On adore cette Nati-là

Normalement la Nati, je m’en découds les Birkenstock à grands coups de fourche à foin, voire même je m’en roille les fosses nasales avec une pelle à tarte. Mais comment résister à une affiche telle que Suisse – Slovénie ! La finale de la Canada Cup de 1987 ? Ridicule ! La série du siècle de 72 ? Des divagations de grabataires sans la moindre preuve tangible que ça ait même jamais existé. Non, Suisse – Slovénie, c’était LE match à ne pas louper (juste après l’inoubliable Reuchenette II – Tramelan Sharks vétés de janvier 84, bien sûr) !

Pour tout vous dire, la répartition des matchs au sein de la rédaction s’étant faite avant le début du tournoi, je m’attendais à me retrouver dans la situation maintes fois vécue d’une Suisse qui se serait engluée dans les boulettes de viandes du HC Ikea, qui aurait ensuite battu les Canucks sans trop savoir comment avant de perdre honorablement face aux champions du monde du mulet façon Bob Lathion venus tout droit de Prague. Ce match contre les Slovènes aurait dû être la dernière chance de rester en course pour les quarts de finale, et nos fiers Helvètes étaient supposés se vautrer lamentablement contre cette bande d’anciens tolars.Mais cette année, le tournoi vient clore une saison sous le signe du lockout. L’évolution de nos jeunes pousses prometteuses que sont les Cunti, Hollenstein et consorts a pris un sérieux coup de boost à se comparer aux aliens venus passer quelques vacances actives par chez nous. Du coup, quand les Slovènes ont commis l’affront d’ouvrir le score face aux tout nouveaux chouchous des médias, ceux-ci ont tout simplement fait ce qu’on ne les avait jamais vu faire auparavant. Ils sont restés calmes. Ils ont continué d’appliquer un jeu tactique simple mais efficace, avec une volonté offensive qui doit faire cauchemarder King Ralph. Et comme lors des premières victoires de ce tournoi, ils ont constamment fait le forcing pour installer un homme dans le slot. Enfin. Il aura fallu quoi, 12 ans ?

Rapidement dépassés et terminant la partie avec leur très prochaine relégation sous les casques, les nouvelles victimes de unser Nati n’ont rien eu à opposer à l’efficacité issue des choix de Simpson. L’homme a pourtant pris des risques et osé rester fidèle à son plan, tout en sachant que ses choix audacieux de se priver totalement de titulaires historiques, de laisser des éléments à la carte de visite impressionnante en NLA sur le banc et de confier les buts à un revenant lui couteraient sans le moindre doute son poste en cas de nouvelle déconvenue.
Une médaille ? Osons-le dire. Au diable la prudence et l’humilité que nous impose notre croix blanche. Osons nous franciser un peu, devenons un peu italiens et assumons haut et clair des ambitions légitimes après une telle entrée en matière. Et quitte à être déçus, on aura au moins vibré et espéré. La Nati moins frileuse, culottée et audacieuse, on aime ça. Et on prend plaisir à la suivre.
Chose inimaginable avec la Nati d’avant. Pas désagréable en fait.
Photo Pascal Muller, copyright www.mediasports.ch

Slovénie – Suisse 1-7 (1-3 0-3 0-1)

Globe Arena, Stockholm, 2132 spectateurs.
Arbitres : MM. Jerabek (Tch), Kaval (EU), Carlson (Can) et Valach (Slq).
Buts : 7e Pajic (Pavlin, Pretnar) 1-0, 15e Bodenmann (Cunti, Hollenstein) 1-1, 18e Cunti (Bodenmann, Hollenstein/5 c 4) 1-2, 20e (19’23’’) Hollenstein (Bodenmann, Cunti/5 c 4 ) 1-3, 32e Hollenstein (Vauclair, Walker) 1-4, 36e S. Moser (M. Plüss, Niederreiter/5 c 4) 1-5, 40e (39’53’’) Ambühl (Suri) 1-6, 45e Suri (Ambühl) 1-7.
Pénalités : 4 x 2’ contre la Slovénie; 2 x 2’ contre la Suisse.
Slovénie : Hocevar (Kristan); Gregorc, Robar; Kranjc, Pretnar; Pavlin, Kovacevic; Tavzelj; Jeglic, Ticar, Sabolic; David Rodman, Marcel Rodman, Urbas; Razingar, Pajic, Basic; Pance, Music, Golicic.
Suisse : Gerber; Seger, Vauclair; Josi, von Gunten; Furrer, Blindenbacher; Blum, Grossmann; Niederreiter, Martin Plüss, Simon Moser; Suri, Gardner, Ambühl; Bodenmann, Cunti, Hollenstein; Bieber, Trachsler, Walker.
Notes : La Suisse sans Stephan, Bürgler et Monnet (surnuméraires).

Écrit par Ludwig Seeländer Diebstahler