L’énormissime voyage

Il y a cette statistique invraisemblable : 17 ans sans victoire contre Bâle.

Il y a cette montagne de souvenirs douloureux dans ce stade : 2 (DEUX !!) défaites 6-0, mai 2010 en finale de Coupe (article de Martin), septembre 2011 en championnat (article de votre serviteur), plus quelques autres, notamment celles de la saison dernière où Bâle remonte dans les dernières minutes, deux fois.

Il y a ce famélique début de saison, cette éternité sans victoire à domicile.

Mais il y a aussi ce fameux résidu de flamme. Alors, en ce pluvieux 9 septembre, on a quand même pris le train pour Bâle. On n’en mène pas large : après avoir tutoyé l’exploit dans la forteresse de l’ogre bâlois sans pour autant le terrasser dans son antre, on n’a aucune raison d’y croire. D’ailleurs on n’y croit pas, et ma préoccupation principale, c’est de savoir quels lieux communs les journalistes vont trouver pour décrire la défaite qui nous attend. Mais à 18h55, on est debout dans le Parc Saint-Jacques, on est entre 20 et 30, et on applaudit cette équipe en orange, on vit ce moment de communion, où la défaite qu’on attend n’est pas encore réelle.

Et à 21 heures, on est assis en bas du bloc, face à nous les joueurs sont assis sur la pelouse. Ceux qui ont vécu les deux défaites précédentes étaient probablement tellement anesthésiés en prévision de la remontée bâloise, qui n’est finalement jamais venue, qu’ils ne réalisent probablement pas encore ce qui vient de se passer : Lausanne a battu Bâle dans son stade. Terrassé, l’ogre bâlois. Pas de « failli », pas d’exploit « tutoyé » pas de victoire touchée « du bout des doigts ».

Il y a cette fameuse bière d’après le match, la première raison d’être du sport. Qu’on boit avec ses amis, la deuxième raison d’être du sport. Toutes ces minutes qui suivent le match, pendant lesquelles, pour une fois, on peut se sentir comme les mecs cool dans les films qui s’éloignent des explosions :

Il y a ces écervelés dont je fais partie, et auxquels se sont rajoutés des lecteurs de Carton-Rouge.ch, qui, parce que Lausanne a gagné ce match, vont courir Sierre-Zinal en 2018. En maillot du LS, évidemment.

Il y a ce supporter bâlois, dans le tram. Son club vient d’être champion de Suisse huit fois de suite, la première en 2010, l’année de la finale perdue 6-0. Depuis cette finale, on a fait l’ascenseur, on s’est repris des claques contre eux, on a perdu en Coupe contre Köniz, pendant qu’eux alignaient les titres de champion suisse sans donner l’impression de faire beaucoup d’efforts, et 3 jours plus tard ils seront tout simplement à Manchester pour la Champions’ League. Et ce supporter bâlois, avec tous ses titres, ses renforts égyptiens qui finissent dans des grands clubs et ses scalps de clubs anglais, il voit six Lausannois dans son tram, alors il vient leur serrer la main pour les féliciter pour la victoire de leur équipe.

Et il y a cette troisième raison d’être du sport, qui reste encore à découvrir.

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Con qui râle

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