui soit. La plus grande ville du pays + FC, une formule aussi originale qu’un FC Zurich des grands jours. La comparaison ne s’arrête pas là, puisque les deux clubs comptent parmi leurs faits d’armes d’avoir signé un ancien joueur de la Juve. Alex Del Piero pour les Australiens, qui était sans doute venu pour le projet sportif, et Davide Chiumiento pour le FCZ. Le club qui compte le palmarès le plus étoffé du pays : 5 titres de champion, un des « grands » clubs du pays. En même temps, c’est assez normal, lorsque tu as la prétention d’afficher un opéra sur ton logo, il faut assumer derrière.

Wellington Phoenix : Pour faire comme en NBA, la A-League a décidé d’incorporer une équipe étrangère. C’est logiquement que dès 2008, la franchise néo-zélandaise de Wellington Phoenix (pas les Wellington de Phoenix), fraîchement créée, a été intégrée au championnat australien. Son joueur emblématique et capitaine n’est autre qu’Alex Rufer, un joueur né à Genève dedieu dedieu. Il faut dire que son père Shane a joué en maillot Placette au début des années 90. Il a partagé l’affiche avec Türkyilmaz , Lucien Favre et Éric Pédat. Si c’est pas improbable ça ! Et si jamais E Rere Te Keo. Une petite phrase en maori sur le logo ça fait toujours authentique, on n’est donc pas passé si loin d’un haka gênant au début du match, alors qu’aucun joueur des Nix ne possède des origines maories.

Western Sydney Wanderers : Le club de Morgan Schneiderlin et Romain Amalfitano. On comprend immédiatement la présence de Voltaren sur les maillots. On dirait un faux nom d’équipe de jeu vidéo à modifier soi-même parce que Konami n’a pas eu la licence. Les Wanderers sont tout de même la seule équipe australienne à avoir remporté la Ligue des Champions asiatique. Toujours balaise de gagner un titre en tant qu’imposteur, puisqu’on le répète l’Australie n’est pas en Asie même si cette phrase est so 2010.

Western United : Les nomades du foot professionnel puisque Western United joue surtout en banlieue de Melbourne, mais de temps en temps, ils se permettent quelques matches en Tasmanie figure-toi. Un club qui a été créé de toutes pièces, puisque c’est le public qui a choisi ses couleurs et même le nom de l’équipe. Un peu plus et le public pouvait recruter lui-même l’entraîneur et le kinésithérapeute de l’équipe. En revanche, le public n’a sûrement pas choisi Léo Lacroix et Aleksandar Prijović qui y sont titulaires indiscutables. Elle a de la gueule cette nouvelle saison des Valaisans en Australie.

 

Crédit photographique:

Un taïpan: XLerate/CC0/Wikimedia Commons https://commons.wikimedia.org/wiki/User:XLerate

 

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